En salle

27 octobre 2011

Crise de la dette : l'accord pour les nuls

Je suis sûr que vous avez parfaitement compris en quoi consiste l’accord « Européen » passé cette nuit ! Non ? Ah ! Merde. Je comptais sur vous pour m’expliquer… Parcourons ensemble la presse pour tenter de comprendre.

« "Un accord sur un programme global a été conclu", a annoncé le président de l'Union européenne Herman Van Rompuy. »

Ah ! Ca commence bien ! Mais je l’avais oublié, lui… Pourtant, il ne faudrait jamais oublier qu’on a un Président… Tiens ! Je vais illustrer ce billet avec sa photo. On a un président, je le verrais au bistro à boire un canon à côté de moi, je ne le reconnaitrais pas... Il est chauve avec des lunettes. Il est Président du Conseil Général de l'Orne ?

« Les dirigeants européens ont réussi à lever in extremis un blocage portant sur un point central de leur système de défense: l'effacement d'une partie de la dette grecque détenue par les banques créancières du pays. »

Je fais pareil, parfois, quand des gugusses me doivent de l’argent. Comme je sais qu’ils ne pourront jamais rembourser, je fais une croix dessus. Mais je ne leur dis pas pour maintenir la pression. Une fois, il y en a un qui m’avait remboursé deux après alors que j’avais oublié. Il m’a fait un discours, comme quoi c’était un homme d’honneur et tout ça.

Ainsi, les banques ont accepté de s’asseoir sur du pognon qu’elles ne récupéreront jamais après avoir perdu une grande partie de leur valeur. Tiens ! Je vais illustrer ce billet avec le cours de la Société Générale, pour faire joli. J’imagine nos gouvernants fanfaronner sur le fait d’avoir fait plier les banques.

« Nicolas Sarkozy, la chancelière allemande Angela Merkel, la directrice générale du FMI Christine Lagarde et le chef de file des ministres des Finances de la zone euro Jean-Claude Juncker ont dû intervenir personnellement dans la nuit pour trouver un compromis avec les banques, alors que les discussions étaient enlisées. »

Cette phrase est très jolie mais je vais la traduire : il n’y a plus de démocratie, nos dirigeants sont obligés d’aller faire les guignols devant des banquiers comme des simples smicards en milieu de mois s’ils doivent payer le dentiste du marmot.

« En échange de l'effort demandé au secteur bancaire, un accord a été trouvé lors du sommet de mercredi soir pour recapitaliser les établissements qui en auraient besoin. »

Ca veut dire qu’on va leur filer du pognon pour les récompenser des mauvais placements financiers qu’ils ont fait ?

« Concrètement, les besoins ont été chiffrés à 106 milliards d'euros par l'Autorité bancaire européenne (EBA), dans un document mis en ligne mercredi sur son site internet. Toutefois les marchés estiment que les besoins sont nettement supérieurs. Le FMI a lui-même parlé de 200 milliards d'euros. »

Donc personne n’en sait rien.

« Au-delà, les pays de la zone euro ont décidé de démultiplier la puissance de feu de leur Fonds de secours financier pour les pays en difficulté en la portant à 1.000 milliards d'euros dans un premier temps. »

C’est là que ça se corse ! Je suis largué. On n’avait pas de pognon, on se demande s’il ne faut pas de 106 à 200 milliards pour recapitaliser les banques assises sur la dette et on trouve 1000 milliards pour les coller dans un abscons fonds de secours financier.

Ah ! Voila l’explication : « cela consistera à offrir un système d'assurance-crédit aux investisseurs pour les inciter à acheter de la dette publique d'Etats fragiles. Concrètement, le FESF garantira une partie de la dette en cas de défaillance de l'Etat emprunteur. »

Je crois avoir compris : on va garantir aux investisseurs qui viennent de s’asseoir, à notre demande, sur la moitié de leurs créances, les nouveaux prêts qu’ils vont faire tout en ayant aucun pognon pour tenir cette garantie.

C’est un peu comme si le Vieux Jacques se portait caution pour que j’achète un F3 à Bicêtre, non ?

« A ce dispositif serait ajouté un autre mécanisme: un fonds spécial adossé au FMI et accueillant les contributions de pays émergents comme la Chine et la Russie. »

Pourquoi pas, tiens ? Les Chinois ont déjà acheté tous les bars tabacs de banlieue, ils peuvent redoubler d’effort.

« Il n'est pas certain néanmoins que le montant de 1.000 milliards d'euros suffise à rassurer les marchés financiers. Ils attendaient à l'origine le double. »

Je vais les rassurer : on leur a déjà collé une garantie de 1000 milliards qu’on n’a pas, on peut bien leur en filer une deuxième.

Enfin : « M. Berlusconi a apporté à Bruxelles une lettre promettant des réformes, qui a fait "bonne impression", selon le Premier ministre polonais Donald Tusk. »

On peut très certainement lui faire confiance.

Mesdames, Messieurs, quand vous recevrez une lettre d’un huissier à cause d’une créance que vous n’avez pas honorée, vous pouvez lui envoyer une lettre en lui promettant une réforme de votre gestion budgétaire.

