Nous en sommes au cinquième jour après le vote à l’UMP. On
ne connaît toujours pas le résultat. Alain Juppé va prendre la tête d’une
commission « non statutaire » qui devra faire le tri dans tout ça. Evidemment,
à gauche, on en rigole, tellement la situation est grotesque et tellement « notre »
opposition se décrédibilise. Il n’empêche que c’est lamentable. Olivier
Mazerolle est parti en live sur BFMTV, hier : « Faut arrêter de rigoler maintenant. Y a un problème
politique majeur. Plus personne ne comprend plus rien à ce parti. Plus personne
ne fait confiance à personne dans ce parti. Arrêtons parce que la politique
française à la petite semaine, y en a ras le bol. […] J'en ai marre de
commenter des inepties ».
Il est en effet tant que tout cela cesse. Je me suis
engueulé avec un copain Twittos militant UMP, hier. J’ai twitté un truc du
genre : « Tiens ! Pendant les
primaires du PS, les lascars de l’UMP demandaient l’égalité du tant de parole. »
Mon pote a pété une Durit en tentant de m’expliquer que ce n’est pas mieux chez
nous, tentant de m’en faire la démonstration en 140 caractères, amenant des « preuves »
totalement hors sujet.
Pourtant si, la situation est mieux chez nous. Il n’y a pas
à tenter d’argumenter, c’est une évidence. Le bordel est à l’UMP mais les
militants sont désespérés. Il est temps que cela cesse. Je m’engueule avec les
gens mais je respecte les militants.
Il y a quelque chose de pourri, à l’UMP. Ce parti a été fait
pour soutenir un leader, pour organiser des élections interne dont on connaît le
chef à l’avance. Tiens ! J’ai cru rêver, hier, en découvrant qu’il
existait une Commission Nationale de Réconciliation. Personne n’a vu en
rédigeant les statuts de ce parti que l’abréviation donnerait forcément quelque
chose du genre CONAR. C’est délirant.
Je pense qu’Alain Juppé devrait y aller franchement et
déclarer : « Avec la commission, nous
allons étudier tout ce qui s’est passé, mais je ne vois pas comment nous
pourrions échapper à un nouveau vote. » Ou « Nous allons valider l’élection de celui qui nous parait
avoir gagné mais en lui donnant une mission formelle, celle d’organiser avant six
mois une refonte des statuts et de l’organisation des partis, avec un vote des
militants, vote qui sera suivi par un autre, conforme aux nouveaux statuts,
pour remettre en place une nouvelle équipe dirigeante. »
La fracture et les tensions sont trop fortes. Il faut que ça
cesse, non pas pour assurer la survie du parti, dont je n’ai que faire, mais
pour que nous puissions enfin avoir un débat politique serein.
L’UMP semble éclater maintenant mais le problème n’est pas
nouveau. Dès la création, les conflits sont apparus : la rivalité entre Dominique de Villepin et
Nicolas Sarkozy n’est-elle pas un peu la même que celle entre Jean-François
Copé et François Fillon ?
A mon copain, militant UMP, qui explique que « au PS, vous êtes pareil ». Je vais répondre « Non, on n’a pas eu 10 ans de guerre des chefs, on a eu un
passage à vide de quelques mois à partir de fin 2008. » Le PS n’a
pas eu 10 ans pendant lesquels les projets politiques étaient préparés par des
cabinet de communication travaillant pour le candidat. Le PS a tenu de longs
débats entre militants puis entre sympathisants, devant tous les Français. Mais,
peu importe.
Le deuxième point qui caractérise le mauvais fonctionnement
de l’UMP est l’erreur de casting de 2007. Je vais citer mon copain FalconHill, sympathisant de
droite : « J'ai aussi honte de voir
que cette UMP met en avant, dans les médias, pour défendre l'indéfendable, des
Rachida Dati et des Nadine Morano. Bravo la "victoire" de Copé : elle
met l'image de la droite républicaine dans des mains consternantes. »
Je lui ai répondu qu’il n’avait pas à avoir honte, il n’est pas à l’UMP et il m’a
dit qu’il s’était emporté… Je vais néanmoins compléter ma réponse : ce n’est
pas Jean-François Copé qui a mis ces deux personnes en avant mais Nicolas
Sarkozy en 2007 et il n’y avait pas qu’elles ! Rappelons-nous de Frédéric
Lefebvre, par exemple, puisqu’il a su se racheter une conduite après… Et ces
ministres d’ouverture ! Et Claude Guéant, Brice Hortefeux et Henri Guaino ?
