Le PS doit-il attendre le messie ? Mais non...

Un sondage ayant déclaré que Marine Le Pen pouvait arriver en tête au premier tour puis un autre que, finalement, la pole position pourrait revenir à Dominique Strauss-Kahn, voila une tripotée de socialos qui déclare qu’il faut arrêter les primaires pour désigner immédiatement DSK comme candidat, comme si tout cela était lié, comme s’ils avaient compris quelque chose à la situation en France.

Qu’on ne comprenne pas de travers ce billet ! Je suis persuadé que DSK est le meilleur candidat pour le PS, en l’état actuel des choses, dans la mesure où c’est lui qui aurait la meilleure probabilité de gagner. Pour le reste, je n’ai pas fait de choix, je ne voterai d’ailleurs même pas aux primaires, si elles ont lieu. Quatre personnes semblent tenir la rampe : Martine Aubry, Ségolène Royal, François Hollande et Dominique Strauss-Kahn. Au moins, s’ils se réunissent pour essayer de se mettre d’accord pour changer de stratégie, ils pourront faire une belotte. Mais je ne suis pas spécialement DSKiste et pense que tout pourrait changer d’ici un an.

Néanmoins, si DSK est candidat, son parcours ne sera pas simple et si j’étais lui, je ne suis pas persuadé que je prendrai le risque de me vautrer et de mettre prématurément fin à une carrière.

Abandonner les primaires ou faire des « primaires de confirmation » ?

J’ai moi-même beaucoup changé d’avis sur les primaires. D’ailleurs, je me demande si en cliquant sur le bouton « publier » pour vous refiler ce billet dans les pattes, j’aurais toujours le même avis. Pendant un temps, on parlait d’un pacte entre Martine Aubry et DSK auquel se serait joint Ségolène Royal. Les primaires auraient alors été un combat entre « un gros » et François Hollande, Arnaud Montebourg et Manuel Valls. Les primaires auraient été ridicules. Ensuite, Ségolène Royal a « pris son indépendance » et François Hollande est finalement devenu un candidat crédible. Les primaires ont alors retrouvé tout leur sens.

Cette rapide évolution dans la perception des primaires devrait être prise en compte par les dirigeants du PS : on ne peut pas savoir ce qui pourrait se passer d’ici un an. Raison de plus, d’ailleurs pour maintenir les primaires.

Je m’étais d’abord rallié aux primaires parce que je pense qu’elles seront, comme le rappelait récemment Martine Aubry, un « formidable outil de mobilisation » et surtout, l’occasion, pour le PS, de faire la une de l’actualité politique pendant quelques mois, lui permettant ainsi de faire entendre les principaux points de son programme et les variantes proposées par certains. Chacun a des choses très intéressantes à dire. Dagrouik résumait hier des propos de Ségolène Royal, par exemple. Dans la même lignée, Arnaud Montebourg présente son « capitaliste coopératif » qui mériterait d’être un peu mieux étudié (Rimbus en parle parfois), ce que l’on ferait volontiers s’il ne prenait pas d’autres moyens pour se faire entendre…

Mais le PS est ainsi, le bal des casse-burnes est en marche, chacun donnant son avis sans même se rendre compte de l’image négative que donnerait une reculade, y compris en interne au parti (j’imagine très bien les couinements de certains).

El Camino récemment estimait (je résume ce que j’ai compris, pas nécessairement ce qu’il a dit) que l’arrêt des primaires permettrait l’arrêt des « petites phrases assassines » et permettrait au PS d’afficher on unité au plus tôt. Je lui répondais : « Il est surtout urgent de ne pas s'affoler. Il reste un an avant les élections. Le PS doit montrer qu'il est un parti qui travaille et doit donc respecter son calendrier. »

C’est Nicolas Sarkozy qui lancera la campagne, probablement « officiellement » en janvier ou février 2012. Le PS ne soit pas montrer toutes ses cartes avant (la fiscalité était annoncée comme étant au centre de la campagne des primaires au PS, Nicolas Sarkozy a décidé de faire une réforme fiscale en 2011…).

