Ainsi, Abdel, le « Roi du Maroc » des bistros de
bistros de Bicêtre s’est fait tuer, récemment, probablement par un voisin. Dans
cette histoire, après quelques jours sûr de moi, il y a quelques aspects
glauques que j’arrive progressivement à reconstituer.
Dimanche soir, Karim qui m’avait appris la nouvelle m’avait
dit qu’il avait une femme, depuis peu, ramenée du Maroc. Je n’y croyais pas. Ce
n’était tout simplement pas possible, pour moi. Ca ne cadrait pas avec le
personnage. J’ai pourtant un peu poussé la rumeur à s’exprimer. Il s’agirait d’une
cousine à lui qu’il aurait ramenée du Maroc. Voila ce que dit la rumeur. Une
mauvaise langue conclurait qu’il s’agit d’un mariage blanc.
C’est en lisant l’article du Parisien, hier, que tout s’est
mis en ordre dans mon crâne. Pourtant, en première lecture, l’information m’avait
échappée puisque l’article parle bien d’une jeune femme qui vivait avec lui et
Yvette. C’est un de mes collègues de comptoir, donc Yannick, Tonnégrande ou le
Poissonnier qui m’ont montré l’information et incité à lire l’article
dans le détail.
« La dispute serait
intervenue «sur fond d'abus de faiblesse» : selon les voisins, la victime
vivait avec sa compagne chez une personne âgée et le couple «avait un
comportement de parasites». »
C’est clair : Abdel avait une compagne. Par contre, j’ai
du mal à croire à ce « comportement de parasites » mais, ne sachant
pas qu’Abdel avait une campagne et pensant qu’il vivait seul avec Yvette, je
dois bien reconnaître que jusqu’alors, je me suis effroyablement planté.
D’après un
autre article : « Une vieille dame,
chez qui vivait la victime dans des conditions qui étaient également à éclaircir,
aurait demandé au jeune homme, qui habite dans le même immeuble, d'intervenir. L'enquête
a été confiée à la police judiciaire du Val-de-Marne. »
Connaissant Abdel (et l’heure de l’histoire), je suppose que
ce dernier était saoul et faisait chier Yvette qui aurait appelé le voisin à l’aide.
Ce dernier aurait eu des gestes malheureux qui auraient provoqué, sûrement
involontairement, la mort d’Abdel.
Bon courage à la police et à la justice pour résoudre cette
énigme qui ressemble à une histoire glauque, malheureusement de la vie
ordinaire. Un type bourré et con, une petite dame affolée, une épouse louche,
un voisin violent, … autant d’ingrédients qu’il convient de confirmer et de
mélanger pour reconstituer la sauce.
Je dois reconnaître que je m’étais un peu planté, dans mon
billet d’hier. Les conditions de vie du couple chez Yvette sont effectivement
louches mais je ne savais pas qu’il y avait un couple. C’est absolument
incroyable : un lascar que je croisais au comptoir toutes les semaines,
échangeant des tournées à l’occasion, avait
récemment « ramené une femme » et je n’en savais rien…
La vie est étrange.
J’évoque cette histoire, aussi, dans mon
blog bistro. Certains lecteurs sont surpris des mots que j’emploie et de la
légèreté dont je fais preuve. Pourtant, après avoir discuté avec Michel,
Tonnégrande et quelques autres potes, hier, je me dis que c’était la seule
issue possible. Ca devait arriver à Abdel. Aussi triste que soit cette
histoire, elle est naturelle et s’inscrit parfaitement dans ce petit monde que
je décris au quotidien.
La vie est étrange.
Les maghrébines de France étant trop féministes ou libérées, d'après certains, beaucoup vont chercher femme soumise au bled qui accepte de vivre dans de telles conditions même parfois chez les parents ou dans une chambre d'hotel. Ce qui ne les empêche pas de continuer à fréquenter les bistrots tout en cachant leur femme et même leur mariage.
RépondreSupprimerSauf que Abdel était comme moi : pas question de se marier. Alors s'acheter une conduite à 58 ans...
SupprimerLe côté sombre des gens
RépondreSupprimerMerci Sophia Ammad pour cette puissante, subtile et pertinente analyse de la "maghrébine-de-France”© de la "femme-soumise-au-bled”©.
RépondreSupprimerSur quoi tu te bases pour cette théorie aussi fumeuse ?
Supprimerchronique d'un drame ordinaire, quand j'étais étudiante et fréquentant la nuit, j'en ai connu, des Abdel...
RépondreSupprimerOn se demandait comment ils survivaient...
Un de ceux-là sans le côté squatteur, s'appelait Pélican. Il est mort bêtement aussi.
Paix à leurs âmes.
J'ai apprécié ton homélie sur l'autre blog, perso
Merci !
SupprimerBah ...
RépondreSupprimerTu sais la vie des gens ...
Et puis s'il a rendu service à son âge ...Je connais quelqu'un qui l'a fait.
Maintenant, si elle était pas gentille avec Yvette ...
Ou si, plus grave, le type de 30 ans et la jeune se sont mis d'accord ...
On peut tout imaginer.
C'est con de mourir à 60 balais, même si on est usé par un tas de truc.C'est con de se retrouver en cabane pour x. années, quand on a 30 ans ...C'est con d'être reconduite à la frontière quand on est marocaine et sans papiers ...
C'est con toussa ... Chienne de vie
La vie...
SupprimerJe vais faire ma fée clochette ... Plein de petites étoiles amicales sur le récit de ce drame ... Arrête, tes émotions nous touchent trop.
RépondreSupprimerBz
Mais non ! Il faut rester neutre. Je viens de refaire un billet sur le blog bistro.
SupprimerJe trouve cette histoire simplement sordide. Il m'arrive, à lire certains coms de penser que nous n'appartenons pas à la même espèce. Mes papiers sont-ils faux ? me ment-on sur mes origines depuis plus de soixante ans ? Suis-je un extra-terrestre ou bien les degauches le sont-ils? Le gloubiboulga pseudo-sentimental de certains me donne la nausée.
RépondreSupprimerL'histoire est évidemment sordide. Il n'empêche que ce sont des êtres humains, derrière...
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