« Le président bolivien, Evo Morales, a lancé un appel aux chefs d'Etat européens pour leur demander d'abandonner la directive "retour" concernant les immigrés, qui doit être votée cette semaine au Parlement européen. »
Vendredi soir, un copain m’a envoyé par mail une copie de cette Lettre du Président de la Bolivie, aux dirigeants de l'Union Européenne. N’ayant pas eu la possibilité d’en vérifier l’origine, je ne l’ai pas diffusée sur le blog.
Je vous la livre ci-dessous (sans avoir fait plus de vérifications) puis que mon copain oh!91 aborde le sujet et que l’information est reprise par Le Monde.
L’occasion rêvée de rappeler la pétition contre la directive de la honte.
Mercredi 11 juin 2008
Lettre du Président Evo Morales à l'Union Européenne
Jusqu'à la fin de la Seconde guerre mondiale, l'Europe était un continent d'émigrants. Des dizaines de millions d'Europe partirent aux Amériques pour coloniser, échapper aux famines, aux crises financières, aux guerres ou aux totalitarismes européens et à la persécution des minorités ethniques.
Aujourd'hui, je suis avec préoccupation le processus de la dite "directive retour". Ce texte, validé le 5 juin passé par les ministres de l'Intérieur des 27 pays de l'Union européenne, doit être approuvé le 18 juin par le Parlement européen. Je perçois qu'il durcit de manière drastique les conditions de détention et d'expulsion des migrants sans papier, quelque ait été leur temps de séjour dans les pays européens, leur situation de travail, leurs liens familiaux, leur volonté et le succès de leur intégration.
Les Européens sont arrivés dans les pays d'Amérique latine et d'Amérique du Nord, en masse, sans visa ni conditions imposées par les autorités. Ils furent toujours bienvenus, et le demeurent, dans nos pays du continent
américain, qui absorbèrent alors la misère économique européenne et ses crises politiques. Ils vinrent sur notre continent en exploiter les richesses et les transférer en Europe, avec un coût très élevé pour les peuples premiers de l'Amérique. Comme par exemple dans le cas de notre Cerro Rico de Potosi et de ses fabuleuses mines qui donnèrent sa masse monétaire au continent européen entre le XVIème et le XIXème siècle. Les personnes, les biens, les droits des migrants européens furent toujours respectés.
Aujourd'hui, l'Union européenne est la principale destination des migrants du monde, conséquence de son image positive d'espace de prospérité et de libertés publiques. L'immense majorité des migrants viennent dans l'Union européenne pour contribuer à cette prospérité, non pour en profiter. Ils occupent les emplois de travaux publics, dans la construction, les services aux personnes et dans les hôpitaux, que ne peuvent ou ne veulent occuper les Européens. Ils contribuent au dynamisme démographique du continent européen, à maintenir la relation entre actifs et inactifs qui rend possible ses généreux systèmes de solidarité sociale et dynamisent le marché interne et la cohésion sociale. Les migrants offrent une solution aux problèmes démographiques et financiers de l'UE.
Pour nous, nos émigrants représentent l'aide au développement que les Européens ne nous donnent pas - vu que peu de pays atteignent réellement l'objectif minimum de 0,7 % du PIB d'aide au développement. L'Amérique latine a reçu, en 2006, 68 milliards de dollars de transferts financiers de ses émigrés, soit plus que le total des investissements étrangers dans nos pays. Au niveau mondial, ces transferts atteignent 300 milliards de dollars, qui dépassent les 104 milliards de dollars octroyés au nom de l'aide au développement. Mon propre pays, la Bolivie, a reçu plus de 10 % de son PIB en transferts de fond des
migrants (1,1 milliards de dollars), soit un tiers de nos exportations annuelles de gaz naturel.
Il apparait que les flux de migration sont bénéfiques pour les Européens et, de manière marginale, aussi pour nous du Tiers-Monde, vu que nous perdons des millions de personnes de main-d'ouvre qualifiée en laquelle, d'une manière ou d'une autre, nos États, bien que pauvres, ont investi des ressources humaines et financières.
