J’ai toujours eu l’impression que Jean-François Fillon et
François Copé faisaient une grossière erreur en se lançant dans cette campagne
pour la conquête de la tête de l’UMP. Le JDD sort un sondage
qui semble confirmer ce sentiment : « En
trois mois, la part de sympathisants UMP souhaitant que Nicolas Sarkozy se
représente en 2017 est passée de 53% à 64%. »
A vue de nez, je dirais que les sympathisants se rendent de
plus en plus compte que nos deux compères ne tiennent par la route et que seul
Nicolas Sarkozy pourrait l’emporter en 2017. Le seul événement qui pourrait
sauver un des deux serait qu’il gagne largement cette élection interne de
manière à obtenir une vraie légitimité. Une large victoire ne semble possible
que pour François Fillon mais il serait alors presque assuré de perdre en 2017
(ce qui n’est qu’un sentiment chez moi).
Jean-François Copé m’étant antipathique, je me fous
totalement de sa campagne. Par contre, celle de François Fillon m’intéresse, un
peu comme si je souhaitais sa victoire… pour mieux taper dessus en suite. Ou
pour éviter d’avoir une UMP qui nous entraine dans les mauvais débats au cours
des quatre prochaines années (il me faudra bien les commenter et ça me fatigue
par avance).
François Fillon était interviewé, hier, par le Parisien.
Après sa sortie d’hôpital, il indique allez mieux. Puis, il rentre dans le vif
du sujet.
« La situation du pays
n’est pas bonne, on sent que les gens sont inquiets face au risque de crise
politique qui se profile avec un gouvernement qui ne prend pas la mesure des
choses. » C’est typiquement le genre de sujet qu’il devrait éviter.
Il nous donne l’occasion de rappeler qu’il était le Premier Ministre du
gouvernement qui nous a enfoncé dans la situation que l’on connaît… Il faut
reconnaître que sa marge de manœuvre est assez étroite : c’est une des
raisons qui font qu’il aurait du rester dans l’ombre jusqu’à la primaire pour l’élection
de 2017. Il aurait du laisser Jean-François Copé se flinguer et apparaître,
vers 2016, comme le sauveur…
A propos de la campagne : « Si c’était à refaire, je m’y prendrais de la même façon
en parlant des sujets de fond, de la crise qui nous guette et des solutions que
je préconise. Sur la forme, j’estime qu’elle se déroule correctement, même si
je ne suis pas exempt de critiques sur la manière dont le secrétaire général de
l’UMP mène la campagne avec les moyens du parti. » Première attaque
contre Jean-François Copé. Double erreur. D’une part, il va (je suppose) dire
ensuite que Copé est « clivant » (mot à la mode…). D’autre part, il
désigne le PS comme exemplaire : Martine Aubry avait quitté ses fonctions
pendant la campagne.
A propos de ses idées, les a-t-il bien défendues : « Par rapport à des slogans pour faire du bruit médiatique,
oui. Rechercher le buzz à tout prix, en parlant par exemple de viennoiseries...
Ça peut éventuellement marcher de façon immédiate, mais pas sur le long terme. »
Encore une attaque, visant à tourner l’autre en ridicule. « L’autre »
d’ailleurs communique sur le fait que ce sont ses propres idées qui ont été au cœur
de la campagne, les « vrais sujets » :
« Le vrai sujet, c’est que
l’économie française est en déclin. Quand on parle de racisme anti-Blancs, moi
je dénonce tous les racismes et une absence globale de valeurs, de civisme et
de croissance. Il y a dans certains quartiers une jeunesse qui pense n’avoir
aucun espoir de construire son avenir. Après, on peut parler de racisme
anti-Blancs, qui existe car la bêtise est partout, dire qu’on va mettre plus de
policiers, etc. Mais la vraie solution c’est de rendre l’espoir à ces jeunes en
relançant la machine économique. Le rôle de l’UMP est de faire aimer la France
et de la sortir du déclin. » Il a peut-être raison (je n’ai pas à
juger du rôle de l’UMP). Mais il ne fait que taper sur Copé sans mettre en
avant ses propres idées (cela étant, il répond au journaliste) et il donne l’occasion
de rappeler qu’il est en partie responsable de ce « déclin ».
