L’autre jour, j’ai écrit un billet où je concluais, pour résumer : « 10% de chômage c’est normal, le taux est entretenu artificiellement pour maintenir l’inflation en mettant une pression sur les salariés pour qu’ils ne demandent pas d’augmentation de salaire ».
C’est une théorie que l’on développe souvent dans les conversations politiques de bistro (les seules valables !) mais mes commentateurs favoris me signalent que je ne dis pas que n’importe quoi.
Ceci s’appelle le NAIRU. Cliquez là. Maintenant, cliquez ici pour voir que je ne suis pas le seul à avancer des théories grotesques. Une personne tient même un blog spécialisé (je le redécouvre depuis peu, mais il est en lien chez Eric depuis belle lurette). Et dans les liens n’oubliez pas de lire ceci (si ce n’est pas votre priorité immédiate, mettez ce lien sur votre oreille pour le fumer plus tard).
Je résume : le NAIRU est le taux de chômage à entretenir pour maintenir une inflation faible.Ca fait des années qu’on nous bassine avec cette histoire d’inflation qu’il faut à tout prix maîtriser. On a même créé l’euro et la BCE pour ça. Je me disais en moi-même : « oui, il faut lutter contre l’inflation » sans m’imaginer un seul instant que ça ne peux se faire qu’en limitant le pouvoir d’achat donc en limitant le nombre de salariés.
Dans mon raisonnement, j’avais juste oublié un détail : « Pourquoi lutter contre l’inflation ? ». C’est vrai, ça. Il y a trente ans, vous achetiez une baraque avec un emprunt à 10% alors que l’inflation était à 15. Je caricature, mais je demande si ce n’était pas le bon temps…
Redevenons sérieux, mon commentateur disait dans un de ses blogs : « La volonté d'utiliser le chômage comme moyen de pression sur les salaires est manifeste à l'issue de notre enquête. Le lien avec l'inflation, bien que moins évident, révèle l'obsession, à partir du milieu des années 60, de toute une école d'économistes (et en particulier une Ecole libérale dite Monétariste, avec son célèbre chef de file, Milton Friedman) de faire baisser celle-ci à des niveaux extrêmement bas, comme c'est le cas de nos jours (autour de 2%). Pourquoi donc cette obsession ? »
Je réponds, brillamment : « Oui, pourquoi ? » En effet, dans ma théorie de l’autre jour, j’ai réinventé le NAIRU tout seul comme un grand, comme quoi je ne suis pas plus con que la moyenne. Une des conclusions de mon billet était « le chômage est entretenu a un taux élevé pour maîtriser l’inflation ». Bravo ! Mais ma théorie a une faille : le fameux pourquoi !
Dans ma petite tête, je ne peux pas m’empêcher de penser « moins il y a de chômeurs, plus les gens consomment, tout devrait aller bien pour l’économie ». Mais non. La preuve : tous ces gens qui parlent du NAIRU (allez même faire un tour sur le site de la BCE plutôt que d’aller au bistro).
Me voilà donc à réfléchir et à me documenter sur les raisons nécessaires pour lutter contre l’inflation. C’est con. Tiens, sur le web, on parle beaucoup de lutter contre l’inflation et de ce NAIRU, mais on ne dit pas trop pourquoi… On se rappelle bien de Bérégovoy, mais à part ça… Heu…
C’est encore une fois au bistro que l’idée m’est venue. J’exposais cette théorie du chômage et de l’inflation au vieux Jacques. Il me demande : « oui mais pourquoi ? ». Le con. Et moi d’improviser : « l’inflation est en fait une baisse de la valeur de l’argent, l’inflation est donc préjudiciable aux riches ». Et pan ! Dans le mille. Mon commentateur me le confirme. Lisez-moi ça immédiatement.
« Le nouvel ordre monétaire et financier mis en place ces dernières décennies au niveau international est conçu précisément pour ne plus être l'euthanasie des rentiers. Bien au contraire... Par l'usage du NAIRU, ce taux de chômage minimal nécessaire pour stabiliser l'inflation à un niveau bas, l'euthanasie a bien changé de camp: elle concerne désormais ceux qui n'ont plus que leur travail pour obtenir un revenu, et les chômeurs et précaires sont les moyens de pression et de Peur pour y parvenir. »
Du coup : « Le principe "d'indépendance totale" de la Banque, gardienne absolue et toute puissante de la Monnaie, a été ainsi retenu. En Europe, nous avons à l'heure actuelle la Banque Centrale la plus indépendante du monde, puisqu'elle n'a de compte a rendre à personne comme précisé plus haut. »
Donc le débat politique récent sur la BCE et sa gouvernance, ouvert par nos amis Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy n’est pas complètement con ! Mais allez donc expliquer ça aux braves gens…
C’est facile de parler d’inflation et de lutte contre. Lutter contre la vie chère, pour le pouvoir d’achat, etc… Tout le monde sait bien qu’avec un billet de 10 euros, on peut payer 5 demis à 2 euros. Mais pas 5 demis à 2,10 euros… Tout le monde sait que le coût de la vie augmente, que ce n’est pas bien, qu’il faut lutter contre !
