Les blogueurs de gauche évoquent très peu les élections prud’homales sur leurs blogs. Mathieu (Les privilégiés) se demande pourquoi sur le sien. Je ne suis pas porte-parole de notre sympathique confrérie, aussi vais-je répondre uniquement pour moi.
Ce n’est d’ailleurs pas spécialement facile et, en venant au boulot ce matin, je me demandais comment expliquer ça de manière politiquement correcte. Mais, tout bien réfléchi, ça serait la pire des solutions. Je me lance donc sans gueule de bois ni langue du même métal : je me fous de ces élections !
J’en connais qui à ce stade de la lecture de mon billet se disent : « Ah ! Le con ! Il pourrait fermer sa gueule ». Je ne suis pas loin de penser la même chose mais je vais répondre : heu… si les gens ne s’en foutaient pas un peu, il n’y aurait pas un taux d’abstention record !
Je vais quand même me justifier : ça fait vingt ans que je travaille et ma carrière professionnelle fait que je n’ai jamais travaillé dans les locaux de mon employeur mais toujours, souvent pour des périodes très longues, dans les locaux de mes clients. Ainsi, je n’ai jamais été très passionné par la vie de mon entreprise et je n’ai jamais eu les informations disponibles pour étudier les élections prud’homales. J’en connais qui pourraient se dire : « Ah ! Le con ! Il ne fait aucun effort ». Je pense exactement la même chose mais je vais répondre : heu… Si je n’ai pas l’information et l’envie de la chercher, ce n’est pas nécessairement de ma faute ! Je ne dois pas être le seul...
Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : ce n’est pas des prud’hommes dont je me fous mais des élections… Sortons les violons : j’ai beaucoup de respect pour les prud’hommes et j’ai même plusieurs copains qui sont conseillers ou juges dans ces machins et qui m’ont expliqué le fonctionnement, le rôle, les missions, …
La question de Mathieu est intéressante. Pourquoi des gens politisés comme les left_blogs ne s’intéressent pas aux élections prud’homales ? Pour énerver Mathieu, je vais lui répondre qu’il n’a qu’à lire son propre blog et en particulier ce billet qu’il a rédigé comme compte rendu de la République des Blogs. Il y dresse un « portrait type » du blogueur politique.
« La grande majorité des blogueurs politiques sont des hommes. La quasi-totalité des présents d'hier soir sont des gens diplômés, issus de CSP+ et qui doivent avoir un revenu au-dessus de la moyenne des Français […]. Il n'y a quasiment aucun membre des minorités visibles dans ce groupe de participants, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y en a pas par ailleurs. Beaucoup de blogueurs politiques sont déjà dans la sphère médiatique ou dans le monde politique par ailleurs. »
Ainsi, les blogueurs politiques sont dans une catégorie sociale et professionnelle spéciale. Pour être méchant, je citerai une autre définition que j’ai lue ce matin (je ne sais plus où, merci de me renvoyer le lien) : les blogueurs politiques qui ne sont pas étudiants ou chômeurs gagnent bien leur vie et bossent dans des bureaux où ils maîtrisent leur temps de travail et ont accès à internet. Ils ne se font pas engueuler par leur chef quand ils passent trop de temps à lire (ou à écrire) « Partageons mon avis ».
En poussant la réflexion plus loin, on pourrait se demander si les blogueurs politiques ne représentent pas qu’eux-mêmes. Heureusement, ça n’est pas le sujet du billet, sinon je pourrais sortir un tas de méchancetés gratuites sur mes camarades qui me vaudraient ensuite un trollage intempestif de type : « Heu, tu t’es regardé ? ».
Ainsi, je vais répondre à Mathieu : si les blogueurs de gauche ne parlent pas des élections prud’homales, c’est probablement qu’ils ne se sentent pas assez concernés. C’est d’ailleurs mon cas. En tant que cadre sup dans une usine de vélos, je ne me sens pas spécialement le droit de donner une voix à quelqu’un et, en outre, je ne connais pas suffisamment les syndicats pour faire un choix entre eux. Sauf que je ne peux pas voter pour la CFTC : la dernière lettre est rédhibitoire. L’avant-dernière aussi.
Cependant, si vous n’êtes pas un blogueur politique de gauche, votez !
ah le con !
RépondreSupprimer(c'est un blogueur de droite qui nous parle de prud'hommes ? :) )
Fait ch...aque fois pareil, c'est mercredi.
RépondreSupprimerPourquoi c'est pas un dimanche comme toutes les élections chiantes?
Gaël,
RépondreSupprimerCon.
Mélina,
C'est pour le boulot !
