En salle

15 novembre 2012

L'argumentation inversée

Un des aspects que j'aime bien, dans la politique, c'est qu'on en arrive souvent à défendre n'importe quoi. Hier, je déjeunais avec deux amis libéraux et réactionnaires. Généralement, on évite certains sujets, notamment tout ce qui touche à l'immigration et l'économie. Ça nous laisse assez de marge pour raconter des conneries pendant deux heures. 

A un moment de la discussion, nous avons fauté. Nous parlions des gens qui ne lisent pas et qui ne savent pas s'occuper. Quand ils sont à la retraite, ils s'emmerdent. L'un des deux a alors dit que c'était lamentable qu'on oblige les gens à partir à la retraite. Ils m'ont pris à témoin, en tant que socialiste de service. 

J'ai donc répondu que j'étais un fervent défenseur du partage du travail, qu'il y a suffisamment de chômeurs pour qu'on puisse de permettre de pousser ceux qui ont bossé longtemps vers la porte pour laisser la place à ceux qui ont envie de bosser patati patata. Ils n'étaient bien entendu pas d'accord et la discussion me gonflait par avance. Quand on a une divergence de fond, on ne va pas résoudre ça autour d'une table. 

L'un d'entre eux a tout de même voulu citer son cas personnel pour tenter de me convaincre : "je travaille dans un service de 8 personnes, si je pars maintenant en retraite, je ne serai pas remplacé..."  L'air de dire : "ah ! Tu vois bien que tu as tort". J'ai donc répondu : "si vous n'êtes pas remplacé, c'est que vous ne servez à rien et pénalisez l’entreprise."  En pensant : "et pas dans ta gueule gros con". 

Nous avons continué et j'ai essayé de leur expliquer qu'il fallait voir l'économie d'une manière globale, ne serait-ce qu'au sein d'une entreprise, le poste dégagé par sa retraite devrait permettre d'embaucher dans un autre service et à l'entreprise d'évoluer dans une autre direction. 

Je romance un peu mais nous avons tout trois constaté que c'est moi qui défendaient l'entreprise... Contre eux, les libéraux

La conversation a quand même continué jusqu'à ce que je leur explique que je me foutais complètement des types qui ne voulaient pas partir à la retraite. Ce ne sont pas quelques débiles qui vont faire couler l'économie. Ce qui m'intéresse est que ceux qui veulent partir à la retraite puissent le faire à de bonnes conditions et sous de bonnes conditions. Nous avions argumenté pendant une demi-heure pour des conneries

Mais, à la réflexion, c'est encore plus drôle. Ce sont eux deux libéraux qui gueulaient contre la possibilité qu'avaient les entreprises de foutre les salariés à la retraite et moi, socialiste, qui défendait la possibilité pour les entreprises de foutre les vieux dehors

Le monde à l'envers. 

J'invite tous ceux qui, à droite comme à gauche, s'efforcent d'avoir des positions bien tranchées à réfléchir au calme. Par exemple, ne pourrions-nous pas inciter les entreprises à utiliser les vieux pour former des jeunes quand elles en ont le besoin ?

Nous appellerions ça le contrat de génération.

12 commentaires:

  1. MAIS JE SUIS PAS LIBÉRAL, BORDEL !

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    1. Arrêtez de criez ! Depuis quand vous êtes collectiviste ?

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  2. Tu les as fait payer la note j'espère ! Faut qu'ils raquent les libéro !

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  3. Les libéraux français n'ont souvent de libéraux que le nom. En réalité, on trouve parmi-eux de fervents stalinistes.

    http://assietteanglaise.blogspot.co.uk/

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    1. Oui mais ils ne sont pas moraux je ne parle pas d'eux comme des libéraux.

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  4. juste histoire de foutre la merde, dans ton dernier paragraphe tu linke un vieux et un jeune. le jeune en question ne pourrait il pas former le vieux en question (çà me ferait des vacances ;))

    très bon billet sinon

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    1. Merci. Les deux doivent bosser ensemble sur le blog du vieux si j'ai bien compris.

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  5. l'argumentation inversée c'est que sans doute le fond n'est pas très différent

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  6. Le raisonnement et la conclusion sont bons ! On pourrait aussi appeler ça (et ça existe déjà toutes proportions gardées)contrat d'apprentissage et c'est en amont à travers le système scolaire que les aiguillages devraient être faits :) Faire rentrer beaucoup plus l'entreprise (et la culture d'entreprise) dans le monde scolaire ferait peut-être que nos chiffres du chômages des -25 ans seraient tout autres, enfin c'est ma pensée

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    1. On est d'accord et c'est dans les projets du gouvernement de faire entrer les entreprises dans la gestion des filières techniques.

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