15 janvier 2011

Ben Ali entraine Twitter dans sa chute

Quand je suis arrivé à la Comète, hier soir, après une dure journée de labeur puis la rédaction d’un billet fleuve pour mon blog bistro, je suis allé faire un tour dans Twitter pour remercier pour « les #FF » (ce que j’ai oublié de faire, finalement, merci à tous). Le premier twit que j’ai vu était de Gaël : « Attendons de voir ce que les militaires vont faire du pouvoir RT @MartinP_: Bon ben ben ali viré par les tunisiens, ça s'arrose comme dit     @jegoun » (illustration, ça apprendra à Gaël à relire ses twits, bordel).

Aussitôt mon cerveau entre en ébullition et j’imagine le scénario : les militaires en ont eu marre de tirer sur les braves gens et ont fait un coup d’état pour virer pépère. Voulant en savoir plus, je fonce sur des sites d’informations (je n’avais que l’iPhone) et constate qu’ils ne disent quasiment rien. Pire ! Les informations étaient contradictoires puisqu’une dépêche annonçait que Ben Ali avait viré le gouvernement et une autre que le Premier Ministre a remplacé (pour un intérim) le Président.

Aucune trace des militaires, ce qui ne me désolait point : on n’a pas besoin d’une dictature militaire à nos portes…

Il était 19h20, environ, et, à force de pugnacité, j’arrive à la conclusion que Ben Ali a quitté le pouvoir et a pris l’avion pour quitter le pays, ce qui semble à peu près la vérité, à la lecture de la presse, ce matin (qui n’en dit d’ailleurs pas beaucoup plus).

Arrive alors le vieux Joël et comme je sais qu’il était venu en voiture et qu’il écoute la radio, je lui demande des nouvelles. Il m’en donne. Je ne sais pas quelle radio il écoute mais les journalistes devraient être licenciés : soit ils ont raconté des conneries, soit ils ont mal expliqué. Le vieux me raconte une histoire, comme quoi, il n’y aurait pas eu de coup d’état et que c’était juste une rumeur qui avait emballé les médias.

On croit savoir, maintenant, que ce n’était pas une rumeur mais, hier soir, on était dans le flou complet. J’ai alors eu ce qu’on peut imaginer ce matin comme la réaction la plus intelligente possible : « Bordel, tu ne vas pas te gâcher la soirée (anniversaire du patron de la Comète, les 30 ans, ça s’arrose, comme dirait Martin P), tu verras ça demain sur Internet, qu’est-ce que tu en as à foutre à vouloir capter les informations en temps réel ? »

Je retourne donc dans Twitter, les twittos n’avaient pas eu cette réflexion et ne parlaient que de ça, toujours avec des informations contradictoires. Néanmoins, j’ai un tas de copains Algériens qui étaient préoccupés par la situation chez leurs voisins. On ne se refait pas, je suivais les informations en temps réel, dans twitter, et informait en direct les gens autour de moi.

On ne se refait pas, disais-je, donc j’ai joué mon rôle habituel dans ce genre de situation : j’ai commencé à raconter des conneries, jusqu’à environ 21 heures pendant que des gens vachement sérieux (je vous rappelle que je suis un blogueur zinfluent, donc abonné à plein de gens bien informés, #FF et tout ça, qui se sont abonnés à moi en croyant que j’avais des informations). Le scénario qui se dessinait alors était que Ben Ali avait décollé de Tunis puis était arrivé à Malte d’où il était reparti pour venir en France.

Alors, je lançais des conneries dans Twitter, tout en m’engueulant avec Lucia et Marc et une autre espèce de connard qui mériterait de faire la une de mon blog pour le ridiculiser aux yeux de la société.

« Que fout Ben Ali à Paris ? Il a ses papiers ? Que fait Hortefeux ? »
« Gbagbo : "Mon collègue Ben Ali est un petit joueur." »
« Avec ces conneries, il n'y a pas que Ben Ali qui va tomber, twitter va suivre. »
« Y'aurait pas des Tunisiens, en France, qui pourraient nous débarquer Sarko ? »
« “@M_le_maire: Le savoir faire policier Francais aurait quand même pu éviter des morts.” mais notre président est toujours là. »
« Si Ben Ali arrive à Orly, il va passer par Bicetre. Je vous tiens au courant. Vous me devez des #ff »
« C'est antidémocratique ! On ne vire pas un président élu avec 99,2% des voix. »
« “@ArthurClouzeau: @jegoun orly ?” ben oui. Il ne va pas atterrir à La Motte Piquet ! »
« “@GuyLiguili: @sebmusset @jegoun : Bon... Ben Ali, c'est fait... maintenant Sarko !” non. Là, j'ai bistro. »
« Ben Bokassa arrive à Paris. »
« Ségolène Royal présente les excuses de la France au peuple Tunisien. »
« Le secrétaire de Ben Ali a réservé une table au Fouquet's. »
« Allez, Ben ! Au lit ! »

