« À cet égard, je suis très
sévère avec l'opposition. Elle manque de noblesse. Elle est en train de refaire
sa campagne électorale. Elle rabâche des sujets pour lesquels elle a déjà
plaidé et été battue et désavouée par le peuple. » dit Roland
Dumas dans une interview au Figaro. Il dit d'autres choses mais il a raison :
l'opposition ne fait pas correctement son boulot. La majorité est dans le même
cas. Opposition et majorité viennent de passer 10 ans dans un camp, ce n'est
pas facile de passer dans l'autre !
Ce matin, j’écoutais le discours de Gérard
Filoche au Congrès du Parti Socialiste. Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est
une personnalité de la gauche du PS, spécialisé notamment dans les questions
relatives au droit du travail. Il est très présent dans Twitter et nous
papotons régulièrement. Il m’avait impressionné par ses démonstrations lors d’un
atelier à propos du « Modèle allemand » lors de l’Université d’Eté du
PS.
Dans ce discours, Gégé (oui, on est intimes dans Twitter)
nous dit qu’il faut s’asseoir sur la règle des 3% et dépenser du pognon pour
relancer l’économie. La question n’est pas ici de savoir s’il a tort ou s’il a
raison : « nous » avons été élus en nous engageant à réduire le
déficit. Cet engagement a été pris devant les électeurs et c’est cet engagement
en particulier qui a fait que le score de François Hollande a dépassé les 50%
au second tour de la Présidentielle. C’est sur la base de cet engagement que
François Bayrou a annoncé son vote pour François Hollande, ce qui a fait qu’une
partie de ses électeurs ont voté comme lui. Le total des voix de gauche faisait
45% au premier tour. C’est presque le plus important de tous les engagements
puisque c’est lui qui nous a fait gagner.
Dans son discours, Gégé rappelle qu’on dirige une majorité
de communes et de départements, une très large majorité des régions, les deux
chambres, le Gouvernement et l’Elysée. Il nous revient de respecter le
programme pour lequel on a été élu.
Nous ne sommes plus
dans l’opposition mais dans la majorité. Il faut se le rentrer dans le crâne.
On se demandait
hier si le congrès du Parti Socialiste sert à quelque chose. Il sert à mettre
en ordre le Parti pour accompagner le Gouvernement. A force de s’opposer, on en
oublie l’essentiel.
Et dans les réseaux
sociaux ?
Hier, je suis tombé sur un tweet d’un copain de droite qui
disait : « j’emmerde la gauche,
incarnation de la médiocrité, de la bassesse et de la faux-culerie. »
Je suppose qu’il était saoul ce qui l’excuse à moitié mais cela ne m’a pas empêché
de l’unfollower immédiatement. Jamais, quand j’étais moi-même dans l’opposition
je ne me serais permis de tenir ce genre de propos. J’aurais pu écrire « j’emmerde
CETTE gauche » mais pas « LA gauche ». J’aurais pu écrire « j’emmerde
la droite » mais sans le délire suivant qui implique les 52% d’électeurs
de François Hollande, avec, parmi eux, tous ses copains.
Et on en revient aux propos de Roland Dumas que je citais en
introduction : « À cet égard, je suis
très sévère avec l'opposition. Elle manque de noblesse. Elle est en train de
refaire sa campagne électorale. Elle rabâche des sujets pour lesquels elle a
déjà plaidé et été battue et désavouée par le peuple. » Amis
blogueurs de droite, réfléchissez bien à ça.
Et à gauche ?
On tient périodiquement des débats sur la notion de « blogueurs de gouvernement ». Hier,
c’était Stef, qui lançait son
pavé. C’est un blogueur de gauche, membre des leftblogs, qui a fait toute
la campagne avec nous mais qui s’est mis en retrait des blogs, depuis quelques
temps. A une époque, j’avais écrit que nous étions très proche (mais je crois
qu’il avait soutenu Martine Aubry, pendant la primaire, ce qui montre bien l’imbécillité
de certains clivages). Que nous dit-il ?
« Cette notion de blogueur
de gouvernement m’ennuie prodigieusement. » Moi aussi. Elle
est crétine. Il n’empêche qu’une partie de mes billets, avant l’élection, était
pour relayer des messages de la formation politique de laquelle j’étais le plus
proche et je ne vois pas pourquoi je changerais maintenant.
« Déjà pendant la campagne
présidentielle, les blogs militants étaient franchement chiants,
à répéter continuellement les mêmes arguments, idées défendues par
leurs poulains, aujourd'hui continuer sur cette voie me semble être une impasse
pour le devenir des blogs tels que nous les avons connus. » Tant
pis ! On ne verra plus les blogs tels que nous les avons connus. Mon blog connaît
une chute d’audience depuis une semaine ou dix jours. Je m’en fous. J’ai quitté
le classement machin (à peu près à la même date, d’ailleurs, mais j’ai
interrogé des copains blogueurs de gauche, ils connaissent le même phénomène). Je
ne suis plus le number one. J’ai unfollowé massivement des gens, je vais
nettoyer ma blogroll, … Il faut passer à
autre chose.
