Ils sont amusants à droite, notamment dans les blogs. Il y a
actuellement une bataille de communication entre les deux grands partis
politiques pour montrer qui est le meilleur gestionnaire pour sauver la France et
qui est responsable de la dette.
C’est de bonne guerre, c’est de la communication politique
et ça marche. J’en parlais encore avec mes collègues de travail hier, qui ne
comprenaient pas comment la promesse de François Hollande d’embaucher
massivement dans l’Education Nationale ne serait pas ruineuse. Ce qu’il y a d’amusant
c’est que je les ai convaincus du contraire en quelques mots… En période de
crise, il faut investir sur l’avenir et l’avenir passe par l’éduction et tout
ça. Ah oui, tiens !
En ce moment, c’est la vidéo du PS à propos de la dette qui
buzze. Je l’ai moi-même diffusée hier soir, Stef
aussi, de même que Louis
et un tas d’autres. Un peu avant, ce sont des infographies qui circulaient,
voir par exemple chez Nouvel
Hermès.
Dans les blogs, par contre, c’est bien plus drôle !
Comme ils ne peuvent pas nier que la dette s’est accrue de manière abyssale
depuis dix ans, ils sont obligés de démontrer que la droite et la gauche se
partagent la dette. Si elle augmente maintenant, c’est aussi à cause des
décisions prises par le Gouvernement Jospin… et tout ça. La faute aux 35 heures
et tout ça. Le jour de la mort de Mme Mitterrand, ils n’ont sans doute pas osé
taper sur la retraite à 60 ans.
Chez Corto,
c’est exemplaire : lui et ses commentateurs tentent de se raccrocher aux
branches.
J’entendais à la radio ce matin, un commentateur ou un homme
politique expliquer que la dette monte depuis 30 ans. Bien tenté. Ca nous
ramène en 1981 : la faute aux socialos.
C’est la première contre vérité que j’ai envie de signaler,
ce matin. La dette monte depuis 1973 ou 1974 de manière à peu près continue
jusqu’à environ 1997 ou 1998 où elle a baissé puis a remonté de manière tragique
depuis 2008.
Qu’est-ce qu’il y a eu vers 1973 - 1974 ? On pense
évidemment aux chocs pétroliers mais on aurait du les amortir depuis.
Il y a surtout eu une loi faite passée par Valéry Giscard d’Estaing
en janvier 1973 qui a fait que l’Etat ne pouvait plus emprunter à la Banque de France
mais était obligée de faire appel aux marchés. Comme on a eu les chocs
pétroliers, il a d’ailleurs fallu emprunter de suite.
Ceci a deux conséquences.
La première est qu’on ne peut plus faire marcher la planche
à billets pour payer les frais. Des puristes me diront que c’est aussi bien.
Sauf que ça n’empêche pas la création monétaire par les banques privées qui,
elles, peuvent continuer à l’engraisser.
La deuxième est qu’on paie beaucoup d’intérêts sur la dette,
intérêts d’ailleurs touchés au plus grand bonheur de sociétés privés sur le dos
de la collectivité. On se retrouve maintenant avec 50 milliards d’intérêts à
payer, soit à peu près la moitié de notre déficit. On va donc emprunter pour
payer ces 50 milliards ce qui nous fera payer de nouveaux intérêts l’an
prochain.
Voila de quoi vient la dette.
Parallèlement, en France, on a mené une politique pendant
des années visant à maitriser l’inflation et à lutter contre le chômage de
masse.
Cherchez bien des infographies, vous constaterez aussi que
le chômage de masse a commencé à grimer dans ces années là pour se stabiliser à
peu près à la même période que la dette pour rebondir à nouveau depuis quelques
années…
J’ai décidé de ne pas diffuser d’infographie aujourd’hui. Je
vais illustrer ce billet avec un brin de muguet en l’honneur de la fête du
travail.
Revenons maintenant sur l’histoire récente.
La gauche a fait les 35 heures pendant sa législature et a
accordé, en contre partie, des exonérations aux entreprises. C’est ce qui est
appelé « le coût des 35 heures ». Or ces exonérations auraient du être
supprimées au bout de quelques années, mais c’est François Fillon qui a arrêté
le bazar alors qu’il était ministre de Jean-Pierre Raffarin, de mémoire. Ainsi,
l’ensemble des exonérations de charge qui pèsent sur notre budget sont
maintenant de l’entière responsabilité ou presque des gouvernements qui se
succèdent depuis 10 ans.
