On compare souvent l’élection de 2012 à celle de 2002. C’est une erreur et vu des blogs, elle est beaucoup plus proche de celle de 2007, vu qu’en 2002, les blogs n’étaient pas encore connus. On compare 2012 à 2002 à cause du risque de voir figurer le candidat du Font National au second tour.
En 2002, ce risque n’existait pas. Personne ne voyait Jean-Marie Le Pen devant Lionel Jospin.
Et pourtant…
En 2007, on était partis la fleur au fusil, tous rangés – plus ou moins bien… – derrière Ségolène Royal. Six mois avant l’élection, on voyait cette dernière avec 35%, joli score que seul Mitterrand, en 1988, avait réussi à obtenir. L’élection était imperdable. Et pourtant… Quelles que soient les raisons de la défaite de la gauche, c’est surtout une victoire, magnifique, de Nicolas Sarkozy, grâce à sa très belle campagne, qu’il pourra très bien recommencer, parce qu’il est très fort pour ça.
C’était aussi une belle campagne qu’a menée François Bayrou. On l’oublie souvent mais il a pris 10% des voix entre les estimations de décembre et l’élection, peut-être les 10% que Mme Royal a perdus puisque Nicolas Sarkozy a fait exactement le même score que celui qu’on annonçait six mois avant.
Mais, ce ne sont que des chiffres, des prévisions, le boulot de Madame Soleil…
La ressemblance entre 2007 et 2012 est le comportement des blogueurs politiques (et de leurs commentateurs) qui oublient totalement la nature des blogs : un outil pour communiquer essentiellement entre gens se sentant très concernés par la politique mais ayant, pour la plupart, une forte orientation politique.
On ne s’adresse pas aux électeurs : ils ne nous lisent pas, ils ne s’intéressent pas à la politique sur le net. Les émissions politiques à la télé sont regardés par quelques centaines de milliers de personnes, ayant toute ou presque, déjà fait un choix pour 2012.
Pour ma part, j’ai vécu 2007 en tant que blogueur politique, certes moins exposé qu’aujourd’hui. Je ne veux pas recommencer pareil et me réveiller début avril pour constater que mes proches, mes collègues de bureau, mes copains de comptoir, n’étaient pas informés du centième de ce que nous échangions en boucle dans nos blogs (on n’avait pas Twitter, à l’époque).
Si ça fait plaisir à certains blogueurs Front de Gauche, je veux bien faire un billet pour dire que le traité de Lisbonne est mauvais, qu’on nous l’a collé de force malgré un referendum négatif qui aurait, en passant, du faire revoir ses positions au Parti Socialiste. On m’a ressorti le traité de Lisbonne pas plus tard que hier chez Stef.
Ce midi, un copain m’a fait le reproche de ne pas connaître le projet de Jean-Luc Mélenchon. On me reproche souvent de passer plus de temps dans les bistros qu’à me documenter à propos de la politique ou qu’à regarder M. Mélenchon quand il passe à la télé. On m’interroge voire on m’interpelle fréquemment sur tel ou tel point du projet du Parti Socialiste.
Dans son dernier billet, le camarade DPP pousse les blogueurs socialos à détailler les actions que mèneraient le futur président socialiste, s’il est élu, si les instances internationales imposaient subitement une cure d’austérité à la France, suite à son élection. « Révolutionnaires de la socialosphère, puisque vous désirez parler programme, que ferait votre candidat unique, élu à la présidence de la République, si un tel scénario se produisait ? »
Je voudrais qu’on m’explique ce qu’il y a dans le programme de chacun des partis pour ce cas de figure. Je suppose qu’ils ont tous une section « qu’est-ce qu’on fait dans un cas improbable ? »
Je voudrais qu’on m’explique comment on va gagner une élection en abordant ce genre de sujet, non pas parce les réponses ne seraient pas intéressantes mais parce que les électeurs s’en foutent totalement, non pas qu’ils soient abrutis, mais aucun média n’irait leur expliquer ce genre de bastringue.
Gagner l’élection est pourtant au cœur du billet de DPP puisqu’il l’introduit par « Ces quelques lignes nous semblent aussi réalistes que le scénario de qui prédit la présence du diable de confort de l'oligarchie au second tour. »
Le diable de confort est bien sur Marine Le Pen (ben oui, on veut l’unité parce qu’elle pourrait être au second tour à notre place…) et notre gauche ne fait que dénoncer les institutions internationales et Européenne en s’imaginant que SON programme va être entendu des électeurs.
On croit rêver.
Alors je veux bien continuer à discuter de politique dans mon blog parce que j’aime ça mais je veux arrêter de tout baser, comme en 2007, sur ce que pourront radoter les blogueurs de gauche pendant que les partis politiques et leurs brillants communiquant feront une campagne, pendant que les meetings de l’UMP avec des milliers personnes, montrant Nicolas et son dynamisme tourneront en boucle pendant trois ou quatre mois au 20 heures, pendant que Marine Le Pen fera une campagne contre tous les autres partis politiques et paraitra la meilleure opposante au système en place, parce qu’elle amusera les médias…
Je ne veux pas que ce scénario se produise et je ne veux pas débattre avec des blogueurs qui tentent de me démontrer avec une pirouette improbable que ce scénario ne peut pas arriver.
