En salle

11 décembre 2012

Il n'y a pas dix solutions

Patrick Buisson, ancien conseiller très droitiers de Nicolas Sarkozy à l'Elysée, est de retour ! « que François Hollande sera contraint de dissoudre l'Assemblée nationale. "On a la conjonction d'une impopularité chronique et d'un vote-sanction à l'égard du Parti Socialiste", a-t-il analysé au regard des élections partielles de dimanche. » Tout d’abord, on peut se demander s’il ne fait pas une erreur d’interprétation de ces partielles. Dimanche, selon mon confrère Romain Blachier, le résultat « a été banal: trois circonscriptions de droite ont mis des candidats de droite en tête du premier tour.  Les législatives […] ne faisaient pas exception à la règle: il y a avait des circonscriptions avec des sortants de l'opposition, très solidement implantés dans leurs territoires. »

Que Patrick Buisson dise le contraire, c’est normal, mais il n’y a aucune raison de faire une dissolution. Le président de la République dispose d’une majorité parfaitement claire et légitime. L’élection date de 6 mois à peine. On aura beau trouver des blogueurs pour ronchonner, les faits sont là. Je conçois parfaitement qu’on puisse souhaiter le changement du Premier Ministre pour des raisons bassement politiciennes mais on ne trouvera personne avec une légitimité plus forte que Jean-Marc Ayrault, soutenu par plus de 300 députés de gauche, même si on supprime les Verts.

On me dit dans l’oreillette que Jean-Marc Ayrault manque d’autorité. Il n’a pas le temps, il est en train de prendre des mesures pour les plus dévalorisés. Ce matin, je lisais dans 20minutes, ce matin, que les écolos allaient déposer un projet de loi pour interdire purement et simplement le gaz de Schiste alors que le Président de la République répète que « que sa «ligne de conduite» serait d'interdire systématiquement l'exploitation du gaz de schiste. » Si Jean-Marc Ayrault se positionne contre la proposition de loi, ce que je l’invite à faire, il subira automatiquement la fronde des Verts et du Parti de Gauche, les mêmes qui l’accuseraient de manquer d’autorité.

Qu’on laisse tomber ! L’Assemblée Nationale est parfaitement légitime : elle résulte du choix des Français.

Ils sont surprenant, au Front de Gauche. Enfin… Je l’entends surtout parler au travers des blogueurs. « J’appelle donc à la barre les blogueur(se)s qui le souhaitent à répondre à celle-ci : « Qui selon vous serait le meilleur premier ministre en cas de dissolution ? ». Je tiens à préciser que bien entendu, ce n’est pas tant le choix de la personne que la qualité des arguments qui le fondent qui sont intéressants dans l’histoire. » Telle est la question que pose le camarade Gauche de Combat à une brochette de blogueurs. Il ose rebondir sur les propos de Patrick Buisson.

L’hypothèse d’une dissolution rapide est hasardeuse. GdeC voudrait probablement que Jean-Luc Mélenchon soit le Premier Ministre.

Poser la question d’une dissolution est un déni de démocratie. Souhaiter un changement de Gouvernement est espérer une mesure de communication du Président, ce qui ne me semble pas bien brillant.

La qualité des arguments, demande notre ami…

Je me pose d’abord la question de la qualité de la question. Quelles sont les hypothèses retenues ? Quelle composition de l’Assemblée Nationale serait à prendre en compte ?

Je ne lis pas dans le marc de café. Le Parti Socialiste pourrait prendre une belle veste en provoquant un vote de rejet ou, plus précisément, il pourrait pâtir d’une forte abstention. Néanmoins l’UMP apparaît à peu près incapable de présenter un projet cohérent. Le Front National serait probablement le grand gagnant et pourrait doubler le nombre de députés.

Je vais tenter de répondre à mon camarade blogueur. Je n’ai pas à répondre à Patrick Buisson : il fait son job, taper sur le Gouvernement en oubliant que Nicolas Sarkozy a passé plus de quatre ans, pendant le quinquennat, avec entre 20 et 40% des gens qui lui faisaient confiance.

Soit la droite arrive largement en tête. Dans ce cas, le Président de la République n’aurait pas d’autre choix que de nommer le patron de la plus grosse force politique, en l’occurrence Jean-François Copé.

Soit la gauche arrive largement en tête. Dans ce cas, le Président de la République n’aurait pas d’autre choix que de nommer le chef de la majorité, en l’occurrence Jean-Marc Ayrault.

Soit il n’y a pas de nette majorité. Dans ce cas, le Président de la République serait obligé de monter une majorité dite d’union nationale et de prier Jean-Marc Ayrault de négocier avec l’UDI.

« Qui selon vous serait le meilleur premier ministre en cas de dissolution ? »

Je suppose qu’en 1997, Jacques Chirac pensait que c’était Alain Juppé… Aujourd’hui, un blogueur Front de Gauche penche que sa formation serait en position d’avoir son champion comme Premier Ministre.

