Comme il se doit, je n’ai toujours pas lu le document du PS, support de mon billet de ce matin mais j’ai décidé d’en parler quand même, ça ne mange pas de pain et je vous rappelle que pendant que je parle du projet du PS, je ne suis pas au bistro. Enfin, pas toujours. Je vais donc me baser sur le billet de Peuples, à nouveau. Ca sera donc deux bières qu’il devra m’offrir le 11 juin. C’est un point du billet de Totophe qui me fait réagir. Pourtant, il l’approuve.
« Nous proposons d'instituer dans ce cadre un dispositif de droits de tirage sociaux qui dote chaque Français d'un compte formation. Crédité au début de la carrière à proportion inverse de la durée d'étude ».
Il faut des formations pour les gens qui ont besoin de formation. C’est tout le système qu’il faut revoir. Arrêter les formations bidon qu’on nous impose pour écluser je ne sais quel truc négocié, à juste titre, avec les syndicats à une autre époque.
J’ai horreur d’avoir le choix entre « chef de projet », « conduite de réunion » (si si, il y a des formations de deux jours pour conduire des réunions, c’est très important), « sécurité des réseaux informatiques » (comme si en deux jours on pouvait apprendre quelque chose dans ce domaine), « gestion du stress » (si, j’avais choisi ça, une année, pour rigoler ; j’en aurais fait un joli billet de blog si mon chef ne m’avait pas demandé si je ne me foutais pas de sa gueule). Je vous passe les formations en anglais et autres réjouissances qui interrompent les collègues une heure par jour.
Les entreprises dépensent des sommes folles pour des tonnes de formations inutiles. Il faut commencer par repenser tout ça pour qu’un type de 45 ans qui pratiquait un métier qui n’existe plus puisse se reconvertir. Pas pour le plaisir de se former « puisqu’il y a droit ». Le projet du PS va nous inventer une usine à gaz.
Usine à gaz qui ne sera même pas vendeuse électoralement. Les gens veulent du pognon le soir du vote pour acheter des steaks pour les mômes, pas savoir le droit qu’ils pourront faire une formation en gynécologie (ou proctologie selon le cas) dans 15 ans.
30 ans qu'on nous sort la formation comme solution au chômage...
30 ans qu'on nous sort la formation comme solution au chômage...
Ca me rappelle mon copain Casquette. La cinquantaine. On le surnommait ainsi à cause de sa calvitie. On est cons dans les bistros. D’ailleurs, on n’est plus copains. Une histoire de bistro. Je crois que je n’ai jamais parlé de ça dans un des mes blogs. Ca mériterait pourtant un billet. Je vais tenter de le faire dans le blog bistro un de ces jours. Tiens ! Je vais le faire maintenant et ici. Un soir de java, il était rentré chez lui, normalement mais s’est engueulé avec sa grosse qui est venue nous voir au bistro. Finalement, pour la consoler, on lui a fait prendre une cuite. Elle est devenue très chiante et ne voulait plus sortir du bistro. Pourtant, il fallait bien fermer. On a réussi à la pousser dehors mais elle faisait un tel barouf qu’on l’a laissée entrer à nouveau. Un verre. Le dernier. Elle en voulait d’autres. Elle ne voulait pas sortir. On l’a poussé de force et on est également parti (on a fait semblant…) tout en la regardant d’un œil. Elle est rentrée dans un immeuble voisin. Pas le sien. J’ai appris ensuite qu’on l’avait vu, le matin, vautrée dans les caniveaux près de La Poste à 600 mètres. Pour se justifier, elle a dit qu’on l’avait violée. Elle a même dit qu’elle avait porté plainte contre nous. Son mari, Casquette, l’a crue. Vive les bistros !
Mais je m’égare. Mais elle est bien, cette histoire, elle rend pathétique ce billet. Avec moi, le PS n’est pas aidé !
