C'est un éternel sujet. Pourtant, les commentateurs des
blogs n'y comprennent strictement rien mais comme tous nos braves citoyens se
prennent pour des spécialistes. Ils savent manier une souris et se décrètent
ingénieurs en informatique. L'anonymat était au cœur d'une conversation
avec des amis blogueurs, hier, et l'un d'entre eux en a fait un
billet. Les commentaires sont emblématiques de la bêtise de nos
citoyens.
Tenez ! J’en cite un : « Jegoun, il suffit de taper ton nom sur Google pour voir ta
tronche de cake en gros plan. » Nous avons donc un type qui fait
une théorie sur mon anonymat parce quand on connaît mon nom, on tombe sur ma
photo. Respirez un coup et réfléchissez : comment mon vrai nom pourrait-il
être anonyme ?
Chaque blogueur aura des propres raisons d'être anonyme et
on ne peut pas nécessairement les connaître. Imaginons que El
Camino soit le Président de l’Association nationale des proxénètes. Son
vrai nom est Jonathan Sifléletrain et c’est avec cette identité qu’il est connu
comme Président de l’ANP. C’est un personnage public. Certains peuvent être
amenés à chercher ses propos, en tant que Président, sur la toile. El Camino
peut ne pas vouloir qu’une telle recherche mène à son blog tricot, ça le
rendrait ridicule.
On pourra trouver d’autres raisons mais c’est la principale.
Pour ma part, je ne souhaite pas que mes collègues de travail sachent que j’ai
un blog parce qu’ils se mettraient à le lire et à me regarder comme blogueur. Je
ne veux pas qu’une recherche Google avec mon blase permette d’arriver sur mon
blog. Par contre, je me fous que les lecteurs de mon blog savent mon nom. Ce
que je ne veux pas c’est que ceux qui savent mon nom tombent sur mon blog.
Je vais donc illustrer ce billet avec une copie d’écran d’une
recherche Google avec mon nom. En premier (flèche rouge), il y a un blog d’un
type qui a le même nom que nom. Ne le dites à personne : c’est moi. Ca
brouille les pistes. En deuxième (flèche rose), vous tombez sur un
universitaire. Ce n’est pas moi. En troisième (flèche verte), vous trouvez un
compte Twitter à mon nom. C’est à moi mais ce n’est pas @jegoun. En quatrième
(flèche bleue), vous tombez sur mon compte Google+ associé à mon adresse mail
principale, celle que j’utilise pour communiquer avec mes collègues quand je ne
suis pas au bureau. Vous descendez un peu, vous tombez sur d’autres types avec
mon nom, mes profils et ceux d’autres lascars de même nom dans un tas de
réseaux sociaux dont Facebook et d’autres comptes Google+ à moi et un tas d’homonymes.
Vous tombez aussi sur mon blog politique mais à ce stade, le poisson est noyé. Tenez !
Cherchez mon blase dans Facebook, vous trouverez des tonnes d’andouilles dont
les parents ont copié les miens au moment de les inscrire à l’état civil.
L’anonymat est un éternel sujet, disais-je en introduction,
et il est délicat d’en faire le tour. Je résume ma position : je ne suis
pas anonyme mais je ne veux pas qu’on retrouve facilement mon blog dans Google.
C’est réussi. C’est raté avec Google Images mais personne, sauf des tordus, ne
cherche la photo de ses collègues de travail dans Google Images.
Je vais donc donner un premier conseil aux blogueurs qui
souhaitent rester anonyme : créez donc un vrai compte pas anonyme et
montrant que c’est bien vous, totalement indépendant de votre activité de
blogueur.
Faire le tour de l’anonymat ?
Tout d’abord, l’aspect juridique. La loi oblige les
blogueurs à déclarer leur véritable identité à leur hébergeur, ce qui n’empêche
pas votre hébergeur de dissimuler votre identité et de vous laisser bloguer
sous pseudonyme. Dans la pratique, il s’agit de vous trouver facilement en cas
de plainte contre vous. Dans un des onglets de mon blog, il est indiqué « « Partageons mon avis », « Partageons mes agapes », « Partageons
l'addiction » et « Au comptoir de la Comète
» sont des services de communication au public en ligne édité à titre non
professionnel au sens de l'article 6, III, 2° de la loi 2004-575 du 21 juin 2004.
Conformément aux dispositions de cet article, leur éditeur (oui, moi !) a
choisi de rester anonyme. Les quatre blogs sont hébergés par Blogger qui
dispose de mes coordonnées complètes. »
Tout cela est juridique et compliqué. Je vais résumer :
un blog est un média comme un autre. Le blogueur est considéré comme le
directeur de la publication. Si vous ne déclarez pas vos vraies coordonnées, c’est
votre hébergeur qui devient responsable de vos propos. Par le passé, des
agrégateurs ont eu des ennuis avec la justice. Un exemple : vous reprenez
une dépêche AFP. L’AFP s’en fout, un blogueur n’est pas un concurrent, il aura
100 ou 1000 visites, c’est tout. Par contre, si un gros site reprend le blog,
il sera amené à diffuser une information de l’AFP alors qu’il n’a pas payé un « abonnement »
à l’AFP. L’AFP pourrait être amené à l’attaqué pour préserver ses sources de
revenus.
