Dans
son billet à propos de la révolution fiscale, Polluxe évoque la nécessité de revoir le quotient familial et, plus précisément, le fait d’avoir une déclaration unique par foyer, les revenus de monsieur se cumulant avec ceux de madame.
Je suis parfaitement d’accord avec elle (et les textes qu’elle cite), d’autant que tout ça me parait être issu d’un autre âge, d’une autre époque, celle où seul le mari travaillait… Le système actuel encourage un homme riche à épouser une femme pauvre.
C’est brillant…
Alors qu’un couple où les deux ont les mêmes revenus n’a aucun intérêt à se marier, se pacser ou à faire tout autre machin qui débouche sur la possibilité de ne faire qu’une seule déclaration.
Polluxe nous tague pour savoir quelle réforme de la fiscalité on souhaiterait. J’ai donné moult fois mon avis sur la question, dans mon blog politique : il faut réhabiliter l’impôt progressif sur les revenus, tous les revenus, je suis donc totalement en phase avec le billet de Polluxe.
Je vais juste rappeler un point qui m’est cher : il faut aussi réhabiliter l’impôt sur les successions, voire considérer les successions comme un revenu comme un autre (tout en prenant en compte certains cas particuliers, comme les « paysans de l’Ile de Ré » - c’est une image, celle de pauvres héritant de terres anciennement agricoles valant des fortunes compte tenu du développement de l’immobilier touristique). Réhabilitons.
Avant d’en passer au corps de ce billet, je vais rappeler un autre point qui m’est cher : il faut (progressivement) arrêter de financer la santé et le chômage à partir du travail. Ne confondons pas travail et revenus… Qu’on l’appelle comme on veut (impôt sur les sociétés, TVA, CVA, …), je m’en fous et laisse les fiscalistes en débattre, mais c’est bien la production de richesses qui doit générer des revenus pour la collectivité. Cette production de richesse se mesure donc à propos de la différence entre les recettes d’une entreprise et les charges liées à la production (exclusivement les loyers, les salaires et charges associées et les achats, y compris de services), ce qui exclut donc – pour faire simple – par rapport à l’impôt sur les sociétés, les amortissements et les frais financiers.
Vous avez le droit de relire ce dernier paragraphe pour être sûr de bien le comprendre, ne commentez pas à ce sujet puisqu’il est… hors sujet du billet.
Je vais donc faire un autre hors sujet. Un commentateur à mon dernier billet proposait une politique fiscale engagée vers la taxation du carbone. Je ne suis ni pour ni contre, juste perplexe. 1. Ce n’est pas en taxant un problème qu’on le résout. 2. Ce n’est pas spécialement juste (les paysans ont déjà des revenus très bas, les taxer en plus parce qu’ils polluent ne serait pas très brillant, il vaudrait mieux les subventionner pour qu’ils ne polluent pas…). 3. Il est totalement immoral de penser qu’on puisse acheter un droit à polluer. En d’autres termes, ça veut dire que les riches ont plus les droits de détruire la planète que les pauvres. 4. Une fiscalité verte se traduit souvent en usine à gaz.
Achtung ! Je ne suis pas contre tout mais faire fleurir des « écotaxes » pour s’acheter une bonne conscience sur le compte du consommateur final ne me parait pas « la solution ». Par contre et par exemple voire par hasard, taxer le transport des marchandises pour favoriser une production de proximité ne me parait pas scandaleux.
Et la « fiscalité familiale » dans tout ça ?
Ce point est au cœur du billet de Polluxe puisqu’elle « veut » que les revenus soient attachés aux personnes et plus aux ménages. Poursuivre le raisonnement doit être fait à fond : il faut supprimer les parts ou demi-part accordés pour les enfants…
Je ne dis pas ça méchamment : cet avantage fiscal rapporte surtout à ceux qui gagnent un maximum de pognon. Le prix d’une paire de pompe est la même pour le fils d’un RMIste que celui d’un milliardaire (dont le gamin n’est pas trop chiant avec les marques… Et même, la solidarité nationale n’a pas à payer les marques).
Pour aider les gens à élever les gamins, il y a les allocations familiales. Tout le reste est le cul de la crémière.
Et parfaitement injuste. Je vais m’en expliquer.
