« À l'heure où une tragédie personnelle, aussi épouvantable fut-elle pour la malheureuse victime que pour le délinquant supposé, paralyse depuis une semaine les informations d'un pays de 65 millions d'habitants. À l'heure où on apprend que 3 réacteurs nucléaires sont en fusion à Fukushima, obérant l'avenir de dizaines de milliers de Japonais. À l'heure où, en Espagne, se joue une bataille majeure entre le peuple et les institutions politiques, j'ai eu envie de déconner. »
Et il le fait bien ! Cuicui a du nous quitter pendant trois semaines. J’ignore s’il était à l’hôpital pour soigner sa cirrhose ou dans une ile paradisiaque avec plein de gonzesses. Son absence était prévue donc je ne me suis pas affolé.
A son retour, il découvre « l’affaire DSK » et la manière dont elle a été traitée par les médias et par nous autres, braves citoyens. A partir d’un conte, il le décrit fort bien et je vous conseille sa lecture (moi-même, habituellement barbé par les longs billets, je suis resté scotché devant mon écran). C’est ici que ça se passe.
Les médias ont beaucoup parlé de Twitter, récemment, et de la place que ce machin prend dans le traitement de l’information. C’est un phénomène que je constate depuis dix-huit mois, environ, on est plus intéressés par la manière de traiter l’information, de la faire circuler, que de son analyse.
Je me rappelle de la soirée où Ben Ali a quitté le pouvoir. Twitter s’agitait, un tas d’informations circulaient, à un point où j’avais laissé tomber le suivi pour retourner dans mes bières : je ne savais plus distinguer le vrai du faux mais c’était presque rigolo. Les gens spéculaient sur la destination présumée de ce type alors que, objectivement, on s’en fout totalement dans l’instant présent. La seule information intéressante était qu’il soit parti.
Avec l’affaire Strauss-Kahn, les informations se sont succédé et on a assisté à une confusion, tout au long de la semaine, à une succession de machins inutiles. Un journaliste présent pendant la salle d’audience envoie un twit et dix minutes après, les dépêches fleurissent : « Dominique Strauss-Kahn a souri à sa femme » !
La belle affaire.
Le jeudi soir, pendant que la séance au tribunal pour son inculpation, nous étions entre blogueurs, à la Comète, et la plupart d’entre nous étions avec nos iPhone pour suivre en direct le déroulement de la soirée, comme s’il s’agissait d’un mach de foot avec un enjeu important. A un moment, j’en ai eu marre et j’ai pensé : « basta ! J’irai voir dans 45 minutes sur www.leparisien.fr ! »
De fait, le lendemain, la frénésie était oubliée et on était parti à délirer sur autre chose : le montant de la caution, son lieu de résidence avant le procès, … autant de sujets dont je me fous comme de ma première bière.
Ca en est à point où on oublie les seules informations principales.
La première me préoccupe particulièrement et mes lecteurs ont du le ressentir : le Parti Socialiste a perdu son poulain pour l’élection présidentielle. Je ne sais pas s’il aurait gagné la primaire mais son absence fait que la bataille va se dérouler entre trois personnes (plus quelques outsiders pas si inintéressants que ça) qui ne peuvent pas se blairer. Le spectacle va être pitoyable et personne n’en sortira gagnant. Pendant ce temps, Nicolas Sarkozy se refait une virginité.
Je la sens mal, cette élection.
La deuxième est qu’on s’émeut un rapidement, dans cette histoire, chacun racontant n’importe quoi pour faire rebondir le débat dans son sens. Osez le féminisme par exemple (et ce n’est pas une critique, le mouvement est dans son rôle, et les propos tenus par des "responsables" sont réellement odieux) a lancé une pétition que j’ai relayée hier. Tout le monde est ébranlé par l’histoire, tout le monde raconte ce qu’il veut. La conséquence est qu’on ne peut plus rien dire sans risquer une avalanche de twits moralisateurs. Pour une vague plaisanterie de cul dans twitter, samedi, je me suis fait tomber dessus par une petite dame.
Il nous faut « bien penser ». Les plaisanteries à propos des noirs, des arabes, des juifs et des musulmans étaient interdites. Celles à caractère sexuel le sont maintenant. Je ne sais même plus si on peut rigoler des prêtres pédophiles. A priori non.
En rentrant à la maison, ce soir, je vais bruler ma bibliothèque essentiellement composée de San-Antonio, décrivant méticuleusement Bérurier manquant de respect à des pipelettes replètes. Ensuite, je vais mettre des sous de côté pour aider mon pote, néanmoins gros réac, qui gagne une partie de sa vie en rédigeant des bouquins pour permettre aux militaires d’avoir des érections dans le train en faisant semblant de lire des bouquins policiers…
On ne peut plus rien dire et je ne me demande plus qui profite de cette bien-pensance…
La troisième a fait l’objet d’un billet ici même, vendredi matin (je crois), mais aussi d’un billet chez Vogelsong que je vous invite à lire : « Affaire DSK : faillite médiatique, pain béni pour le FN ».
Je résume : le peuple est maintenant convaincu que nos élites ont laissé monter une d’entre elles au sommet, au point d’en faire LE favori pour l’élection présidentielle, en sachant fort bien qu’il risquait de commettre une grosse connerie.
Qu’importe la vérité, le mal est fait, c’est entré dans l’opinion. Vers qui vont se tourner les électeurs désabusés ?
Je le sens très mal, ce premier tour…
Il est mignon le petit chien en illustration ? Je n'ose plus mettre la photo d'une starlette de peur de me faire engueuler.
Il est mignon le petit chien en illustration ? Je n'ose plus mettre la photo d'une starlette de peur de me faire engueuler.
Je me faisais la réflexion que twitter virait haineux. Hier mon billet m'a fallu une réaction haineuse sur twitter d'une dame qui m'a dit qu'il était ' fat' sans parler d'autres joyeuseté sans compter 3 4 autres crises dans la journée
RépondreSupprimer(je préférais les starlettes...)
RépondreSupprimer;o)
@+
PS : quand j'entends les noms de Fabius ou Jospin... je me pince pour me réveiller !!
Salut Nicolas,
RépondreSupprimerJe n'étais ni à l'hosto, ni sur une île paradisiaque. Je bossais en divers lieux dans le sud de la France (je suis une sorte de clodo, vendeur itinérant de conneries sur les marchés).
Puis je me suis offert 10 jours de repos chez moi en Corse, au milieu des chèvres... Aucune n'a encore porté plainte pour jet de sperme.
Merci pour la promotion de ce billet : tu n'imagines pas le bien que ça peut faire d'être un peu apprécié, cela dit en toute modestie, bien entendu.
@ Romain : je trouve aussi l'atmosphère tendue... ce que les gens disaient avant uniquement au bistrot ou à leurs amis, ils le disent maintenant sur Twitter ou FB. Finalement les réseaux sociaux c'est le bistrot à l'échelle de la planète :-)
RépondreSupprimer@ Nicolas : pas top le chien... et si tu essayais les gogos boys ?
Je suis assez d'accord sur cette atmosphère un peu nauséabonde mais je n'arrive pas encore à me décider pour savoir si l'origine provient des politiques ou des journalistes !? Je suis un peu boulimique d'info mais là, je sens la nausée me venir !
RépondreSupprimerRomain,
RépondreSupprimerOui, c'est haineux, souvent.
Nap,
Oui, que certains envisagent leurs retours me laissent songeur...
Cuicui,
De rien ! Continue !
Polluxe,
Tu veux que je me fasse engueuler par Olympe ?
Will,
On en est tous là !