Par l’intermédiaire de l’annexe
de Sarkofrance, je découvre le discours prononcé récemment par François Hollande devant
un parterre d'entrepreneurs et notamment un extrait qui m'a donné envie de lire la suite puisque nous sommes au cœur de l'actualité et des éternelles polémiques à la petite semaine : « C'est la stratégie de compétitivité que le gouvernement
prépare sur la base du rapport de Monsieur Gallois. Il n'y aura pas un énième
plan, et je déconseille aussi l'idée du choc, qui traduit d'ailleurs davantage
un effet d'annonce qu'un effet thérapeutique. »
Résumé : "François Hollande a présenté jeudi 25 octobre la
feuille de route du gouvernement pour redresser la compétitivité de
l'économie française. Devant les 3 000 entreprises de la communauté Oséo
Excellence, le chef de l'Etat a détaillé les réformes structurelles à
engager".
Dans son discours, François Hollande fait le job. Il commence par mettre la
baisse de la compétitivité sur le dos des deux gouvernements précédents puis
entre dans le vif du sujet. Je ne vais pas vraiment résumer mais livrer
quelques extraits.
Tout d’abord, il constate :
- la faiblesse de l’innovation par rapport aux autres pays de l’OCDE,
- l’absence de spécialisation internationale dans certaines gammes (je vous laisse comprendre ce que ça veut dire : en gros, dans les créneaux où nous sommes positionnés les marges sont faiblardes),
- la faible place des PME,
- le vif du sujet : les coûts de production.
« Le coût du travail est
l'une des dimensions. Il n'est pas la seule. Cette réalité ne nous empêche pas
de regarder aussi le coût dans l'accès aux capitaux, le prix de l'immobilier,
la complexité administrative, la rigidité du marché du travail, l'inadéquation
des procédures, voire même de la formation, et le poids de la fiscalité. Tout
cela existe. »
Chaque fois que nous avons des difficultés, « tant les marges sont faibles, c'est sur l'investissement que sont faites les économies, au détriment
donc de l'avenir. » A noter que c’est un phénomène que je
constate périodiquement dans mon boulot. En clair, c’est quand tout va mal qu’il
n’y a plus de pognon pour mener des projets pour aller de l’avant. Comme il
faut bien faire tourner l’entreprise, la direction coupe les budgets des
projets informatiques or, c’est l’informatique (dans mon domaine) qui permet de
proposer des nouveaux produits, d’optimiser les coûts, …
Prenons l’exemple de PSA dont on commence à annoncer la fin,
notamment de la partie Peugeot, des efforts sont faits pour diminuer les coûts
de production (ce qui se fait par la fermeture d’usines et les délocalisations)
mais ça ne changera rien au problème : pour rebondir sur le marché, il
faut que PSA renouvelle sa gamme de voitures pour toucher à nouveau les
clients. PSA doit donc investir pour innover… (je ne connais pas le dossier, je
le prends en exemple parce que tout le monde sait ce qu’est une voiture).
Revenons au Président et à ses propos. « Dès lors nous vivons le 17ème mois de hausse du chômage,
et nous vivons aussi un ralentissement de la croissance, entamé depuis plus
d'un an, et qui aujourd'hui se confirme. Il y a ce qui relève de la zone euro,
et ma responsabilité avec les chefs d'Etat et de gouvernement, c'est de sortir
de cette crise de la zone euro. Nous y sommes presque, mais sortir de la crise
de la zone euro ce n'est pas sortir de la crise, et c'est là que nous avons
notre responsabilité ici en France. »
Je résume : on va peut-être sauver l’Euro mais on n’est
pas sortis de la merde pour autant. Voyons ce qu’on peut faire en France. Nous
en venons donc au passage que je cite en introduction et qui m’a poussé à lire
le reste.
« Aujourd'hui nous n'avons
plus le temps de différer les choix. C'est la stratégie de compétitivité que le
gouvernement prépare sur la base du rapport de Monsieur Gallois. Il n'y aura
pas un énième plan, et je déconseille aussi l'idée du choc, qui traduit
d'ailleurs davantage un effet d'annonce qu'un effet thérapeutique. »
Ainsi, le fameux choc
qu’utilise la droite pour nous les briser n’est qu’un machin de communication.
Mais, contrairement à ce qu’il se dit, le
rapport Gallois ne sera pas enterré.
Nous voila aux engagements de l’Etat.