J’étais en forme, hier soir ! Vous devriez me follower (ainsi que d'autres confrères, j'en ai vu passer des belles !). Cette recherche de twits me fait revivre le film de la soirée, le communiqué de presse de l’Elysée, le communiqué opportuniste d’Eva Joly, les engueulades à propos de l’aéroport : Le Bourget, Orly ou Villacoublay. J’adore m’engueuler avec des gens à propos de sujets dont je n’ai strictement rien à cirer, ils me prennent toujours au sérieux. Je vais leur avouer « Hé, les gens, vous croyez vraiment que l’aéroport choisi par la France pour faire atterrir le lascar a le moindre intérêt ».

J’ai balancé mon dernier twit (« Allez, Ben ! Au lit ! ») quand on a eu un twit qui nous disait que les autorités Françaises avaient confirmé officiellement que l’avion avait atterri au Bourget à 19h30. Il était 20h50.

J’ai raconté ça à tout le monde, autour de moi.

Quand ils vont écouter la radio, ce matin, ils vont me prendre pour un con : la France aurait refusé d’accueillir Ben Ali et il serait en Arabie Saoudite.

La batterie de mon iPhone étant déchargée, j’ai quitté Twitter une demi heure, le temps qu’elle se refasse une santé. Quand j’ai rebranché, la présence à Paris était confirmée et les twittos supputaient fermement sur des émeutes devant l’ambassade de France à Tunis et la sécurité des Français en Tunisie, voire dans nos chères banlieue… J’ai vu passer des twits où de braves gens disaient qu’ils avaient honte de la France qui accueillaient un dictateur. Ce genre de réaction ridicule (ben oui, il faut bien qu’il aille quelque part, Ben Ali, ce n’est pas parce qu’on lui donne une certaine sécurité en France qu’on le soutient …)  et j’ai débranché.

Twitter et tout Internet étaient complètement à côté de la plaque.

Ca n’avait l’air de déranger personne. L’information en temps réel n’est rien d’autre que de la désinformation.

Gloire au peuple Tunisien, néanmoins.
" ux de la société.ia et Marc et une autre espèce de connard qui mériterait de faire la une de mon blog pour le ridiculiser aux

25 commentaires:

  1. Désolé mais tu dis n'importe quoi. J'ai suivi cette soirée sur twitter notamment avec @guellaty http://www.karimguellaty.com/ l'ami de @guybirenbaum et les infos communiqués n'ont pas été contesté. Il faut revoir ton usage de twitter.

    RépondreSupprimer
  2. l'information en temps réelle donnée par des journalsites qui l'ont vérifiée, re vérifiée, re-re... etc. est FIABLE.
    après, effectivement sur Internet t'as à boire et à manger. C'est comme ceux qui vont chercher des infos sur Wikipedia... faut pas chercher à tomber sur qqch de bien.

    RépondreSupprimer
  3. Nicocerise, Ju, (et tous ceux qui diront la même chose),

    L'information est évidemment souvent correcte, notamment à l'instant où elle est donnée. Il y a évidemment des Twits parfaits.

    Mais quand on me dit de manière très fiable puisque les deux informations étaient vraies que, d'une part l'avion de Ben Ali a décollé de Malte, et, d'autre part, que des renforts de police sont présent au Bourget, l'interprétation va vite.

    Donc, des braves gens twitent des conneries. Il y a d'autres andouilles qui RT des machins qui ont plus de deux heures et d'autres qui tiennent d'un copain sur que les autorités ont officiellement annoncé que...

    Nico, par exemple, ton pote a twité "TF1 arrêtez. L'Elysée a des infos et vient d'envoyer la police pour escorter le convoi de ben ali".

    Alors arrête de dire que je raconte n'importe quoi...

    Ju, quant à toi, pareil : les journaux racontaient strictement n'importe quoi, ce que je dis dans le billet, vers 19h 19h30.

    RépondreSupprimer
  4. jamais simple de suivre une actualité, est-ce qu'il faut croire l'info la plus twittée (au risque de se faire enfumer par l'equipe internet de Ben Ali dans ce cas, qui a été puissante semble t'il) ou tâter le terrain ?