Ca fera bonne impression.

19 commentaires:

  1. Il se dit "dans le Milieu" qu'un contrat sur ta tête circule, avec une grosse récompense promise par le CG de l'Orne. Je ne sais pas pourquoi.

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  2. Ben voilà ! Grâce à toi j ai tout compris ! Merci��bonne journée !

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  3. J'ai tout compris et même la conclusion : virons la droite de l'Élysée !

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  4. Un "brin" caricatural mais très pédagogique, j'ai tout compris ton billet. Mais si tout cela est nul ou drolatique, on fait comment ? :)

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  5. Ton billet me rassure, je suis comme Donald, tu m'as fait bonne impression comme dirait Rank Xerox.

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  6. Eh bien, sans m'vanter, moi j'ai rien compris.

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  7. Alléluia, j'ai tout compris alors que ce matin les télés embrouillaient le peu que je croyais savoir!
    Merci, mais je ne suis pas fière de moi : 25 années de finance de marché, quand même...
    Bon, quatre mois de retraite aussi, ceci explique peut-être cela...
    Ergo, supprimons le droit de vote des retraités (et Sarko n'aurait pas été élu en 2007, elle est pas belle la vie ?).

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  8. Terrible, ton billet.
    tu veux dire qu'on a refilé la gestion du bazar à Gontran Bonheur qui va s'empresser de tout claquer par la fenêtre de la limousine qu'on lui aura offerte (crédit impossible à rembourser) et surtout le dépôt d'oncle Picsou qu'on avait même pas à l'origine ?
    Je ne sais pas pourquoi, mais ça sent le crash monstrueux dans les années à venir, ça.
    #1929petitebite.

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  9. Merci pour ce décryptage qui me rappelle celui du sketch de Coluche (il semblerait que dans les milieux autorisés on penserait ...).

    Sinon, une autre phrase illustre l'accord trouvé hier: avec la crise de l'euro, nous étions au bord du gouffre, mais maintenant, grâce à nos gouvernants, nous avons fait un grand pas en avant !

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  10. Le plus effrayant, sans doute, est cette absence complète d'alternative. Il n'y a qu'UNE solution, celle qu'ils prennent et pour le reste, on est prié de les croire !
    Effrayant…
    :-)

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  11. Et bien sûr rien pour changer le rôle de la BCE : on continue comme avant ! la politique des banquiers.

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  12. Le + drole, c'est qu'en ce moment, personnellement , je suis en train de combler mes dettes. Je ne peux donc pas envoyer une lettre en lui promettant une réforme de votre gestion budgétaire. comme tu le suggère.

    le moins drôle c'est l'arrivée de la Chine comme financeur, comme pour la dette US .. Alors que cette même Chine a une grosse dette intérieure, mais comme c'est en monnaie chinoise qui n'est pas flottante sur les marches : ils s'en foutent.

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  13. Enfumages sur les ondes (voir l'excellent billet de D S sur Arrêt sur images pour matinautes confus...

    Au lieu de parler de hausse (probable) de la TVA et des dernières saillies d'une droite sociale décomplexée (Wauquiez et les Hlm entre autres), personne ne se demande qui est le FESF et que demande la Chine en échange de ses "bontés"...

    Mais tout va bien , le sauveur va dire ce soir aux Français qu'il s'est couché tard pour eux !

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  14. Nous sommes au bord de la ruine
    Parce qu’on se préoccupe plus de la maison
    Que de ceux qui y habitent
    De la toiture ou de la devanture
    Plus que de la fondation
    C’est drôle… mais j’ai l’impression
    Que tout nous ramène à un problème de fondation
    Ce sans quoi… rien ne tient… ce sur quoi … tout se tient
    L’économie… trop compliquée pour nos rois fainéants ?
    Non… beaucoup trop simple, au contraire, si on se remet en tête les fondamentaux…
    Que l’on doit en premier et en dernier équilibrer les comptes :
    Autant de dépenses que de recettes.
    Y a pas plus bête!
    Équilibre, si je puis dire entre le matériel et le spirituel… entre l’âme et le corps… pour retrouver l’homme… à la jointure.
    Seulement voilà, on n’en est plus là
    Nous sommes tous des enfants tiraillés
    Entre deux parents divorcés qui s’entredéchirent sous nos yeux :
    Nature et culture …. Matrice et repère…
    Maman… papa …que faire ?
    La Révolution? Non… les libres enfants ne nous suivront peut-être pas… je propose un autre itinéraire… un autre vocable… une autre vocation… que j’appelle la REFONDATION.
    On ne détruit pas les tours mais on en revoit les contours
    Dans quel but et pour quelle fin on fait tout ce qu’on fait ?
    C’est là la question et la seule qui mérite d’être entretenue :
    La Refondation… la cause initiale et la cause finale.
    On ne détruit pas … On ne construit pas… On reconstruit… l’Homme!
    http://www.lejournaldepersonne.com/2011/09/des-equilibres/

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  15. Donc si je comprends bien je peux dire à mon banquier de réduire ma dette de 50%.

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  16. lejournaldepersonne :
    Toutes mes félicitations pour ce très beau texte !

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