Nicolas Sarkozy s’est entouré de personnages proches de lui
mais bien éloignés des militants et surtout des sympathisants même s’il a gardé
des figures emblématiques de la Chiraquie, telles que Michèle Alliot-Marie puis
Alain Juppé pour faire joli. Mais la plupart des personnalités mises en avant n’avaient rien à voir avec ce qu’attendaient
les sympathisants, les électeurs…
Le troisième point qui montre le décalage de l’UMP est ce
fameux débat sur l’Islam (ou la laïcité). Je dis ça en toute objectivité (comme
un blogueur politique peut l’être, hein !), ayant moi-même soutenu dans ce
blog la loi interdisant le port de la Burqa et un tas de trucs bien nauséabonds
chez les gauchistes. Je ne nie aucun problème. Mais l’UMP, avec Jean-François
Copé à la tête, a fait de ce débat la principale cause Nationale… Comme si les
Français n’avaient pas d’autres sources de préoccupation.
L’UMP, en dix ans, s’est montré incapable de bâtir un projet
politique débattu devant les militants. Pour l’élection de dimanche dernier, les
militants ont eu a voté séparément pour le président du parti, une forte
personnalité, et un projet politique. Je suppose qu’aucun français, aucun
sympathisant, n’a retenu quoi que ce soit des projets politiques en question
qui, de toute manière, seront mis à la sauce du patron, sans nouvelle
consultation…
Le Parti Socialiste, après sa défaite de 2007, a commencé par se
concentrer sur les échéances électorales suivantes, les municipales. Il s’en
est bien tiré. Après, il a travaillé à sa reconstruction. On ne va pas dire que
ça n’a pas été tendu et il l’a bien payé aux échéances électorales suivantes. Ensuite,
il a travaillé sur son projet politique et son mode de fonctionnement. Je ne
suis pas membre du PS mais j’ai pu voir, de loin, le travail dirigé par la
patronne du parti. Ensuite, il a débattu devant les Français avec six
personnalités qui ont porté leur vision de ce projet. La patronne du parti
était candidate « par hasard » (suite au retrait de DSK) mais s’est
retiré de la tête du parti pendant qu’elle était candidate. Le Parti Socialiste
a gagné les élections Présidentielles.
Bien sûr ! On trouvera des choses à critiquer. Tiens !
Les militants ont voté contre le cumul des mandats mais une partie de cadre à
refuser de se l’appliquer. François Hollande a lancé sa campagne en déclarant
la finance comme ennemi et on attend toujours de voir…
Il n’empêche que l’UMP procède tout à l’inverse. Elle
voudrait que les militants désignent maintenant un leader charismatique qui
sera nécessairement candidat aux primaires après avoir éventuellement eu la
charge de préparer un projet alors que ce projet a été soumis au vote en même
temps que l’élection du chef…
J’invite Alain Juppé à en tirer les conclusions. Ce qui a
marché en 2002 par hasard et en 2007 parce que le parti avait un vrai leader ne
fonctionnera pas. Si j’étais lui, j’organiserais une nouvelle élection, dans
trois mois, en encourageant fortement Jean-François Copé et François Fillon à
ne pas y participer. Si j’étais eux, j’accepterais volontiers. Martine Aubry et
Ségolène Royal n’ont pas gagné les primaires.
Le bordel de cette semaine sera ainsi vite oublié, les rancœurs
seront mises de côté. Je dis ça, je ne dis rien… Ca ne se fera pas. Jean-François
Copé sera élu parce qu’il semble être celui le plus habile avec les militants. La
fracture dans le parti restera en place. Jean-François Copé sera sous les feux
de la rampe et les sympathisants, pour les primaires, seront excédés. François
Fillon sera opposé à Xavier Bertrand pour le second tour des primaires et ce
dernier gagnera car il aura eu toutes les voix de ceux qui se sont battus pour
Jean-François Copé qui auront gardé cette rancœur… Xavier Bertrand sera opposé
à François Hollande au second tour de la présidentielle, s’il y parvient.
Par exemple.
10 ans, cinq jours. Je ne sais pas.
Pendant ce temps, continuons à rigoler. J’ai trouvé cette
vidéo chez mon
copain Pierre. Elle m’a bien amusé et est assez significative du
fonctionnement de l’UMP.
