France Soir sort un
article intitulé « Primaires PS : Les cinq erreurs de Martine Aubry »
qui mérite quelques commentaires avant la sieste.
« Première erreur : le
fameux « pacte » dit « de Marrackech ». Que
Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn se soient mis d’accord sur le fait qu’ils
ne pouvaient être tous les deux ensemble candidats, sauf à se suicider (politiquement),
c’est simplement du bon sens. Mais accréditer l’idée d’un « pacte » […] aura été
une superbe erreur. […] »
J’aime bien le « aura été ». C’est toujours facile
à dire après. Je ne sais plus qui est à l’origine de « la rumeur » à
propos de ce pacte, toujours est-il qu’un fois DSK abattu, le mal était fait. L’erreur
a peut-être bien été de ne pas avoir joué avec après… « Ben, oui, quoi ! Je n’allais pas me présenter face à
lui, on aurait eu l’air malins d’être éliminés tous les deux au premier tour ».
« Seconde erreur : quand
le drame a surgi à New-York, Martine Aubry a paru embarrassée, et a joué jusqu’à la caricature la carte de la solidarité
politico-affective […], sans mesurer la
façon dont les Français – et d’abord les Françaises – vivaient l’affaire. Tardivement
là encore, [elle] a fini par confier qu’elle était évidemment du côté… des femmes. Résultat : à son
retour à Paris, un superbe tacle d’un DSK furieux. »
L’erreur n’a donc pas été de le soutenir au début, mais de
ne pas le soutenir jusqu’au bout. Ne pas le soutenir dès le départ aurait été
une erreur : ne pas soutenir les amis en difficulté… Ca aurait fait perdre
plus d’électeurs potentiels que quelques féministes n’arrivant pas à prendre du
recul.
« Troisième erreur : flanquée en première ligne de quatre ténors de poids –Laurent
Fabius, Bertrand Delanoë, Benoît Hamon et le député de Paris Jean-Christophe
Cambadélis- l’ex-première secrétaire du PS a fini par apparaître comme la
candidate de l’appareil du parti alors que son prédécesseur François
Hollande, soudain perçu comme autonome, pourrait entre, en réalité, présenté comme
cela autant qu’elle, compte tenu des appuis qui sont les siens au sein du parti. »
En quoi est-ce une erreur ? Les électeurs s’en foutent !
C’est elle qui avait le plus de légitimité, en tant que Premier Secrétaire,
pour être candidate…
« Quatrième erreur : Martine
Aubry – qui, aujourd’hui, sprinte – a démarré très lentement sa campagne alors
qu’elle avait pourtant du retard à rattraper.
Le comble : au début de l’été, un crochet spectaculaire par le Festival d’Avignon, qu’elle adore, où elle a annoncé devant des
interlocuteurs conquis d’avance une substantielle augmentation du budget de la
Culture. »
On est d’accord, ou presque. Son « sprint » donne
une impression d’improvisation. Elle n’a plus la confiance des électeurs pour
mener la campagne présidentielle.
« Cinquième erreur : des
rapports trop émotifs avec les médias. Traumatisée
par le livre à […] Martine Aubry est,
depuis, constamment sur le qui-vive, flairant des pièges même là où il n’y en a
pas. […] Elle – qui, en plus, camoufle
son humour, réel et parfois ravageur – est sur la défensive. »
Bah ! Je ne sais pas, je ne sais rien. François
Hollande fait figure de favori, les autres sont forcément sur la défensive. En
outre, il a réussi à se donner l’image du « futur président normal »,
le candidat de la France apaisée et tout ça, ce que je disais de Martine Aubry
au départ. Il n’est pas attaquable, sauf sur des bricoles risibles (la seule
critique qui lui est faite ou presque c’est avoir été l’homme du consensus,
mou, peut-être, mais du consensus, ce qu’on attend justement d’un candidat à la
Présidence). Les autres sont forcément encore plus sur la défensive.
Ce blog s’appelant « Partageons mon avis », je
vais donner le mien, mais, comme je le disais, la critique est toujours facile
a posteriori…
Tout d’abord, on pourrait parler d’erreur si elle était
battue, ce qui n’est pas assuré… Je souhaite que François Hollande soit élu dès
le premier tour : ça fera des économies et ça donnera de l’élan pour la
Présidentielle. Mais, pour l’instant, elle n’est pas battue, on ne peut donc
pas parler d’erreur. Sauf que, l’article de France Soir en parle.
