L'Université d'Eté du Parti
Socialiste est terminée depuis hier midi. Martine Aubry a prononcé
le discours de clôture au cours duquel elle a tourné la page, non
pas celle de sa présence à la tête du machin mais de la vie
politique.
Page précédente : on a
travaillé pour gagner les élections. Toutes.
Page actuelle : on est au pouvoir,
il faut bien en faire quelque chose.
Elle a d'ailleurs dessiné la page
suivante : il faudra un deuxième mandat pour François
Hollande.
Au cours de cette Université d'Eté,
j'ai assisté à différents ateliers où j'ai vu différentes
personnalités bosser ensemble. Voir Manuel Valls succéder à Benoit
Hamon n'avait rien de choquant tout comme voir Gérard Filoche pendre
la suite de Michèle Sabban... Comme promis, je reviendrai sur ses
ateliers, mais tout ce que semble retenir les médias, aujourd'hui,
semble tourner autour de Martine Aubry.
Tiens ! Le journal local que je
lisais ce matin disait que les militants n'avaient parlé, dans les
« off », uniquement de la bataille entre les deux
principaux rivaux à sa succession. On se demande si les médias
écoutent bien ce que disent les militants quand ils boivent une
bière, sur le port... A la limite, ce qu'espèrent les militants
est, contrairement à ce qui est écrit ici ou là, que MartineAubry rempile : personne ne voit Harlem Désir ou
Jean-Christophe Cambadélis assurer une présence dans les médias
pendant quatre ans en tant que chef du principal parti de la
majorité...avec pour principale mission de casser les glandus de l'opposition.
Les commentateurs sont parfois à
l'ouest.
Tiens ! Au cours de son discours,
Martine Aubry a rendu un vibrant hommage à Ségolène Royal ce qui
était assez incongru vu que la plupart des bénévoles travaillant
pour l'Université d'Eté du PS avaient probablement soutenu Olivier
Falorni !
A la veille du départ de Martin Aubry,
cet hommage fera rire le cynique, quand on sait la rivalité entre
les deux femmes, notamment au lendemain du congrès de Reims, quand
elles ont failli se renvoyer devant les tribunaux avec ces histoires
de – vraie ou fausse – tricherie.
Le cynique ferait mieux de ranger sa
moquerie dans sa poche : tout le monde s'en fout. D'ailleurs,
Martine Aubry a aussi été fort aimable envers deux anciens ennemis,
François Hollande et Arnaud Montebourg, ce qu'a bien noté la presse
qui voulait souligner l'humour de la future peut-être ex Première
Secrétaire ; histoire de faire plaisir à ses lecteurs.
Pourtant, l'heure est bien venue de
jouer au bisounours : on est une grande famille, tous unis. De
toute manière, le candidat pour 2017 sera probablement François
Hollande. Chaque cadre du Parti devra le soutenir jusque 2017 à
moins de passer pour un traitre et un gros con, se grillant
définitivement pour un avenir politique national. Si François
Hollande est réélu, ça ne sert à rien de s'engueuler avant les
primaires pour l'élection de 2022,...
Dans son discours, Martine Aubry a dit
un tas de chose qui n'a pas été repris dans les médias. J'en
relève deux.
La première est qu'elle a donné un
rôle au Parti et surtout aux militants. Je ne vais pas m'étendre
sur le sujet mais ça me paraît important. Les militants doivent
servir d'intermédiaire entre les élus et les électeurs, pour
transmettre l'information, dans les deux sens. Au boulot, braves
gens...
A priori, vous êtes peinards jusqu'en
2021 sauf si on merde maintenant, tout s'arrêtera en 2017.
Martine Aubry a dit qu'elle voulait un
second mandat pour François Hollande. Ce n'est pas gagné. La
politique menée doit être en conséquence (sortir de l'insécurité
sociale, physique, économique, …) et le PS doit réapprendre à
parler aux classes populaires et tout ça (c'est moi qui précise, je
ne sais plus exactement ce qu'a dit Mme Aubry).
La deuxième est qu'elle a parlé
d'Europe. Ce qui me choque est que les médias disent qu'elle n'a que
survolé le sujet.
Elle en a parlé à deux occasions. La
première est vers la moitié du discours (environ 1/8ème de la
durée de ce dernier), à propos de l'économie, des traités et tout
ça. Elle conclut ainsi : « Chers
camarades, l'Europe a changé de direction. Il reste beaucoup de
combats à mener pour qu'elle redevienne une grande idée et pas
seulement un grand marché. Nous mes mènerons. » Bref,
lutter contre l'Europe à la Merkozy,...
