Nous allons maintenant étudier avec sérieux le phénomène de la concentration dans le domaine bancaire dans un but que je ne vous avouerai qu’un fin de billet et encore seulement si je n’oublie pas, ce qui est loin d’être sûr.
Car cette concentration est importante. Camp pensez vous ?
Vous vous en foutez. Vous avez raison. Moi aussi. Quoique. Je n’en fous pas du tout. Je travaille pour les sièges des banques mais ma position n’est pas si assise que ça. En effet, moins il y a de sièges, moins il y a de place.
J’ai du mal à me concentrer. Et comme vous vous en foutez, je vais faire court. Et je vais écrire en petit, comme ça si vous voulez l’imprimer ça consommera moins d’encre. Par contre, je ne sais pas si à l’écran ça consommera moins de pixels. Mais ça rajoute du code HTML, donc plus d’octets à transporter sur la liaison téléphonique, donc un temps de transport plus important, donc si vous payez à la durée ou si vous utilisez un forfait limité, je vous préviens, ça va fous faire des frais. Trop tard ! héhéhé
Revenons dans les années 80, il y avait un tas de petites banques ou des banques régionales ou locales. Tout ce petit monde à commencer à se racheter mutuellement. Donne moi 23% de ton capital et je te file 14% du mien, tout ça la bonne franquette, de veau à l’ancienne. Du coup, par exemple, le Crédit du Nord a créé le Groupe Crédit du Nord en rachetant un tas de machin. La BNP a racheté des machins comme la Banque de Bretagne. Les Caisses Régionales du Crédit Agricole ont commencé à fusionner entre elles. Bien fait pour le Crédit du Nord qui s’est fait racheté par la Société Générale, elle-même s’étant fait avoir quand elle a voulu racheter Paribas qui finalement s’est fait raflé par la BNP alors qu’Indosuez est rentré dans le Crédit Agricole, ou du moins l’émanation cotée en bourse des Caisses susnommée, qui en a profité pour s’octroyer le Crédit Lyonnais qui, dans un sursaut d’orgueil, se fait appeler maintenant LCL, on se demande bien pourquoi.
Reprenons notre souffle.
Nous pourrions louper le rachat du CIC par le Crédit Mutuel ou la fusion annoncée des Caisses d’Epargnes et des Banques Populaires dans un truc qui de mémoire devrait s’appeler Natixis en souvenir de Natexis et de CDC Ixis ces deux trucs là ayant eux-mêmes une histoire à moitié louche que je ne tiens pas à raconter ici. Là-dessus nous avons la Poste qui pour se venger suite à une rage de dent du ministre crée sa propre banque : La Banque Postale. Sans compter les anglais qui s’y mettent en rachetant le CCF et en leur donnant leur propre nom, HSBC, et font de la publicité ridicule à Orly. Cela dit, ces anglais ont bien raison. Moi-même je n’arrive pas à suivre les rachats à l’étranger par le Crédit Agricole qui se fait appeler CASA, ce qui est bien utile si on n’a plus de Ricard ou de Pastis, et de la BNP, pardon de BNPParibas, qui ne se privent pas pour racheter des trucs à l’étranger.
Terminé. Vous avez tout suivi ? Je n’ai rien oublié ? Ceci n’est pas un cours d’économie, il faudrait que j’en aie les compétences, juste un constat. Toutes ces banques se rapprochent, se rachètent mutuellement et pas seulement le Crédit Mutuel.
Le rythme ne devrait pas faiblir. Mathématiquement, on ne peut qu'arriver à n’avoir plus qu’une seule banque et là, je deviens sérieux, subitement, pour arriver au galop à ma conclusion.
Non, juste pour rigoler, imaginons la suite, mais en écrivant à nouveau petit.
Le Crédit Mutuel - CIC, les Caisses d’Epargnes et les Banques Populaires finiront pas se rendre compte qu’elles ont des structures de capital relativement identiques puisqu’à moitié appartenant aux clients (des mutuelles), une moitié cotée en bourse et l’autre moitié on ne sais pas trop. Pour résumer ces structures étant relativement absconses, il ne devrait pas être trop difficile de les fusionner juste pour le plaisir de faire chier le Crédit Agricole – Crédit Lyonnais. Pour simplifier, nous allons appeler ses deux trucs (je ne trouve pas d’autre mot) CMCICCEBP et CACL. Pendant ce temps-là la Société Générale et La Banque Postale vont s’imaginer qu’ils font un peu figure de petits poucets dans cette histoire et vont décider de se rapprocher pour créer SGCDNLBP (n’oublions pas que la SG a racheté le Crédit Du Nord un peu plus tôt) et que cette opération revient à une privatisation de La Banque Postale, mais on en est pas à une infamie de plus.