Imaginons que je dise ici : « Jonathan
Sifléletrain, Président de l’Association nationale des proxénètes, a une petite
bite. » et que ça ne soit pas vrai. Vu son job, ça lui porte
préjudice et il pourrait m’attaquer en diffamation. La « justice » va
donc se tourner vers mon hébergeur. Si l’hébergeur est incapable de me
retrouver, il porterait donc la responsabilité de la publication si la justice
n’avait prévu que le blogueur doive déclarer sa véritable identité. Ils feront
donc une enquête complète et vous retrouveront donc grâce à vos adresses IP ou
autre. Ils ne seront pas contents et vous aurez la peine maximum… Imaginons
maintenant que ce soit un commentateur qui dise ça suite à un de mes billets.
Si le commentateur n’est pas identifié clairement et indubitablement, le
taulier du blog devient responsable. Le commentateur anonyme ou « pseudonymé »
ne se rend pas compte de ces aspects. Il n’aime donc pas les commentateurs qui
ne sont pas clairement identifiés.
Je vais faire un aparté : le blogueur n’est pas
responsable que devant la justice, il est aussi responsable de la tenue de son
blog et de l’ambiance des commentateurs. Si un commentaire anonyme en insulte
un autre, il en devient responsable. Par contre, si un commentateur signant
avec l’adresse de son blog en insulte un autre, c’est le commentateur en
question qui assume la responsabilité. Le blogueur a donc toute légitimité à
virer les commentateurs mal identifiés.
Ainsi, commenter sans pouvoir être identifié est de la pure
lâcheté. Je cite un commentaire qui m’est adressé en début de billet. Le type m’insulte
mais je ne peux pas le retrouver. C’est un lâche, cela étant dit sans
méchanceté : il ne s’en rend pas compte. Il a pris ses « manies »
de commentateur sans avoir réfléchi aux implications. D’une manière générale,
tous ceux qui expriment « un engagement » de manière anonyme sont lâches
voire grotesques. Ce ne sont pas des gros mots : je ne veux pas que mes
collègues de travail sachent que je blogue, c’est une forme de lâcheté… Mais
pas la pire. Quelqu’un qui tombe sur mes propos sur le web peut aisément me
retrouver.
Parmi les commentateurs d’un blog, il y a donc plusieurs
catégories de commentateurs :
-
celui qui a un blog à son nom ou celui
qui a un blog sous pseudo et qui est un peu connu (c’est le cas de beaucoup de
mes copains de blogs, ce qui sont dans ma bloguerolle),
-
celui qui a un blog mais n’est pas connu
du taulier,
-
celui qui n’a pas de blog mais qui signe
avec un moyen d’identification (un compte Google+, par exemple),
-
celui qui signe avec un pseudo « original »
qui lui permet d’être connu du taulier,
-
celui qui signe avec un pseudo débile (même
si c’est son prénom !),
-
celui qui ne signe pas.
Faire le tour de l’anonymat ?
Quand le réseau social Google+ que j’évoquais à l’instant
est sorti, à l’été 2011, une polémique est née parce que Google+ exigeait que
les gens utilisent leur vraie identité. C’était grotesque. Il n’y a que les
blogueurs à se branler avec leur identité (qu'est-ce qu'on en a foutre de ce qu'ils peuvent raconter ?) et Facebook exige également de mettre
sa vraie identité.
D’une manière générale, tous les réseaux sociaux sont
considérés comme des services de « microblogging », donc des blogs.
La vraie identité doit être connue. C’est la loi Française avec l’interprétation
que j’ai livré ci-dessus (et sur laquelle je me trompe peut-être) : l’important
est de pouvoir être facilement retrouvé en cas d’enquête de police ou de
justice.
Il y a souvent des polémiques à propos de ce qu’on peut voir
dans Twitter (récemment saisi par la justice pour des propos antisémites). Moi-même,
je suis régulièrement insulté par des andouilles dans Twitter dès que j’évoque
certains sujets. Je ne suis pas juriste et je n’ai pas tendance à porter
plainte pour un oui ou pour un non.
Il n’empêche que ce sont des fumiers, des trous du cul, des
lâches et des enfoirés (j’espère que je n’ai rien oublié). On va dire des
morveux qui se croient importants, se prennent pour des dieux, …
Je résume
Je comprends très bien l’anonymat dans les blogs parce que
chacun pourra se trouver des bonnes raisons. Mais parmi ces bonnes raisons, il
n’y a pas celle d’échapper à une baffe dans la gueule ou à une procédure en
justice. Seul le fait d’être parfaitement identifié, comme je le suis,
contrairement à beaucoup, autorise certains propos.
Et encore…
Ca me choque fortement que l’on puisse penser que le web
puisse être un territoire de non-droit sous prétexte que l’on puisse y rester
anonyme. Surtout quand on fait de la politique et qu’on est censés définir ce
qu’est le droit…
Excellent!
