En salle

27 octobre 2012

François Hollande devant les entrepreneurs

Par l’intermédiaire de l’annexe de Sarkofrance, je découvre le discours prononcé récemment par François Hollande devant un parterre d'entrepreneurs et notamment un extrait qui m'a donné envie de lire la suite puisque nous sommes au cœur de l'actualité et des éternelles polémiques à la petite semaine : « C'est la stratégie de compétitivité que le gouvernement prépare sur la base du rapport de Monsieur Gallois. Il n'y aura pas un énième plan, et je déconseille aussi l'idée du choc, qui traduit d'ailleurs davantage un effet d'annonce qu'un effet thérapeutique. »

Résumé : "François Hollande a présenté jeudi 25 octobre la feuille de route du gouvernement pour redresser la compétitivité de l'économie française. Devant les 3 000 entreprises de la communauté Oséo Excellence, le chef de l'Etat a détaillé les réformes structurelles à engager".

Dans son discours, François Hollande fait le job. Il commence par mettre la baisse de la compétitivité sur le dos des deux gouvernements précédents puis entre dans le vif du sujet. Je ne vais pas vraiment résumer mais livrer quelques extraits.

Tout d’abord, il constate :
  1. la faiblesse de l’innovation par rapport aux autres pays de l’OCDE,
  2. l’absence de spécialisation internationale dans certaines gammes (je vous laisse comprendre ce que ça veut dire : en gros, dans les créneaux où nous sommes positionnés les marges sont faiblardes),
  3. la faible place des PME,
  4. le vif du sujet : les coûts de production.

« Le coût du travail est l'une des dimensions. Il n'est pas la seule. Cette réalité ne nous empêche pas de regarder aussi le coût dans l'accès aux capitaux, le prix de l'immobilier, la complexité administrative, la rigidité du marché du travail, l'inadéquation des procédures, voire même de la formation, et le poids de la fiscalité. Tout cela existe. »

Chaque fois que nous avons des difficultés, « tant les marges sont faibles, c'est sur l'investissement que sont faites les économies, au détriment donc de l'avenir. » A noter que c’est un phénomène que je constate périodiquement dans mon boulot. En clair, c’est quand tout va mal qu’il n’y a plus de pognon pour mener des projets pour aller de l’avant. Comme il faut bien faire tourner l’entreprise, la direction coupe les budgets des projets informatiques or, c’est l’informatique (dans mon domaine) qui permet de proposer des nouveaux produits, d’optimiser les coûts, …

Prenons l’exemple de PSA dont on commence à annoncer la fin, notamment de la partie Peugeot, des efforts sont faits pour diminuer les coûts de production (ce qui se fait par la fermeture d’usines et les délocalisations) mais ça ne changera rien au problème : pour rebondir sur le marché, il faut que PSA renouvelle sa gamme de voitures pour toucher à nouveau les clients. PSA doit donc investir pour innover… (je ne connais pas le dossier, je le prends en exemple parce que tout le monde sait ce qu’est une voiture).

Revenons au Président et à ses propos. « Dès lors nous vivons le 17ème mois de hausse du chômage, et nous vivons aussi un ralentissement de la croissance, entamé depuis plus d'un an, et qui aujourd'hui se confirme. Il y a ce qui relève de la zone euro, et ma responsabilité avec les chefs d'Etat et de gouvernement, c'est de sortir de cette crise de la zone euro. Nous y sommes presque, mais sortir de la crise de la zone euro ce n'est pas sortir de la crise, et c'est là que nous avons notre responsabilité ici en France. »

Je résume : on va peut-être sauver l’Euro mais on n’est pas sortis de la merde pour autant. Voyons ce qu’on peut faire en France. Nous en venons donc au passage que je cite en introduction et qui m’a poussé à lire le reste.

« Aujourd'hui nous n'avons plus le temps de différer les choix. C'est la stratégie de compétitivité que le gouvernement prépare sur la base du rapport de Monsieur Gallois. Il n'y aura pas un énième plan, et je déconseille aussi l'idée du choc, qui traduit d'ailleurs davantage un effet d'annonce qu'un effet thérapeutique. »

Ainsi, le fameux choc qu’utilise la droite pour nous les briser n’est qu’un machin de communication. Mais, contrairement à ce qu’il se dit, le rapport Gallois ne sera pas enterré.

Nous voila aux engagements de l’Etat.