Le temps de finir mon café, je reviens.
BNPP se trouvant un peu à l’écart et ayant une vision européenne (je dis ça pour faire plaisir à leur chef) mais se retrouvant une petite banque va fusionner avec HSBC. Nous voila avec la naissance dn BNPPHSBC. Du coup, le CACL va se retrouver isoler et racheter SGCDNLBP, pour enfin créer CACLSGCDNLBP. Pendant ce temps là CMCICCEBP va se retrouver comme un con et, ne pouvant pas voir le CA, c’est congénital, va choisir un rapprochement avec BNPPHSBC. Nous voilà avec CMCICCEBPBNPPHSBC qui contient plus de lettre que CACLSGCDNLBP qui vexé ira boire pour oublier au bistro du coin. Profitant de cette faiblesse passagère, AXA, qui entre temps aura fusionné avec les AGF, la MACIF et les Mutuelles du Mans va absorber le CACLSGCDNLBP pour créer une nouvelle entité que nous allons appeler Maurice pour simplifier. Tant qu’on y est CMCICEBPBNPPHSBC va se renommer en Lautrec, qui va installer son siège à Toulouse alors qu’à Lille Maurice.
Je sais, ce n’est pas de moi, mais ça me fait toujours rire bêtement.
Finalement, on va se retrouver dans un monde où il ne restera que deux multinationales, puis une… Contrôlée par un conseil d’administration nommé par lui même. Le capital appartenant à elle-même puisqu’elle aura les moyens de se racheter elle-même.
On se dirait dans un abominable ouvrage de science fiction, d’ailleurs la plupart portent sur le sujet : un espèce de magma financier qui contrôle tout.
Il y aura donc une seule multinationale mais les gens n’y verront que du feu. Les enseignes commerciales resteront. Qui sait par exemple que la Banque Courtois, qui porte sûrement bien son nom, et la Banque Laydernier, de Savoie et non pas des cons si ma mémoire est bonne, font partie toutes deux au Groupe Crédit du Nord et appartiennent donc à la Société Générale ?
La multinationale ne sera pas la seule entreprise au monde, il y a aussi les sous-traitants. La sous-traitance ça rapporte gros aux multinationales : ça évite les problèmes de personnel, de syndicat, … et ça permet de raboter grossièrement les prix. Les patrons des sociétés de sous-traitance sont très fiers d’eux, fier de donner du travail à des employés mais ne se rendent pas compte qu’ils sont à la botte de leurs clients : les autres sous-traitants et la multinationale.
Quand un sous-traitant devient trop gros, deux scénarios se présentent. Le premier : la patron devient vieux et décède d’une belle mort. Sa veuve et ses héritiers se déchirent et la multinationale rachète les parts à bas prix. Le deuxième : la multinationale fait pression, la boite coule, et la multinationale la rachète à bas prix et la réorganise, mais c’est un autre sujet.
Il y a aussi des petites boîtes indépendantes, que nous allons appeler les bistros (sans T, santé !) mais que nous aurions pu appeler les marchands de fringues, les boulangers, les imprimeurs de quartier, les fermes, les petits bateaux de pêche, … Ils n’ont aucun lien avec la multinationale. Sauf le loyer des murs et du fonds qu’ils payent à un prix éhonté et le pognon qu’ils reçoivent de leur client qui provient lui-même de la multinationale en question, éventuellement par l’intermédiaire d’une ribambelle de sous-traitants.
Il y a enfin les travailleurs indépendants qui se font appeler « profession libérale » puis qu’ils jouissent généralement de monopoles publics, un peu comme dans le dernier billet du remplaçant de sarkoprout où il ne parle que d’un seule pôle, le pôle nord. Quand ils n’ont pas de monopole public, ils sont payés par l’intermédiaire de pognon public, que nous appellerons la Protection Sociale.
Ces professions libérales, nous les appellerons les militants du fond de commerce de l’UMP. Ils y sont rejoints par les patrons des sous-traitants, des petites boîtes indépendantes et la majeure partie des employés de ces petites boîtes.
C’est la confrérie des électeurs UMP. Comme il y a beaucoup de petites boîtes, ils forment tous les cinq ans la majorité. Les cinq ans suivants, la majorité est composée des électeurs de gauche.
