Mon copain le Vieux Jacques qui a tendance à radoter furieusement raconte souvent cette anecdote au bout du premier demi litre de Côtes-du-rhône. A une époque de sa vie, il faisait du bénévolat et distribuait des sandwichs à des SDF. Un jour, il n’avait pas réussi à écouler son stock à son échoppe habituelle et a pris quinze sandwichs pour les distribuer dans le métro, aux clodos.
Il n’a pas réussi à en écluser un seul. « Tu te rends compte, les cons, ils refusent mes sandwichs alors qu’ils n’ont pas à bouffer ». Jacques faisait du bénévolat pour lui-même...
Jacques est de droite et je n’ai jamais réussi à lui faire comprendre qu’on ne pouvait pas forcer les gens à bouffer malgré eux…
Qu’il y ait des gugusses à distribuer des sandwichs aux gens qui en veulent, c’est très bien mais forcer les gens à bouffer me parait surréaliste !
D’ailleurs, ces gugusses distributeurs, ça serait bien de les fédérer. Avoir des associations qui éclusent les quartiers pour placer les bénévoles serait parfait. Je parle souvent, ici, de mes petits vieux oisifs…
En Angleterre, ils viennent de pondre un texte pour obliger les chômeurs à faire du bénévolat. Benoît Apparu (secrétaire d’état au logement, on se demande de quoi il se mêle) semble approuver cette mesure. Pas moi. Je n’ai pas l’habitude de faire des billets sur des décisions de principe car je ne suis pas spécialement doué pour ça, mais là, ça m’énerve.
J’entends déjà l’argumentaire de droite :
- sur l’assistanat : « bordel, on leur file du pognon et des allocations, c’est normal qu’ils bossent »,
- plus général : « ah mais c’est un premier pas pour leur donner une occupation pour faciliter leur insertion. »
Mon cul ! Au 21ème siècle, dans la cinquième puissance économique du monde, il me parait assez normal de filer un minimum de pognon à ceux qui n’en ont pas et je ne vois pas comment on pourrait « insérer » les gens malgré eux.
Obliger les gens à travailler, c’est purement de l’esclavage, il n’y a pas d’autre mot. Ou alors du chantage : « tu balaies pas les merdes de chien, on te sucre ton alloc… ».
Déjà que notre état fait reposer une partie de la solidarité sur la charité (en poussant le don aux associations), voila qu’on voudrait en plus faire assurer nos services par une forme de STO ! Ils vont bien réussir à nous vendre ça au nom du progrès !
On ferait mieux de s’interroger sur les raisons qui ont poussé un « allocataire » à le devenir, raisons qui, d'ailleurs, individuellement, ne nous regardent pas. Y compris, si on pense comme beaucoup à droite (y compris le vieux Jacques qui oublie, en parlant politique, qu’il n’a pas exercé une activité salariée entre ses 54 ans, je crois, et la retraite) que tous les chômeurs sont des faignants.
Et quand bien même tous ces chômeurs ne seraient que des faignants, quel est le problème ? En quoi c’est mal de ne pas avoir envie de travailler ? Qu’ils se démerdent avec leurs moyens de subsistance pour se loger et se payer un abonnement à 60 euros pour l’iPhone.
Notre société a décidé d’une part de créer l’assurance chômage, qui est une assurance (on cotise) et d’autre part le RMI où le I est en trop.
On ne va pas le détruire en réduisant nos pauvres à l’état d’esclaves.
Sans compter que les encadrer et mettre une telle mesure en place coûtera la peau des fesses.
Pourquoi pas fournir un entonnoir au vieux Jacques pour gaver les SDF de sandwich ?
Pourquoi pas fournir un entonnoir au vieux Jacques pour gaver les SDF de sandwich ?
encore une fois, on envisage d'accumuler les lois sans laisser le temps à celles qui existent de s'installer. Rappelons quand même qu'on a le RSA depuis quelques mois et qu'il serait bon de voir comment le dispositif peut être amélioré avant de vouloir accumuler les dispositifs (surtout quand ils ne sont pas applicables).
RépondreSupprimerTout à fait.
RépondreSupprimerOn vit sensiblement sous le dogme du "contraindre" absolument.
Nulle confiance en l'être humain, dans cette logique.
Triste, quand on y pense. M'étonne plus que l'on soit un pays devenu triste.
Doudette,
RépondreSupprimerOui. Mais il ne faut pas forcer les gens à s'insérer, ça ne sert à rien. Il faut juste les aider, peut-être le RSA le permettra-t-il ?
Je n'y crois pas. Pour avoir observé des gens, autour de moi, en arriver "au RMI" est très souvent lié à un événement (ou à un licenciement tardif) décourageant à la fois la personne et l'employeur potentiel.
MHPA,
RépondreSupprimerOui. Et ce "contraindre" est à placer sous nos billets d'hier : les gugusses qui veulent le faire se prétendent généralement libéraux.
Oui. Et sans compter que les allocations chômage sont le fruit d'une assurance chômage. Une ASSURANCE. Quand on travaille on reverse une part de son salaire à l'assurance chômage... et quand on est au chômage, on bénéficie de l'assurance.
RépondreSupprimerL'état libéral voudrait se comporter comme une vulgaire assurance privé, tu paies quand ça va bien... et quand ça va plus, on rechigne à te verser ton dû, ce pourquoi justement tu es censé t'être assuré.
Quand tu touches du fric pour refaire la carrosserie de ta voiture qui a été emboutie, c'est de l'assistanat ?