    Hier soir on avait trois puis cinq destinations pour Ben Ali :
    Paris - bourget
    Lybie
    Malte
    Qatar
    Sardaigne

    j'ai préféré aller me coucher parce que je souhaitais surtout savoir c'était si les Tunisiens ne s'étaient pas faits empapaouter dans l'histoire avec cette arrivée des militaires

    RépondreSupprimer
  5. Gaël,

    Oui, c'est la morale de cette histoire : l'information en temps réelle ne sert à rien. Ce qui importe, c'est dans deux ou trois jours, où ils en seront... Sur la voie d'une dictature ou d'une démocratie.

    Dans mon billet, je mets en cause twitter et les twittos mais ils n'y sont pour rien. Les sites d'information continue racontaient également des conneries.

    C'est comme regarder une étape du tour à la télé, c'est beau, mais généralement les échappés se font rattraper avant la fin et on ne sait pas qui va gagner...

    RépondreSupprimer
  6. c'est bien un truc de "cons" (pour te citer) ça : de vouloir absolument être le premier à savoir. Les "connes" préférant laisser piailler les zozios... du twitter... ("Lucia, tu es toujours ridicule")

    Connes, et cons du twitter, même combat ? heureusement, c'est pour défendre la liberté de parole, pas pour la gloire d'avoir été le premier d'un soir... à twitter ou RT.

    Ben... c'est pas comme ça qu'on, ou qu'onne, fera une révolution.

    RépondreSupprimer
  7. Tu n'a pas utilisé le bon hashtah : #tunisia ou #Sidibouzid

    Au contraire certain appellent cela : la révolution Facebook (ou Twitter)

    Non, sérieux suivre une Révolution sur Twitter , j'avoue, c'est une drôle d'expérience (et efficace).

    Que tes amis (ou ennemis) comprennent bien que censurer l'Internet n'est vraiment pas bon pour leur fin de carrière !!!! #Hadopi #Lopisi2

    RépondreSupprimer
  8. Monsieur,

    L'année dernière, nous avons eu la chance de réaliser avec grand succès le No Sarkozy Day, ceci malgré la pluie et la censure sarkoziste et effarante dans les médias.

    Nous leurs avons fait énormément peur, mais nous ce cédons pas, voulons toujours le déloger de l'Elysée.

    La Tunisie doit être un exemple pour la France. C'est pourquoi, nous souhaitons que tu parles de notre mouvement sur ton blog. Pourquoi ne pas rediriger ton blog vers notre mouvement ?

    Des centaines de milliers de gens, sont d'ores et déjà attendu pour cette marche du peuple qui aura lieu le 27 mars 2011.

    Notre groupe facebook : http://www.facebook.com/event.php?eid=190291037649609

    Le pouvoir par le peuple pour le peuple

    Hervé, Militant No Sarkozy Day
    Spécialiste du Pôle démocratie

    RépondreSupprimer
  9. L'information en temps réel ?
    Ça dépend où on va la chercher !
    Moi, c'était juste ! Fallait juste faire gaffe au conditionnel !

    RépondreSupprimer
  10. Honnêtement, l'info donnée par les journalistes n'est pas parfois pas meilleure.

    Combien de fois est-ce arrivé qu'on nous relaie une information fausse à la télé et même dans la presse écrite.

    Mais c'est sûr que l'instantanéité est un problème de plus pour la qualité de l'info

    RépondreSupprimer
  11. Comment ! Ben Ali n'est pas à Nice ?
    Il y avait hier soir un tweet disant qu'il était attendu par Bébé Doc…

    RépondreSupprimer
  12. Personnellement, j'ai suivi twitter durant l'aprèm et en début de soirée tout en écoutant en parallèle la radio et en regardant le flux "en direct" du Monde.fr ; j'en ai tiré un avis assez proche. Twitter renvoie à chaud et à la manière de vagues de tweets des rumeurs comme des infos non-vérifiées, un peu comme un bruit de fond brut. Il faut ensuite filtrer tout ça pour en tirer quelque chose de plus consistant. Enfin rien de bien nouveau hein ^^

    Mais l'emballement de twitter au plus fort des événements de la journée d'hier était assez impressionnant... Je suivais les deux gros hashtags cités plus haut.

