Il est temps de redéfinir ce qu’est mon blog.
C’est un blog antilibéral. Ca pourrait être un blog de droite si je n’étais pas anticatholique, favorable aux régularisations massives de sans-papier, défenseur des services publiques, de l’avortement, opposant à la peine de mort.
Il ne me reste plus que la gauche et l’écologie.
Antilibéral, de plus en plus. En fait
les libéraux n’existent pas dans la vraie vie. O16o nous explique ce matin que Nicolas Sarkozy fait juste
semblant d’être libéral quand ça arrange ses électeurs, le reste du temps, il est interventionniste pour faire croire aux braves gens qu’il y a un fond de gaullisme en lui.
Il en résulte une politique complètement illisible qui a réussi à dégouter les blogueurs de droite, la palme ayant été atteinte suite à son interview de jeudi. En fait, les militants de droite auraient presque disparu de la toile s’il ne reste pas quelques libéraux doctrinaires.
Je les ai rencontrés virtuellement, ça fait déjà quelques temps. Comme c’est un machin doctrinaire qu’ils défendent, ils ont de très beaux théoriciens, parfaits pour argumenter dans les commentaires… A la limite, leurs théories seraient parfaites s’il n’y avait pas quelques hics.
Seules leurs oeillères les empêchent de constater qu’ils fuient dans une impasse.
Mes dernières discussions avec ces braves gens, dans la blogosphère, suivent le projet de Xavier Bertrand de nous faire travailler un an de plus. Ca part d’un bon sentiment : il faut payer les retraites. Cela dit,
quand on est libéral, on devrait s’opposer à la réforme pour sauver un système auquel ont s’oppose.
Héhé ! Il y a toujours moyen de rigoler avec les libéraux. Soit ils sont dans la théorie, presque l’imaginaire, soit en voulant défendre l’absurde ils repassent bien à droite… C’est bien ça un libéral. Il est contre la retraite par répartition mais ne peut s’empêcher de vouloir la sauver.
Comment ?
Une seule solution : augmenter les recettes du système. On est presque d’accord sur ce point : certaines retraites sont tellement basses qu’elles en sont indécentes.
Il faut plus de pognon.
Nous autres, pauvres gauchistes primaires, ne sommes pas spécialement inquiets : il y a assez de richesses produites pour pérenniser le bastringue. Il suffit de rééquilibrer tout ça, et hop ! Tiens, le paquet fiscal : on le supprime et basta, les retraites sont sauvées.
Eux : non.
Il faut travailler plus pour que ça rapporte plus de pognon. Sinon, ça nuit à la compétitivité : on ne peut pas augmenter les charges.
La question qui me vient est «
Diantre ! Quelle compétitivité ? ». On est la cinquième puissance économique mondiale au niveau du PIB, c'est-à-dire le cinquième pays au niveau du pognon brassé. Ca ne change pas depuis des décennies à part les Chinois qui nous passent devant mais ils sont 20 fois plus nombreux et nous qui nous battons avec les Anglais, seul pays à peu près comparable.
On va se faire bouffer par les Chinois. Ah ? Et on pourrait être plus compétitif ? Ils sont quinze fois plus nombreux mais touchent individuellement quinze fois moins. Ca coûtera toujours moins cher de fabriquer les petites culottes là-bas. Désolé. L’argument de la compétitivité ne tient pas, ou alors on tolère une régression sociale catastrophique.
Je n’ai pas envie de revenir au 19ème.
Cela dit, ceci n’est qu’une question de mathématiques. Le plus surprenant dans cette histoire est le « travailler plus ». La seule raison avancée est donc la compétitivité, personne ne s’intéresse au travail en question.
Travailler pour produire quoi ?
Des téléphones mobiles ? J’en ai déjà 2. Avec nos millions de précaires et de chômeurs divers, on a largement assez de main d’œuvre pour « produire » tout ce qu’on pourrait imaginer. C’est un autre problème me direz-vous. Oui :
remettre tout le monde au boulot ne sera pas facile… mais ajouter une classe d’âge dans les travailleurs potentiels n’arrangera pas le problème.
Travailler pour produire quoi ? Vaste sujet. Ras-le-bol de produire. Tiens ! Il y a même des blogueurs zinfluents qui envisagent de basculer dans la
décroissance. Il faut dire que détruire la planète pour le simple plaisir de renforcer la compétitivité pour produire nous-mêmes nos petites culottes n’est pas jouissif !
On va droit dans le mur…L’autre jour, un ex-libéral basculé dans le traditionnel droitisme me disait (je cite de mémoire) : «
oui mais il y a la démographie qui fait que le chômage baisse naturellement ». Nous étions dans des commentaires et il aurait été de mauvais ton que je me fâche rouge.
Tiens ! Ca me donne l’envie de ressortir le premier vrai billet de ce blog. C’était en 2005. La plupart des vigilants n’étaient
pas encore nés. C’est cette haine du travail qui exigeait que je fasse
ce billet – ne le lisez pas, je vais résumer – ce qui a motivé la création de ce blog :
je suis ému.
Je résume donc : l’évolution de la société et les progrès technologiques font qu’il y a besoin de moins de travail pour produire ce dont on a besoin.
Je me rappelle encore le temps où il y avait des pompistes pour remplir nos réservoirs de voitures et nos enfants se rappelleront le temps où il y avait des caissières dans les supermarchés ou des conducteurs dans les métros.
Vouloir travailler plus est une hérésie… Ca va tout simplement à l’encontre du sens du progrès. Et ce sont justement ces gens qui s’imaginent être dans le camp du progrès.
C’est bizarre… Ils n’avaient pas l’air spécialement heureux après le dernier passage de Nicolas Sarkozy à la télé.
Une hérésie car la seule justification au travail devient de faire marcher l’économie… Pas de produire des biens et des services. Pas un signe vers le progrès.
(illustration)