Quand tu touches du fric pour racheter la télé qu'on t'a volée, c'est de l'assistanat ?
Non, tu as payé pour ça. Tu es assuré contre ça. Et tous les salariés paient pour et sont assurés contre le chômage.
Bordel !
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerDedalus,
RépondreSupprimerOui !
(mais le principe a été mis en place quand il y avait 400 000 chômeurs).
Vous vous trompez complètement lorsque vous imaginez la réaction des gens de droite. En principes, ces mêmes gens sont contre le fait que l'État se mêle de tout et de n'importe quoi, ce qui est plutôt une manie de socialistes. De même que la contrainte étatique, la "fédération" de ceci ou de cela.
RépondreSupprimerFédérer et encadrer la charité : il n'y a qu'un type de gauche pour avoir une idée aussi saugrenue et rigolote.
Faire bosser des gens sous le chantage: oui, c'est de l'esclavage moderne. Point. On ne résoudra pas le problème de la puvreté comme ça, ni du chômage: les patrons devraient tout simplement embaucher les gens qui veulent bosser. Au lieu de ça, on inflige un nouveau coup aux "allocataires" et rien contre les patrons qui ne jouent pas le jeu.
RépondreSupprimerDans la loi de l'offre et de la demande, c'est la demande qui engendre la nécessité de produire, et donc d'embaucher pour. De fait, si les gens sont pauvres où bossent pour rien, ils ne consomment pas. Encore une mesure inutile.
Tiens !?! Homer !!!
RépondreSupprimer:)
Tout d'accord avec toi !
RépondreSupprimerne nous crispons pas sur cette question, c'est un coup à avoir mal lors de l'insertion ;-)
RépondreSupprimerje crois pas qu'apparu aie les épaules pour forcer les gens à se faire réinsérer de quelques manières que ce soit, il était déjà conscient que la reforme des retraites était un recul social, alors l'esclavage...
bien dit !
RépondreSupprimer8-travail obligatoire pour tous.
RépondreSupprimerKarl Marx ( Manifeste )
Qui ne travaille pas ne mange pas.
( Lénine dixit )
Tiens, Didier Goux ne dit pas que des bêtises !
RépondreSupprimerDe même que le taulier , encore que... :)
@Gildan: oui je sais, j'avais un peu disparu !!!
RépondreSupprimerMême en Angleterre, on ne voit pas très bien comment cela pourrait marcher, tant le système est absurde: si les chômeurs font des travaux forcés, ce sont des boulots possiblement rémunérés qui disparaissent. Et pendant ce temps, les chômeurs ne chercheront pas de travail.
RépondreSupprimerCeci dit, on voit mal Sarkozy importer ça chez nous avant 2012, mais il en serait tout à fait capable dans un second mandat.
Chaque mois, ce sont des milliers d'emplois qui sont torpillés. Il y a de moins en moins d'offres (moins de 200 000 chez Popôle, et pas que des CDI et CDD longue durée, hein). On te radie de Popôle et du RSA, pour un retard de 5 minutes, ou une non-réponse au téléphone parce que tu es aux toilettes. Quand tu reprends une activité, on te fout dans la m..., en prélevant un max sur ton allocation, ce qui incite à ne pas reprendre une activité, et j'en passe...
RépondreSupprimerIl était évident que l'idée du travail gratuit allait plaire, chez nous. D'ailleurs, ils n'en ont pas fini avec les chômeurs, outre-Manche : http://www.romandie.com/ats/news/101111141950.lzum4890.asp
il y a une vingtaine d'années j'étais moi-même au chomage ou tout du moins à la recherche d'un premier emploi, et à l'époque il était interdit à un chomeur de faire du bénévolat sous peine de se voir retirer ses allocations chomage sous le prétexte que chercher un emploi etait une occupation à temps plein !!! je ne sais pas si la loi a changé depuis mais il parait totalement absurde d'obliger des chomeurs à faire du bénévolat ! le bénévolat étant par définition une action volontaire de donner un peu (voire beaucoup !) de son temps à une asso ... bref on marche sur la tête, une fois de plus !!
RépondreSupprimerDidier,
RépondreSupprimer"Fédérer et encadrer la charité : il n'y a qu'un type de gauche pour avoir une idée aussi saugrenue et rigolote."
Où avez vous vu que j'ai une telle idée. C'est n'importe quoi. J'ai juste dit que ça serait bien d'avoir des associations qui les aide à trouver un "job de bénévole".
En outre, je n'ai pas parlé de la réaction des gens de droite mais de l'argumentaire.
Vous êtes donc hors sujet.
Homer,
Oui, c'est complètement inutile !
Gildan,
Oui.
Océane,
Parfait !
Isabelle,
Oui, c'est juste un truc qu'il a lancé "comme ça" !
Ju,
Oui, hein !
Rico,
Et alors ? Marx n'est plus de ce monde...
Corto,
Comme je le disais, Didier est hors sujet.
Le Coucou,
Oui, il en serait capable !
Désenfumage,
Oui, c'est le bordel !
Karine,
Pareil : c'est le bordel !
Les gens de droite sont malades du travail, tout simplement.
RépondreSupprimerComme dans l'autre article où tu parles de la solitude qui n'est pas forcèment triste, contrairement aux idées reçues, les gens de droite n'imaginent le chômage que comme une longue souffrance. Or ce dont on besoin les chômeurs, c'est surtout de l'argent pour vivre, pas d'un boulot à n'importe quel prix !
:-))
Poireau,
RépondreSupprimerOui, on met une priorité au travail mais ça n'en est pas une (sauf que c'est associé au boulot).