Bertrand Delanoë a présenté, sur son blog, son projet de « reconquête des voies sur berge ». Tiens ! Je vais lui piquer une illustration pour ce billet. Il y a justement un bistro.
C'est un blog, les commentateurs gueulent. Normal.
L’Hérétique gueule aussi sur son blog. C’est fréquent, chez lui, cette mauvaise foi. «
Cela dit, pas d'illusions : seuls les tribunaux feront reculer Bertrand Delanoë. La démocratie locale et les pseudo-consultations populaires, on sait qu'il a l'habitude de s'asseoir allègrement dessus ».
Il n’y a qu’une seule façon de s’asseoir sur la démocratie, de la part d’un élu, c’est de ne pas respecter son programme. Or la reconquête progressive des voies sur berge était dans ce programme. Il a été réélu parce que les Parisiens approuvent sa gestion de Paris. Il a été élu en 2001 parce que les gens n’en pouvaient plus de la gestion précédente de la Mairie de Paris. J’aimerai qu’on arrête de traite les
57% de Parisiens qui ont voté Delanoë au deuxième tour (42% au premier) de bobo. On peut d’ailleurs noter que le Modem a fait 9% au premier tour et un peu d’humilité ne nuit pas.
On peut critiquer les mesures prises quand elles sont mauvaises. L’Hérétique peut le faire. Mais je ne peux pas dire que le bouclier fiscal est antidémocratique : il était dans les promesses de Nicolas Sarkozy. Je peux juste dire qu’il est mauvais.
L’Hérétique dit « La boboisation hypocrite de Paris devient insupportable ». Non. Ce qui insupportable, c’est la fuite en avant consistant à penser qu’il FAUT aller en voiture à Paris quand on est banlieusard. Je me rappelle d’un billet, probablement chez l’Hérétique aussi, que j’ai lu il y a quelques mois. Il y était critiqué la gestion Parisienne de la circulation automobile avec une plainte, presque éternel, critiquant les Parisiens qui ne laissaient pas les banlieusards venir chez eux en bagnole et que, du coup, les pauvres, qui habitent en lointaine banlieue sont défavorisés ! Du grand guignol, oui ! Ils sont défavorisés parce qu’ils sont pauvres, pas parce qu’ils n’habitent pas Paris muros. Ce qui est insupportable c'est l'insulte "bobo", ce mépris pour 57% d'électeurs.
Si la population de Paris est plus riche que la moyenne, ce n’est pas de la faute de Bertrand Delanoë mais de la spéculation immobilière qui rend impossible de se loger quand on n'a pas assez d'oseille. Et si le prix d’immobilier monte, j’aurais tendance à penser que la mairie fait du bon boulot. C’est d’ailleurs le drame de la gauche, notamment des communistes, dans certaines villes de banlieue. Ce n’est pas Jean-Pierre Brard qui me contredira…
Mais revenons à notre circulation dans Paris. Ce n’est pas parce qu’on a une grosse bite qu’on peut boire plus de bière sans aller pisser. Oups ! J’ai parlé de bite par mégarde alors que j’avais promis d’arrêter.
Mais revenons à notre circulation dans Paris. Ce n’est pas parce qu’on a un plus gros tuyau d’arrose qu’on peut déverser plus d’eau que ne le permettent le débit du robinet en entrée d’arrivée et celui du machin en sortie. Et les éventuels raccords au milieu.
Habitant en banlieue sud, je ne suis pas spécialement concerné par la voie rapide sauf quand des taxis veulent absolument me faire passer par Bercy pour rentrer des Champs jusqu’à Bicêtre (porte d’Italie, dois-je préciser pour les touristes). Je peux, par contre, parler de l’Avenue d’Italie. Les bouchons sont créés par la Place d’Italie et par la Porte d’Italie : le fait qu’elle passe de trois à deux voies (travaux de 1996 à 2000, ce n’est donc pas la gauche…) n’a strictement rien changé au temps nécessaire pour passer la Place d’Italie en partant du Kremlin-Bicêtre !