Je vais donc donner mon avis, avec d’autant plus de plaisir
qu’à l’époque de l’affaire DSK, j’avais écrit dans un billet que la meilleure
des solutions était d’arrêter les primaires pour éviter un désastre. J’avais
dit une connerie – une seconde nature, chez moi – puisque visiblement – mais ça
reste à démontrer – les primaires se passent bien.
Alors voila, je crois que Martine Aubry aurait du y aller
franco de port, du style : « Dominique
Strauss-Kahn est mon ami et, quoi qu’il arrive, quelles que soient ses erreurs
si elles sont avérées, le restera. Néanmoins, il n’est plus en position de se
présenter, donc je présente ma candidature aux primaires du Parti Socialiste.
Je pense être la mieux à même de fédérer la gauche et j’ai toute la légitimité
pour le faire. Nous avions convenu de ne pas se présenter l’un contre l’autre,
la question ne se pose plus, je suis donc heureuse et fière de mener ce combat,
qui, espérons-le, amènera pour la première fois une femme à la Présidence de la
République. Vive la République ! Vive la France ! Ca s’arrose. »
Ensuite, elle aurait pu poursuivre son petit bonhomme de
chemin, s’appuyant sur l’appareil du Parti Socialiste : elle était
Première Secrétaire et a été responsable de la construction du projet.
Et hop !
C’est râté. Je soutiens donc un autre.
Billet mesuré et dépourvu d'esprit partisan. Je partage tout à fait sa conclusion.
RépondreSupprimerBelle analyse, billet intéressant
RépondreSupprimer(en tous cas, ça fait du bien de lire ce genre de billet pas supporter fanatique...)
Excellent biyé ... Et excellente campagne, car, sauf à avoir un sursaut dans l'isoloir ... tu as réussi à ...me faire partager ton avis !!!! ...
RépondreSupprimer« Ca aurait fait perdre plus d’électeurs potentiels que quelques féministes n’arrivant pas à prendre du recul. »
RépondreSupprimerJe sens venir les bastonnades…
Didier,
RépondreSupprimerEt encore j'ai été soft !
Mtislav,
RépondreSupprimerJ'aime bien faire croire que je suis objectif.
Appoline,
C'est donc parfait.
Falconhill,
Merci !
Martine fait surtout une mauvaise campagne pour le moment mais comme tu le dis on ne le saura vraiment que le 16 oct. En politique rien n'est jamais perdu tant qu'on a pas passé la ligne d'arrivée ;-)
RépondreSupprimerYa plus qu'à espérer qu'elle devienne premier ministre si elle perd la primaire. Parce qu'elle à vraiment une maîtrise très complète de tous les dossiers.
RépondreSupprimerBien plus à mon sens que FH, qui attend surtout que son staff (notamment Michel Sapin) lui souffle une nouvelle idée pour faire un nouveau buzz.
Mais bon, il a raison FH, on gagne en menant l'agenda médiatique et en racontant une histoire. MA fait campagne en répétant les mêmes choses partout. Ca ne prend pas.
C'est dommage, elle aurait pu aussi raconter une histoire, incarner le "progrès", au lieu de ça, elle répète une litanie.
Pour moi, c'est surtout ça l'erreur.
Djoulf,
RépondreSupprimerOuais ! La ligne se rapproche.
Benjii,
Oui, je voulais le dire dans le billet mais j'ai oublié. Elle aurait du viser le poste de PM, elle avait toute la légitimité. Mais ses relations avec FH....
Oui, c'est pour ça que je vais quand même voter pour elle. Pour augmenter son "poids", et faire en sorte qu'il se sente obligé de la nommer.
RépondreSupprimerParce que franchement (et c'est ça aussi qui me freine chez FH), Pierre Moscovici, merci bien...
Ya qu'à lire le billet rite de la politique "le manifeste-qui-pose-des-conditions" pour voir que ce mec est un arriviste de première. Et il me semble bien qu'il vise le poste...
ça va être rigolo quand tu fera sa campagne dans quelques mois ;-)
RépondreSupprimerBenjii,
RépondreSupprimerArrête donc de voter pour des conneries : on vote pour gagner la Présidentielle et les législatives ensuite. Si MA a merdé, c'est SON problème. Quant à Mosco, on peut difficilement lui reprocher d'avoir misé sur le bon cheval. Tu peux le traiter de tous les noms, mais il a raison.
DPP,
Pourquoi ? Je le ferai avec plaisir comme celle de tous les candidats ! C'est vrai qu'au FdG vous avez le culte du chef, ben oui, la vraie gauche, hein !, du coup vous oubliez ce que veut dire la démocratie.
