C’est étrange : la ligne 1 était presque vide ce matin, dans les deux sens. Le hasard, probablement, en cette journée de grève : mon train devait en suivre un autre de peu. Dans ma voiture, il y avait 9 personnes debout contre une bonne cinquantaine habituellement. Il y régnait une ambiance rappelant joyeusement la fin du monde, cette ambiance que connaissent tous les parisiens : la fatigue se lit sur le visage des gens et le vide dans la rame est déprimant, le matin.
Dans la ligne 7, avant, il y avait un peu de monde mais j’avais pu m’asseoir et lire le quotidien gratuit « Métro ». Sa une était consacrée aux menaces terroristes et le canard contenait un intéressant dossier sur le prix de l’immobilier en Ile de France, qui aurait pris près de 10% en un an. Un entrefilet, en une, rappelait la grève et les risques de perturbation des transports.
Le Parisien, que j’avais pu feuilleter à la Comète, en prenant mon café avait bien son dossier principal consacré aux grèves mais uniquement sous l’angle « des jeunes ». Il rappelait à juste titre que le Gouvernement et Nicolas Sarkozy avaient lâché un mois complémentaire de bourses et renoncer à sucrer la demi-part dont bénéficiait les parents des étudiants qui avaient des aides au logement. Les jeunes ne descendraient pas dans la rue aujourd’hui.
Pourtant, je me demande depuis quand, en France, la « rue » a eu des résultats dans les luttes sociales sans que les jeunes aident les salariés à hurler leurs revendications. Les dernières avancées sociales ont eu lieu par les urnes, la rue n’a fait qu’empêcher des reculades préparées par la droite, confirmant l’intérêt de ces manifestations, ne serait-ce que par la faculté qu’elles ont à ressouder les salariés.
Il n’empêche que la stratégie du gouvernement est le « pourrissement » que rappelle Vogelsong dans son dernier billet. « Deux millions de manifestants dans la rue en septembre 2010 après trois années de laminage en règle. Inespéré pour le pouvoir, inédit pour un pays qui se targue d’égalitarisme. Deux petits millions à sacrifier 2 jours de travail pour espérer en gagner 730 autres à la fin de leur vie professionnelle, souvent bien remplie. Irrationnel. Preuve que la déliquescence des esprits a gagné beaucoup. Preuve peut être qu’une majorité bouillonne en attendant les échéances électorales. Préférant, en secret, glisser un bulletin putride dans l’urne plutôt que battre le pavé dans la fraternité. »
Aux présidentielles, en 2007, il a manqué 1 096 349 voix à Ségolène Royal pour être élue (vous pouvez vérifier). Lors de la dernière manifestation, 2,7 millions de personnes ont manifesté. Parmi elles, on peut raisonnablement penser que 40% ont voté pour Nicolas Sarkozy, parce qu’elles croyaient, dur comme fer, au « travailler plus pour gagner plus » et qu’avec le recul de l’âge de la retraite, elles ont gagné. Vous pouvez calculer ce que représente 40% de 2,7 millions.
En commentaire à un de mes billets d’hier, l’estimé Dagrouik soulignait que les syndicats avaient globalement le même problème que le PS : un sérieux déficit de communication.
A tel point que la presse populaire traite plus des à côtés de la grève que de ces motifs précis.
Melclalex, un copain blogueur, a pourtant fait un billet, hier, pour expliquer les vrais tenants de ce bazar. Comme il avait fait une légère erreur technique, je la lui ai signalée en commentaire vu que je n’ai pas son adresse mail mais j’étais tellement peu sûr de moi que j’ai précisé : « je crois ».
C’est alors qu’un syndicaliste frapadingue m’est tombé dessus en expliquant que je me plantais tout en démontrant que j’avais raison. Vous pouvez aller lire, c’est à crever de rire tellement la bêtise est étalée. On a même droit au « C’est pas moi qui a commencé ». Désopilant quand on lit les premiers commentaires : il m’est tombé sur le paletot et finit par dire, pour résumer, que lui avait consacré sa vie au combat et que je n’étais qu’un abruti derrière un clavier et que je ferais mieux de fermer ma gueule.
C’est rigolo, ce n’est pas la première fois que je prends ce genre de farce sur le coin de la gueule, par le fait d’abrutis ne connaissant rien de ma vie sauf qu’il m’arrive de boire une bière dans un bistro appelé la Comète, preuve d’ailleurs qu’ils lisent mon blog, ça fait toujours plaisir.