Ces derniers sont les employés de la multinationale et des sous-traitants, ainsi que de la fonction publique, domaine que nous n’avons pas encore abordé. J’y viens dans un ou deux paragraphes.
La multinationale est contente de ces changements réguliers de majorité. La majorité de droite resserre les boulons pour que la multinationale et ses électeurs gagnent plus de sous, alors que celle de gauche les lâche un peu pour permettre aux employés de dépenser un peu de sous et de s’assurer qu’ils payent un peu plus d’impôt, notion que nous aborderons avec la fonction publique, pour que ces impôt puissent être dépensés au profit de la multinationale.
Nous appellerons ça le système capitaliste.
Tous ces braves gens évoqués, sauf les patrons de la multinationale qui habitent aux Iles Caïmans Pareil, payent ainsi des impôts, que nous appellerons également cotisations sociales dans certains cas particuliers. Les cotisations sociales correspondent principalement à des dépenses pour trois sujets principaux. Le premier, nous l’appelons affectueusement la Sécu. Elle permet de soigner les électeurs – c’est comme ça qu’on appelle les gens – pour qu’ils puissent travailler mieux tout en permettant de faire rentrer des sous dans les poches des protections libérales. Le deuxième, c’est la retraite. Quand les électeurs sont trop vieux, ils ne peuvent plus travailler : il faut continuer à leur donner un peu de sous pour qu’ils puissent consommer. Le troisième : c’est les ASSEDIC, qui permettent assurer quelques rentrées d’argent à une partie des électeurs que l’on met volontaire sous pression pour qu’ils ne fassent pas chier et pour faire peur aux autres de s’y retrouver. Comme ça, ils ferment leur gueule. Tout ce la est la Protection Sociale.
Il y a un rapport entre la multinationale et la Protection Sociale : on ne comprend rien à sa structure et on ne sait pas qui dirige.
Le reste des impôts est consacré à la fonction publique. La fonction publique regroupe ce que la multinationale ne veut pas récupérer pour ne pas froisser les électeurs UMP ou ne peut pas récupérer à cause de la résistance des électeurs de gauche.
Il faut dire que la fonction publique est dirigée par les électeurs. Ou alors je dis une connerie, c’est parfois un peu compliqué. « La fonction publique est dirigée par les électeurs » est un principe de base. Pour être plus précis, la fonction publique est dirigée par élus et les énarques qui ne sont pas élus.
Les électeurs choisissent les élus. Une partie des élus, quand ils ne le sont pas, devient des énarques qui ne sont pas élus. Les autres entrent au Conseil Constitutionnel, au Conseil Economique et Social, au Conseil d’Etat.
Moi-même, qui travaille dans un cabinet de conseil où j’ai peur pour mon siège, je suis parfois surpris par le nombre de conseils qui existent.
J’en viens donc au sujet du billet : la privatisation de GDF. Il y aurait beaucoup de chose à dire sur le service public, la politique énergétique, … mais ce n’est pas la conclusion que je veux faire.
Mesdames, Messieurs, les élus UMP sauf les réfractaires, vous nous expliquez que les grands rapprochements sont nécessaires au nom de je ne sais quels principes, mais tout ce que vous faites c’est mettre dans les mains de la multinationale ce qui est encore contrôlé par le peuple.
D’ailleurs, d’une manière générale, ce genre de privatisation est souvent de la connerie. Soit la boite est rentable et rapporte de l’argent, dans ce cas il ne faut pas la vendre. Soit elle n’est pas rentable et vous ne pouvez pas en tirer un bon prix. Quoiqu’il arrive ça revient à brader les bijoux de familles.
Mesdames, Messieurs, les élus UMP sauf les réfractaires, vos chefs récupèrent quelques milliards par là en vendent des trucs qu’ils dépensent en cadeaux électoraux en indiquant qu’ils seront affectés au remboursement de la dette alors qu’ils se privent d’un fleuron national qui rapporte de l’argent en assurant un service public. A la collectivité. Pas à la multinationale.
Vous vous dépêchez pour je ne sais qu’elles raisons. Vos chefs veulent faire ça avant 2007, vous ça vous fait peur pour 2007. Attendez 2007. La résistance du peuple de gauche fera le reste.
Non seulement vous ne serez pas élus et en plus la France perd GDF. Ce qui vaut mieux que de perdre la mémoire.
Qui a mis en place ces grandes sociétés nationales ?