Eh, oh, les gars, là, j'ai quand même le droit de vous interpeller et de vous remettre en cause. Vous verrez, cela peut aussi être très positif ! ;)
RépondreSupprimerMerci de me renvoyer à mes propres écrits, mais, comme je te le disais sur mon blog, cela n'enlève rien à mon argumentation, car si les blogueurs de gauche sont plutôt des CSP+, ils sont aussi très souvent des salariés qui risquent, à un moment, d'avoir besoin d'une aide syndicale. En tant qu'enseignant, cela m'est déjà arrivé, alors que je suis super-protégé par mon statut. Bon, c'est vrai que je suis un réactionnaire conservateur marxiste (dixit Darcos). Je n'ai pas vu de blogueur de gauche venir se présenter comme un patron, et un seul blogueur de droite à ce jour.
D'autre part, les cadres, dont les contrats se sont récemment dégradés (il me semble qu'on a remis en cause vos RTT, non ?) sont tout autant concernés que l'ouvrière ou le caissier.
Bon, maintenant, je comprends tout à fait que tu ne t'y intéresses pas en tant qu'individu, et mon interpellation n'avait rien d'agressive, juste une question, et merci de ta réponse.
Mon interpellation des Leftblogs a un autre niveau. Le syndicalisme fut longtemps, y compris en France, l'un des moyens pour la gauche de faire progresser les droits sociaux. Le fait que des blogs qui se revendiquent de gauche ne traitent pas ce sujet est inquiétant. D'autant plus que ces élections, du fait des nouvelles lois, vont largement avoir plus d'impact sur notre société que l'élection à la tête du PS...
Peut-être que le syndicalisme n'est tellement plus une force de changement que les blogs de gauche en prennent acte, et c'est pour cela que je demande clarification.
A bientôt,
Mathieu,
RépondreSupprimerIl y a sûrement plusieurs raison, mais ton commentaire m'inspire une réflexion : vu des blogs (on ne peut pas tout faire), les syndicats ne seraient-ils pas en "concurrence" avec les politiques ?
Dans le sens où on est préoccupés par la "politique" au quotidien, on se méfie un peu de ce qui se passe à côté ?
ah non moi je suis left bloggeur, blanc et tout et tout machin mais j'ai déjà parlé des prud'hommales.Et je compte même le refaire.Sinon Nicolas, non celles-ci ne concernent pas que les classes popus ces élections.Les cadres constituent une part importante des litiges traités.
RépondreSupprimerRomain,
RépondreSupprimerJe n'ai pas tout suivi...
Mais la question n'est pas de savoir si les cadres sont concernés, mais si les cadres blogueurs de gauche se sentent concernés.
@ Nicolas : si c'est le cas, c'est une grosse connerie politique, à mon avis. C'est quand même, en France, toujours le mouvement social qui a amené les grands changements.
RépondreSupprimerEt la deuxième question, si c'est ce que pense nos camarades, en est une aussi. Le syndicalisme, même s'il s'en défend, est un autre mode d'action politique, en tout cas pour moi.
On m'a envoyé chez toi lire ce billet, je l'ai lu, et cette élection prudhommale, je m'en fous, le billet de Mathieu aussi. Je ne suis pas leftblog, mais je ne ferai pas de billet sur cet évènement.
RépondreSupprimerSinon, c'est bien de voler dans les plumes du privilégié de temps en temps!
Mathieu,
RépondreSupprimerOn est d'accord : je fais juste des constats.
Manuel,
Je ne lui vole pas dans les plumes : je lui réponds.
Tu vois bien que tu en parles.
RépondreSupprimerMais pour dire que j'en parle pas.
RépondreSupprimer@ Manuel : si tu as envie de t'en foutre, c'est ton droit. Pour me voler dans les plumes, je ne pense pas que tu aies besoin de Nicolas pour le faire, espèce de couard !
RépondreSupprimerTu as bien tort de ne pas te sentir concerné. Cela prouve que je vais devoir refaire d'autres billets.
@ MGP : mais oui, il le fait.
@ Nicolas : faire un billet pour dire que tu n'en parles pas, c'est en parler.
Hum, ça, c'est de la phrase...
C'est pas méchant, voler dans les plumes, c'est même affectueux...
RépondreSupprimerMathieu, je ne me fous pas des prudhommes mais des élections.
Moi j'ai bien essayé de comprendre mais finalement je ne sais même pas où l'on vote ni si j'ai le droit de voter. Du coup, je ne vote pas :/.
RépondreSupprimerTu résumes assez bien le problème : on n'est pas informés.
RépondreSupprimerJe ne parlerai pas non plus des prudhommales faute d'être concerné (je ne suis ni salarié ni patron ni chômeur, tout juste indépendant) et de savoir comment se passent ces choses là. Mais j'ai accompagné un jour ma fille au tribunal prudhommal afin de la soutenir moralement dans un litige avec son employeur… Elle a été défendue (victorieusement) par un syndicaliste CGT qui, à la retraite, consacrait encore des heures à préparer des dossiers, à assister aux audiences… Chapeau. Sans être directement impliqué donc, j'ajouterai aussi que si les salariés français sont faibles face aux patrons et au gouvernement, c'est qu'ils sont sous-syndicalisés, comme ils sont sous-politisés. Nous devrions soutenir davantage les syndicats, particulièrement ceux qui en connaissent bien les luttes!