Ce qui ne m’empêche pas de faire des billets travaillés,
comme hier
avec la lecture du discours de François Hollande à propos des entreprises,
comme avant-hier,
avec une réflexion sur l’avenir des banques ou, en
milieu de semaine, un billet à propos du droit de vote des étrangers, autre
engagement important de François Hollande (important parce qu’il structure la
gauche). Le tout entrecoupé de « billets lol » et de critiques de l’opposition.
« Que les militants
encartés puissent trouver avec leurs lecteurs un intérêt à continuer
ainsi est normal, pour les autres, il serait bon de retrouver un minimum de
sens critique. » C’est quoi cette histoire de militants encartés ?
J’ai fait la campagne d’un homme puis d’une équipe sans être encarté. Je ne
vais pas changer d’avis. C’est quoi cette histoire de sens critique qu’on
aurait perdu ? J’ai fait un billet vendredi soir pour
critiquer l’augmentation de la taxe sur la bière. D’ailleurs, à chaque fois que
le Gouvernement veut créer ou augmenter une taxe, je gueule. J’ai gueulé
pendant cinq ans contre Nicolas Sarkozy parce qu’il créait des taxes dans tous
les sens, je ne vais pas arrêter.
Tiens ! J’ai fait des billets pour critiquer le
Gouvernement qui envisageait de taxer Google pour les liens faits vers la
presse parce que je considère ça comme une hérésie. Sans compter que la presse
n’arrête pas de taper sur le Gouvernement : qu’ils aillent se faire voir. Taxer
les liens hypertext ! Non mais sans blague. Pourquoi pas interdire Internet
dont les liens sont la principale composante ?
Je parlais à l’instant de mon billet à propos du droite de
vote des étrangers. C’est un sujet à la mode. Je ne suis pas spécialement pour
mais je m’en fous : c’était nécessaire pour souder la gauche. C’est un
engagement : il faut le tenir. Dans mon billet, je disais qu’on n’était
pas aux pièces. Je vais contre l’avis du parti mais semble-t-il dans le sens du
gouvernement. Je ne me suis pas fait un avis en fonction de ce qu’il fallait
dire ou faire mais en fonction de mon propre sens critique.
« Que veut dire blogueur de
gouvernement ? Ne pas en être ne veut pas dire que vous êtes contre le
gouvernement, s'en proclamer me semble être un carcan qui
empêche d’asseoir son analyse. » Mon analyse est
parfaitement assise. Je fais toujours des billets de blogs assis, sauf,
parfois, au comptoir ou dans le métro. Je continue à faire ce que je veux dans
mon blog.
Il n’empêche…
Quand nous étions
blogueurs d’opposition, notre boulot était de défendre notre point de vue et de
taper sur le gouvernement, de relever les couacs, … Notre boulot est toujours
de défendre notre point de vue mais plus de taper sur le gouvernement et de
relever ses couacs. Les blogueurs de droite n’ont qu’à se structurer pour
le faire. Un de mes confrères, Bembelly, leur conseillait
récemment de créer les « R’Blogs » (Right Blogs). Qu’ils le fassent !
Je vais en finir avec Stef, mon confrère, qui s’interroge à
propos des blogueurs de gouvernement. Sa dernière phrase m’est directement
adressée, elle mérite bien une réponse ! « Certains
s'interrogent sur la fréquentation de leur blog, ne cherchez plus. »
Je ne fais que m’interroger sur la fréquentation depuis une semaine ou deux. Elle
a baissé. Il faudrait que je tape sur le gouvernement pour retrouver de l’audience ?
Ben non.
Je vais faire comme avant des billets pour défendre mon
point de vue de gauche, je vais continuer à rigoler avec les copains (même les vieux, les ivrognes,
les gros, les jeunes
gros, les réacs, les sympas de droite). Je vais continuer à faire
des billets qui me passent par la tête, à m’engueuler avec ceux qui ne
partagent pas mon point de vue sur les blogs ou qui m’emmerdent dans Twitter…
Je me fous de l’audience.
Je me fous des classements. Seuls m’intéressent la réussite du Gouvernement et
les parties de rigolade avec les copains. Je suis un blogueur. De
gouvernement ou pas, je m’en fous.
Je lisais, ce matin, cet
article de Libération avec cette phrase : « A l’Elysée, on est conscient que le gouvernement «a
perdu» la bataille de la communication politique sur le budget 2013. »
qui aurait du être à l’origine de mon billet de ce matin si je n’étais pas
tombé sur l’interview de Roland Dumas.
On voit beaucoup de propos de twittos et blogueurs de gauche
critiquer la communication du Gouvernement. Il n’empêche que le Gouvernement n’est
pas là pour faire de la communication mais pour gouverner, pour mettre en œuvre
des engagements qui ont été pris devant les Français, pour cinq ans.
