Le débat est lancé par Marc qui pense que non et est repris par GdeC qui est de l’avis opposé : l’élection se jouera-t-elle sur Internet ? Pour ma part, comme d’habitude, j’ai horreur d’avoir un avis tranché, je vais donc tenter d’ajouter une pierre au moulin des deux camarades tout en abondant franchement dans le sens de GdeC pour deux raisons qui me paraissent essentielles.
La première est que l’élection se joue à 50% des voix plus une. Si l’énergie que l’on peut dépenser sur Internet permet d’avoir cette voix, nous aurons largement mérité de la patrie ! Et on ne peut pas abandonner cette voix…
Le deuxième est la même : comme nous ne pourrons pas avoir la réponse avant plusieurs mois, voire plusieurs années puisqu’il faudra analyser froidement les résultats du scrutin avant de l’avoir, on ne peut pas se permettre d’oublier que la réponse peut être positive…
Je vais rappeler quelques arguments de GdeC (mais vous avez le droit de lire son billet – cette fois seulement, hein ! Smiley et tout ça…). Même si l’impact de nos blogs est quasi nul (personne ne va se persuader de voter pour quelqu’un parce qu’il est abonné à mon blog), Internet a le pouvoir de créer le buzz, positif et surtout négatif.
Après la revue de presse de 7h25 de France Info, ce matin, le journaliste évoquait l’histoire de « la phrase » de François Hollande déposée par l’UMP comme nom de domaine. Faisant partie, à l’extrême marge, des équipes web bataves, j’ai souri bêtement, un peu comme un joueur de tennis qui constate un bon coup de l’adversaire… Il n’empêche que des centaines de milliers de personnes ont entendu ça. J’ignore totalement l’impact sur leur avis. Peut-être vont-ils penser : « Ah mais putain, ils n’ont que ça à faire à l’UMP ? » ou « Bordel, c’est vraiment des débutants au PS ! » ou « Mais on s’en branle ! » voire « Heu… C’est quoi un nom de domaine ? »
Par contre, comme Marc, j’ai blogué pendant l’élection de 2007 et je maintiens que l’impact des blogs est quasiment nul. Et tout ce que je vais baver dans la suite de ce billet, je l’ai déjà dit mais je préfère le marteler à nouveau.
En 2007, les blogueurs ont commis l’erreur de croire en ce qu’il faisait. Par exemple, on avait épluché la prose d’Eric Besson à propos de « Sarkozy l’Américain » et on savait qu’il ne fallait pas qu’il soit président. On avait épluché le programme de Ségolène Royal et on savait que son projet était bien meilleur pour la France que celui de Nicolas Sarkozy qui, au contraire, était particulièrement néfaste (d’ailleurs il est revenu sur une partie des dispositions du paquet fiscal).
Mais on bloguait entre nous et ce n’est que vers début avril quand les sondages commençaient à nous faire désespérer et que les voisins de comptoir et collègue de travail ont commencé à parler de l’élection qu’on a ouvert les yeux.
Pour nous autres, acteurs de la politique sur le web, la campagne pour les présidentielles a commencé fin 2008, avec le congrès de Reims, la création du Front de Gauche, la lutte contre la réforme des retraites et la capacité à mobiliser… avec un tas d’épisodes dont les primaires de cet été… Les copains du Front de Gauche (je prends cet exemple parce que je réponds à GdeC, mais je pourrais multiplier) sont persuadés depuis toujours d’avoir le meilleur programme, ce en quoi ils n’ont pas tout à fait tort, et l’affirment sur leur blog comme si chacun des points était une évidence. Pourtant, il est fort peu probable que leur candidat dépasse les 8 à 10%. Pendant la campagne des primaires, cela a été un de mes chevaux de bataille : il nous faut un candidat capable de gagner l’élection – et nous l’avons ! – pas celui qui exposera le meilleur projet, parce que les électeurs sont infiniment moins politisés que nous.
On en parlait encore, hier, dans le groupe de discussion des leftblogs. Quelqu’un s’interrogeait sur l’impact du machin de François Hollande dans Libération auprès « du peuple ». Quelqu’un a répondu « bah ! le peuple ne lit pas Libé ». Un autre a dit « mais nous sommes le peuple, nous avons lu ».
Ben désolé, nous ne sommes pas « le peuple ».
