Dans
son annexe collective, Mathieu s’interroge
sur les raisons qui poussent à tenir un blog politique. La question pourrait être bonne car il a raison : on ne fait souvent que reprendre des informations dans la presse, donner un avis dont tout le monde se fout le tout avec un nombre dérisoire de lecteurs, notamment les blogs généralistes, comme le mien.
Agnès, du
Monolecte, pose également la question sous une autre forme (elle estime ne pas tenir un blog politique, elle a d’ailleurs probablement trois ou quatre fois plus de lecteurs que moi).
Mathieu prend l’exemple du remaniement : en quoi est-ce utile de donner notre avis sur le remaniement dans la mesure où sommes tous d’accord et les mêmes analyses sont dans la presse ? Monolecte va plus loin : la politique, donc les blogs politiques, ne servent pas à grand-chose car nous n’avons pas la possibilité de changer de société.
Certains blogs ont une certaine utilité.
Sarkofrance informe ses lecteurs des actualités « sarkoziennes » pendant que
Authueil nous fait comprendre la vie parlementaire (vu de droite mais on est tolérants…). Et encore ! Cette utilité pourrait être débattue mais ce n’est pas l’objet du billet.
Tout vient d’il y a quelques années quand on ne savait pas ce qu’allaient devenir les blogs et quelle serait leurs influences dans la vie politique. On sait aujourd’hui qu’ils n’en ont aucune, sauf, peut-être, quand ils font du bruit ensemble sur un sujet. J’ai bien dit peut-être. Par exemple, les blogs ont fait pas mal de bruits autour de
l’affaire Karachi qui a connu, récemment, un tournant avec les
révélations de Charles Million. Le bruit fait par les blogs a-t-il un point dans cette histoire, en poussant les journalistes à en parler ou à encourager les enquêteurs ? Probablement pas. Disons : très faible.
Néanmoins, si parler de cette affaire permet de montrer un peu de soutien aux familles des victimes, nous dirons que les blogs politiques sont utiles.
Mathieu pose la question : « Cela servait à quoi, tous ces billets sur le remaniement ? »
Dans les blogs, il y a deux acteurs : le taulier (le rédacteur) et les lecteurs.
Je ne sais pas pourquoi les tauliers écrivent. Déjà, je ne sais pas pourquoi, moi, je blogue. Peut-être parce que j’aime bien écrire ou papoter avec mes commentateurs fidèles ? Peut-être parce qu’un truc, au fond de moi, me pousse à écrire des coups de gueules ?
Tenez ! Pourquoi je fais ce billet que je vais poster dans mon blog politique, le plus lu, alors que j’en ai plein à disposition ? Pour rien : le billet de Mathieu m’a donné l’envie de réagir, de préciser ma vision des blogs politiques. J’ai fait deux autres billets, ce matin. Le premier parlait du Beaujolais nouveau, pour rebondir sur les propos de machine à café avec les collègues qui fustigeaient le Beaujolais nouveau pour des raisons médiocres alors que je le vois comme le symbole de la rigolade avec les copains, au comptoir. Le deuxième, à midi, portait sur la pétition réclamait la suppression des notes dans les écoles primaires. J’ai fait un billet (court) car la nouvelle me paraissait surprenante. Peut-être voulais-je un éclairage par mes lecteurs ?
Evidemment, je blogue aussi pour espérer être entendu par des responsables du PS, pour qu’ils entendent ma vision des dossiers, tel que je peux ressentir les choses de mon comptoir, entre Tonnégrande et le vieux Joël, Patrice parfois et tous les cons qui passent. Je n’y crois pas trop.
Evidemment, je blogue aussi pour mon égo et ma satisfaction personnelle de voir des billets « plaire » à quelqu’un. La première fois que ça m’est arrivé, c’est quand j’avais été repris, pour la première fois, par
Betapolitique. C’est ainsi qu’on se dit « Bon Dieu ! Mais mon billet a intéressé quelqu’un au point qu’il juge pertinent de le mettre dans son machin… ». Maintenant, je suis un peu blasé mais il y a toujours un phénomène qui donne satisfaction : voir ses billets rebondir de Twit en Twit. On est toujours Twité, systématiquement, par les copains, mais quand ça sort de ce cercle, ça fait toujours plaisir : cité par des « inconnus », avec un effet boule de neige. « Putain ! Alors mon texte, il était si bien ? » Tiens ! Je parlais de l’affaire Karachi ! Il a été twité par cinq personnes qui ne font pas partie de mon « cercle de potes » ce qui est beaucoup… Non seulement des « inconnus » me lisent mais, en plus, ils pensent judicieux de signaler mon billet à leurs potes. Mon
billet « Camille » avait été énormément retwité (j’ai oublié mais peut-être plus de 50 fois). L’histoire de mon petit vieux qui n’a rien d’autre à faire que d’attendre la mort avait ému les lecteurs. J’étais content et c’est aussi pour ça que je blogue.