Il est regrettable que le projet de "directive retour" complique terriblement cette réalité. Si nous concevons que chaque État ou groupe d'États puisse définir ses politiques migratoires en toute souveraineté, nous ne pouvons accepter que les droits fondamentaux des personnes soient déniés à nos compatriotes et à nos frères latino-américains. La directive retour prévoit la possibilité d'un enfermement des migrants sans papier jusqu'à 18 mois avant leur expulsion - ou "éloignement" selon le terme de la directive. 18 mois ! Sans procès ni justice ! Tel qu'il est le projet de directive viole clairement les articles 2, 3, 5, 6, 7, 8 et 9 de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme de 1948. Et en particulier l'article 13 qui énonce :
"1. Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un Etat.
2. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays."
Et, pire que tout, il existe la possibilité d'emprisonner des mères de familles et des mineurs, sans prendre en compte leur situation familiale ou scolaire, dans ces centres de rétention où nous savons que surviennent des dépressions, des grèves de la faim, des suicides. Comment pouvons-nous accepter sans réagir que soient concentrés dans ces camps nos compatriotes et frères latino-américains sans papier, dont l'immense majorité travaille et s'intègre depuis des années ? De quel côté est aujourd'hui le devoir d'ingérence humanitaire ? Où est la "liberté de circuler", la protection contre les emprisonnements arbitraires ?
Parallèlement, l'Union européenne tente de convaincre la Communauté Andine des Nations (Bolivie, Colombie, Équateur, Pérou) de signer un "Accord d'association" qui inclue en son troisième pilier un traité de libre-échange, de même nature et contenu que ceux qu'imposent les États-Unis. Nous subissons une intense pression de la Commission européenne pour accepter des conditions de profonde libéralisation pour le commerce, les services financiers, la propriété intellectuelle ou nos services publics. De plus, au nom de la "protection juridique", on nous reproche notre processus de nationalisation de l'eau, du gaz et des télécommunications réalisés le Jour des travailleurs. Je demande, dans ce cas : où est la "sécurité juridique" pour nos femmes, adolescents, enfants et travailleurs qui recherchent un horizon meilleur en Europe ?
Promouvoir d'un côté la liberté de circulation des marchandises et des flux financiers, alors qu'en face nous voyons des emprisonnements sans jugement pour nos frères qui ont essayé de circuler librement. Ceci est nier les fondements de la liberté et des droits démocratiques.
Dans ces conditions, si cette "directive retour" devait être approuvée, nous serions dans l'impossibilité éthique d'approfondir les négociations avec l'Union européenne et nous nous réservons le droit d'imposer aux citoyens européens les mêmes obligations de visas qui nous ont été imposées le 1er avril 2007, selon le principe diplomatique de réciprocité. Nous ne l'avions pas exercé jusqu'à maintenant, attendant justement des signaux positifs de l'UE.
Le monde, ses continents, ses océans, ses pôles, connaissent d'importantes difficultés globales : le réchauffement global, la pollution, la disparition lente mais sûre des ressources énergétiques et de la biodiversité alors qu'augmentent la faim et la misère dans tous les pays, fragilisant nos sociétés. Faire des migrants, qu'ils soient sans papier ou non, les boucs émissaires de ces problèmes globaux, n'est en rien une solution. Cela ne correspond à aucune réalité. Les problèmes de cohésion sociale dont souffre l'Europe ne sont pas la faute des migrants, sinon le résultat du modèle de développement imposé par le Nord, qui détruit la planète et démembre les sociétés des hommes.
Au nom du peuple de Bolivie, de tous mes frères du continent et des régions du monde comme le Maghreb et les pays de l'Afrique, je fais appel à la conscience des dirigeants et députés européens, des peuples, citoyens et militants d'Europe, pour que ne soit pas approuvée le texte de la "directive retour". Telle que nous la connaissons aujourd'hui, c'est une directive de la honte. J'appelle aussi l'Union européenne à élaborer, dans les prochains mois, une politique migratoire respectueuse des droits de l'Homme, qui permette le maintien de cette dynamique profitable pour les deux continents, qui répare une fois pour toutes l'énorme dette historique, économique et écologique que les pays d'Europe ont envers une grande partie du Tiers-Monde, et qui ferme définitivement les veines toujours ouvertes de l'Amérique latine. Vous ne pouvez pas faillir aujourd'hui dans vos "politiques d'intégration" comme vous avez échoué avec votre supposée "mission civilisatrice" du temps des colonies.