19 commentaires:

  1. Buisson, c'est un élu?

    RépondreSupprimer
  2. Impossible pour la gauche de s'associer à l'UDI qui est une UMP BIS, et Borloo ne cesse de le répéter, c'est même pas la peine d'y penser.


    David75

    RépondreSupprimer
  3. Et l'hypothèse d'une alliance PS-EELV-FdG comme en 97 ne vous effleure même pas ?

    RépondreSupprimer
  4. C'est très bien dit.

    Sympathisant, et électeur quand c'est possible, du FdG, je crois que ceux qui imaginent Mélenchon premier ministre en cas de dissolution de l'AN sont en plein rêve. Outre que cette dissolution n'a pas lieu d'être, il faudrait, pour que Mélenchon soit premier ministre, qu'une coalition soit réunie autour de lui, une coalition qui aille bien au-delà du FdG. Et ça, ce n'est pas demain la veille qu'on le verra : ni EELV, ni la gauche du PS n'y sont prêts, même sans considérations sur la proie et l'ombre.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui. C'est incroyable de voir comment certains se trompent.

      Supprimer
  5. Un truc me turlupine.
    Lorsque, au troisième paragraphe, je clique sur "défavorisés", ça me renvoie sur le site de Libé. Qui dit que le RSA-socle est d'environ 455€ par mois. C'est une méconnaissance totale du sujet, une fois de plus. Il est présentement de 417€/mois. Alors l'augmenter de dix pour cent en cinq ans, voilà une promesse qu'elle est bonne. Ça revient juste à le remettre au niveau où était autrefois le RMI du temps des francs.
    Et, toujours du temps des fans, lorsque Jospin a octroyé ce que l'on appelle communément la "prime de Noël", elle était de mille francs. Elle est de nos jours de... 152€ et quelques centimes. En clair, elle a baissé en près de quinze ans.
    Ce n'est pas ce que j'appelle un gouvernement de gauche, non.
    Mais ce n'est pas pour autant qu'il faut dissoudre l'Assemblée, évidemment.

    RépondreSupprimer
  6. @Anonyme de 14:50,

    Impossible est un mot à bannir de nos jours.
    Ce matin au Conseil de Paris, les élus Parti de Gauche n'ont pas voté le Budget (ils en avaient fait l'annonce officielle hier, et avaient envoyé des communiqués dès vendredi), alors que le vice-président du groupe UMP a voté pour le budget (paraît qu'il est sur le point de quitter l'UMP, j'attends qu'il me confirme) et qu'une élue UDI a aussi voté pour (une sarkozyste pure et dure de la première heure).
    Je sais je sais, Paris n'est pas la France. Mais ce que les deux élus du Parti de Gauche reprochaient entre autres au maire de Paris était son renoncement à réclamer à l'État le paiement de sa dette sociale [tu sais, ce qui sert aux handicapés, aux pauvres, toussa...], alors que sous Sarkozy il le réclamait chaque année. Et le tout représente plus d'un milliard. Sur un budget de sept à huit milliards, ça peut servir.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ne oui. (Désolé, je suis en pleine soirée pas le temps de répondre).

      Supprimer
  7. "Poser la question d'une dissolution est un déni de démocratie." Affligeant.

    RépondreSupprimer
  8. Tu n'as que ça comme argument, connard ?

    RépondreSupprimer
  9. Au féminin please. C'est pas un argument mais un simple relevé du post de blog. Pas de quoi prendre la mouche, non ? Perso, la dissolution ne m'intéresse pas. Je tenais à souligner que ce que tu dis n'est justement pas un argument, puisque notre Constitution permet au Président de dissoudre. Tu cherches à disqualifier tes adversaires politiques ok, mais fais-le correctement. Ce qui est marrant c'est que tu parles de "qualité des arguments." Tu vois, on veut la même chose. Ça me permet de dire que j'ai participé à la campagne, j'ai lu qq uns de tes posts, j'ai voté FH aux 2 tours, ça ne doit pas empêcher de garder un esprit critique, et c'est exactement ce que j'attends de toi. Quand tu me déçois, je te le dis :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Désolé, à 5h du matin, je suis de mauvais poil. Il n'empêche que c'est toi qui utilise le mot "affligeant".

      Je dis que l'Assemblée est parfaitement légitime, venant d'être élue, et ça serait aller contre la démocratie, contre la volonté du peuple de faire une dissolution. Nous ne sommes pas en 81 ou en 88 alors qu'une élection nationale avait clairement exprimé le choix d'une nouvelle majorité. Quant à 97, ça fut une horrible connerie, Chirac aurait du dissoudre en 95 ou s'abstenir.

      Supprimer

La modération des commentaires est activée. Je publie ceux que je veux. On ne va pas reprocher à un journal de ne pas publier tous les courriers des lecteurs...