Toujours est-il que Casquette était imprimeur dans une petite imprimerie Parisienne. Des affiches, des tracts, des cartes de visites, des présentoirs, des emballages, … Un « vrai ouvrier » qui faisait le travail à la main sur des vieilles machines mécaniques. Il était fier. Souvent, il nous montrait comment, par exemple, il avait réglé les couleurs, rien qu’à l’œil, à l’ancienne, sous le regard admiratif de ses jeunes collègues. Parfois, il nous montrait apportait des réalisations au bistro, quand il était particulièrement content. Nous on regardait et on disait « oh oui c’est bien ». Je me rappelle, une fois, il nous avait amené un truc publicitaire pour un commerçant du coin, ressemblant, un peu à un calendrier de l’avent, avec des machins qui s’ouvrent avec des trucs imprimés derrière.
Un jour, c’était il y a 7 ou 8 ans, à la même époque que l’histoire ci-dessus, il en avait 52 ou 53, son patron vend toutes ses vieilles machines et achète des machines modernes, numériques, … On lui a donc proposé des formations, utilisation d’un ordinateur, PAO, … Il a refusé. 35 ans à faire un même boulot, à être un des meilleurs de sa partie, avec une partie de créativité, …
Il a été licencié. Maintenant, il est à la retraite m’a-t-on dit ! Bizarrement, jusqu’à une dernière récente fâcherie, j’étais resté copain avec sa femme. Il en a chié quelques années : chômage, RMI, … Mais sa retraite est potable, je crois. Enfin, si on peut dire que vivre avec 1200 euros par mois est potable…
Il faudrait, un jour, que les responsables politiques se mettent dans le ciboulot qu’on ne peut pas changer de boulot, dans certains cas. Je suppose qu’à 40 ans on peut encore avec le courage, par exemple, de passer le permis poids lourd mais on ne peut pas faire une formation en informatique à 55 quand on a commencé à bosser à 15 ans…
Le problème n’est pas disparition du métier d’imprimeur « manuel » vers 2000 ou 2005, détrôné par l’informatique. Le problème n’est pas qu’on ne puisse plus leur donner du boulot et qu'on doive les former à faire autre chose. Le problème est de pouvoir leur donner les moyens de vivre, comme on devrait vivre à 50 ans.
Ca lui aurait fait une belle jambe, à Casquette un « compte formation ». Il ne voulait pas être formé. Il ne voulait plus être formé. Il voulait vivre et rigoler avec les copains au bistro. Il voulait être imprimeur.
Ca fait 30 ans qu’on nous dit qu’on résoudra le chômage par la formation. On n’a jamais résolu le chômage. Sauf celui des formateurs.
On attend du PS un projet de société, pas un bordel pour qu’un type qui touche 1200 euros par mois puisse passer à 1250. On veut peut-être une « sécurité sociale professionnel » mais surtout pas la seule opportunité de changer de boulot à 45 ans. Je n’ai pas envie de changer de boulot. Mais je n’ai pas 45 ans. Il me reste un an et deux jours (moins 40 minutes).
Tiens ! LouisLep et Gularu, par exemple, sont actuellement étudiants. Vous croyez que savoir maintenant qu'ils auront droit à 6 mois (ou 3 ans...) de formation au cours de leur carrière leur fera plaisir ?
Mais que tu as raison...
RépondreSupprimerJe crois que nos politiques brillament intelligent (de droite comme de gauche comme du centre) manquent de cette pratique, d'avoir été salarié lambda comme nous...
Et c'est vrai que les formations à la con qui ne servent à rien, sinon à faire travailler des "organismes de formation"...
Bonne soirée
Illusion est le terme en effet. En période de plein emploi il n'était pas question de formation...
RépondreSupprimerCharmant billet que je savoure en rentrant de ma journée de ..formation (vraiment:)
RépondreSupprimerComment ne pas comprendre l'amertume de Casquette! Avant l'apparition de l'informatique (en particulier les Mac) les imprimeurs typographes constituaient l'aristocratie du monde ouvrier. C'est chez eux que la culture anar était la plus forte.