Recevez tous, autorités, eurodéputés, camarades, un fraternel salut depuis la Bolivie. Et en particulier notre solidarité envers tous les "clandestins".
Evo Morales Ayma
Président de la République de Bolivie (traduction - Juin 2008)
En politique, l'important, c'est d'être d'accord avec le patron de bistro d'autant que son métier consiste essentiellement à taire ses désaccords avec les clients.
16 juin 2008
Le Président Bolivien et la Directive de la Honte
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Super. A lire absolument !
RépondreSupprimerFinalement peu importe l'origine réelle. Tout ce qui est dit là tombe sous le sens.
Une évidence. Pour ceux qui croient encore aux Droits de l'Homme !
Bande de nuls,
RépondreSupprimerIl s'agit d'arrêter d'attirer toute la misère du monde aspirée par RMI, CMU et autres fariboles octroyées sans limites ni conditions. Le tout accélérant la montée de la pauvreté de la communauté nationale.
La honte c'est vous !
Mes félicitations ! tous mes voeux de bonheur avec cette merveille !
RépondreSupprimerEn lisant ce texte, je me disais que les commentaires allaient être gratinés. Il n'y en a pour l'instant que deux, mais le ton est donné...
RépondreSupprimerBoby,
RépondreSupprimerOui ! Mais je ne pouvais pas le diffuser sans un minimum d'assurance dans les sources.
Anonyme,
Tu réagis bien dans les aspirateurs à trolls.
Naturline,
Merci !
Didier,
J'en compte 4.
Il a tout a fait raisons que ces pays adoptent la meme politique injuste envers les Europeens .
RépondreSupprimerMagnifique lettre, en effet. Que ça fait du bien d'entendre de tels rappels à l'ordre ! En fait, cette lettre est publiée sur Bellaciao depuis le 11 juin et elle est inextenso dans l'Huma de ce matin... Merci à toi de la reprendre. Et pour le lien...
RépondreSupprimerOui, j'ai vu chez toi.
RépondreSupprimerDe rien !
David75
RépondreSupprimerL'anonyme de 12.36 est d'extrême droite sans aucun doute.
Une odeur nauséabonde sort de ses tripes pour poluer la planète.
Quelle misère intellectuelle.
Je pensais que sarko les avait tous mangé ...
Ben non. Il y en a peu appétissants.
RépondreSupprimerIl a raison sur toute la ligne. Mais il ne peut pas non plus ignorer que les gens qui arrivent ici vivent dans la merde la plus complète, sans savoir ce que le lendemain leur réserve.
RépondreSupprimerAutant la politique des chiffres est lamentablement stupide (on expulse des gens qui parlent la langue et vivent ici depuis des années), autant, tant que des gens vivront dans des tentes le long du canal saint martin, en accepter d'autre relèvera de la stupidité la plus complète.
Et je tiens à ajouter qu'a la relecture de mon commentaire, je m'aperçois que je suis de la redondance la plus complète.
RépondreSupprimerD'un autre côté, que les touristes étrangers fassent du camping...
RépondreSupprimerC'est bon. Je sors.
D'accord sur toute la ligne.
RépondreSupprimer(Par contre, dire que tous les migrants européens ont exploités l'amérique il y a deux siècles est aussi injuste que ce que dit le premier anonyme.)
Ca expliquerait pourquoi nous sommes statistiquement la 1ère destination touristique au monde !
RépondreSupprimerLE lien vers le site de ton (ou ta) commentateur/trice Naturline est très intéressant.
RépondreSupprimerJe n'y ai pas accès, mais je me doute tu fort intérêt dans la mesure où le comm. a été déposé sur plusieurs billets ici et dans d'autres blogs...
RépondreSupprimer@Nicolas
RépondreSupprimerDes produits aphrodisiaques, des godes et j'ai pas vu le reste parce que je suis au boulot et que j'ai moyennement confiance en la confidentialité sur le réseau interne.
