Dans mon billet de ce matin, j’exprimais la crainte que Nicolas Sarkozy se refasse une popularité en partant en guerre, les Français étant obligés de rassembler derrière lui. En commentaire Didier Goux parlait du dilemme du gauchiste. Un autre commentateur, Etienne B (à qui je n’ai pas encore répondu), parlait de « tradition républicaine » qui obligeait le grand parti d’opposition à suivre la majorité en cas d’intervention militaire à l’étranger.
Mon apéro dans les bistros de Bicêtre a eu un côté réjouissant, me montrer que, comme moi, tout le monde est perplexe, et la tradition républicaine se traduit plutôt par un gros scepticisme…
Nos amis Français qui, contrairement à moi n’ont pas l’œil rivé à Twitter et à de mystérieux flux qui m’amènent de l’information ont exprimé un immense ras-le-bol. Ca fait 40 ans qu’on encourage le guignol en question, poussant même, récemment, à le recevoir à Paris comme un important dignitaire étranger, pour essayer de lui vendre des armes contre lesquelles nous allons devoir nous battre et des centrales nucléaires qui, je ne sais pas pourquoi, ne sont plus très à la mode par les temps qui courrent…
Le peuple Libyen est en révolte depuis quelques semaines et on a attendu que Kadhadi soit presque en train de gagner pour se décider à intervenir.
Je dois avouer que j’ai fait mon billet de ce matin à reculons, me demandant si, en tant que blogueur de gauche, j’avais le droit d’exprimer des doutes…
Mon incursion dans des rades banlieusards m’a confirmé que oui et même si les statistiques ethniques sont interdites, il faut bien reconnaître que ces rades ont, pour certains, comme l’Aéro, une clientèle à majorité de provenance Algérienne. Il ne s’agit pas que de provenance, d’ailleurs, mais de nationalité. L’opinion contre le chef de ce qui n’est pas leur état est unanime : les Français n’arrivent déjà pas à mettre de l’ordre dans leurs propres anciennes colonies, on se demande bien pourquoi ils s’occupent de celles des autres ? (surtout quand les autres ont peut-être leur première victoire depuis des années dans un tournoi de rugby majeur).
En fait, les citoyens n’y comprennent strictement bien contrairement aux précédents guerres auxquelles nous avons participé, où le mal était parfaitement identifié. Je parlais d’unanimité contre, mais, en fait, le mal est identifié, et les concitoyens se demandent bien pourquoi on va faire la guerre pour lutter contre un unique gugusse alors qu’il aurait probablement été souhaitable de s’en débarrasser par une méthode probablement moins noble mais plus efficace (je résume : quelques barbouzes et « couic ») qui n’aurait pas engagé nos militaires durablement.
Mince, j'ai fait mon billet sur le même sujet, et je n'avais pas encore lu le tien, désolé! J'ai l'impression que nous sommes à peu près du même avis, sauf que j'approuve plutôt l'intervention elle-même.
RépondreSupprimerJeudi soir, de retour de Belleville, je me suis arrêté au Miami. Comme son nom ne l'indique pas, c'est une petite gargotte tunisoise sans prétention, tenue par un homme d'un certain âge, originaire de Sidi-Bou Saïd (banlieue de Tunis, où il se rend de temps en temps).
RépondreSupprimerLes réactions étaient pour moitié entre le «à quoi bon intervenir, laissons-les entre eux, de toutes façons il est trop tard», et le «mais pour qui il se prend?» en parlant de celui qui n'est pas leur président.
En zappant de chaîne en chaîne (Al-Jazeera, surtout), nous avions droit, pourtant, à des images qui auraient plutôt tendance à couper l'appétit. J'ai même ouï une remarque assimilant Sarkozy à Bush lors de la Guerre du Golfe. J'étais le seul à avoir le droit de vote, à cet endroit-là, ce soir-là, et le vote de la résolution de l'ONU n'était pas encore tombé.
Je suis tout à fait en faveur de cette intervention et pour le coup, on se fout absolument des calculs électoraux de Sarkozy. En fait, je me fie plutôt au discours beaucoup plus humaniste de Obama qui s'exprime sur le fait que : "nous aurions préféré ne pas intervenir" mais l'attitude de Kadhafi envers son peuple nous commande d'agir.
RépondreSupprimerJe ne crois pas du tout à l'argument qui se répand ici et là et qui consiste à dire faisons le ménage chez nous d'abord. Il se trouve que le chacun pour soi n'existe plus depuis la mondialisation !
:-))
Le Coucou, Fabien, Poireau,
RépondreSupprimerJe crois qu'on a du faire nos billets à la même heure. Tout le monde ou presque approuve cette intervention, mais le positionnement de la France est relativement mal vu, et il est probable que l'image de Nicolas Sarkozy ne s'en sorte pas grandie, contrairement à ce que j'exprimais ce matin.
Nicolas : je ne suis pas au courant de tout mais j'ai cru voir sur Twitter qu'au contraire, Sarkozy était "bien vu" par Al Jazeera.
RépondreSupprimerDe toute manière, ça restera une girouette !
:-))
Poireau,
RépondreSupprimerOui, mais il n'est pas bien vu par les immigrés en France...
"En fait, les citoyens n’y comprennent strictement bien contrairement aux précédents guerres auxquelles nous avons participé, où le mal était parfaitement identifié."
RépondreSupprimerIl y a du pétrole? La réponse est oui. Il y a d'autres raisons à cette intervention?
Probablement pas...
RépondreSupprimerMoi aussi, je doute, entre ceux qui font le parallèle avec 1936 et l'Espagne et ceux qui sont résolument contre l'intervention... "Va-t-en-guerre" contre "pacifistes bêlants". Je doute, oui, étant d'habitude plutôt du côté des pacifistes dont je considère qu'ils sont tout sauf bêlants...
RépondreSupprimerhttp://www.nordeclair.fr/Actualite/Depeches/2011/03/20/nef-1373226.shtml
"Oui, mais il n'est pas bien vu par les immigrés en France..."
RépondreSupprimerAh bon ?
Cessez donc ces généralités Monsieur Nicolas, je vous aime bien d'habitude.
Les "immigrés", tout comme les "français", ne partagent pas tous les mêmes opinions.
J'approuve personnellement l'intervention en Libye, comme nombre de mes compatriotes algériens, et nombre de mes compatriotes français :)
Alain : on peut, parfaitement être contre une guerre sans être pacifiste pour autant – c'est même la seule manière d'être intelligemment contre une guerre, les pacifistes n'étant pas là pour éviter les guerres mais pour les faire perdre à leur propre camp. Ce qu'ils réussissent généralement assez bien. Et, quand c'est fait, ils filent à Vichy.
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