La grande manif, c’est aujourd’hui. De mon lit, j’ai regardé
des chaines d’information continue qui interviewent des braves gens qui
viennent manifester. Ils passent à la télé, ils ont leur heure de gloire, ils
jouent le rôle, ils sont sérieux. Moi, je veux bien passer à la télé, explique
mon expérience, détailler mon avis, celui que je donne en partage sur ce blog.
Alors, je vais le rappeler.
En 1996, habitant à Bicêtre depuis deux ans, j’ai décidé d’avoir
une vie sociale, dans le quartier. Le lundi 28 ou 29 octobre (je n’ai pas de
calendrier 96 sous les yeux), j’ai décidé d’aller boire un coup, le soir, à la
Comète, ce bistro entre le métro et chez moi. Le mardi, le serveur a fait une
boulette et m’a tutoyé, comme si j’étais un vieux client. C’est resté. Le
mardi, Antoine, un client, a dit à Josiane : « Tiens, paye une bière au gros, là, il a l’air sympa. »
La campagne d’Antoine avait eu une fille, le 14 octobre. Antoine fêtait ça
depuis. Le mercredi, j’étais intégré à la bande et le samedi, j’étais invité
chez Antoine et sa femme pour un pot de remerciement aux copains qui avaient
acheté un cadeau. Un petit lit, crois-je me rappeler. Je n’avais pas participé.
Antoine était un peu le chef de bande, à l’époque, rôle que
j’ai pris en suite, le hasard, il faut toujours une grande gueule, un type qui
décide des bistros fréquentés et du rythme des tournées. Il n’y a plus de
bande, maintenant, juste des copains.
Antoine s’est marié rapidement, le 31 décembre, je crois, en
présence de deux témoins, Bruno et Nono. C’est tout. Deux ou trois ans après,
ils divorçaient. Antoine a eu la garde de la petite. Tous les soirs nous
la voyions. Elle était avec nous tous les soirs, une petite heure. Nous étions
une espèce de seconde famille. Je me rappelle d’un samedi, quand elle a eu 6 ou
8 ans, nous avions pris l’apéro du midi aux Monts d’Aubrac mais le père avait
trop chargé la mule. J’avais pris la décision de les raccompagner chez eux et
de faire manger la petite. Ils habitaient à 500 mètres et, dès le
départ, la petite avait pris ma main. J’avais 36 ou 37 ans, c’était la première
fois qu’un môme me prenait la main, ainsi. J’en étais amusé, attendri, ému, je
ne sais plus.
Depuis, je me suis fâché avec Antoine. J’ai croisé deux fois
« la petite » dans le métro dans les six derniers mois. Elle ne m’a
pas reconnu. C’est la vie. Je suis pote avec elle, le père et la mère, dans
Facebook, depuis des années. Je ne sais même pas si elle sait qui je suis. D’ailleurs,
je ne suis personne, juste un type qui lui a fait à bouffer, quelques fois…
Elle vient donc d’avoir 17 ans.
Et mon copain Pascal ? Je vous ai déjà parlé de mon
copain Pascal ?
C’était un militaire à la retraite, bossant pour le
Ministère de l’Intérieur. Dans sa carrière, il avait été amené à bosser à
Tahiti et avait rencontré une femme, là-bas. Ils ont eu trois enfants puis,
quelques mois après la naissance du dernier, la femme s’est barrée. Abandonnant
Pascal avec les trois mômes. Pascal est rentré à Paris. Quand la dernière a eu
une dizaine d’années, Pascal s’est installé au Kremlin-Bicêtre. C’était au
début des années 2000. Il a choisi un bistro au hasard : la Comète. Il y
venait avec Jeff, un copain à lui, ancien militaire, aussi. Un jour, je me suis
retrouvé à papoter avec eux, au comptoir. Nous sommes devenus potes. Ca n’a pas
duré longtemps, un an ou deux. Ils venaient tous les soirs à la Comète et
faisaient parti de la bande, avec Antoine et moi. Antoine partait de bonne
heure pour s’occuper de la petite et nous finissions tous les trois, avec
Pascal et Jeff, plus le patron. Pascal téléphonait toutes les heures à la
maison pour vérifier que ses trois ados allaient bien, que les deux ainés
avaient bien fait manger la dernière, … Jeff a trouvé du boulot à Bordeaux et
Pascal a déménager à Maison Alfort. Comme on bossait à côté, on déjeunait
parfois ensemble puis la vie a fait ce qu’elle avait affaire.