Que des trucs utiles, quoi...
RépondreSupprimer@Nicolas
RépondreSupprimerBen ça dépend de ta forme. Demande à @marcvasseur...
« Le président bolivien, Evo Morales, a lancé un appel [...] un copain m’a envoyé par mail une copie de cette Lettre du Président de Colombie.
RépondreSupprimerEvo Morales --> Président de la Colombie !!! Tu m'inquiètes Nicolas,
Evo Morales : Bolivie
Alvaro Uribe : Colombie
C'est moi qui ai mal compris où tu as fait une erreur ???
Quant à ton lien vers Le Monde, il contient une erreur... celui là seras mieux.
Oups ! Je corrige.
RépondreSupprimerUn bête lapsus. Je sais qui est président de Colombie (j'ai souvent parlé des analyses d'Uribe sur le blog).
Pour les liens du monde : c'est eux qui font chier. Je corrige aussi.
Merci !
Bonjour,
RépondreSupprimerje viens suite à la lecture de tes commentaires sur le site de Lomig.
Le pauvre Président bolivien est submergé par les "agressions" incessantes, depuis son élection, et cette nouvelle opération de criminalisation des immigrés en est la continuité.
Pour ceux qui ne le savent pas ( les grands médias sont bouches cousues là-dessus ) :
- Il y a eu un "référendum", jugé illégal par le président Morales, organisé par les régions les plus riches de bolivie pour savoir si elles souhaitaient leur autonomie/indépendance vis à vis de la Bolivie. Résultat positif à plus de 80% ! Evidement les indiens n'ont pas été conviés à donner leur avis...
- Suite à une étude "scientifique", les organisations internationales demandent que la bolivie arrête la culture de la coca, arguant que de la coca on fait la cocaïne. Bien sûr le "on", ne concerne pas les boliviens, bien sûr que la coca soit une culture ancestrale du pays n'a pas d'importance.
Est-ce le fait qu'un indien soit devenu président de la bolivie qui dérange ?
Est-ce son rapprochement avec le président du vénézuela que l'on veut lui faire payer ?
Est-ce sa volonté de certaines nationalisations qui irritent ?
Frk,
RépondreSupprimerTu viens de chez qui tu veux, mais un billet sur deux de LomIG étant réservé à une critique des musulmans, je me demande s'il est vraiment libéral ou tout simplement de droite.
C'est néanmoins gentil de commenter chez moi en avançant des conneries sans preuve. Et sans rapport avec le billet.
Nicolas, rentre tes griffes ; tu te trompe de cible ... ( et consulter le site de Lomig ne veut pas dire que je suis de son avis, tu devrais être le premier à le savoir )
RépondreSupprimerComme je l'avais annoncé, ce type d'informations est peu médiatisé ; il faut chercher :
http://www.cyberpresse.ca/article/20080504/CPMONDE/80504014/1030/CPMONDE
http://www.opalc.org/index.php?option=com_content&task=view&id=346&Itemid=114
Ca c'est pour les preuves.
Le rapport, il est simple, c'est toujours sur les petits, les faibles et ce qui est contraire à la pensée dominante à qui on s'attaque.
Allez, je me retiens de répondre à tes invectives, mais l'ignorance n'excuse pas tout. Surtout quand on dit vouloir rassembler la gauche :)
Anonyme,
RépondreSupprimerLe problème n'est pas de savoir que les propos viennent de Moralès ou de la reine mère du Boukistan oriental.
Le problème est la directive de la honte.
Ne te trompe pas de combat.
N'oublie pas de signer tes messages et de mettre des liens surlesquels ont puisse cliquer, j'ai la flemme.
Désolé Nicolas,
RépondreSupprimerMais je ne me trompe pas de combat ; le fait que ce message provient d'un pays socialiste donne une autre dimension,et montre l'écart avec les pays capitalistes.
Parceque franchement, Ils sont où les socialistes européens ?
Qui d'autres d'ailleurs s'est senti humilié ( le gouvernement algérien, je crois, a fait quelques réflexions ), et a protesté...Même pas nous.
Frk,
RépondreSupprimerTu veux démontrer quoi ?