Le sujet de discussion principal de notre réunion de
blogueurs d'hier a bien évidemment été l'affaire des pigeons. Mes confrères
sont déçus de ce qu'ils appellent une capitulation du gouvernement et je ne
suis pas tout à fait d'accord. Voire pas du tout.
C'est vrai qu'il parait que je suis un blogueur de
gouvernement !
Tout d'abord force est de constater que tout le monde se
fout de cette histoire. Depuis 4 ou 5 jours qu'elle est sortie, je n'en ai pas
parlé une seule fois dans un bistro (à part hier soir, évidemment !). Hier
après-midi, elle n’apparaissait qu’à peine dans Google News et ce matin elle
est absente. Pourtant, tant que le texte de loi définitif n’a pas été voté,
tout reste une histoire de communication. Nous autres, nous sommes en
permanence dans Twitter, dans le groupe de discussion des leftblogs et nous
apportons beaucoup d’importance à une histoire qui n’en est pas une.
Un Président normal
Dans cette histoire, on ne parle pas d’une intervention de
François Hollande. Je ne sais pas s’il a donné des consignes au gouvernement et
je suppose que ces braves gens ont le téléphone, mais il ressort que les
Ministres ont été en première ligne. On a tellement vu Nicolas Sarkozy s’agiter,
qu’on s’imaginait voir François Hollande faire pareil.
Ce n’est pas son job. Il fixe le cap. Il a décidé de faire
une réforme fiscale importante. Nous y voila. Les revenus du capital doivent être
imposables au même niveau que les revenus du capital. Et hop !
Les détails seront réglés par les Ministres et le tout sera « arbitré »
au Parlement.
Nicolas Sarkozy aurait convoqué tout le monde à l’Elysée
pour simuler une négociation avec des décisions déjà prises.
Une capitulation d’opérette
Quand l’affaire a éclaté, avec certains confrères blogueurs,
on a dit que c’était une connerie. On a dit que personne ne serait taxé à ce
niveau. On a étudié la loi, on a vu qu’il y avait des exonérations, notamment
en cas de départ à la retraite du patron ou d’investissement des fonds dans une
autre société.
Je ne vais pas dire maintenant que le Gouvernement a
capitulé pour supprimer un truc que je prétendais encore hier matin qu’il n’avait
aucune importance.
Un Gouvernement à l’écoute
Ben oui. Non seulement, il n’y a aucune capitulation mais
des braves gens (que j’appelais hier des connards de pigeons !) soulignent
une imperfection dans un texte de loi. Le Gouvernement les invite à en discuter
autour d’une table et on leur confirme qu’on veut bien modifier le texte.
Je sais, on n’était pas habitué. Il y a encore un an, le
budget était fait à l’Elysée. Le Parlement avait uniquement le droit de changer
les virgules ! Pire ! Rappelez-vous le dernier budget… Je caricature
à peine : le texte de loi est présenté à l’Assemblée. Les différents
organismes signalent que l’hypothèse de croissance retenue est délirante. Le
gouvernement dit « ce n’est pas grave, votez quand même, on fera un
collectif budgétaire. » Le collectif budgétaire contenait une évolution
majeure : le passage du taux inférieur de la TVA de 5,5 à 7% ! Et paf !
A peine voté, on annonce une évolution du taux supérieur de 19,6 à 21,2% (pour
après les élections, faut pas déconner non plus).
Aujourd’hui, tout a changé, on discute.
Des pigeons ridicules
Ils ont monté une belle opération de communication avec les
réseaux sociaux alors qu’il aurait probablement suffit d’envoyer un SMS à Mosco :
« Hé ! On peut se voir, il y a un truc qui
ne va pas dans ton machin. »
Evidemment, nous autres, blogueurs, on passe notre temps sur
les réseaux sociaux et on est « épatés » de la réussite de la chose
tout en étant indignés par la réaction du gouvernement. Pourtant ce n’est qu’un
coup d’épée dans l’eau.