Quand Jacques Chirac est « arrivé » au pouvoir en
2002, il a appliqué ce qu’il avait prévu dans ce programme : des baisses
massives d’impôts sur le revenu, baisses par ailleurs injustes puisque
bénéficiant aux plus riches mais ce n’est pas le sujet.
Ce sont bien des baisses de revenus pour l’état.
Quand Nicolas Sarkozy est arrivé au pouvoir en 2007, il a
appliqué son programme avec le fameux paquet fiscal qui se traduit à nouveau
par des baisses d’impôts, baisses par ailleurs injustes patati patata…
Ce sont bien des baisses de revenus pour l’état.
Ces baisses sont par ailleurs arrivées à des moments où des
crises économiques étaient dans l’air, enlevant les moyens à l’état d’intervenir.
Elles ont été catastrophiques.
Alors nos braves blogueurs de droite rétorqueront sur l’inconséquence
de la gauche et des baisses de la durée du temps de travail (hebdomadaire… mais
dans une vie). Je rétorquerais d’une part que les Français travaillent plus que
les Allemands et d’autre part avec 3 ou 4 millions de chômeurs, vouloir faire
bosser plus ce qui ont du boulot est complètement crétin.
Alors, je vais cesser mon réquisitoire mais je pourrais
continuer pendant des pages et des pages, comme ces aides de l’état à l’accession
à la propriété et d’autres mesures qui ne font que favoriser la spéculation
immobilière, baissant d’autant le pouvoir d’achat des ménages et donc leur
consommation, bien plus que la baisse du temps de travail…
Quand je lis des blogueurs ou des commentateurs nous
expliquer que la dette est de la faute de nos dirigeants qui se sont succédés depuis
des décennies et donc de nous qui avons voté pour eux, je ne peux que répondre
qu’il s’agit d’un gros mensonge.
Je ne suis pas responsable de la dette.
Ce sont les responsables politiques de droite qui sont
responsables de la dette et ceux qui ont voté pour eux.
Ah ! Merde ! J’ai voté Chirac au deuxième tour en
2002.
Qu'est-ce qu'on nous fait pas gober comme couleuvre, en ce moment.
RépondreSupprimerSi la droite et Copé veulent faire une campagne 'tout est de la faute de la gauche', c'est évident qu'ils se prendront une beigne...
RépondreSupprimer(je me demande si les 35 heures, comme le bouclier fiscal, ne sont pas des choses qui arrangent la gauche et la droite... une sorte d'épouvantail qu'on agite pour mobiliser son camp...
enfin bon...)
Sur le reste, rien à dire sur ton billet. Pas d'accord sur tout, mais c'est un billet politique de belle facture.
P'tain, 2 liens en 2 jours, ce n'est plus du débat politique mais de l'amour ma parole ! :)
RépondreSupprimerCorto,
RépondreSupprimerOui hein !
Mike,
Ouais.
Falconhill,
Merci. Il en faut.
Beau billet dont je m'étonne du peu de commentaire, y'a à dire !
RépondreSupprimerTiens, par exemple, la baisse de 39 à 35 heures a été accompagnée par des baisses de charges sociales mais aussi l'annualisation du temps de travail. Ce qui permet de fourguer des semaines de 42 heures sans payer de supplément.
Les gains de productivité, puisque le même chiffre d'affaire était réalisé en 35 heures au lieu de 39, ont aussi permis une rentabilisation maximum des emplois !
Bref, la Droite n'a rien compris aux 35 heures… ou bien ment quand ça l'arrange ! :-)
Poireau,
RépondreSupprimerMerci.
Ils flirtent sur les mécontentements individuels.
"Ah ! Merde ! J’ai voté Chirac au deuxième tour en 2002."
RépondreSupprimerça relativise tes analyses politiques.
Mais peut-on en vouloir à un social-démocrate de se tromper si lourdement?
Mais quand même "...voté Chirac au deuxième tour en 2002." Faut le faire!!!
Tu fais donc partie des crétins qui ont provoqué ce second tour...
RépondreSupprimerBlogger croque mes réponses. C'est pas normal ! Ouiiiiiinnn ...
RépondreSupprimerAyé, mais flemme de recommencer.
RépondreSupprimerTrès bon be-yé
Apolline,
RépondreSupprimerMerci. Et désolé pour le bug.