Néanmoins, tout le monde se disperse, cédant à la panique et parlant plus de calendrier que de projet à tel point que le choix se résume globalement entre céder à la panique ou reproduire le processus perdant de 2007.

Tout cela, Romain l’exprime très bien et je ne suis pas loin de penser comme lui : la meilleure solution semble être, aujourd’hui, d’accélérer le calendrier, dans la mesure du possible (tout n’est pas facile, les candidats devraient alors se précipiter pour boucler leurs projets avant début mai pour permettre une primaire fin juin, ce qui leur enlève deux mois).

Mais je me demande si la meilleure solution d’aujourd’hui sera la meilleure solution demain… Si le PS ne gagne pas l’élection, il se trouvera toujours quelques imbéciles (ou pas) à mettre en cause la stratégie du parti…

Néanmoins, il y a un élément clé. DSK sera-t-il ou non candidat ? J’ai vu passer un twit, hier, indiquant qu’il ferait une annonce dimanche mais j’ignore tout des motivations du twittos en question. Il n’empêche que, en lisant ce machin, je me suis mis à rêver. Et si c’était vrai ? Si on pouvait, au moins, en finir avec cette incertitude, que DSK revienne en France progressivement et exprime clairement ce qu’il voudrait faire en temps que candidat puis en tant que Président de la République. Les autres candidats pourraient alors adapter leurs positions plutôt que tourner autour du pot, avançant oisivement dans les ébauches de projet, les non candidats restant dans le flou complet, supputant sur la campagne, les ralliements possibles, …

Il reste quatre mois avant le dépôt officiel des candidatures.

Dominique Strauss-Kahn (soutenu ou non d’ores et déjà mais silencieusement par le parti) a vraisemblablement intérêt à se déclarer au plus tard, par exemple à la fin de l’année, pour espérer apparaître comme le messie qui sauvera la France. S’il le fait, ça nous promet un beau bordel au sein du parti (pas nécessairement à l’extérieur, les gens s’en foutent totalement), puisque cela nécessiterait de s’asseoir sur le résultat des primaires.

Néanmoins, je m’en fous aujourd’hui. Je ne vais pas supputer de ce qui pourrait arriver dans une petite dizaine de mois. Il faut que le PS se mette rapidement au clair autour de quelques options :

-          on fait des primaires avec Dominique Strauss-Kahn en respectant le calendrier initial,

-          on fait des primaires sans Dominique Strauss-Kahn en respectant le calendrier initial,

-          on fait des primaires avec Dominique Strauss-Kahn avec un calendrier accéléré,

-          on fait des primaires sans Dominique Strauss-Kahn avec un calendrier accéléré,

-          on ne fait pas de primaires et on se range maintenant derrière Dominique Strauss-Kahn.

L’article 6.1 des statuts du PS (pdf) est clair : « Le Congrès national se réunit tous les trois ans. » Nous aurons donc un congrès fin 2011. Les statuts en question ne prévoient pas de primaires. Fin 2011, le PS aura tout le loisir de changer sa stratégie si la campagne part en couilles. Si DSK n’est pas candidat aujourd’hui, on pourra toujours le rappeler… Le coup du messie…

Je posais cinq options, ci-dessus. La possibilité de faire un choix rapidement ne tient qu’à la parole de Dominique Strauss-Kahn.

Qu’il parle au plus vite, qu’on tourne une page, qu’on se remette en marche, qu’on arrête les conneries.

La politique n’est pas un jeu. Les militants attendent. Les blogueurs aussi : il me faut un contenu pour ce blog. Je ne vais pas continuer jusqu’à la fin de l’année à parler de l’extrême droite et de la gauche de la gauche, ça lasse…

Dominique, on attend que toi… D’autant que tu pourras encore changer d’avis à la fin de l’année.

Juste une petite phrase ?

(illustration)