La dernière est juste avant la
conclusion, à propos de ce que doit faire le parti. Je vous recopie
ci-dessous (à la main!) un extrait (à partir du script du discours,
diffusé aux journalistes au format papier, à la fin du discours,
seul le prononcé fait foi et tout ça), ce qui fait qu'au total 20%
du discours furent consacrés à l'Europe. Le journaliste qui n'a pas
remarqué ça est prié de le réécouter 5 fois.
« Enfin,
nous devons européaniser le Parti Socialiste français, autrement
dit inscrire notre action dans le cadre européen autant que celui de
l'hexagone.
Je le dis comme
je le pense car je l'ai constaté : nous pensons, nous
proposons, trop souvent franco-français. Que l'on me comprenne
bien : il ne s'agit nullement pour nous, socialistes français,
de renoncer à ce que oous sommes et à nos valeurs […].
Certainement pas et moins que jamais dans la mondialisation où la
tendance au moins disant fait rage. Mais
qui peut penser que c'est en restant à Paris que nos analyses et nos
réponses se diffuseront au sein de la gauche européenne ? »
Je vais reprendre une bière le tant
que vous puissiez ingurgiter tout ça. Je résume néanmoins :
tous ceux qui pensent qu'on pourra faire bouger l'Europe en
vitupérant pendant des meetings sont des clowns.
« Là
aussi, poursuivons le chemin engagé ces dernières années. C'est
parce que nous les avons défendues au sein du Parti socialiste
Européen que les idées de « juste échange », de
croissance socialeécologique ou encore d'intervention directe de la
BCE dans la crise des dettes souveraines au point de figurer,
désomais, dans les textes de tous les socialistes et et
sociaux-démocrates européens. » Je résume :
grâce à notre actions, les autres partie de gauche sont sur la même
longueur d'onde que nous. A ce stade, elle a rendu hommage à
Catherine Trautmann qui a beaucoup bossé pour cela.
« Les
élections Européennes auront lieu en 2014 et elles marqueront un
rendez-vous majeur dans le combat idéologique et politique contre la
droite libérale, conservatrice et autoritaire : donnons-nous
l'objectif de bâtir de premier vrai programme commun des socialistes
européens, les mêmes objectifs précis et concrets portés par tous
nos candidats dans les vingt-sept pays membres de l'Union ! »
Excusez du peu : en fin de
discours, Madame Aubry donne la grande orientation du PS au niveau
national pour la première année de la future équipe :
préparer les élections européennes (juin 2014) pour que les
différents partis socialistes et apparentés bossent ensemble pour
un programme commun pour le Parlement Européen pour les cinq
prochaines années.
On se demande si elle pense à
quelqu'un pour faire le boulot...
« Et
donnons-nous les moyens d'élire un même candidat pour l'élection
du président de la Commission Européenne ». Elle pense
à quelqu'un ? « C'est à cela que
doit œuvrer, inlassablement le Parti Socialiste pour réorienter
l'Europe ».
« C'est
avec la même ardeur que nous voulons rénover l'Internationale
Socialiste ». Ah ! Voilà du boulot pour Ségolène
Royal. Ceux qui la donnaient placardisée, voire ceux dont je parlais
en début de billet (les cyniques) peuvent peut-être aller se
coucher...
Petit 1 : un programme commun aux
européennes.
Petit 2 : un candidat commun des
partis de gauche pour la Présidence de la Commission./
Petit 3 : la poursuite du travail
au niveau international dans un cadre plus large que l'Europe...
Au boulot !
Thanks !
RépondreSupprimerOn sort des gargouillis que j'ai lus-entendus jusques à présent.
Bz
On en parlait ce matin au petit dej avec mon compagnon, on se disait que si elle était intelligente, elle viserait l'Europe: CQFD
RépondreSupprimerBen oui. Et c'est qui son père ?
SupprimerMartine avait en son temps évincé Ségolène de main de maître, mais d'adversaire à adversaire malgré tout. Mais que Ségolène Royal, ce qu'elle est, ce qu'elle a fait au P.S. avec et sans Hollande, et ce qu'elle représente, ait été bassement renvoyé dans les cordes par quelqu'un qui, finalement, se révèle être une idiote, c'est déplorable et c'est exactement ce que reconnait Martine Aubry. J'espère Nicolas que tu ne te trompes pas en lui augurant un bien mérité meilleur avenir.
RépondreSupprimerSinon, l'Europe, bon. mais "qui peut penser que c'est en restant à Paris que .." révèle ce trait commun à tous les politiques dès qu'ils sont élus : tout à coup ils s'envolent vers les hautes sphères, même Paris fait province .. les blogs nous prouvent pourtant que ceux qui votent ne sont même pas tous à Paris !
Une idiote, pourquoi ? C'est quand elle "était" à la tête du PS que ce dernier a tout gagné... Elle n'a pas renvoyé SR dans ses cordes, elle s'est arrangée pour lui refiler la Présidence de l'AN (mais c'est parti en couilles). MA et SR ont besoin de s'entendre pour leur avenir vu qu'elles ne peuvent plus monter plus haut en France...