Mais la finalité, dans tout ça, ça ne serait pas de nous entuber (si je puis me permettre) ? (oui, je peux, c’est mon blog).
« Ainsi est retirée toute possibilité de céder à la pression populaire lorsque celle-ci s'exprime dans les urnes ou dans la rue, parce que les conditions de travail se dégraderaient ou que le chômage augmenterait par exemple. Le contrôle du pouvoir a subrepticement changé de mains, nos gouvernants ne sont plus là que pour faire de la "pédagogie" à destination de la foule votante […] : expliquer pourquoi "ce n'est pas possible"... Ce qui est un travail à temps plein, lui ! »
Désolé de pomper ce site web, mais il semble éclairant : « Si l'inflation se définit normalement comme une hausse durable du niveau général de tous les prix […], dans les faits, les chiffres d'inflation communiqués en boucle dans les médias correspondent en fait à la "hausse des prix à la consommation". C'est ainsi que TOUS les prix de TOUS les produits échangés ne sont pas pris en compte. Sont ainsi soigneusement exclus des calculs les prix de ce l'on appelle fort à propos "l'investissement". »
Et surtout : « pour que certains soient riches, ils est indispensable que d'autres soient moins riches, voire plus pauvres (n'oubliez pas: par définition, la richesse est RELATIVE). Ceux qui vont investir seront (dans un système qui n'euthanasie plus les rentiers) plus riches que ceux qui ne font que consommer! »
Vive http://linflation.free.fr/ ! Vive http://linflation.free.fr/ !
Quelqu’un peut-il me dire où habite ce Milton Friedman que je l’égorge immédiatement ?
très éclairant....
RépondreSupprimerExcellent titre.
RépondreSupprimerAh! Je n'avais pas vu que tu avais eu la visite de Guillaume de Baskerville, Monsieur (anti)nairu en personne!
RépondreSupprimerEncore un billet qui mérite de rester en mémoire.
J'essaierai de faire le lien avec le bouquin de Paul Ariès (le Mésusage), que je vais continuer à commenter sur mon blog, le capitalisme vit en créant de la rareté.
En fait, les choses ne sont pas rares au début, le plus souvent, mais on s'arrange pour qu'elles soient rares.
Sur Internet tout était gratuit, et on s'arrange pour rendre payant certains contenus.
Même l'eau était gratuite, on la fait payer en empêchant aux gens d'y avoir accès naturellement. Bientôt on nous fera payer l'air qu'on respire (ça existe déjà au Japon, lors des pics de pollution).
Et le travail est un bien comme les autres. Il est donc normal qu'on organise la rareté. En principe pour obtenir les employés les meilleurs au meilleur prix.
Et d'ailleurs ont peut voir chez Pierre, qui a interrogé plusieurs blogueurs (dont moi): Versac, sans doute (je ne saurais le nier) mieux formé que moi, plus au fait du nairu, ne parle pas du chômage comme d'un grand enjeu de la présidentielle. Il sait qu'il se maintiendra bon an mal an autour de 8 à 10% (Et j'ajoute une note, puisée chez Laurent Guerby: aux USA, 0,7% de la population est en prison contre 0,1% en France _ donc les USA minimisent leur taux de chômage en incarcérant les pauvres, en gros...)
Mais ce que j'aime bien chez Baskerville (qui doit être un gars qui vit à Strasère cacher son identité) c'est ses sources d'information: des sources spécialisées pour les économistes, et que le grand public ne sait pas décoder.
Telle est ma prochaine mission, abroger ça : "des sources spécialisées pour les économistes, et que le grand public ne sait pas décoder."
RépondreSupprimerLe candidat Nicolas Dublog pourrait reprendre du service !
Mais c'est du boulot (déjà que ce matin...)
Franssoit,
RépondreSupprimerJe n'avais pas le choix.
Diorgucci pas en forme. Il découvre les patates surgelées:
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=w0lFVW_0Q7w
Pour répondre au commentaire ci-dessous, il est vrai que j'affectionne de pouvoir développer mes idées en m'appuyant sur les dires mêmes des économistes, de leurs travaux, de leurs discours, non pas ceux que l'on trouve dans les médias dominants grand (et bon)public, mais quand ils "parlent entre eux". La définition du "taux de sacrifice" est une perle (que je pressentais et que je cherchais par ailleurs depuis un certain temps) qui illustre ce type de pensée cyniquement neutre, ou neutrement cynique, mais en tout cas cynique ça c'est sûr... Voir à ce sujet mes citations de Bernard SALANIE économiste à tendance libérale, (comme beaucoup en fait...) tirées de son bouquin "L'économie sans tabou"...