Girouette !
RépondreSupprimerEt fier de l'être !
RépondreSupprimerMince ! si Martine lit ton billet elle va être rongé par les remords en se disant :
RépondreSupprimer" c'est lui qui me fallait en directeur de comm "
t'es vraiment dur avec elle, lui faire ça maintenant alors qu'elle est battu d'avance.
Belle analyse en tout cas.
henri
«François Hollande fait figure de favori, (…). Il n’est pas attaquable, sauf sur des bricoles risibles»
RépondreSupprimerAh ah ah ! C'est seulement que personne ne l'attaque médiatiquement. On verra ça dans les urnes ! :-P
[Sinon oui, la presse s'en donne à cœur joie sur les autres candidats mais France Soir, est ce bien sérieux ? :-) ].
Poireau,
RépondreSupprimerC'est exactement ce que je veux dire ! Mal réveillé ?
Nicolas : alors, oui ! :-)
RépondreSupprimerAh !
RépondreSupprimerMartine Aubry avait une mission à terminer avant de lancer sa candidature. Qu'on regrette ou non son entrée tardive, sa candidature ne pouvait avoir lieu qu'après que l'ensemble des Socialistes approuvent le projet.
RépondreSupprimerAbadinte,
RépondreSupprimerJe n'ai pas dit qu'elle était trop tard, juste sur le mauvais pied.
Nicolas, c'est justement parce qu'"elle a démarré en retard qu'elle se croit obligée d'aller vite... Et elle fait des erreurs certes.
RépondreSupprimerMais François Hollande je vais avoir du mal à voter pour lui aux primaires.
Mon ordre est : Aubry, Montebourg, Hollande, Ségolène, Valls.
Quant à dire que Hollande est inattaquable, je trouve (si Hollande le pense lui même) ça présomptueux. La Droite n'a pas encore laché les chevaux sur la Gauche en général.
Ils attendent juste le résultat de la primaire.
Et après, on verra (si il est élu)si FH est inattaquable.
Pour ma part, j'hésite encore à dire ce que je reproche à Hollande. Même s'il y a 20 personnes qui me lisent, ça me ferait mal de penser que la Droite puisse reprendre un de mes arguments contre Hollande (pour qui je voterai si c'est lui qui est désigné candidat).
Pour l'instant, la Droite observe et note les arguments des candidats les uns contre les autres . Et ils les utiliseront.
Pour l'instant les primaires c'est tout rose . Mais dans 3 semaines ...
Mais bon .... S'il faut arrêter de débattre parce que la Droite écoute, on n'en finit pas.
Bref, c'est juste pour te faire remarquer que je trouve que chez toi, Martine Aubry mange chaud en ce moment.
;-)
Elmone,
RépondreSupprimerTu mériterais une longue réponse mais je n'ai que l'iPhone.
Sur le inattaquable, vois la réponse que je fais à Poireau.
Nous sommes en période électorale. La droite n'aura pas besoin de moi.
Cela dit, ce billet est plutôt sympathique pour MA.
C'est celui de ce matin qui est méchant. Elle a dit une grosse connerie, elle improvise... Elle ne me parait pas capable de tenir une campagne. Elle se "segolise".
En une phrase, elle de met l'éducation nationale pour satisfaire quelques dizaines de militants bretons en formulant une proposition dont eux-mêmes n'oseraient n'oseraient rêver. (ma phrase n'est pas en français).
Oui Nicolas,
RépondreSupprimerEn fait j'ai relu tes 3 billets et j'ai répondu sur le dernier.
Tu sais les 60 000 profs qui vont être réembauchés, tu troouves pas que ca ségolise aussi le bonhomme ?
Elmone,
RépondreSupprimerPeut être. Je ne suis pas d'accord avec tout. Mais un candidat PS doit caresser les profs dans le sens du poil, pas se les mettre à dos.
Bah ... Ca se défend.
RépondreSupprimerAvec le temps je regrette de ne pas avoir appris le flamand à la place de l'allemand.
Toute mesure peut de défendre ! Il n'empêche que quand tu es candidat du PS à la présidentielle, tu ne te mets pas les "vieux profs" à dos. C'est un peu comme si une candidate prônait l'encadrement des délinquants par des militaires. Heureusement que personne le fait. Parce qu'expliquer à la base de son électorat, les profs, qu'ils sont nuls et qu'il faut faite appel à l'armée, heu...
RépondreSupprimerC'est comme quand Ségolène avait parlé des 35 heures aux profs...
Toute mesure peut de défendre !