"S'il faut dépassionner et décrisper ce débat des retraites, c'est aussi parce qu'il n'y a pas de solution miracle. Il faut simplement rester attaché à trois principes, et construire des solutions ad hoc à partir d'eux. Premier principe : ne pas parler des retraites sans parler du contexte économique, présent et avenir. Or on ne sait pas, justement, quel sera le contexte de l'avenir, crise financière ou non, croissance ou non. Une chose est sure, la meilleure façon de protéger leur financement est de réaliser le plein emploi, et donc de s'attaquer notamment au chômage des séniors (comment peut-on vouloir repousser l'âge du départ en retraite, alors que notre pays est le triste champion du chômage de ces séniors ?). Deuxième principe, affirmer la défense de la retraite par répartition, et conjointement revaloriser le niveau des retraites, et alimenter leur fonds de garantie. Une partie de la croissance devrait être indexée à cette fin. Troisième principe, modifier l'assiette des prélèvements, pour faire plus contribuer les revenus du capital, et ne pas pénaliser les entreprises qui utilisent une main d'œuvre importante par rapport aux entreprises automatisées. Parallèlement, faire un inventaire des exonérations de charge, qui coutent très cher à la sécurité sociale.
La question de la durée du travail, du nombre d'annuités à effectuer pour prétendre à sa retraite complète, ne doit en aucun cas être placée au début de la réflexion. Sauf à vouloir faire le jeu de la droite. Car procéder de la sorte, c'est faire de l'âge de départ en retraite une variable d'ajustement, qui variera, fatalement, aux dépens des salariés. C'est au contraire en travaillant à partir des trois principes précédents que l'on pourra défendre le principe de la retraite à 60 ans, modulé en fonction de la pénibilité. Car – et c'est une évidence qui gagnerait à être rappelée dans le débat public – vivre plus longtemps ne signifie pas que, par une bienheureuse magie, le travail soit moins épuisant ou usant ...
Les socialistes ne sont pas « contre » le travail, et « pour » un société de l'oisiveté ; ils cherchent à libérer l'homme du travail contraint. Voilà le progrès pour nous, et la vision positive de l'évolution que nous devrions porter et revendiquer devant les Français-e-s."
Voilà ! Julien Dray pense comme moi, mais l'exprime beaucoup mieux ! Allez lire le dernier billet de son blog.
C'est brillant, comme souvent avec Juju. Il arrive à synthétiser l'essentiel, c'est fort !
RépondreSupprimer:-))
+1 :-P
RépondreSupprimerMouais, pas convaincu du tout par sa logique "implacable". Mais je sors ;-)
RépondreSupprimerJulien,
RépondreSupprimerNon reste. C'est simple : le financement des retraites n'est pas qu'une question de mathématiques mais de vision globale de la société.
Poireau,
Yes ! Vive lui !
Romain,
Excellent commentaire !
«ne pas pénaliser les entreprises qui utilisent une main d'œuvre importante par rapport aux entreprises automatisées»
RépondreSupprimerEncore la stupide rengaine que dénonçait Coluche :
- Les ouvriers ne demandent pas du travail ; juste d'être payés.
PS : que ceux qui souhaitent me traiter de vieux con de droite vérifient qu'il n'y a pas de lave-linge chez eux ; pour automatiser le lavage de leurs draps et chaussettes.
Tu racontes n'importe quoi ou presque : c'est bien parce qu'on automatise tout qu'il faut moins de main d'oeuvre et qu'il faut donc taxer autre chose que le travail.
RépondreSupprimerVoilà encore des choses bien dites par l'ami Dray. Un peu de vision globale, un peu de hauteur, c'est ce dont on a besoin, c'est ce dont on manque à gauche (j'ai eu le temps de faire un ti billet là dessus).
RépondreSupprimerLe dossier des retraites en est encore un exemple : on a le choix entre la tendance strausskahnienne de Titine Aubry, qui se sent responsable parce qu'elle briserait un "tabou" ; et une gauche plus radicale, qui n'apprcohe cette affaire que par la "lutte" (cf Mélenchon). C'est triste...
Oui, j'aime beaucoup l'approche de JD avec une vision globale.
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