Ces guignols ont réussi à se faire passé pour des
révolutionnaires des réseaux sociaux, comme ces « indignés » ou ces
arabes qui ont fait leur printemps. Très drôle. Mais il se trouve que la seule
population qui pourrait être réceptif au message leur est soit très favorables
(des entrepreneurs geeks) soit complètement hostile (la gauche de la gauche,
toujours guillerette quand le peuple se fait entendre en dehors des urnes).
Des organisations patronales coulées
C’était très amusant de voir Laurence Parisot courir pour tenter
de recoller les morceaux, pour récupérer le mouvement. C’est raté. Bilan des
courses : le MEDEF et la CGPME sont aux fraises. Les autres négociations
ont été reportées, …
Le message est clair : le Gouvernement parle aux gens
qui travaillent, qui créent de l’emploi, qui créent de la valeur, pas aux
pingouins qui moulinent pour défendre des intérêts indus.
Il va falloir que les organisations patronales arrêtent de
se croire en pays conquis, comme avant. Basta.
Trop de vent
En guise de conclusion, je vais juste dire que les blogueurs
sont parfois un peu trop réactifs (moi le premier vu le nombre de billets que j’ai
fait à ce sujet). Il faudrait qu’on prenne le temps de se poser. Tout ce qui
importe sera la budget qui sera voté par le Parlement, voire comment il sera
voté, si les parlementaires pourront travailler normalement, …
Et on en tirera une conclusion dans 18 mois, quand les
comptes liés au budget en question auront été bouclés.
mais qui paiera l'impôt manquant dans les caisses de l'Etat dont cadeau a été fait aux entrepreneurs ?
RépondreSupprimerIl ne manquera pas. D'une part les patrons restés en France auraient moins vendu, d'autre part, les exonérations étaient déjà prévues...
Supprimerya pas eu de cadeau fait
SupprimerA regarder la photo, il n'y a aucun doute, les pigeons ont pris du poids !
RépondreSupprimerDes gros pigeons.
SupprimerQuelle pirouette !
RépondreSupprimerMais bon, si tu retombes sur tes pieds, c'est bien !!!
Pourquoi une pirouette ? Je n'ai pas bougé d'un poil. J'ai toujours dit que c'était un truc qui ne servait à rien (il y a déjà des exonérations, vois mes billets precedebts). J'ai toujours dit que c'était des guignols et je le répète ici.
SupprimerC'est toi (et beaucoup) qui a perdu ton livre arbitre. Tu aurais voulu me voir critiquer le gouvernement uniquement pour le principe.
J'espère pour toi que ça se soigne.
T'es dur quand même Nicolas.
SupprimerOù est l'homme de gauche ? Où est l'homme des sacs de riz en Afrique ??
De toute façon, il faut être réaliste. La grande majorité des ces pigeons dirigent des startups qui ne seront jamais des Facebook ou des Google.
RépondreSupprimerVenir dire que le gouvernement empêche d'avoir un Steve Job français est juste une sombre blague. Quand on pense que les "startups" qui marchent en France sont des sites marchants, soit loin d'être des entreprises innovantes, ça me fait doucement rigoler.
Avant de pleurer, ils devraient déjà se concentrer sur leur business model, leur stratégie à l'international, la qualité des produits.
Les meilleurs start-ups en France ne sont pas dans les services mais ce sont celles qui gueulent le plus. Pffff
Le socialisme du gouvernement fait penser au fameux pâté d'alouette qui est composé comme chacun le sait d'un cheval et d'une alouette.
RépondreSupprimerAinsi 15 000 ( pour prendre les chiffres de ceux d'en face) dans la rue ce n'est pas digne d'intérêt alors que ces pauvres pigeons dont on peine à savoir le nombre et qui défendent une idéologie conforme à celle du MEDEF ont eu immédiatement l'oreille des ministres.
ça va finir par se voir.
