Quand mon pote est arrivé à la Comète, hier soir, je lui ai
demandé : « Alors, une belle victoire au
Sénat, ça s’arrose ? » « Oui,
tiens ! Putain, ça sent le
sapin pour la droite ! Avec la perte du Sénat et l’affaire
Karachi qui prend de l’ampleur… » « Oui, hein ! » « En plus, il y a la grève dans les écoles, demain, le
public plus le privé, même ma femme fait grève ! C’est la première fois de
sa vie ! » « Bah ! Tu me
dis ça à chaque fois ! Qu’est-ce qui la motive ? » « Oui, heu… Ben, elle a 34 mômes, en grande section de
maternelle, dans sa classe et elle est toute seule pour s’en occuper, elle ne s’en
sort pas. » « Ben t’as qu’à
aller au bistro, le soir, pour la laisser se reposer. » « Abruti ! Paye ta tournée. » « Patron ! »
J’aime bien aller au bistro, le soir, rencontrer des gens,
le lendemain d’un fait politique important. On a passé une partie de la journée
dans la presse, dans les blogs, … à lire des braves gens (dont moi) qui y vont
de leurs explications, de leurs conseils politiques, … Ils nous expliquent
que les sondages ne sont pas représentatifs, qu’on ne sait pas ce qu’attendent
les classes populaires, que ce n’est pas la gauche qui a gagné, enfin, pas la
vraie, hein !
Ce qui m’a frappé, hier soir et ce matin, c’est de voir les
électeurs de droite non engagés rigoler de cette débâcle, comme s’il voyait
avec joie cette période de cinq ans se terminer, quitte à se taper un
gouvernement de gauche pendant cinq ans.
Par contre, les électeurs de droite plus engagés font la
gueule, réellement. Des pingouins avec qui je discute et rigole tous les
lendemains d’élection, parce qu’il faut bien rire de tout ça, boudent. Comme s’ils
se rendaient compte que la perte du Sénat était significative de leur échec, de
leur plantage, au cours des 10 dernières années de discussion de comptoir. Il y
en avait un, ce matin, avec qui je discutais tous les jours du temps de l’ancienne
Comète (il a pris sa retraite et vient plus tard maintenant, je ne le croise
plus que deux ou trois fois par mois), un type bien à droite, celle qui se lève
tôt pour gagner des sous sur le dos des autres. Il en pleurait presque. « Ben oui, tu t’es planté, mon gars » lui
disais-je pour lui remonter le moral « ça fait
quinze ans que tu nous casses les couilles avec ta propagande idiote, tu as vu
dans quel état est le pays ? Même les élus locaux ne veulent plus de TA
droite…, celle qui a cassé le « tissus social », celle qui a vidé
les caisses, celle qui arrive à battre des records de chômages, celle qui a
oublié les élus locaux, qui a fait une réforme des « territoires » sans
se préoccuper des territoires… » « Ta
gueule. » « Bon, faut que j’y
aille, j’ai un billet de blog à faire. »
Un autre truc marquant, c’est qu’alors qu’on attendait avec
impatience le résultat de cette élection, la plupart de gens ont appris hier qu’il
y avait des élections la veille. Quasiment personne ne connaît le rôle du
sénat. Il a fallu que j’explique une fois le truc des grands électeurs et deux
fois le fonctionnement parallèle du Sénat et de l’Assemblée Nationale. Hier, je
me souciais de la représentation des Français de l’étranger. Nos concitoyens en
sont bien loin.
Il nous faut donc continuer à parler de politique au bistro,
à la cantine, …Informer, toujours informer,…
Tenter de convaincre.
(photo)
Oui, hein, primesautière, l'atmosphère !
RépondreSupprimer(pareil pour la constatation, savais à peine pour les élections. C'et volontairement qu'on nous enfume où c'est de l'étourderie ? Je connais des étourderies qui vous ramènent de la Le Pen au second tour, hein ?)
Ce qui m'amuse c'est de constater combien nos analyses de gauchisses, par exemple sur la nature du sarkozisme qu'on a posées dès 2006/2007, finissent par être vues enfin par le camp de la droite. Ils sont lents ou bien ?
RépondreSupprimer:-))