« L'Etat doit prendre sa part avec un certain nombre d'engagements. Le premier c'est la simplification des procédures avec un nouvel axe de décentralisation et une clarification des compétences. »

Je souligne ce passage car le sujet m’est cher.

« Second engagement, c'est le renforcement de toutes les mesures d'aide à l'innovation, et c'est pourquoi j'ai annoncé, non seulement le maintien du Crédit d'Impôt Recherche, mais son élargissement à l'innovation et donc aux PME.

Le troisième engagement, c'est l'encouragement à l'exportation, et notamment avec une élévation du niveau des garanties et des prêts. Et enfin c'est une amélioration du financement global de l'économie avec la réforme bancaire -- qui se prépare d'ailleurs à l'échelle de l'Europe -- la création de la Banque Publique d'Investissement et la mobilisation de l'épargne vers l'industrie. »

« Les dispositions existantes en faveur des investissements dans les PME seront maintenues sur toute la durée du quinquennat : c'est vrai de l'ISF-PME ; c'est vrai de la réduction d'impôt sur le revenu associée à l'investissement dans les PME ; c'est vrai des réductions d'impôt liées à la souscription des parts de fonds commun de placement dans l'innovation ou de fonds de participation dans les investissements de proximité ; et ce sera vrai aussi des dispositifs sur la détention et la transmission d'entreprises. Je veux la stabilité et il y aura donc la permanence de ces dispositifs. »

« Par ailleurs, le régime de taxation des plus-values mobilisées -- qui a créé un peu d'émotion -- a été préservé pour les chefs d'entreprise » Tiens ! Les geonpis ! Une décision de bon sens…

« Enfin, le statut des jeunes entreprises innovantes -- qui avait été écorné ces dernières années et qui concerne 4000 sociétés -- sera renforcé. Non seulement les déductions fiscales dont bénéficient les apporteurs de fonds seront préservées, mais il sera mis un terme à la dégressivité des exonérations sociales. »

« L'essentiel […] est que la fiscalité soit stabilisée durant les cinq prochaines années et que vous puissiez faire vos choix d'investissement en toute connaissance de cause et quelles que soient les difficultés conjoncturelles ou budgétaires que pourrait rencontrer l'Etat. »

En complément, il y a les réformes structurelles de la fiscalité à engager :
-          de l’impôt sur les sociétés (augmentation de l’assiette et modulation des taux),
-          financement de la protection sociale : ne plus le prendre en charge sur le travail mais, progressivement, ailleurs, sans diminuer la « demande intérieure » (pas d’augmentation de la TVA…).

Le financement des entreprises

« C'est l'idée qui a inspiré la création de la Banque Publique d'Investissement. En rapprochant OSEO, le FSI et les activités en fonds propres de la CDC, cette banque publique sera bien plus qu'une addition de composantes et de structures : elle organisera les synergies et accompagnera les PME, voire même les ETI, dans tous leurs projets d'investissement, d'innovation et d'exportation. »

« La BPI sera un guichet unique à votre service pour accompagner la vie de vos entreprises tout au long de leur croissance, de leur création jusqu'au moment de leur développement. »

Je vous passe le détail de la mission de la BPI (vous pouvez lire le discours…), trop complexe pour un simple billet de blog à lire au comptoir.

Les quatre défis des entreprises françaises, suggérés (pas imposés) par François Hollande :
-          la transition énergétique,
-          « la Santé et l'économie du vivant »,
-          Les technologies numériques,
-          La sécurité autour de ces technologies numériques.

« L'Etat se mobilisera autour de ces enjeux et de ces grandes filières. »

Aparté : voir aussi un de mes billets d’hier, ces machins numériques peuvent paraître dérisoires d’un point de vue industriels (on sait qu’on ne produira jamais de smartphones en France, par exemple) mais essentiels parce que les flux financiers passeront par ces machins. Vous achèterez du PQ en cliquant sur votre télé et en le récupérant avec une application de votre smartphone à la caisse du supermarché… Ce ne sont pas des gadgets, c’est du pognon qui transite.