C'est pour ça que je dis depuis le départ que 11 ministres à l'université du MEDEF c'était trop, 2 ou 3 cela aurait largement suffisant.
D'accord à 100% avec ta conclusion c'etait mon etat d'esprit a la lecture de tes differents articles .
RépondreSupprimerJe peux comprendre le sentiment des entrepreneurs : Ils ont la sensation d’être dans un milieu hostile.
RépondreSupprimerIl est vrai qu’en terme de communication les « patrons » : terme générique englobant les grands gagnants du concours "qui aura le plus gros salaire", les rentiers ou autres grands noms (Lagardère, Leclerc, etc. ...), les petits dirigeants de PME et TPE (parfois simple salarié, parfois actionnaire majoritaire, parfois les deux) et les investisseurs. Les "patrons" donc, sont mal vus car ils ont bénéficié de l'ancien gouvernement qui leur a accordé des cadeaux fiscaux en tout genre et qui s’apprêtait à introduire (bien profondément) de la flexibilité et autres mesures de compétitivité.
Bref le patron est un enfoiré qui gagne un max de pognon, ne paye pas d'impôt et ne désire qu'une chose, exploiter au max les salariés en les payant le moins possible histoire d'augmenter des bénéfices déjà bien gras qui seront alors reversés sous forme de dividendes aux actionnaires qui sont tous de vils spéculateurs qui lui accorderont en retour le droit à une rémunération aussi faramineuse qu’injustifiée (on les imagine aisément comme une rangé de vampires agrippés à la branche morte d’un chêne noir dans l’attente silencieuse du poulain égaré au tendre flanc duquel ils ventouseront leur groins immondes pour aboucher son sang clair en lentes succions gargouillées et glaireuses jusqu’à ce que mort s’en suive).
Evidemment tout cela est une caricature qui reflète une certes une vérité mais une vérité incomplète. Il existe aussi des gens qui investissent, pour gagner de l’argent bien sûr, mais aussi dans le but de créer de l’activité et ainsi de l’emploi. Ils prennent des risques et sans eux point de salut pour nos innombrables chômeurs. Au nom de ce risque réel ils réclament le droit à être respectés, et surtout pas trop taxés.
Nous avions la pénibilité pour la droit à la retraite, nous avons maintenant le risque pour le droit à l’exonération.
Autant le premier me parait parfaitement justifié autant le second me convainc beaucoup moins. Finalement que risquent ces entrepreneurs ? De perdre tout ou parti de leur mise ? Qu’elle est la différence avec les vilains spéculateurs sur les marchés ? Eux aussi risquent de perdre tout ou partie de leur mise les « pauvres ». Je ne crois pas qu’il faille raisonner en termes de risques mais plutôt en termes d’utilité économique de l’investissement et de stabilité de ce dernier. Pour ce qui est de la bourse, l’exonération devrait se faire en fonction du temps de garde de l’action (par exemple moins de 6 mois taxe à 75%, 6 mois à 1 ans taxe à 50%, plus d’un an taxe à 25%). Et pour les investisseurs hors marché boursier (nos aimables pigeons donc) ce qui est proposé par le gouvernement me parait sage. Détaxation de tout bénéfices réinvestis dans l’économie réelle (j’aurai aimé que soit ajouté : ou distribués en prime aux salariés).
Pour conclure, autant je peux comprendre qu’aujourd’hui les pigeons se sentent mal aimés, autant j’aurai beaucoup de mal à pleurer sur leur sort fiscal et ce quels que soient les risques qu’ils estiment prendre.
Aujourd’hui le plus gros risque s’est de se retrouver au chômage après que son emploi ait été sacrifié sur l’autel du profit. Il n’y a pas d’exonération de prévu pour celui la.
Je viens de découvrir votre article dans lequel j'ai cerné plusieurs utiles informations.
RépondreSupprimerNous avons la chance en France d'avoir un président et un gouvernement qui est à la hauteur et qui prend conscience, il faut quand même le souligner.
RépondreSupprimerJean-Jérôme.