« L'Etat doit prendre sa
part avec un certain nombre d'engagements. Le premier c'est la simplification
des procédures avec un nouvel axe de
décentralisation et une clarification des compétences. »
Je souligne ce passage car le sujet m’est cher.
« Second engagement, c'est
le renforcement de toutes les mesures
d'aide à l'innovation, et c'est pourquoi j'ai annoncé, non seulement le
maintien du Crédit d'Impôt Recherche, mais son élargissement à l'innovation et
donc aux PME.
Le troisième engagement, c'est
l'encouragement à l'exportation, et notamment avec une élévation du niveau des
garanties et des prêts. Et enfin c'est une amélioration du financement global
de l'économie avec la réforme bancaire -- qui se prépare d'ailleurs à l'échelle
de l'Europe -- la création de la Banque
Publique d'Investissement et la mobilisation de l'épargne vers l'industrie. »
« Les dispositions existantes en faveur des investissements
dans les PME seront maintenues sur toute
la durée du quinquennat : c'est vrai de l'ISF-PME ; c'est vrai de la réduction
d'impôt sur le revenu associée à l'investissement dans les PME ; c'est vrai des
réductions d'impôt liées à la souscription des parts de fonds commun de
placement dans l'innovation ou de fonds de participation dans les
investissements de proximité ; et ce sera vrai aussi des dispositifs sur la
détention et la transmission d'entreprises. Je veux la stabilité et il y aura
donc la permanence de ces dispositifs. »
« Par ailleurs, le régime
de taxation des plus-values mobilisées -- qui a créé un peu d'émotion -- a été
préservé pour les chefs d'entreprise » Tiens ! Les geonpis !
Une décision de bon sens…
« Enfin, le statut des
jeunes entreprises innovantes -- qui avait été écorné ces dernières années et
qui concerne 4000 sociétés -- sera renforcé. Non seulement les déductions
fiscales dont bénéficient les apporteurs de fonds seront préservées, mais il
sera mis un terme à la dégressivité des exonérations sociales. »
« L'essentiel […] est que la fiscalité soit stabilisée durant les
cinq prochaines années et que vous puissiez faire vos choix
d'investissement en toute connaissance de cause et quelles que soient les
difficultés conjoncturelles ou budgétaires que pourrait rencontrer l'Etat. »
En complément, il y a les réformes structurelles de la
fiscalité à engager :
-
de l’impôt sur
les sociétés (augmentation de l’assiette et modulation des taux),
-
financement de la protection sociale : ne plus le prendre en charge sur le travail
mais, progressivement, ailleurs, sans diminuer la « demande
intérieure » (pas d’augmentation de la TVA…).
Le financement des
entreprises
« C'est l'idée qui a
inspiré la création de la Banque
Publique d'Investissement. En rapprochant OSEO, le FSI et les activités en
fonds propres de la CDC, cette banque publique sera bien plus qu'une addition
de composantes et de structures : elle organisera les synergies et accompagnera
les PME, voire même les ETI, dans tous leurs projets d'investissement,
d'innovation et d'exportation. »
« La BPI sera un guichet
unique à votre service pour accompagner la vie de vos entreprises tout au long
de leur croissance, de leur création jusqu'au moment de leur développement. »
Je vous passe le détail de la mission de la BPI (vous pouvez
lire le discours…), trop complexe pour un simple billet de blog à lire au
comptoir.
Les quatre défis des
entreprises françaises, suggérés (pas imposés) par François Hollande :
-
la transition énergétique,
-
« la Santé et
l'économie du vivant »,
-
Les technologies numériques,
-
La sécurité autour de ces technologies numériques.
« L'Etat se mobilisera
autour de ces enjeux et de ces grandes filières. »
Aparté : voir aussi un de mes billets d’hier, ces
machins numériques peuvent paraître dérisoires d’un point de vue industriels
(on sait qu’on ne produira jamais de smartphones en France, par exemple) mais
essentiels parce que les flux financiers passeront par ces machins. Vous achèterez
du PQ en cliquant sur votre télé et en le récupérant avec une application de
votre smartphone à la caisse du supermarché… Ce ne sont pas des gadgets, c’est
du pognon qui transite.