RépondreSupprimerJe suis d'accord dans l'ensemble...
RépondreSupprimerMais faire une formation, ce n'est pas pour changer complètement de boulot ou gagner 50 € de plus par mois.
Beaucoup d'ouvriers faisant un métier pénible, physiquement brisés à 40 ans, auraient bien besoin d'une formation pour en sortir !
Anecdote : on avait proposé à un voisin (40 ans) de devenir "chef de chantier". Mais trop "nul en maths", il était désemparé face aux calculs de commandes, aux tableaux de gestion des effectifs, etc. Alors il a repris sa machine, malgré ses problèmes de dos... Allez, plus que 20 ans à "tirer" !
me files pas le bourdon, pour moi c'est d'ores et déjà 65 ans
RépondreSupprimerMARIE
RépondreSupprimerLa formation = le remède tarte à la crème du chômage pour la gauche et la droite !
2 j de formation, vous apprenez rien; 12 mois de formation à la fin vous avez 1 formation mais pas d'expérience prof !
Que dire face au parcours du combattant pour avoir 1 formation en cif... !!
Que dire face aux jeunes bac + 5 ou 6 et au chômage !
Nicolas, si l'on parlait que des seules choses que l'on a lues, alors on n'écrirait plus rien.
RépondreSupprimerQuand j'ai appr!s la PAO en 1988, on avait encore des écrans en noir et blanc et des ordinateurs qui atteignaient les 2 Mo de RAM. Je me souviens de la première fois qu'on a pu ouvrir une image de format A4 dans Photoshop. C'était un exploit de puissance informatique !
RépondreSupprimerQuand on est arrivé dans les imprimeries, on était accueilli à bras ouvert. Les Macs coûtaient le prix d'une voiture et on avait des salaires confortables.
Tu parles, on gagnait entre 15 et 20.000 francs par mois pour faire le même boulot que 4 salariés qui étaient chacun à 40.000 à cause de leur savoir-faire professionnel unique.
Aujourd'hui, c'est fin tout ça. Ils ont formé tellement de gens en PAO que même avec toute l'expérience du monde et le talent qui l'accompagne, le patron te propose de démarrer au Smic. Il a au moins 45 CV en stock de filles et de gars qui s'imagine devenir Séguéla en acceptant d'être payé au prix d'un étui de Rolex !
Tiens, la dernière boîte que j'ai faite, une grosse imprimerie de Muret, mon compte formation qui comptait quelques sous, a été vidé de sa totalité pour retaper les murs de l'imprimerie !
:-))
[Le pire c'est qu'on peut regarder, pendant que less imprimeries partent toutes en Chine, ici, on continue de former des graphistes-maquettistes ! :-| ].
Le Coucou : j'ai connu un typographe en fin de carrière (et qui l'a terminée, c'est rare !). J'avais une profonde admiration pour son œil de pro. Il arrivait à voir une différence d'un demi point sur le corps d'une typo. Evidemment, il était capable d'en deviner le nom juste en un regard !
RépondreSupprimer:-))
Clap clap
RépondreSupprimerTrès bien, rien à redire à ce billet.
RépondreSupprimerDidier,
RépondreSupprimerVous faiblissez, ça fait deux jours de suite.
FalconHill,
Oui. Ils arrivent à être complètement déconnecté de la réalité. Comment un type "normal" de plus de quarante ans pourrait-il se faire une formation pour avoir un boulot "au moins autant" qualifiant... ?
Polluxe,
Ouais... Mais c'est oublié...
Fidel,
Merci ! Bonne formation !
Le Coucou,
Je ne crois pas qu'il était typographe (mais je n'y connais rien...) mais oui, plein d'amertume !
Thierry,
Je ne suis pas contre les formations ! Mais il est illusoire d'imaginer un système global. Que l'on ait droit à une formation est normal, mais pas un "crédit formation général". J'ai la chance d'avoir un métier où je n'ai jamais vraiment eu BESOIN de formation, je ne vois pas pourquoi j'aurais un compte crédité par un truc qui pourrait servir à un autre qui pourrait être vidé à ma retraite.