Toujours à propos des positions de son adversaire : « Dans une période de crise, elles ne vont pas dans le bon
sens. Il faut absolument essayer de rassembler le pays pour qu’il accepte des
réformes difficiles. Il faut cesser de lancer des sujets qui déchirent la
société, comme le fait aussi Hollande avec le mariage homosexuel ou le vote des
étrangers. Ça ne va pas dans le sens du rassemblement. » Le voila
qu’il accuse directement François Hollande des propres erreurs de son parti
pendant les campagnes du premier semestre. Il montre qu’il est fermé à tout
débat en prenant des mauvais exemples (le mariage et le vote en question ne
divisent qu’entre les pour et les contre, alors que Jean-François Copé divise
entre les catégories de Français : les musulmans et les autres).
A propos du rapport Gallois : « Je suis donc étonné de ne pas retrouver tout ce qu’il me
disait sur le temps de travail… Il a certes dit que la mesure la plus
importante était de baisser le coût du travail. Malheureusement, le
gouvernement socialiste n’est pas à la hauteur. » Sur le temps de
travail, François Fillon oublie que c’est le thème central de ses propos depuis
10 ans et qu’il n’a fait que des modifications à la marge. Il donne ensuite de
rappeler que c’est son propre gouvernement qui n’a pas été à la hauteur.
Ensuite : « Je suis
pour le non-cumul dans le cadre d’une rénovation profonde du système
parlementaire : moins de députés et de sénateurs, mais plus de moyens
logistiques pour travailler. » Il donne donc raison au PS qui veut
limiter le cumul !
A propos de la proportionnelle : « C’est dangereux, car plus on mettra de la
proportionnelle, moins on aura de majorités à l’Assemblée nationale. »
Bah ! La droite a réussi à avoir une majorité en 1986… « Pour redresser notre pays, il faut un gouvernement décidé
et une majorité puissante, pas une majorité éclatée qui négocie tous les jours
des accords avec des élus populistes élus à la proportionnelle. »
Son gouvernement n’était pas décidé ? Les petites formations, dont l’UDI,
sont toutes populistes ? On doit pouvoir prendre toutes les décisions avec
35% des voix ? Il cherche à museler les courants, faire taire la droite forte ?
C’est ainsi qu’il pense remonter l’UMP ?
A force de calculs, voilà où ils en sont.
RépondreSupprimerOui. Pas brillant.
RépondreSupprimerJe crois que Fillon commence à devenir nerveux, à sentir que la victoire “dans un fauteuil” que lui promettaient les sondages devient de moins en moins assurée.
RépondreSupprimerCela étant, il n'y a pas contradiction, il me semble, entre le fait que ces deux-là se battent pour diriger le parti et le fait que les militants souhaitent une candidature Sarkozy à la prochaine élection présidentielle : le chef du parti (et ça vaut aussi pour le PS) n'est pas et ne doit pas être le candidat obligatoire de ce parti.
Non. Il n'y a pas contradiction mais cette élection ressemble étrangement à une primaire.
SupprimerEspérons quand même que Fillon l'emporte pour éviter un retour du Sarkozysme mélangé à du Coppéisme qui sont devenus tous deux des Maurrassiens dans l'âme.
RépondreSupprimerSi Fillon gagne, Copé reviendra plus facilement en 2016.
RépondreSupprimerC'était un piège alors ?
SupprimerNon. Ils sont tous fous (ce qui n'est pas une insulte, pour arriver à ce niveau d'ambition, il faut être fou). Ils en oublient toute stratégie.
SupprimerDonc si j'ai bien compris les commentaires : il vaut mieux Fillon que Copé ou Sarko. Quand on est de gauche les jugements sur une politique ne porte pas sur les individus mais sur l'idéologie qu'ils portent et, partant, sur leurs projets. Fillon, Copé, Sarko et consorts n'ont-ils pas mené la même politique et ne mèneraient-ils pas la même ? Voila la question qui importe le reste c'est de la discussion de salon d'autant qu'il faut bien du mérite pour s'intéresser à ces individus et encore plus à ce qu'ils disent. Comment peut-on accorder de l'attention à des personnages qui vous méprisent ?
RépondreSupprimerJ'ai toujours pensé que la technique Hollande (qui était de se faire lyncher et cracher sur la gueule en 2007 pour faire silence et revenir frais comme un puceau 5 ans plus tard) était la bonne... A comparer avec celle de Royal, par exemple (soupir...)
RépondreSupprimerC'est pour ça que l'envie de bruit d'un François Fillon me dérangeait beaucoup.
Pour moi ils se plantent tous les deux.
c'est un jeu de dupe, ils ont les mêmes idées, c'est l'ump recto verso ..
RépondreSupprimerFillon empile les ennuis de santé. Copé, bien que privé de pains au chocolat, semble ne souffrir de rien.
RépondreSupprimerLa chance a-t-elle choisi son camp ?
Faut croire.
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