« J'invite tous les acteurs
économiques que vous êtes à vous regrouper aussi, à faire en sorte que les
donneurs d'ordre, les sous-traitants, tout ce qui fait en réalité le tissu
économique soit regardé comme plus solidaire, plus coopératif, que les filières qui entreront dans cette
démarche de solidarité et de compétitivité devront être encouragées par l'Etat
y compris dans les investissements à long terme avec des financements à faible
cout. »
« Voilà, Mesdames et Messieurs les entrepreneurs, nous
avons, à la fois, à améliorer l'état de notre économie d'aujourd'hui, notre
compétitivité, notre capacité de produire, d'investir, d'exporter ; et nous
avons aussi à préparer l'économie de demain. C'est beaucoup dans une période
où, par ailleurs, il nous faut redresser nos comptes publics et c'est ce que
nous faisons. »
Au boulot, bordel !
« Nous avons à mettre en
place, ensemble, un pacte de compétitivité qui ne laissera rien de côté, qui
s'inscrira dans la durée et qui fera les réformes trop longtemps oubliées, même
si elles ont été toujours annoncées et chaque fois différées. » Et
paf ! Dans la gueule de l’autre…
« La crise nous oblige à
donner, les uns et les autres, le meilleur de nous-mêmes, à prendre les bonnes
décisions : vous d'investir, d'embaucher quand vous le pouvez, de préparer
l'avenir ; nous, au niveau de l'Etat, être capables de créer le meilleur environnement. »
François Hollande s’est
adressé aux entreprises.
Je vais m’adresser, modestement, à certains de mes
confrères. Modestement car je ne veux pas être péremptoire même si mon style
pousse souvent à des raccourcis.
Il y a du travail à faire, sur tous les fronts. Tout ne peut
pas être fait en un jour ni en six mois de mandat. Il ne s’agit pas de déclarer
de manière… péremptoire, par exemple, que le seuil des 3% ne doit pas être
respecté en période de crise : nous sommes en crise depuis 40 ans…
Pointer les vagues couacs gouvernementaux ne sert à rien.
Il faut poursuivre les réformes, pas dans la précipitation
comme on l’a souvent vu par le passé, mais méthodiquement…
Il faut préparer l’avenir de la France,
Au boulot, bordel !
Au boulot, bordel
RépondreSupprimerà transmettre directement aux gueulards de l'UMP
Et de droite.
SupprimerIl est très important de préciser, chaque fois qu'on prononce le mot "entrepreneur", de quoi on parle : PSA, par exemple, ces cyniques, ça n'a rien à voir avec les petits bistrotiers, et pas non plus avec le gars/la fille qui porte son emploi tout seul et à bout de bras.
RépondreSupprimerEt tu as raison de souligner l'importance de ce qu'on appelle "les services" (les "machins numériques" dont tu parles => facilitation des courses, ms aussi => livraison domicile évitant circulation 15/20 voitures, ET permet à tte une population (les vieux pauvres sans voiture et à motricité réduite) d'accéder aux produits et prix supermarchés, etc..
Je prenais PSA comme exemple, c'est tout.
SupprimerMerci Nicolas, et comme souvent, je partage totalement ton avis.
RépondreSupprimerA+ JBL1960
Ça s'arrose.
SupprimerNicolas ton blog c'est de la merde.
RépondreSupprimerBen oui, tu y es.
Supprimer50 000 chômeurs de plus ce mois-ci et cela commence à être les chômeurs du PS. Les mesures de Hollande semblent correspondre à une situation relativement normale alors que nous plongeons dans la catatrophe.
RépondreSupprimerJard
Vas chier te disais je en réponde à ton dernier commentaire.
SupprimerJ'avoue : je viens régulièrement sur ce blog pour voir l'état du moral des fans bataves et un secret espoir que insensiblement leur foi se fissurerait devant le constat que la politique menée est pour le principal peu différente de la précédente.
RépondreSupprimerMais non la foi en question relève - enfin ! il est à espérer que cela n'est pas définitif - de celle du charbonnier qui comme disait Brassens est heureux comme un pape est con comme un panier.
Ainsi quand on lit le compte rendu du discours de M. Hollande qui commence par évoquer le coût du travail on à l'impression de taper à peine vitesse contre un mur parce que d'abord il s'agit d'un prix, par ailleurs parle t-on du coût de sa fonction à lui et de tout son aréopage, enfin par exemple ce 'coût' est bien inférieur au Portugal ( SMIC français/2 ) et le Portugal va-t-il mieux que la France ?
Et tout le reste est à l'avenant. Aussi il faut se faire une grande violence pour lire un texte ( et le discours et le compte rendu) qui baigne dans tous les pensifs qui nous gavent depuis des années.
Au secours !
Ton commentaire me met en joie. Un peu comme un connard qui vient acheter des cigarettes à la comète alors qu'ils n'ent vendent pas . Continue à vivre hors du monde.
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