RépondreSupprimerJ'ai le même nom qu'un véliplanchiste professionnel, je vous raconte pas les demandes Facebook des nanas qu'il a du croiser sur un spot. Parfois, ça a du bon le relatif anonymat du blogueur :)
Ouais mais pour conclure ?
SupprimerOn remarque d'ailleurs que tous les réseaux demandant d'assumer une identité et tous ceux jouant le jeun de la vraie identité sur ces réseaux se "lâchent" bien moins.
RépondreSupprimerOui. Et ça fait des vacances.
SupprimerPerso, je ne suis pas anonyme.
RépondreSupprimerC'est un choix. Mon est une marque.
Et ton deuxième blog ?
SupprimerAch, je suis fait comme un rat!
RépondreSupprimerHéhé.
SupprimerCeci dit, très bon billet.
SupprimerJ'ai pas tout lu mais je retiens qu'El Camino en a une petite !
RépondreSupprimerAch, je suis RE-fait comme un rat!
SupprimerMoi je ne suis pas anonyme, je m'appelle Fred et je suis de Lille! :-)
RépondreSupprimerC'est sur...
SupprimerEt moi c'est Omar enchanté
SupprimerEt moi c'est Omar enchanté
SupprimerMon ancien patron avait lancé un appel d'offres (pour un montant de 150000 euros) pour "surveiller" les productions de mes collègues sur internet. Devoir de réserve, toussa ... Il s'agissait de M. Darcos. Ne riez pas, c'était avec nos impôts.
RépondreSupprimerOuais. Nos impôts.
SupprimerTrès bon billet. J'abonde, un peu comme James.
RépondreSupprimerJ'ai un peu errer dans tous les sens, oscillant entre Mike et l'autre, tatonnant, à droite à gauche et je crois que j'ai enfin réussi à trouver une sorte d'équilibre avec le tout. Mike, commente et blogue, et l'autre a sa véritable identité en faisant son beau sur tous les facebook, Google+. C'est plus clair, et on ne se mélange pas les pinceaux. Toujours préféré le pseudo à l'anonymat, mais je peux éventuellement comprendre l'anonymat des gens qui ne bloguent pas (tant qu'ils ne font pas chier).
Mais il n'y a aucune lâcheté à cloisonner certaines de nos activités sur le net, il est normal de chercher à se protèger un peu
Merci
SupprimerOui. On peut se protéger mais même anonymement on ne peut pas faire n'importe quoi.
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
SupprimerC'est marrant ça, presque l'info du jour, El Camino en aurait une petite, alors ?
RépondreSupprimerJe copie-colle pour travailler à essayer de comprendre.
RépondreSupprimerSinon, d'un point de vue pratique et personnel :
je voudrais que mon nom ici soit Geneviève B.
et je voudrais que, quand on clique sur mon nom, la page s'ouvre sur une page comme celle de Bembelly, par exemple, où il n'y a que certaines informations, et ensuite seulement on clique sur les blogs qu'il a listés
Dans la pratique, j'utilise un compte Blogger différent de mon ´compte Google. C'est un peu chiant ...
SupprimerAu début des forums, sur Usenet, il était convenu que chacun s'exprime sous sa véritable identité. Et puis est arrivé l'anonymat, qui s'est abattu sur Internet comme une onzième plaie d'Egypte. Certains ont largement dépassé le stade du troll et ont inventé le crypto-anarchisme. Je me goure si j'appelle ça du foutage de gueule hyper coordonné ?
RépondreSupprimerEn attendant cette révolution cybernétique, je m'appelle François Hureau et j'emmerde les anonymes !
Ton coming out.
SupprimerUn coming out pas trop difficile. Ça fait presque 20 ans que je m'exprime avec mon identité sur Usenet puis le Web. Certains m'avaient prédit les pires mésaventures (perte de clientèle, discrédit, pourrissage perso,...) j'attend toujours.
SupprimerEt puis... comme on est plusieurs homonymes, la tâche est aisée.
Oui les homonymes, c'est bien.
SupprimerJe suis pour le mariage des homonymes.
SupprimerEt moi j'ai pas de bol.
RépondreSupprimer-Sourire-
Ah merde.
SupprimerEcrivons une manifestation : "We're not anonymous" !
RépondreSupprimerWe're not anonymous !
RépondreSupprimerVoilà aussi.
SupprimerMon identité numérique est la seule que j'ai choisi - vive la liberté sur le net
RépondreSupprimerLa liberté sur le net ? Parfait ! Laissons faire les pedophiles, les terroristes,...
SupprimerMort au code civil qui exige qu'on s'appelle comme l'ont choisi les parents ! Je me demande d'ailleurs pourquoi on se bat pour le mariage pour tous...
J'ai choisi l'anonymat pour une raison basique qui tient autant à ma tranquillité professionnelle et familiale qu'à l'idée - sans doute saugrenue - que ce que j'écris est plus important que de savoir qui je suis dans la vie (nom, prénom etc.). Il est probable que je ne tiendrai pas un blog autrement. C'est mon choix.
RépondreSupprimerC'est choix. Mais on te connaîtrait sous ton vrai nom, ça ne changerait pas grand chose.
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