Pourtant, j’avais envie d’être d’une méchanceté crasse mais j’ai du respect pour les militants. Si ce con ne m’avait pas consacré un billet pour m’insulter (ce qui est autre chose que les commentaires d’un blog), j’aurais fermé ma gueule et même oublié.
Il m’a invité à lire son blog. J’ai été. Il est à peu près illisible ce dont on s’en fout si ce n’était pas parfaitement représentatif de ce qu’évoquait Dagrouik : l’incapacité des syndicats à communiquer. Ce type est dramatique : il juge utile de faire un billet à propos de nos bisbilles en commentaire le jour même de la grève alors que n’importe quel syndicaliste aurait pensé à faire un billet pour rappeler le pourquoi de la grève et appelant à manifester.
« Se faire traiter de " clown " ... par un tapoteur de clavier » qu’il intitule son billet.
C’est bien connu. Marx ne savait pas écrire.
Vivement 2012. Ceci est le 3500ème (exactement) billet de ce blog. Nicolas Sarkozy poursuit sa politique de "clivage", montant les uns contre les autres, et tout ce que trouve à faire ce blogueur syndicaliste c'est de me tomber dessus. Il devrait utiliser Google Analytics : personne n'a cliqué sur les liens qu'il a insérés pour me tourner en ridicule.
Vivement 2012 mais avec des militants comme ça, j'ai bien peur de devoir attendre 2017.
Edit : j'avais oublié d'illustrer ce billet. Le billet du Monolecte, dont je parlais hier, fait la une de Wikio...
Vivement 2012 mais avec des militants comme ça, j'ai bien peur de devoir attendre 2017.
Edit : j'avais oublié d'illustrer ce billet. Le billet du Monolecte, dont je parlais hier, fait la une de Wikio...
C'est le début de la gloire ou aussi la rançon.
RépondreSupprimerYann,
RépondreSupprimerCa n'est pas la première fois...
Beuh, il n'est pas méchant, je lui ai laissé un commentaire même, histoire de recadrer une de ses erreurs :)
RépondreSupprimerDorham,
RépondreSupprimerNe sois pas trop méchant, non plus, avec lui, hein !
Non, j'ai été gentil... Comme je te le dis, il a quand même l'air d'être un gars pas méchant.
RépondreSupprimerPar contre, son blog m'a fait mal aux yeux...à cause de la couleur et des caractères blancs, j'ai l'impression d'avoir bouffé un store.
Après lecture de votre passe d'armes, Merci de bien vouloir ménager le gars en question, Nicolas, ses saillies militantes sont trop chouettes à lire !
RépondreSupprimerJe sais je suis con mais tu m'aimes bien...
Dorham,
RépondreSupprimerJ'ai été lire ton commentaire.
"Les syndicats se trompent avec l'âge de la retraite. Ce qui importe ce n'est pas tant à quel âge tu pourras partir, c'est surtout ce que tu toucheras quand tu seras en retraite."
Oui, mais le "vrai important" est le montant total des rémunérations dans une carrière... Autrement dit, la redistribution...
Pour ton deuxième commentaire, j'avais écrit un paragraphe sur les couleurs puis je l'ai supprimé, ça n'avance à rien. J'ai juste mis le mot "illisible".
Corto,
RépondreSupprimerOui, je t'aime bien... C'est pour le bonheur de mes lecteurs que j'ai mis les liens. Je crois que je vais le rajouter dans la blogroll, celui là.
Tu es dans le metro ce matin ?
RépondreSupprimertu ne fais pas grève ?
Tu ne lis pas assez souvent mon blog...
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerCorto,
RépondreSupprimerTss tss. Quelle espèce de vieux snobinard tu fais, Corto...
Tu sais, tes "saillies" sont tout aussi amusantes. Cette sorte de fausse indépendance d'esprit dont tu te revêts, c'est un régal...
Il part au 1/4 de tour le gars Joël, je n'aimerais pas critiquer la cuisson de ses merguez devant lui.
RépondreSupprimerEl Camino,
RépondreSupprimerOui, il est un peu sur les dents... Donc pas crédible.
En tout cas, son blog, il en met plein la gueule ! Rouge vif. Pouah !
