En salle

26 octobre 2012

Prix du demi

Un journal a pondu un article à propos de l'augmentation du prix du demi suite à l'augmentation des taxes sur la bière. Plein de Twittos me la font suivre. Allez savoir pourquoi !

Tout d'abord, je suis contre cette augmentation : augmenter le prix pour le consommateur n'est pas un truc de gauche. Surtout, avec le prix des céréales qui augmente toujours, la bière est déjà bien trop chère. Pour en revenir aux bistros, ils sont obligés de vendre le demi à un prix "raisonnable" (on va dire 2€20 au comptoir, hors lieux touristiques et autres grandes brasseries parisiennes). Pour avoir une marge cohérente, ils devraient la vendre 10 ou 20% plus cher (2€50, environ pour mon exemple).

Les industriels annoncent que la nouvelle taxe générera une augmentation du prix du demi phénoménale. Ils sont dans leur job.

Par contre, les gugusses des ministères qui font les argumentations devraient réfléchir un peu et conserver les pieds sur terre. Sinon, je vais perdre mon job de blogueur de gouvernement.

Je leur explique : les commerçants sont onligés d'appliquer un taux de marge sur leur produit. Le taux de marge souvent admis est de 4. Ça tombe bien, il y a quatre demis dans un litre de bière. S'ils achètent le litre de bière 3€, ils sont obligés de vendre le demi 3€.

Ce taux (ou coefficient) n'est pas une obligation légale ou une tradition de principe pour gagner de l'oseille mais une obligation fiscale. S'ils ont un contrôle fiscal, le contrôleur va compter les factures des fournisseurs de bière et en déduire que le bistro a du faire une recette quatre fois supérieure.

Je résume bien sur, c'est une moyenne pour tous les produits.

Ainsi, si le commerçant n'a pas déclaré le chiffre d'affaire correspondant, il va être accusé d'avoir vendu une partie de sa marchandise au noir, pour échapper à l'impôt sur ses revenus et bénéfices mais aussi au règlement de la TVA qu'il aurait percevoir.

Dans, les faits, c'est le comptable du commerçant qui va fixer les prix minimums, sinon il ne pourra pas faire certifier les comptes.

Dans les grosses affaires, ils s'en foutent un peu puisque l'essentiel du chiffre d'affaire est fait sur la bouffe. Ce sont les petits bistros, ceux déjà en difficulté, qui vont en pâtir.

Par ailleurs, ces braves gens des ministères sont invités à se rappeler que les prix finaux ne dépendent pas d'eux mais d'autres contraintes comme celle que je viens d'expliquer mais aussi la loi de l'offre et de la demande.

Enfin, qu'on ne me parle pas de politique de santé publique. Avec le prix des céréales et le système fiscal français, on va se retrouver avec des Ricard rentables à 1€50 contre 3€ pour les bières !

Les commerçants n'auront plus d'autre choix pour conserver leur chiffre d'affaire et leur vraie marge.

Quand les gens n'auront plus de pognon, ils iront se murger la gueule chez eux avec du mauvais whisky.

Un peu de sérieux...

15 commentaires:

  1. Je suis bien d'accord, je me rappelle en avoir parlé, ce côté bonne conscience pour gratter, je n'aime pas du tout, surtout que j'ai rarement vu un alcoolo tourner à la bière en France.
    Mais bon...

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  2. Cela va aider les petits brasseurs non touchès

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    1. Ah ! Enfin un blogueur de Gouvernement. On trouvera toujours un bon côté à chaque taxe. Il n'empêche que les bistros qui sont liés par contrat à un brasseur et qui ne peuvent pas vendre de la bière de base achetée ailleurs vont augmenter les prix et que ce sont les consommateurs qui vont payer.

      Alors défendre les bobos qui veulent vendre ou boire de la bière de petits brasseurs, ça va cinq minutes.

      Un type comme moi qui vous de la bière blonde légère ne trouvera jamais l'équivalent chez un petit brasseur parce que le petit brasseur n'a pas pour intérêt de rentrer dans ce segment.