RépondreSupprimerEt lisez toutes les autres citations de cette page d'ailleurs, c'est du lourd je crois.
http://lenairu.free.fr/pages/citationspag.html
La video que je viens de mettre sur DAILYMOTION rentre dans cette démarche: montrer et décrypter ce qui existe pourtant parfois sous nos yeux mais qu'on ne sait pas décrypter... Et si vous aimez cette vidéo, faites le savoir en votant pour elle, la rendre un peu plus connue me semble essentiel!
http://www.dailymotion.com/video/x10ix3_le-chomage-voulu
C'est pas la première fois que ce genre de choses est dit sur cette chaine financière, mais c'est la première fois (et sans doute pas la dernière...) que je parviens à l'enregistrer!
Pour info, j'ai également en stock plusieurs interviews d'économistes de l'OCDE et même de l'Economiste en Chef d'une TRES grande banque commerciale européenne, et je peux vous assurer que quand on les emmène sur certains sujets, les propos peuvent être au minimum étonnants, pour ne pas dire parfois choquants pour le commun des mortels que nous sommes en tant que citoyen!
Enfin, concernant le "Monsieur (Anti)NAIRU", c'est vrai que c'est un surnom qu'on me donne de plus en plus souvent, et pour tout dire, ça ne me dérange pas du tout :o)
Bravo pour vos contributions et blogs respectifs!
Guillaume de Baskerville
(qui est bien un surnom de circonstance pour NAIRU, le Nom de la Ruse!)
http://lenairu.blogspot.com
http://lenairu.free.fr
http://linflation.free.fr
PS: cherchez aussi ce qu'est la "croissance potentielle" (ça s'entend de plus en plus ici et là...),et vous compendrez à quoi sert le calcul du NAIRU! Début de réponse ici:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Discuter:Taux_de_ch%C3%B4mage_n%27acc%C3%A9l%C3%A9rant_pas_l%E2%80%99inflation
Je ne sais pas si vous avez connaissance de ce qui se trame sur la question des bidouillages des chiffres officiels du chômage depuis de longues années, mais vous pouvez en avoir une vue assez complète en lisant cette page que j'ai initiée et alimentée sur un forum avec lequel je collabore sur les questions monétaires, d'inflation et de géopolitique.
RépondreSupprimerLeur centres d'intérêt étant à l'origine les métaux et les ressources "physiques" -or, argent, pétrole, etc.- mais leurs réflexions sont pour des raisons un peu compliquées à expliquer ici (car liées à la nature des monnaies actuelles qui sont des "fiat-currencies", des monnaies fondées sur la "confiance et la croyance" et non plus basées sur des réserves "métalliques" de métaux précieux) en "fertilisation croisée" avec mes réflexions personelles (du moins sur certains points).
Voyez donc cette page qui résume mes recherches récentes sur les chiffres officiels du chômage. J'y renvoie vers des liens très pertinents (et nouvellement disponibles):
http://000999.forumactif.com/Forum-public-en-lecture-libre-c2/Les-Hard-Investors-f7/Sur-les-VRAIS-chiffres-du-chomage-et-de-son-HALO-t5915.htm
En particulier lisez mon message daté d'aujourd'hui,Lundi 29 Janvier, avec sa citation tirée d'un récent rapport de l'OCDE sur le chômage et les revenus:
« Les réformes structurelles, qui commencent par générer des coûts avant de produire des avantages, peuvent se heurter à une opposition politique moindre si le poids du changement politique est supporté dans un premier temps par les chômeurs. En effet, ces derniers sont moins susceptibles que les employeurs ou les salariés en place de constituer une majorité politique capable de bloquer la réforme, dans la mesure où ils sont moins nombreux et souvent moins organisés » .
Perspectives de l'emploi de l'OCDE (2006). Stimuler l'emploi et les revenus ; cité par Laurent Cordonnier dans un article récent du Monde Diplomatique (« Economistes en guerre contre les chômeurs ».
Bon, je crois que pour ceux qui doutent encore du caractère opérationnel du NAIRU, les propos sont encore une fois cyniquement clairs!!! C'est la définition même du sacrifice ou du bouc émissaire...
Inutile de dire que cette citation va se retrouver très vite sur ma page de citations, sous le fameux "taux de sacrifice" (voir tout en bas):
http://lenairu.free.fr/pages/citationspag.html
Je vais ajouter d'ici peu une page à mon site sur cette question des chiffres du chômage et des chômeurs invisibles, mes messages laissés ici et là sur les forums ou les blogs en sont souvent les "prototypes"!
Guillaume de Baskerville
Guillaume de Baskerville : c'est édifiant et à diffuser !!!
RépondreSupprimerMerci à Eric d'avoir fait connaître Nairu qui est arrivé jusqu'à Nicolas !
Bon article et j'aime bien Franssoit 1er !
:-)
Donc solution pour casser le NAIRU* : taxer les rentiers ?
RépondreSupprimerSérieusement, maintenant que l'on est sûr que c'est une des clés du système, comment on déverrouille ?
* = tentative de jeu de mot entre NAIRU et VERROU, désolé…
Ton jeu de mots est. Heu...
RépondreSupprimerHe ! Filaplomb ! Demain vers 9 heures le candidat Nicolas Dublog devrait reprendre du service... Mais le sujet est compliqué !
RépondreSupprimerNicolas : zut, il faut que je repasse mon costume de Ministre ! :-)
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