SupprimerEt c'est pour ça qu'elles doivent s'entendre, ou s'unir, pour viser l'international.
Je me suis mal exprimée : l'idiote n'est pas Martine, je lui reconnais la victoire dans une bataille, l'idiote est Valérie T. J'aurais dû mettre un interligne après la 1re phrase.
SupprimerJe suis complètement d'accord avec toi.
Faudrait lui lâcher la grappe à mémère. Il l'y a qu'un microcosme qui pense que ses actions ont de l'influence.
Supprimeril pleuvait sur Melle quand j'y suis passé vendredi soir
RépondreSupprimerQu'est-ce que Hollande foutait là ?
Supprimeril savait que j'allais à Royan donc il m'a demandé un bout de chemin vers la Rochelle ;)
SupprimerTout s'explique !
SupprimerAvant d'envisager un second septennat, il faudrait peut-être songer à commencer celui-ci.
RépondreSupprimerTout cela, de toute façon, c'est du bruit pour tenter de camoufler qu'il ne s'est strictement rien passé à La Rochelle ce week-end.
Que voudriez vous qu'il se passe ? (à part de la communication, donc du bruit).
SupprimerHollande a commencé le quinquennat. Il attend un peu pour le septennat.
Ah oui, merde ! Mon côté passéiste, je suppose…
SupprimerC'était mieux avant..l
SupprimerT'es au courant quand même qu'au parlement européen, le PSE et le PPE votent ensemble dans 97% des cas ? (il y a beaucoup de trucs techniques mais quand même...)
RépondreSupprimerJe t'invite aussi à t'interroger sur le fait que ça fera bientôt 30 ans que le PS dit qu'il faut passer par l'europe pour la changer, et 30 ans que l'europe mène une politique plus néolibérale à chaque fois... (cherche donc dans les archives des discours PSocialistes concernant l'europe...)
je sais bien que j'ai une bonne mémoire, mais que diable, je ne suis quand même pas un éléphant entouré d'un troupeau de Dory !
La dernière fois, on avait un premier ministre sympathique, qui venait de remporter une sympathique election suite à une dissolution (heureusement) foireuse... Peu après, nous avions 12 (peut être même 13, j'ai la flemme de chercher) sur 15 gouvernements relevant du PSE ! Ce n'était même plus une vague, mais un ras de marée rose en europe! Qu'est ce qui en a été fait pour, je cite "qu'elle redevienne une grande idée et pas seulement un grand marché", et pour (toujours au niveau de l'europe) "sortir de l'insécurité sociale, physique, économique, …" ?
Bref, quand bien même les PSocialistes européens gagneraient les européennes de 2014 (ce que je demande à voir), je vois mal ce qui en ressortirait concrètement de plus qu'à la dernière occasion... d'autant plus que la gauche n'a JAMAIS été majoritaire au parlement européen (il y a toujours eu une majorité de la droite et du centre) et que l'arrivée en 2004 puis en 2007 de pays où, dans un certain nombre d'entre eux, parler de "gauche", c'est vu comme être pour le retour à l'ère des républiques Socialistes, n'a pas arrangé les choses pour la gauche en europe et pour le PSE en particulier. Va voir le résultat des elections en Pologne, en Estonie, ou en Bulgarie (j'en oublie...) et pleure avec moi...
À part ça on fait quoi ?
Supprimert'as pas une réponse un peu plus longue ?
SupprimerPourquoi veux tu ?
SupprimerTu ne me proposes rien, pas de solution alternative. Tu vas me dire qu'il faut refuser le futur traité mais ça changera quoi ? Tu nous expliques que la gauche ne sera jamais majoritaire. Tu penses donc qu'il faut sortir de l'Europe ? Écris-le?
Tu n'as pas confiance dans les socialistes français et as probablement raison. Mais d'autres forces de gauche n'ont strictement aucune chance d'arriver au pouvoir en France. Ne me dis pas le contraire alors que tu viens de me faire une théorie sur le fait que les socialos n'avaient aucune chance d'être majoritaire en Europe.
Enfin, tu me parles d'une vieille époque. Deux crises majeures nous sont tombées sur la gueule (celle de la bulle informatique et celle que nous subissons depuis 2008, en gros). Interdis tu aux dirigeants politiques de changer en conséquence ?
Enfin, si tu suis mon blog depuis longtemps, tu y verras que j'ai toujours pensé que la victoire de Hollande permettra d'insuffler quelque chose pour permettre le changement dans d'autre pays, y compris en Allemagne. Je ne vais pas changer d'avis maintenant. Je ne suis pas une girouette.