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    2. Il y a une immense quantité de bières lègéres de petits producteurs. Exemple chez Sornin

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  3. les brasseurs bobos...ça alors! des noms des noms !!
    des buveurs bobos ?ça existe?
    tout ça merite reflexion...ça s arrose non?


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  4. Nicolas:il me semble avoir le droit de prèférer le petit producteur à kro, surtout que le petit n'est pas toujours plus cher que le gros sur un certain nombre de brasseries.
    Le demi est dèjà l'un des plus chers en Europe alors que le droit d.accise est des plus faibles . Ta bière lègère indusrielle sera d'ailleurs fort peu taxèe puisque ton demi augmentera de 2 ou 3 centimes pour le producteur.

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  5. Par ailleurs du fait des contrats longs c'est plutôt les brasseurs que les cafetiers qui risquent de rogner (un peu ) leur marge. Mais en bière industrielle elles sont très confortables

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  6. Romain,

    J'ai franchement l'impression que l'on vit dans un autre monde. Sans compter que je me demande si tu as lu le billet.

    Tu me parles d'une augmentation de 2 à 3 centimes pour le producteur. Ce qui m'intéresse, c'est pour le client. Je dis dans le billet que le système fiscal est grotesque et tu ne fais que défendre une taxe.

    Tu défends les brasseurs et c'est très bien mais moi je défends les bistros et les consommateurs.

    Je te dis que le bistro ne pourra pas acheter sa bière de base ailleurs que chez le brasseur avec qui il est en contrat et que les petites blondes légères de petit brasseurs ont peu de chance de se développer et tu me réponds à côté de la plaque et dans tous les sens.

    Je vais te le faire en Français : la Comète appartient indirectement au brasseur. Les géants n'en sont pas propriétaires. Le brasseur pratique donc les prix qu'il veut. Le bistro est obligé d'accepter et de vendre les trois pressions du brasseur avant de pouvoir ajouter une autre pression.

    Avec ces 2 ou 3% qui dans la réalité vont faire 3 ou 4, le demi de 2€20 va passer à 2€40, voire à 2€50, ce qui fait une augmentation de plus de 10%.

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  7. Oh purée, on sent le sujet sensible, là !

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    1. Sensible ?

      Oui et non. Mettons que c'est un sujet que Romain et moi connaissons assez bien et que nous défendons tous les deux les bistros et les producteurs de bière.

      Romain et moi passons beaucoup de temps dans les bistros mais pas les mêmes. Je suis un plus gros consommateur de bière que Romain mais lui est adjoint au commerce dans le 7ème arrondissement à Lyon, donc est "confronté" à des petits brasseurs.

      En fait, Romain fait tous les bistros de son arrondissement (j'aurais du faire élu, comme lui, ou simplement adjoint aux bistros, restons modestes) parce que c'est son job et qu'il aime ça. Moi, par contre, je n'en fréquente que 4 et j'arrive à être assez intime avec le patron de l'Amandine (qui est un patron de gauche) et un grand pote de l'ancien patron de la Comète.

      Pour avoir déjà eu certains débats avec des patrons de bistro, dans mon blog, et je peux dire que je connais mieux la profession que certains d'entre eux sous certains aspects : ils ont un modèle en tête et tentent de le reproduire partout, ce qui n'est pas possible.

      Ainsi, j'avais prévu les plantages des deux personnes successives qui ont repris la Comète en 2008 et la réussite des suivants, en 2010, de même que la réussite du 1880 quand il a changé de patron il y a deux ou trois ans (bien que j'ai fait une erreur dans les deux ou trois conseils que j'ai donnés au patron). J'avais également prévu assez rapidement que les deux patrons de l'Aéro qui bossaient ensemble après la reprise ne pourraient pas continuer et prévu l'échec de chaque tentative pour reprendre de l'activité (notamment la fois où ils avaient embauché un cuisinier).

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    2. Tiens ! Une des dernières fois où j'ai prévu un échec, c'est quand j'ai constaté que la brasserie où j'allais de temps en temps déjeuner d'un sandwich au comptoir avait installé un four à pizza dans la salle de restaurant. Voir ce billet. Le bistro est presque mort, trois mois après.

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