« En 2002, 82 % des Français ont rejeté ce discours de stigmatisation et d’exclusion. Ce n’est pas pour le voir réapparaître, huit ans après, dans la bouche du président de la République. »
C’est Pierre Moscovici qui le dit dans son dernier billet de blog. Il l’avait twitté, hier, et j’étais tombé dessus en attendant mes camarades pour le Kremlin des Blogs improvisé par Mip. Donc je ne ferai aucun compte rendu (à part qu’on a fini à 2h30…).
Je suis toujours consterné quand je vois un politicien chercher une petite phrase à glisser et se planter lamentablement et broder autour des chiffres.
Je rappellerais uniquement que Lionel Jospin ayant fait 16%, on peut en conclure que 84% des français ont voté contre lui. Quinze jours plus tard, on se précipitait pour voter pour Jacques Chirac, tellement nous avions honte de ce qui était arrivé, ce 21 avril. Quelques mois plus tard, nous avions honte de notre propre vote, d’avoir cédé à une précipitation officiellement républicaine alors qu’il aurait fallu s’abstenir. Tout simplement.
De toute manière, Jean-Marie Le Pen n’aurait pas été élu et tant bien même il aurait été élu, il n’aurait jamais eu une majorité pour gouverner. Nous avons été ridicules, sur ce coup. Cinq ans après, Nicolas Sarkozy gagnait une élection qui était imperdable pour la gauche. Et maintenant, Nicolas Sarkozy est toujours Président de la République , l’insécurité croit tous les jours.
Et Pierre Moscovici s’indigne. « Affirmer un lien de causalité entre immigration et délinquance est ignoble. » Il a probablement raison, c’est ignoble, on attend autre chose d’un Président de la République. Cela dit, j’aimerais bien voir les stats.
En fait, non. Je m’en fous. La gauche doit arrêter de tenir ce genre de discours. On s’en fout de convaincre notre propre camp de l’ignominie d’un Chef de l’Etat : il l’est déjà. Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est aller chercher les 5 ou 6% de voix des retraités qui pourraient être tentés de voter à nouveau pour celui qui est responsable de la sécurité de notre pays depuis 8 ans.
Il a échoué. Et nous, on continue à passer pour des guignols.
Il faut répondre à Nicolas Sarkozy par du concret. Tiens ! Dans son discours, hier, il annonce des « peines planchers » de 30 ans pour les tueurs de flics. Belle annonce ! Comme si un type assez givré pour penser à en dézinguer un autre s’occupait de la durée de la peine qu’il risquait avant de passer à l’acte !
On nous prend pour des guignols et on laisse faire. J’imagine très bien un gars comme l’Hérétique qui n’est pas Sarkozyste mais n’est jamais le dernier à vouloir punir se réjouir de ce type de mesure. Comme si elle allait changer quelque chose.
Il faut rappeler aux français que Nicolas Sarkozy a échoué en matière de sécurité, qu’il nous pond des lois dès qu’un truc se produit mais sans jamais donner les moyens aux forces de l’ordre de faire leur boulot. Au contraire, on leur demande du chiffre, du chiffre, du chiffre, … Alors ils produisent des stats. Un peu plus et on aurait plus de policiers à calculer des indicateurs qu’à patrouiller, sur le terrain.
Et Pierre Moscovici s’offusque, pousse un cri indigné qui ravira la vieille rombière sympathisante qui lira ses propos dans Libération, peinardement assise en terrasse de la Comète parce que le bistro est branché.
Pendant ce temps, l’électeur vieillissant et indécis se dira « ils font chier à gauche, très forts pour dénoncer des conneries mais jamais dans l’action. »
J’en parlais avec un copain au KdB, hier. Il est de la même tendance que Mosco, au PS, je ne vais donc pas dire de qui il s’agit au cas où l’on me lise. J’étais affligé, il ne me laissait pas en placer une, persuadé que l’électeur attend qu’on lui dise : « En 2002, 82 % des Français ont rejeté ce discours de stigmatisation et d’exclusion. Ce n’est pas pour le voir réapparaître, huit ans après, dans la bouche du président de la République. »
Il m’engueulait ! « Mais tu ne connais rien à ce qu’attend l’électeur ! »
Ben si. Et c’est le problème du Jospinien de base, devenu DSKiste par la force des choses. Tellement persuadé de connaître mieux l’électorat que les autres qu’il n’en ouvre pas les yeux.
En 2012, il y a deux tours à franchir. Le temps est venu de sortir les doigts de son cul : on ne gagnera pas une élection en stigmatisant un gugusse en l’accusant de stigmatiser je ne sais quoi. On gagnera une élection en montrant qu’il a échoué et en prouvant que nos propositions sont les meilleures.
Bordel. Si je puis me permettre. Et l'autre : "J’appelle solennellement tous les républicains de ce pays à dénoncer avec la plus grande énergie ces propos, et à s’unir pour combattre ensemble, par delà les différences de sensibilité, les mesures que ces propos pourraient inspirer."
On était au bord du gouffre, on a fait un grand pas...
On était au bord du gouffre, on a fait un grand pas...