    RépondreSupprimer
  13. Ici j'ai suivi avec les hashtags #tunisia, #tunisie et #Sidibouzid, et ça prenait une drôle de dimension, et un mélange que j'ai adoré entre les "twits à la con" "les twits sur place" et les "twits de journalistes" (plus ou moins pros).

    RépondreSupprimer
  14. Raquel,

    Oui, au fond c'était amusant.

    Guillaume,

    Je n'ai pas le réflexe hashtag !

    Le Coucou,

    Qu'il attende !

    Tueurs,

    tu nous casses les couilles.

    Gildan,

    Oui, mais avec le téléphone arabe, le conditionnel se perd.

    Romain,

    Oui : heu...

    1001,

    Oui, c'est amusant.

    Lucia,

    Arrête avec cette histoire, c'est toi qui m'a cherché suite à une plaisanterie de ma part. Et effectivement, ça tourne au ridicule.

    En plus, j'en ai franchement marre que tu essaies de me transformer en homosexuel machiste.

    RépondreSupprimer
  15. Comme d'hab, l'info y est aussi fiable qu'au café du coin...

    L'info fiable est noyée dans un flux de rumeurs...

    RépondreSupprimer
  16. Tizel,

    Ce qu'il y a de rigolo, c'est que j'étais "au café du coin" et je donnais l'information que j'obtenais sur Internet aux clients...

    On a bien rigolé, hier, en relevant le nombre de conneries que j'avais pu dire.

    RépondreSupprimer
  17. Je partage l'impression de nicocerise : tu es un peu à côté de la plaque. J'ai eu la sensation inverse : chaque info dans les médias (quand il y en avait... Et je ne parle du silence de l'Elysée) était déjà annoncée (ou pire démentie) depuis longtemps sur Twitter. On a su que Ben Ali était parti avant les médias, on a su qu'il allait vers Malte quand les médias tergiversaient pour savoir s'il était bien dans un avion. On a su par Al Jezira puis par un tweet d'un gars au contrôle aérien de Malte que son plan de vol indiquait désormais Paris comme destination. Puis on a su qu'il était attendu à Paris. Puis persona non grata... En face, dans les médias, le désert.
    Peut-être ne t'es tu pas connecté au bon moment, ou n'avais-tu pas les bons followers ? Mais sur ce coup-là, twitter a parfaitement joué son rôle.

    RépondreSupprimer
  18. Doespirito,

    Désolé, mais non. Twitter déformait les propos. On a rien su. J'ai su par exemple que les autorités avaient confirmé l'atterrissage au Bourget à 19h30...

    Parmi les informations qu'on a vu passer, il se trouve que certaines étaient vraies, la plupart d'ailleurs, mais il y avait des fausses... Alors on peut fanfaronner, après, pour dire qu'on savait la vérité, mais on savait aussi le faux.

    J'ai les bons abonnements, je suis abonné par exemple à Guy Birenbaum, dont parle Nicocerise et j'avais l'information donnée par son pote.

    RépondreSupprimer
  19. Pour info, l'essentiel du bordel sur Twitter au moment de l'avion qui a effectivement survoler la France et a failli atterrir à Villacoublay, etait de l'agitation à destination du Quai d'Orsay et de l'Elysée, destiné à leur faire comprendre que la révolution Tunisienne mettrait le pied sur le sol français en même temps que Ben Ali.

    RépondreSupprimer
  20. Fabrice,

    Merci de ton intervention (je lis le billet que tu mets en lien sous ton nom plus tard : je cause assez mal l'anglais, pauvre de moi...).

    Cela dit, l'agitation a été reprise par le grand public, des gens comme moi (oui, je suis blogueur politique, mais en dehors des heures de bistro, seulement, ce soir là, j'étais avec des amis dans un rade de banlieue, et je pensais plus à mes copains Tunisiens et surtout Algériens).

    Je twittais des bêtises et RT des informations qui me paraissaient intéressante pour des "non politiques". C'est le danger, quand on est observateur politique (mon billet a pris des coups dans la gueule dans Twitter) : on oublie que ce n'est pas le cas de 95% de la population.

    RépondreSupprimer
  21. Après coup, il semble que Ben Ali ne soit parti que pour donner un peu d'air au système et permettre à la dictature de continuer tranquillement avec tous ses soutiens européens !
    :-)

    [J'étais pas là ! :-) ].

    RépondreSupprimer
  22. Ouais, on se demande où ça va aller, tout ça.

    RépondreSupprimer

La modération des commentaires est activée. Je publie ceux que je veux. On ne va pas reprocher à un journal de ne pas publier tous les courriers des lecteurs...