Comme je le raconte dans mon blog bistro, le Kremlin-Bicêtre était en émoi, hier. « Un
sexagénaire est décédé samedi 30 juin lors d'une altercation au Kremlin-Bicêtre
(Val-de-Marne), a-t-on appris ce dimanche 1er juillet de source policière.
Vers 21h30 une bagarre a éclaté
entre deux hommes après un différend de voisinage.
Selon les premiers éléments de
l'enquête, le premier, un trentenaire, a frappé le sexagénaire au niveau de la
tête. Ce dernier a succombé à ses blessures. »
Les copains, au bistro, pensaient qu’il s’agissait d’Abdel,
dit « le roi du Maroc » dans les bistros et dans mon blog. Quelques
SMS m’ont permis de vérifier que la rumeur était la même dans tous les bistros.
Alors j’ai pensé à appeler un copain qui vit dans le même immeuble. C’est
confirmé.
Mon blog vient de perdre un personnage et les bistros de Bicêtre
un client.
« Les raisons du différend
entre les deux hommes restaient encore floues dimanche, selon la même source.
Une vieille dame, chez qui vivait la victime dans des conditions qui étaient
également à éclaircir, aurait demandé au jeune homme, qui habite dans le même
immeuble, d'intervenir. »
Yvette. 15 ans que je le connais. Une toute petite dame, les
cheveux blancs en bataille. Pas d’âge. Plus de 75, sûrement. L’air d’en avoir 90. A une époque, elle
faisait partie de la bande. Nous mangions souvent ensemble les dimanches midis
puis nous nous sommes presque perdus de vue. Elle passait parfois devant la
Comète avec les courses qu’elle faisait chez Leclerc. Elle s’asseyait quelques
minutes – au bout de vingt mètres – pour reprendre son souffle avant d’arriver
à l’arrêt de bus, 50
mètres plus loin.
La dernière fois que je l’ai vue, c’était un soir, en
arrivant. On était le 10 du mois. Elle était passée à La Poste, la retraite n’était
pas encore tombée. Elle attendait en terrasse de la Comète. Elle ne savait même
pas ce qu’elle attendait. Elle attendait. Elle était descendue du haut de Bicêtre
pour faire quelques courses mais serait obligée de redescendre le lendemain,
vidant encore un peu plus d’énergie.
C’est Abdel qui lui faisait les courses, le plus souvent. Il
lui apportait également un vague complément de loyer, je crois, et lui rendait
quelques services, le gros de l’entretien à la maison. En l’échange, il était
hébergé par elle, dans son logement social. Je suppose qu’elle avait un trois
pièces depuis une autre époque. Abdel n’avait pas les moyens d’avoir un vrai
appartement. Il y a quelques années, il a eu un terrible accident (probablement
du même type que celui de samedi, il a probablement été agressé mais n’a jamais
voulu l’avouer. C’est son problème) et a mis des mois à retrouver un vrai
travail (il était cuisinier en brasserie).
Dans le temps, il trainait tous les soirs au bistro. Vers la
fin, on ne le voyait plus qu’une deux ou trois fois par mois. Il était passé la
semaine dernière, à la Comète.
« . Une vieille dame, chez
qui vivait la victime dans des conditions qui étaient également à éclaircir. »
Le journaliste n’a jamais entendu parler des conditions de
survie en banlieue Parisienne ?
Bien triste.
RépondreSupprimerLe journaleux ne sous loue pas ;.) joli texte .
RépondreSupprimerMerci !
SupprimerPas marrant...
RépondreSupprimerBillet très touchant en tous cas.
Merci !
Supprimer"Le journaliste n’a jamais entendu parler des conditions de survie en banlieue Parisienne ?"
RépondreSupprimerEt puis un jour Yvette mourra toute seule...
C'est probable.
SupprimerEncore faudra-t-il qu'elle arrive à payer son loyer ...
RépondreSupprimerMais ce jeune qui tue un vieux, d'un coup de poing ou d'un coup de couteau ..., ça me laisse épouvantée, ce niveau de violence.
Quelle triste affaire.
Bz
Histoire d'ivrognes...
SupprimerQuand les journalistes se mettent à faire les flics...
RépondreSupprimerQuand j'ai vu le titre, j'ai pensé "Merde, qu'est ce que je vais apprendre ?".
RépondreSupprimerC'est triste, et stupide, ces morts dans la violence dues à un coup de trop. Deux vies brisées, voire plus.
Il était gentil, le roi du Maroc.
Ouais, il était gentil...
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