Peuples,
Moi, je me dirige vers un 62, 63 ans... Héhé ! Salarié à 20 ans...
Marie,
Oui, c'est une grosse illusion... Une formation est juste applicable au cas par cas.
Christophe,
C'est pour ça que j'essaie d'ouvrir ma gueule sur tous les sujets...
Poireau,
Oui, le progrès technologique n'apporte pas que du "bon".
Claudio,
Merci !
Didier,
Merci !
Je ne faiblis pas, c'est vous qui devenez réac, c'est tout...
RépondreSupprimerAh merde.
RépondreSupprimerEn fait, non, Didier. J'ai toujours eu la même pensée pour ce qui concerne la formation (et d'autres trucs, par exemple la burqa, pour reprendre le thème du jour). Mais peut-être qu'à lire vos conneries, j'ose maintenant dire des trucs qui ne vont pas dans le sens du vent. Et je crois que cette espèce de "bon sens" (que, justement, conchient les intellos de gauche) fait un peu le succès de mon blog.
Concernant la femme de casquette, je ne trouve pas très malin d'avoir laissé repartir seule une femme bourrée, surtout quand vous réalisez qu'elle rentre dans un immeuble qui n'est pas le sien. Vas savoir ce qui lui est arrivé pendant cette nuit de divagations ...
RépondreSupprimerEn qualité de formatrice, j'y trouve forcément à redire à ton billet.
Tout d'abord le DIF est effectivement foireux puisqu'il a été créé, comme d'habitude, pour les grosses boîtes et pas les PME qui n'ont pas les moyens d'investir autant dans la formation.
On m'a souvent formée à des trucs qui ne me servaient à rien, et en plus une fois revenue au bureau, aucun suivi, on te largue toute seule en arguant que tu as suivi une formation. Si tu n'arrives pas à appliquer ce que tu as appris, c'est que tu es une tâche et pas à ta place (et qu'en plus, tu as gâché l'argent du patron).
En revanche, il est fort probable que la formation de 5 jours que j'ai faite en 2007, dans le cadre du DIF justement, ait été un argument en ma faveur pour obtenir le poste que j'occupe aujourd'hui.
IL y a aussi des gens, et dans mon métier j'en vois beaucoup, qui sont réfractaires aux formations parce qu'ils estiment qu'ils font très bien leur boulot et n'ont rien à apprendre de personne. Tout cela révèle une incapacité à se remettre en question et je trouve cela dommage.
C'est d'ailleurs la perception de la formation qui est flouée car l'état du marché de l'emploi est si mauvais que les salariés ressentent les formations comme une remise en cause de leurs compétences.
Dernière remarque : Si la formation devait servir à se reconvertir, ne serait -il pas souhaitable que l'Education Nationale fasse déjà correctement son boulot d'orientation scolaire ?
Fiso,
RépondreSupprimerTu interviens dans mon blog politique, maintenant ?
Pour ce qui concerne la femme de casquette, je vais te le faire sous un autre angle. JE traduits mes propos : "Elle nous a cassé les couilles pendant trois heures, devenant insupportable, on a craqué et on l'a jetée". Alors, les leçons de morale, maintenant, heu...
Sur le reste, on est d'accord (sauf la dernière phrase). Les formations sont utiles. Mais ça n'est en aucun cas un moyen de lutter contre le chômage et le système actuel est une aberration.
Sur la dernière phrase... D'une part le boulot de l'éducation nationale ne se limite pas à l'orientation et elle n'est pas directement responsable de ses propres erreurs. Si un type a décidé de faire fac de Géographie, il doit bien savoir que ça ne mène pas à grand chose (à part prof).
D'autre part, la reconversion peut avoir lieu 30 après la sortie de l'école, on ne sait pas comment chaque métier va évoluer.