Il n’y a pas trente six solutions pour éviter de prendre une baffe considérable en 2012 d’autant qu’il sera trop facile pour des partis qui n’ont aucune chance de gagner de mettre tous les torts sur le dos du gros partis bien méchants remplis de professionnels de la politique.
C’est par ici que ça se passe : http://www.unite2012.fr/ !
Et merci à Peuples de s’être fendu d’un billet pour l’occasion.
Je me suis fait avoir en 2007. La campagne ne se fait pas sur les cas d’école proposés par les blogueurs ou par ce qu’ils dénoncent au quotidien. Pas en 2012.
En 2002, on ne savait pas que la gauche pouvait ne pas être au second tour. Les deux élections n’ont rien à voir.
Tu as mille fois raison, les diseurs de bonne aventure de la gauche radicale joue contre leur camps certains qu'ils sont d'avoir raison pour tout et sur tout.
RépondreSupprimerMais on a beau retourner tout dans tous les sens, ils ne font au mieux que 10% des voix et donc pour que la gauche gagne, seule l'union avec force et détermination a des chances de l'emporter.
C'est simple comme tout. Et puis s'il ne le veulent pas et bien on avancera sans eux pour que les français soient libérer enfin de 10 ans de politique de droite.
Nicolas, sais tu que les primaires sont l'occasion pour la gauche de faire des opération de contact avec les FR :
RépondreSupprimerporte à a porte
trucs dans la rue avec des tracts
réunions en tout genre.
Et donc de faire descendre des infos et remonter des demandes. Donc ce que les blogeurs dénoncent sera dans ce lot.
Dagrouik,
RépondreSupprimerJe sais ! Je n'ai pas dit que le boulot des blogueurs était inutile, j'ai juste émis des inquiétudes à propos des primaires dans certaines configurations...
Par contre, ce que je dis, c'est que les blogueurs ne doivent pas de prendre aux sérieux en tant que tel. Le problème est qu'ils disposent d'un nouveau moy de communication, venu après 2002, et qu'ils peuvent s'exprimer, crier,... Mais ils ne sont pas entendus.
Du coup, les postures qu'ils prennent de réduisent à des cas d'école, comme chez DPP, et on perd de l'énergie pour rien, un peu comme quand des blogueurs PS ont tapé sur #unite2012.
Melclalex,
Oui, c'est tellement évident que voir leurs postures est déprimant. Ils ne connaissent pas du tout les électeurs et de la jouent fier à bras.
@dargouik
RépondreSupprimerle probleme c'est que c'est TOUTE L ANNEE que les politiques, et surtout la gauche, devraient etre en contact avec le peuple. Pas juste pour serrer de spognes et tracter au moment des échéances.
Ju
RépondreSupprimerTu as raison mais ça n'est possible, physiquement... chez moi les militants sont plusieurs fois par an en contact avec les militants. Mais seulement les militants des partis majoritaires, ce que ne comprennent pas les militants des autres partis. Dont le FDG.
Sachant que le billet de DPP est également une réaction à celui de Stef, que je juge si mal venu, j'ai répondu aux deux en un seul, et par anticipation au tien : http://gauchedecombat.wordpress.com/2011/05/31/tina-est-une-bien-mauvaise-maitresse/
RépondreSupprimerje ne suis pas d’accord sur le fait que la question que pose DPP soit si dépourvue d'intérêt que tu le dis... Si je ne sais pas ce qu'est le peuple, celui-ci nous prouve le contraire de ce que tu_ avances à travers bien des pays en ce moment. Il n'est pas dupe des manigances du capitalisme carnassier, ni des oligarchies médiatico-industrialo-financièro-politiques. Et la jeunesse espagnole a raison : un autre monde est possible.
GdeC,
RépondreSupprimerJe ne sais pas non plus ce qu'est le peuple, le problème c'est qu'on oublie rapidement que les électeurs n'ont pas nécessairement le même niveau d'information que nous qui passons notre temps dans l'actualité.
Le billet de CSP sur Unité2012 est intéressant : en fait, il ne croit pas à la possibilité de gagner. Pas la peine d'aller plus loin.
RépondreSupprimerAutant arrêter maintenant...
RépondreSupprimerJu: Je t'invite à venir me voir ou à aller voir les militants et les élus du PS. Ce n'est pas plusieurs fois par an chez moi que les politiques sont en contact avec la population, c'est plusieurs fois par jour. C'est d'ailleurs souvent la critique que je fais à beaucoup de blogueurs politiques: ils n'aiment les gens que derrière un écran.
RépondreSupprimerNicolas: billet très juste. Que la radicalité verbale de certains est facile.
Romain : merci !
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