RépondreSupprimerIl devrait faire affaire avec des opticiens, ça bousille les noeils.
Homer,
RépondreSupprimerC'est proprement illisible.
"La République du Peuple". Au secours.
RépondreSupprimerOui, ça m'a bien fait rigoler...
RépondreSupprimerIl m'a répondu, il a l'air sympa tout de même.
RépondreSupprimerVous ne devriez pas vous moquer comme ça, ce gars a quand même l'air d'être un mec simple, ce n'est sans doute pas un mec qui fait des kilomètres d'étude mais il a le mérite de réfléchir et de se poser de bonnes questions. En effet, il gagnerait à un peu d'humilité sans doute...
Le commentaire de Romain P notamment, enfin...après, vous allez dire que l'Hérétique se moque des bobos...ce genre de commentaires lui donne raison.
Dorham,
RépondreSupprimerJe n'ai rien contre ce gugusse à part le fait d'avoir fait un billet en me traitant de con.
Il y a une différence entre les commentaires, où on papote, et les billets où on donne son avis. C'est ma conception du blog... et je la partage : voir le titre du blog.
Le problème c'est qu'il a tout faux côté communication. Hier, par exemple, chez Melclalex, il aurait pu dire "Nicolas a raison sur le fond mais il fait une petite erreur". Non, il m'est rentré dans le lard avec une diatribe abominable.
Le problème de cette diatribe est qu'elle donne une image ringarde de nos luttes alors qu'on a pourtant le même but : un rééquilibrage global de la répartition des richesses (Julien Dray avait fait un très bon billet à ce sujet : il faut envisager l'économie de manière globale).
Cette image ringarde empêche des gens de "travailler avec ceux qui les véhicules" et fait fuir un électorat centriste...
Pour ce qui concerne l'Hérétique, c'est autre chose : il qualifie l'ensemble du peuple de gauche parisien du terme bobo, ce qui est particulièrement méprisant (et con, les bobos votent plus pour Bayrou que pour les socialos, probablement). Nous, on se moque personnellement d'un type qui m'a insulté personnellement.
Nicolas,
RépondreSupprimerToi, c'est une chose, tu t'embrouilles avec un type, il te charge sur son blog, tu lui réponds, quoi de plus normal, c'est ton droit de procéder de la sorte. Ce qui m'agace, c'est le phénomène de groupe, tout un tas de blogueurs va se radiner pour y aller de sa petite phrase.
En général, quand tu fais ce genre de billets, je choisis d'aller voir le gars pour savoir ce qu'il a dans le ventre, c'est plus correct et surtout moins méprisant. Par exemple, maintenant, grace à toi, je sais qui est une tête de pine dotée d'un cerveau d'invertébrés :)
Ce gars là n'est pas de cet acabit. Il s'est emporté maladroitement mais il n'est pas si con.
Quand Romain P fait son petit commentaire, ça m'agace, son mépris m'exaspère. J'ai envie de lui dire que son blog ne donne pas plus envie d'être lu. Il a des caractères noirs sur fond blanc, voilà son mérite.
Dorham,
RépondreSupprimerReplace ça dans le contexte ! C'est Romain qui s'adresse à moi en tant que taulier de blog. C'est un "pote" au sens blogosphérique du terme (mais je l'ai vu plus souvent que toi, c'est-à-dire au moins trois fois...). Il a fait des études politiques et nous échangeons souvent ainsi.
Ce n'est pas comme s'il avait débarqué dans un blog inconnu...
Mon frère aussi fait des études politiques et bien souvent, il est con comme un manche :)
RépondreSupprimer(allez, je comprends ce que tu veux dire, je suis juste un peu grognon aujourd'hui)
Bois une bière.
RépondreSupprimerLes syndicalistes, c'est comme les boulangers, ça finit par ne plus parler que de la boutique. La professionnalisation, comme pour les élus, c'est une belle saleté !
RépondreSupprimer:-))
[Je ne suis pas allé lire le gars mais par hasard sur Twitter, j'ai vu les échanges de commentaires d'hier. Dialogue de sourds… :-) ].
Poireau,
RépondreSupprimerOui, il y avait bien un sourd dans l'histoire. Mais il était trop bavard et avait un discours mal structuré : ça rendait ses propos incompréhensible. Je suis donc devenu sourd et c'est ce que j'ai essayé de lui expliqué.