Quand nous étions blogueurs d’opposition, nous étions aussi là
pour critiquer la communication du Gouvernement. On a d’ailleurs beaucoup critiqué le fait qu’ils agissaient
exclusivement pour la communication avec notamment le « un fait divers,
une loi ». En fait, cette politique menée exclusivement pour la
communication dure depuis plus de dix ans. Rappelez-vous les raffarinades : « Notre route est droite, mais la pente est forte »
ou « Quand le cheval trébuche c'est le
cavalier qui doit se sentir responsable ». On pourrait même revenir
à la campagne de 2002 alors que nous étions au Gouvernement et que Jacques
Chirac était Président de la République. On a aussi perdu lamentablement parce
que la droite arrivait à communiquer mieux que nous pour mettre des thèmes
comme la sécurité en avant. Ne tombons pas dans les travers de la communication :
nous n’avons pas d’élections nationales à gagner avant longtemps.
Surtout, nous sommes des blogueurs avec nos métiers
différents, nos particularités, … Nous ne sommes pas des professionnels du
marketing. Par contre, un blogueur doit pouvoir évoquer tous les sujets et le
transformer comme il veut…
Tiens ! Le dernier couac ? Le Premier Ministre
lui-même qui grille la priorité au Conseil Constitutionnel ! Et si ce n’étais
qu’un exercice de communication ? La presse titrait, le matin, sur l’indélicatesse
de Jean-Marc Ayrault, pas sur le revers du Gouvernement… Ca me parait pas mal…
Nous ne sommes pas des professionnels de la communication.
Ce qui ne m’empêche pas d’être parfois le premier à gueuler et à demander des « signaux ».
Il n’empêche.
N’exigeons pas au
Gouvernement de faire sans cesse de la communication alors que nous avons
reproché pendant dix ans (dans les bistros avant l’arrivée des blogs) à la
droite de ne faire que de la communication quand elle était au Gouvernement.
La gauche devrait avoir des blogs pour faire de la
communication. Des blogueurs de
gouvernement soudé derrière une gauche que nous avons contribué à mettre en
place.
Nicolas, tu merdes tes liens... Tu étais plus attentif quand tu étais dans le eBousin :P
RépondreSupprimerAh merde ! Je corrige. Merci.
RépondreSupprimerDumas n'est franchement pas une référence lui qui avec maître Vergès défendait Kadhafi et Gagbo ......
RépondreSupprimerNon mais il ne dit pas que des conneries...
SupprimerSans aller dans le tout communication le gouvernement se doit de bien communiquer, d'expliquer ce qu'il fait et pourquoi il le fait.
RépondreSupprimerLes gens ne sont pas tous des imbéciles qu'il faut abreuver de bonne communication (bidon ?) juste avant les élections pour tenter d'obtenir leur vote. Ce sont aussi des "comprenants" qui aiment qu'on leur explique, qu'on leur passe un message.
Il y a, je trouve, une grande différence entre le "happening" à la Sarko et la pédagogie sur le projet.
Sarko n'avait pas de projet, il a navigué à vu pendant 5 ans sur le thème action/réaction avec la réussite qu'on connait.
Aujourd’hui Hollance a un projet et n'est pas dans la réaction. Il doit donc accompagner son projet et son exécution par de la communication qui permette de contrer les arguments de l'oppositions (qui entre nous sont assez simple à contrer).
Il faut avouer qu'aujourd'hui le gouvernement est nulissime en com et que le projet passe inaperçu. On ne parle que de couacs qui permettent à l'opposition de faire passer le message d’incompétence et d'amateurisme du gouvernement. Et les gens ne peuvent pas faire croire au projet d'un incompétent.
Je suis donc assez inquiet car on ne reforme pas efficacement un pays dont les citoyens ne vous font plus confiance.
Thierry, on se fout des messages de la droite, ce qui sera important sera de communiquer sur les résultats. Il faut remettre ces couacs à leur juste niveau.
Supprimer""indélicatesse de Jean-Marc Ayrault"" j'ai trouvé son annonce sur FI tres fine , mais alors il ne devait pas faire d'excuses.
RépondreSupprimerMais alors il se serait faire remonter les bretelles par son camp :)
Oui...
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RépondreSupprimerEt donc la communication est biaisée par tous les trous :)
Bon dimanche Nicolas
Il y a de ça ! Bon dimanche !
RépondreSupprimerHa ! si Bayrou a voté pour Hollande il ne faut surtout pas le décevoir ça serait trop dur pour lui. Heureusement jusqu'à maintenant ça devrait être bon.
RépondreSupprimerUn détail au passage : le résultat du second tour des présidentielles n'a jamais été la stricte addition du 1er tour
Ah bon ! Tu penses qu'il faut mépriser les électeurs ? Pauvre con.
Supprimerje pense que c'est plus sérieux et plus difficile de soutenir que de critiquer. c'est même plus ennuyeux.
RépondreSupprimerMais non. En fin de compte c'est rigolo.
SupprimerTu dois être l'un des seuls à arriver à en faire un truc rigolo, j'ai l'impression que d'autres s'ennuient.
SupprimerJe ne suis pas sur ! C'est un beau défi.
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