Je ne sais pas pourquoi les lecteurs lisent. Je sais pourquoi, moi, je lis des blogs politiques (outre la passion des blogs) : pour recueillir l’avis des gens, des copains, de ceux que je connais très bien ou de ceux dont j’ai pris l’habitude de lire leurs blogs. Outre leur avis, j’aime bien voir comment ils abordent les sujets. J’aime bien aussi trouver des analyses ou des informations sur lesquels les médias traditionnels ne se sont pas penchés alors qu’ils auraient peut-être du.
J’aime bien commenter chez les gens, souvent une phrase laconique (si j’ai quelque chose à dire, j’en fais un billet), souvent une simple connerie, comme cet «
excellent billet » au
dernier billet de Gaël ou ce «
il faudrait qu’on en parle au comptoir » à celui d’
El Camino, juste pour dire bonjour, leur faire savoir que j’étais passé. Pour d’autres, comme
Val, j’aime bien backtweeter leurs billets. Pareil ! Une manière de dire « ah ! Tiens ! Je suis passé chez toi ! Ca va ? Et ton épouse, toujours ses hémorroïdes ? » (je n’avais pas encore été grossier dans ce billet, je vous signale).
Alors, évidemment, mon
billet « d’analyse » du remaniement n’a servi à rien, juste brailler comme les autres : ils ont accouché d’une souri.
On se sent un peu obligés, quand on est blogueur politique de donner son avis sur les sujets « majeurs » du moment, même s’ils ne servent à rien. Mais Mathieu a évidemment raison : un twit aurait suffit...
Tiens ! J’avais fait
un premier billet sur le remaniement, dès son annonce. J’étais au bistro (ce n’est pas une information, c’est juste pour rappeler que je n’avais que l’iPhone). J’avais vu un twit passer, d’Authueil (que je cite là-haut), je crois, qui pestait parce que les sites officielles n’avaient pas diffusé la liste des ministres. J’ai cherché, j’ai trouvé, j’ai diffusé. J’avais probablement le premier blog avec la composition du nouveau gouvernement. Je dis souvent que je ne vais jamais de billet pour le classement Wikio. Il y a des exceptions, mais que des coups de tête ! Plein de RT et des liens dans beaucoup de blogs analysant à chaud le remaniement…
Mathieu pose la question : « Cela servait à quoi, tous ces billets sur le remaniement ? »
A rien. Il n’y a pas que des billets sur le remaniement. Il y a tous ces billets où l’on papote en commentaire avec des copains, des moins copains, des pas copains. Tous ces coups de gueule qu’on pousse, toutes ces conneries qui nous amusent, tous ces sourires qu’on a parfois, toutes ces émotions.
Le blogueur politique pense parfois qu’il tient une tribune.
C’est une erreur. Elle ne sert à rien en tant que telle. Elle n’est pas lue.
Le blogueur politique n’est qu’au centre de son propre réseau social, vilaine locution qui veut dire qu’il papote avec les copains, pas nécessairement ceux qu’il apprécie, plutôt ceux avec qui il aime bien les joutes verbales, de twit en twit, de commentaire en commentaire ou de blog en blog.
Peut-être que le Monolecte a raison.
Je devrais ouvrir un blog « société » où je pourrais faire des billets comme celui-ci ou parler de la détresse des clochards du Kremlin-Bicêtre et des ennuis de mes petits vieux.
Tiens ! Marcel le Fiacre ! Sa femme lui a donné l’ordre de vendre trois manteaux de fourrure qu’elle avait eus par don de vielle dames âgées dont elle s’occupait. Marcel est emmerdé, il ne sait pas comment vendre des manteaux de fourrure. Dix ans comme livreur de viande puis trente sept comme chauffeur de taxi, ça n’aide pas à l’apprentissage de Google. Alors il a demandé au copain, le gros au comptoir, celui qui a une cravate et qui est cadre, celui qui parle avec l’autre copain, gros aussi mais noir, tant pis, il n’est pas comme les autres, c’est un bon noir, lui.
Alors je prends des photos des trois manteaux de fourrure de la femme de mon pote âgé (pardon…) avec l’iPhone, je les envoie par mail au vieux Joël qui pourra les sortir sur une imprimante couleur (je suis un geek rapiat avec le matériel). Et je suis chargé de mettre en vente sur Internet.
Si je n’arrive pas à vendre, Marcel se fera engueuler par son épouse et dira que c’est de ma faute.
Ca mérite bien un billet de blog politique, non ? Pour introduire un sujet sur la tyrannie féminine.
Ca pourra me permettre de rigoler avec Olympe.