Excellente la vidéo :)
RépondreSupprimerPar contre je ne suis pas contre à ce que le bordel continue encore un peu à l'UMP, ça m'amuse beaucoup.
Oui, mais vu comment les militants partent en couilles dans twitter !
SupprimerCette vidéo est un must!
RépondreSupprimer(Déjà avec les sortie de l'iPhone)
Oui, elle est souvent reprise.
SupprimerEt comme chantaient les doors : "This is the end"
RépondreSupprimerIl y a plusieurs droites à l'intérieure de ce futur ex UMP, cela réclame sans doute plusieurs partis de droite.
C'est con, après on rigolera moins.
Bon billet : Et la vidéo est géniale ! Qui c'est l'andouille archi-douée qui a fait ça ?
RépondreSupprimerMerci.
SupprimerJe ne sais pas.
Excellent !!
RépondreSupprimerLa vidéo ?
RépondreSupprimerexcellent
SupprimerMerci pour cette excellente humeur matinale et merci à Pierre pour la vidéo revisitée sauce coco-hé
RépondreSupprimerDe rien.
SupprimerPas mal trouvé, la vidéo. Un peu long peut-être…
RépondreSupprimerJ'ai mis des nazis pour vous faire plaisir.
SupprimerTu travailles pour rue 89 enculé?
SupprimerDidier n'est pas enculé, à la connaissance.
SupprimerPas tous les jours, en tout cas.
SupprimerOuf.
SupprimerCe qui est étrange tout de même dans cette élection c'est que bon nombre de ceux qu'on nomme droite humaniste, centriste, sociale tel que Raffarin ont soutenus Copé et que bon nombre de l' aile droite de la droite tel que Cioti ont soutenue Fillon. Mais rien ne m'étonne à l'ump, ils sont interchangeables.
RépondreSupprimerOui. C'est bizarre.
SupprimerA l'époque, Sarkozy s'est "emparé" de l'appareil très vite, flinguant tout ce qui dépassait avec la douceur (terrorisante) qu'on lui connait. Seul pilote de l'appareil, il lui a fait prendre une ligne de conduite qui sortait de ses schémas traditionnels. IL a voulu "la rupture", le "Choc", et bien il l'a eu. Sauf que s'écrabouillant (élections), il a sauté en parachute et laissé cette baudruche vide, désormais, se démerder toute seule. C'est peut-être bien ce qu'on voit en ce moment, une sorte d'hydre qui n'a plus de tête mais qui rue n'importe comment et surtout dans les brancards. Comme toi, je crois que le mal est très profond, dans ce parti, et surtout parce qu'il s'est laissé entièrement possédé par un seul personnage.
RépondreSupprimerPresque l'impression qu'un Villepin pourrait ramener sa fraise, dans ce shéma-là...
Oui. Ils ont merdé en 2007. Mais un parti politique de majorité n'est pas facile à gérer.
SupprimerAh oui, jolie la vidéo !
RépondreSupprimerOui hein !
SupprimerAh ben il y a bien longtemps que je n'avais pas autant ri en regardant une vidéo! excellent :-)
RépondreSupprimerC'est le but.
SupprimerVidéo excellente même si ce n'est pas facile de lire et d'entendre en même temps (car je comprends l'allemand).
RépondreSupprimerJe conçois...
SupprimerJ’invite Alain Juppé à en tirer les conclusions.
RépondreSupprimerRien que ça...
Reprends une bière plutôt.
Merci pour la vidéo...
RépondreSupprimerLa droite c'est le culte du chef, le recours à l'homme providentiel. Incarné par Philippe Pétain ou de Charles de Gaulle, plus tard ce sera Chirac ou Sarkozy.
Attention, je ne suis pas sûr que la gauche soit très différente : en 81, et surtout en 88, elle s'est bien abritée derrière François Mitterand, plus tard Jospin est apparu comme une sauveur en 1997. Je dis attention, parce qu'en ce moment, l'étripage à l'UMP masque un vrai débat, c'est celui de la rénovation politique, la future loi contre le cumul des mandats. Dommage.
Je résume le commentaire indispensable de l'anonyme : la droite c'est le culte du chef, mais d'un autre côté la gauche aussi.
SupprimerTrès éclairant, vraiment.
Bah. Il est un peu con.
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