RépondreSupprimerLe Coucou,
RépondreSupprimerD'accord, mais ce n'est pas nécessairement de la faute aux salariés (enfin si, mais pas totalement). Quand tu es dans une entreprise, tu essaies de choisir un syndicat... et tu as l'impression de participer au congrès du PS.
@ Manuel : comment peux-tu te foutre des élections et pas des prud'hommes. Je comprends pas.
RépondreSupprimer@ Nicolas et Gularu : c'est vrai que l'info est difficile à trouver, mais il y a quand même les sites syndicaux eux-mêmes...
@ LCC : je ne crois pas que le nombre d'adhérents soit significatif. Dans certains pays, comme le Royaume-Uni, comme les accords ne s'appliquent qu'aux syndiqués, il y a du monde. Pourtant, on s'y fait autant bouffer qu'ailleurs.
@ Nicolas (2ème) : Au moins, il y a plusieurs syndicats qui représentent plusieurs idéologies. Ce n'est pas comme au PS où on tente de faire cohabiter des sociaux-libéraux, des sociaux-démocrates, des socialistes et des gauchistes. Normal que les congrès tournent mal après ça...
Mathieu,
RépondreSupprimerJe te laisse les clés, réponds bien à tout le monde.
Cela dit, ta deuxième remarque me parait grotesque... La confusion entre les syndicats et le PS... Les syndicats devraient tous être PS pour représenter des trucs différents ?
@ Nicolas : désolé, mais comme je suis la star de la matinée grâce à ce billet, je m'y crois un peu...
RépondreSupprimerCe que je voulais dire, c'est qu'on trouve au PS des courants qui sont éclatés entre quatre centrales au moins dans le monde syndical.
L'important étant de s'éclater.
RépondreSupprimer@ Nicolas : je pense en effet que le PS n'est pas viable, vu toutes les idéologies qui le composent, sans un projet fédérateur et/ou un leader fort. Or, en ce moment, aucun des deux...
RépondreSupprimerAvant les commentaires :
RépondreSupprimerJ'étais vachement pour les Prud'hommes quand on a commencé à évoquer le fait que peut-être bien que cette bizarrerie franco-française déplaisait pas mal à l'Union Européenne et qu'on allai les supprimer.
Je trouvais assez logique que des élus de chaque profession fasse la justice dans leur métier ; issus du terrain, je me disais qu'ils devaient y connaitre quelque chose à la vie de l'entreprise, suffisamment en tout cas pour en départir les conflits.
Et puis, j'ai eu deux fois à faire à eux, les deux fois j'étais le plaignant (puisque je suis de gauche !) et j'avoue qu'à les pratiquer, j'ai changé d'avis.
Ca réclame des honneurs, ça porte l'hermine, ça te regarde de haut et surtout ça magouille en coulisse. Ça négocie affaire contre affaire avec les élus du patronnat, je te laisse celle-ci mais il est hors de question que celui-là gagne.
Et tout autour de ce monde là s'agitent des troupeaux d'avocats. On sait que la procédure est annoncée comme étant avec un avocat en option, mais va-t-en te défendre face à un employeur qui en face met tous les moyens. Tous prêts à défendr la veuve et l'orphelin à coup de 500 euros la consultation.
Et même si tu paies, tu ne peux jamais être sûr qu'il n'y a pas eu négociation dans ton dos !
Bref, vive la justice professionnelle avec de vrais juges et qui en plus, rêvons un peu, auraient les moyens adéquats pour ce faire !
:-))))
Après lecture des commentaires :
RépondreSupprimerSans être syndiqués, je suis à chaque fois allé voir la CGT (oui, en période de conflit, mieux vaut l'avis d'un spécialiste !) et j'ai à chaque fois été formidablement bien conseillé voire assisté aux entretiens.
Et pourtant, je n'ai jamais souhaité me syndiquer à cause des conflits au quotidien que cela implique mais ça, ce n'est pas seulement de la faute aux syndicats ! :-)))
[En Belgique, pour t'inscrire au chômage, tu es obligé d'avoir un syndicat. Soit une caisse commune qui ne sert que d'inscription bidon soit un syndicat que tu choisis sur une liste. Il y a ici aussi des trucs en TC ! Je trouve ça pas mal cette obligation, ça rend les syndicats représentatifs réellement !!!].
C'est pas un peu fini ces tartines de commentaires !
RépondreSupprimer;-)))
Non, lâche toi !
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