Je me lève entre 5h et 6h tous les matins. Je me plonge dans l’actualité politique, je lis les blogs politiques. Je pars de chez moi vers 7 heures, à la Comète puis dans le métro, j’étudie les pages « politique » de « la presse populaire » : le Parisien puis un ou deux « gratuits ». Ensuite, je rédige un billet politique (j’y suis !) que je publie avant de me plonger dans le travail. Plusieurs fois dans la journée je consulte les blogs, la presse et surtout ma messagerie personnelle, où je reçois les conversations des leftblogs, les communiqués de presse du PS et les mails de l’équipe web batave.
Je suis plongé dans la politique à longueur de journée. Pas « le peuple », ceux qui prendront une décision un dimanche dans l’isoloir après avoir fait semblant d’étudier des programmes, pour se donner bonne conscience, au cours du mois d’avril.
On peut toujours se vanter de représenter le peuple et de savoir
mieux que lui ce qui est bon pour lui : nous ne sommes pas le peuple
Les blogueurs, comme tous les acteurs du web, twittos, veilleurs, … ne doivent pas l’oublier.
Et toi non plus, cher lecteur… Tu es venu sur mon blog hier, tu as souri en lisant mon billet à propos de la TVA sociale mais qu’as-tu fait, après ? En as-tu parlé à des collègues de travail, des amis, … ? Ou t’es-tu satisfait de ta lecture, tu as emmagasiné un peu de bonne humeur de gauche et tu es content ?
N’oublie pas de faire circuler l’information.
Peut-être que les blogs peuvent avoir un impact, ainsi ? Motiver les lecteurs à entrer dans la campagne, leur donner des argumentaires, des sujets de conversation ?
Je n’en sais rien.
Mais je fais mon job. Je fais mes billets, je signale ceux des copains, j’encourage les blogueurs, …
Je ne sais pas si c’est utile mais j’aime bien ça.
J’aime bien aussi résumer mes billets :
- on ne sait pas si Internet a un impact mais on ne peut pas faire comme s’il n’en avait pas,
- il faut faire attention à ne pas lui accorder une importance qu’il n’a peut-être pas et oublier la vraie vie.
Je le concède : avec tout ça, on est mal barrés…
N.B. : désolé pour la mise en page hasardeuse et le retard dans la publication du billet. Figurez-vous que la version 9 de Firefox s'est installée automatiquement sur mon PC et çe me fout la merde (la mise en page préparée sous Word avec les liens n'est plus reprise).
Mais tu es quand même représentatif d'une partie de l'électorat, même petite... C'est pour ça que j'aime bien ton premier argument
RépondreSupprimer"La première est que l’élection se joue à 50% des voix plus une. Si l’énergie que l’on peut dépenser sur Internet permet d’avoir cette voix, nous aurons largement mérité de la patrie ! Et on ne peut pas abandonner cette voix…"
Toutes les voix comptent.
tant qu'on peut continuer à s'amuser sur les blogs, et que la campagne ne pourrit pas trop l'ambiance...
RépondreSupprimerEn 2007 Royal a sans doute perdu à cause de Bayrou qui n'a pas donné de consigne de vote entre les deux tours et qui a voté blanc
RépondreSupprimeren 2012, ils sont tous sur twitter
J'ajouterais, si vous le permettez (!), que le public (la communauté) que sont les blogueurs et leurs lecteurs/commentateurs forment une "sorte d'élite sur-informée" dont l'opinion est déjà construite et qui ne changera guère pendant la campagne.
RépondreSupprimerC'est plutôt là qu'il faut chercher la faiblesse de l'impact des blogs que vous croyez avoir constaté.
Signé : PMF
moi, j'aime bien une phrase de j'sais plus qui qui dit en substance qu'"un intllectuel assis va moins loin qu'une brute qui marche". Parodions là en "un blogueur qui écrit de manière convaincante va plus loin qu'une équipe de campagne hollandaise... " ;)
RépondreSupprimerTout le monde ne lit pas les blog, tout le monde ne lit pas Libération, mais les journalistes et les commentateurs oui. et on retrouve petit à petit sur les télés et les radios ce que vous éditez sur Internet. On n'est pas de la même génération, mais rappelez-vous: personne n'a entendu l'appel du 18 juin. (non, je n'ai pas cet âge là quand-même).
RépondreSupprimer@Gedc: "Deux intellectuels...": Un taxi pour Tobrouk; Denys de la Patellière, dialogues de Michel Audiard
on aura besoin de tous ceux qui veulent jeter , l'équipe au pouvoir. et réduire le nombre de députés u m p et leur sympathisants .........
RépondreSupprimerDans un temps très réduit pour la réflexion ce qui semble compter c'est l'impression. Le buzz peu avoir une sérieuse influence dans ce contexte!!!
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