Pourtant les gens gueulent. Parce que les gens gueulent tout le temps. Surtout quand ils sont à droite : c’est un principe de base. L’intérêt général ne sert à rien, ils sont emmerdés.
Je me rappelle des longues discussions, à la Comète, où, à l’époque, déjà, tout le monde était à droite (maintenant, je suis aidé par Tonnégrande qui peut me remplacer pour répandre la bonne parole). Il y encore quatre ou cinq ans : « Ah ! Tu vois ! La Nationale [qui débouche Avenue d’Italie] est encore bouchée à cause de ton Delanoë ! ». Et moi je répondais : « Mais non, andouille ! Elle est bouchée à cause des travaux du Tramway. Et la réfection de l’Avenue d’Italie a été faite sous Tibéry… »
Mauvaise foi, quand tu nous tiens… Et en plus, j’étais obligé de défendre cette action de Jean Tibéry !
Et Paris reste saturé, par ces automobilistes qui viennent de banlieue. Qui se permettent de dire « je crois qu'il faut vraiment assommer de taxes les Parisiens pour qu'ils comprennent enfin que financer les fêtes, ça va un temps, mais que là, cela n'amuse plus personne ! »
C’est toujours autant de mauvaise foi. Pour deux raisons.
La première est que le taulier a oublié de comparer la fiscalité de Paris à celle d’autres grandes villes. C’est pourtant facile, la ville de Paris claironne sur le sujet : elle est la moins cher. Il suffit de taper « Budget de Paris » dans google, l'information est disponible en deux clics à partir de la première entrée. C'est même ce sur quoi on tombe quand on cherche à avoir le détail du budget de Paris pour faire un billet de blog…
La deuxième est qu’il n’a aucune idée du coût des fêtes en question. Par exemple, Paris Plage, qui provoque la fermeture de ces voies sur berge un mois l’été, coûte 0,02% du budget de Paris. C’est pourtant facile à vérifier. C’est dans Wikipédia. Le bal du 14 juillet d’un trou en province coûte probablement plus, proportionnellement, à ses habitants…
Et Paris reste saturé, par ces automobilistes qui viennent de banlieue. Du coup, ce sont les Parisiens, eux-mêmes, ceux qui bossent au quotidien, qui ont besoin de leur bagnole pour aller chercher de la salade à Rungis ou déposer le gamin à l'école, qui sont bloqués.
La plupart des villes de France ont des déviations pour empêcher la circulation dans son centre. Même Loudéac ! Payée par le département. Pendant ce temps, ces Parisiens qui payent des impôts financent l’entretien du Boulevard Périphérique, squatté par ces banlieusards. Dont je fais partie. Mais j’évite de prendre ma bagnole quand je n’en ai pas un besoin indispensable. Quitte à perdre 10 ou 20 minutes pour attendre un RER.
Et les banlieusards continuent à se déverser sur le Nationale 7, devant la Comète, sans avoir pensé à laisse leur bagnole au grand parking, au terminus du métro. Ils auraient souvent gagné une heure, pourtant.
Ce n’est quand même compliqué d’imaginer que la multiplication des déplacements en voiture est néfaste et que Paris n’est pas extensible. On pourrait peut-être recouvrir la Seine par une voie rapide et transformer Notre Dame en parking.
Les Parisiens n’en veulent pas.
La seule solution est la diminution de la circulation.Il n'y a pas trente six solutions.
Mais bon. Le Modem aussi avait
un programme pour ces élections. Marielle de Sarnez proposait des scooters en location et voulait diminuer par deux le nombre de camions dans Paris. En s'imaginant que les routiers passaient des heures dans Paris pour le plaisir ? Qu'ils livraient des trucs pas utiles aux Parisiens ? Ah ! Tiens ! "la candidate du MoDem s'engage a créer un parc d'une dizaine d'hectares dans le nord de Paris et une
"coulée bleue", promenade en continu sur les berges de Seine."
9% ont souhaité une gestion par le Modem. 57% ont rejeté la droite pour gérer leur quotidien.