Prenez Claude et Dominique. Ils ou elles gagnent respectivement 1500 et 4000 euros par mois. D’après ce site, ils payent respectivement 928 et 7393 euros d’impôt sur le revenu. S’ils ont un enfant, ils payent respectivement 399 et 5092 euros.
En d’autres termes, celui qui gagne 1500 euros par mois « touche » 529 euros pour élever son môme alors que celui qui gagne 4000 bénéficie d’une aide de 2301 euros, soit plus de quatre fois plus.
Niche fiscale, quand tu nous tiens… C’est injuste… Une politique familiale d’un autre temps (même s’il y a d’autres compensations liées au quotient familial et tout ça)…
Je me rappelle d’une vieille discussion de comptoir avec un pote qui élève tout seul sa fille. C’était peut être au siècle dernier, je ne sais plus, mais nous étions encore en francs. Il payait environ 2300 euros de taxe d’habitation et moi un peu moins de 3800 (je cite de mémoire, peut importe les montants réels, je payais plus de 50% en plus que lui). Et il gueulait : « Mais ce n’est pas normal, tu as plein de pognon, tu peux payer, moi je ne touche rien, j’ai une fille à élever. »
Alors je l’ai engueulé : « Putain bordel de crevure, espèce de connard, tu ne payes pas d’impôts sur le revenu, tu vis dans un logement social, ta fille va à l’école, à la crèche, tu foutais ses couches à la poubelle, ses bouteilles de laits aussi, tu l’envoies chez le toubib, alors moi, débile profond, je ne coute quasiment rien à la société et absolument rien à la commune et je paie un maximum d’impôts. »
Je n’étais pas devenu subitement réactionnaire, je continue à militer pour l’augmentation de l’impôt progressif sur les revenus, voire pour un calcul du même type pour la taxe d’habitation. J’ai juste compris que les mecs étaient totalement « à l’ouest », pensant que tout leur être du, sous prétexte qu’ils payent un petit peu d’impôt mais surtout que d’autres gagnent beaucoup plus d’oseille qu’eux.
Ma révolution fiscale à moi
Alors s’il doit y avoir une révolution fiscale, elle doit passer par un système pédagogique, qui nécessite deux choses : d’une part que l’impôt sur le revenu, sur tous les revenus, à l’identique, soit payé par tout le monde, d’une manière juste : progressive. Par palier ou par toute autre équation. Je préfèrerais une autre équation, les gens n’ont jamais rien compris aux tranches.
J’en connais qui vont dire que je suis immoral : je veux faire payer des impôts aux pauvres. Parfaitement. Parmi « ceux que je connais », combien savent ce que paye un smicard par mois en TVA ?
Aucun.
La révolution fiscale doit passer par là : chacun doit savoir (à peu près) ce qu’il paye, ce qu’il coûte, … Peut-être que quand un citoyen verra qu’il ne paye que 10 euros (je dis ça au hasard, c’est peut-être cent euros) par an pour envoyer sa fille à la maternelle, il aura compris ce qu’il doit à la collectivité…
Un peu plus haut, j’ai lancé un « d’une part ». Il manque le « d’autre part ».
D’autre part, donc, comme je le subodorais au début de ce billet, je crois qu’il faut supprimer toute prise en compte de la famille dans l’imposition sur le revenu qui doit se rattacher à la personne, pas à un ménage. Elle ne doit être prise en compte dans aucun autre impôt d’ailleurs, ni dans aucune aide sauf ce qui dépend des Caisses d’Allocations Familiales (notamment les « allocs » et les aides au logement) ou ce qui est du ressort de l’attribution du logement social (voire le RSA, je ne sais pas trop comment ça marche).
Les allocs : vas-y que je te colle 200 euros par mois et par môme dès le premier enfant. Plus rien à partir du cinquième. C’est tout. Hop !
Serait-elle bien ma révolution fiscale :
- plus de politique familiale (ou alors limitée à ce que je dis ci-dessus),
- un renforcement de l’impôt sur le revenu, sur tous les revenus y compris les successions ?
Je vais illustrer ce billet avec des photos de haricots verts pour que vous compreniez mieux. Lecteur, si tu aimes bien les haricots verts, considère toi comme tagué pour ton blog.