« J'invite tous les acteurs économiques que vous êtes à vous regrouper aussi, à faire en sorte que les donneurs d'ordre, les sous-traitants, tout ce qui fait en réalité le tissu économique soit regardé comme plus solidaire, plus coopératif, que les filières qui entreront dans cette démarche de solidarité et de compétitivité devront être encouragées par l'Etat y compris dans les investissements à long terme avec des financements à faible cout. »

« Voilà, Mesdames et Messieurs les entrepreneurs, nous avons, à la fois, à améliorer l'état de notre économie d'aujourd'hui, notre compétitivité, notre capacité de produire, d'investir, d'exporter ; et nous avons aussi à préparer l'économie de demain. C'est beaucoup dans une période où, par ailleurs, il nous faut redresser nos comptes publics et c'est ce que nous faisons. »

Au boulot, bordel !

« Nous avons à mettre en place, ensemble, un pacte de compétitivité qui ne laissera rien de côté, qui s'inscrira dans la durée et qui fera les réformes trop longtemps oubliées, même si elles ont été toujours annoncées et chaque fois différées. » Et paf ! Dans la gueule de l’autre…

« La crise nous oblige à donner, les uns et les autres, le meilleur de nous-mêmes, à prendre les bonnes décisions : vous d'investir, d'embaucher quand vous le pouvez, de préparer l'avenir ; nous, au niveau de l'Etat, être capables de créer le meilleur environnement. »

François Hollande s’est adressé aux entreprises.

Je vais m’adresser, modestement, à certains de mes confrères. Modestement car je ne veux pas être péremptoire même si mon style pousse souvent à des raccourcis.

Il y a du travail à faire, sur tous les fronts. Tout ne peut pas être fait en un jour ni en six mois de mandat. Il ne s’agit pas de déclarer de manière… péremptoire, par exemple, que le seuil des 3% ne doit pas être respecté en période de crise : nous sommes en crise depuis 40 ans…

Pointer les vagues couacs gouvernementaux ne sert à rien.

Il faut poursuivre les réformes, pas dans la précipitation comme on l’a souvent vu par le passé, mais méthodiquement…

Il faut préparer l’avenir de la France,

Au boulot, bordel !

12 commentaires:

  1. Au boulot, bordel

    à transmettre directement aux gueulards de l'UMP

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  2. Il est très important de préciser, chaque fois qu'on prononce le mot "entrepreneur", de quoi on parle : PSA, par exemple, ces cyniques, ça n'a rien à voir avec les petits bistrotiers, et pas non plus avec le gars/la fille qui porte son emploi tout seul et à bout de bras.
    Et tu as raison de souligner l'importance de ce qu'on appelle "les services" (les "machins numériques" dont tu parles => facilitation des courses, ms aussi => livraison domicile évitant circulation 15/20 voitures, ET permet à tte une population (les vieux pauvres sans voiture et à motricité réduite) d'accéder aux produits et prix supermarchés, etc..

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  3. Merci Nicolas, et comme souvent, je partage totalement ton avis.
    A+ JBL1960

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  4. Nicolas ton blog c'est de la merde.

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  5. 50 000 chômeurs de plus ce mois-ci et cela commence à être les chômeurs du PS. Les mesures de Hollande semblent correspondre à une situation relativement normale alors que nous plongeons dans la catatrophe.
    Jard

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    1. Vas chier te disais je en réponde à ton dernier commentaire.

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  6. J'avoue : je viens régulièrement sur ce blog pour voir l'état du moral des fans bataves et un secret espoir que insensiblement leur foi se fissurerait devant le constat que la politique menée est pour le principal peu différente de la précédente.
    Mais non la foi en question relève - enfin ! il est à espérer que cela n'est pas définitif - de celle du charbonnier qui comme disait Brassens est heureux comme un pape est con comme un panier.
    Ainsi quand on lit le compte rendu du discours de M. Hollande qui commence par évoquer le coût du travail on à l'impression de taper à peine vitesse contre un mur parce que d'abord il s'agit d'un prix, par ailleurs parle t-on du coût de sa fonction à lui et de tout son aréopage, enfin par exemple ce 'coût' est bien inférieur au Portugal ( SMIC français/2 ) et le Portugal va-t-il mieux que la France ?
    Et tout le reste est à l'avenant. Aussi il faut se faire une grande violence pour lire un texte ( et le discours et le compte rendu) qui baigne dans tous les pensifs qui nous gavent depuis des années.
    Au secours !

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    1. Ton commentaire me met en joie. Un peu comme un connard qui vient acheter des cigarettes à la comète alors qu'ils n'ent vendent pas . Continue à vivre hors du monde.

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