Jeff avait une fille et fils, un peu plus âgés donc plus
autonomes. Il était en guerre avec la mère qui vivait à Bordeaux. Elle avait la
garde de la fille et lui, la garde du fils. Je ne les ai jamais vus
contrairement aux gamins de Pascal, des ados magnifiques (enfants d’un Français
et d’une Tahitienne, mes lecteurs réactionnaires vont gueuler…). C’était
étrange. Sa fille ne pouvait pas le voir et son fils ne pouvait pas voir sa
mère.
Et mon copain Casquette ? Je vous en avais parlé début 2011, quand il est mort. Sa femme l’a quitté quand son fils avait 14 ans.
Il en a eu la garde. Quand j’ai connu Casquette, l’élevage du môme était déjà
terminé. Il était taxi, à Paris. Il ne venait nous voir (enfin, voir son père,…)
que le samedi midi aux Monts d’Aubrac. Il venait taxer du pognon au vieux.
Rassurez-vous ! Je ne connais pas que des tordus. Mes
potes actuels, Tonnégrande, Djibril, le vieux Joël, … sont grands pères et sont
toujours avec leurs épouses…
Je voulais dire à ces braves gens, dans le poste, qui
exposent une vie idéalisée d’une notion de la famille à laquelle ils croient,
qu’une famille ce n’est par forcément ce dont ils rêvent, pour tous. Ils me
font presque de la peine à décrire une famille comme « un papa, une maman,
des enfants ». Ils me font rire, en fait, à expliquer que des enfants ont « droit »
à un papa et une maman.
Qu’ils reviennent sur terre.
Je suis contre le mariage qui a été vidé de son contenu par des lois successives (notamment en 1975 et en 2004) qui ont facilité le divorce. Il n'est plus, depuis longtemps, la base de la famille. L'option retenue n'a pas été de le supprimer (ça aurait fait plus de bruit). Le mariage doit donc être ouvert à tous.
Mariage pour tous - le printemps d'un nouveau... par GroupeSRC
J'aime quand tu racontes ta vie, c'est bien.
RépondreSupprimerJ'aime aussi. Ça me permet de broder.
SupprimerLe bonjour à tes copains. Bon Dimanche!
RépondreSupprimerMerci. Pareil.
SupprimerVous allez vous mettre en retard pour la manif, si vous continuez à jacasser ici !
RépondreSupprimerAh mais j'attends la fin de la messe.
SupprimerAu fait, je vous dois des excuses, Didier. J'ai bel et bien employé le terme embourgeoiser dans mon billet du bistro à propos des évolutions de ma commune et je vous ai dit le contraire. Un camarade d'apero vient de me rappeler mon erreur.
Mouais ! Franchement...
RépondreSupprimerJe préfère l'idéal aux accommodements. La gauche, il fut un temps, était entièrement tendue vers un idéal.
Un idéal ? L'égalité, la liberté.
Supprimertu aurait été pour le mariage avant les lois dont tu parles?
RépondreSupprimerNon. Je reste contre le mariage.
SupprimerMoi la semaine prochaine j'organise une manif pour un mariage avec son chat et son aspirateur ! :D
RépondreSupprimerBonne fin de soirée à tous !
"Ce que tu as bien aimé est ton seul héritage
RépondreSupprimerCe que tu as bien aimé ne sera pas volé.
A qui le monde ? A toi ? A moi ?
A personne.
Ce que tu as bien aimé est ton seul héritage".
Je suis contre le mariage.Depuis toujours.
Je me suis mariée pour ...on va dire ...tourner une page.
Je fais rarement des conneries, mais quand je les fais, elles sont trèèèèèèèès grosses !
En un mot, j'ai toujours été contre le mariage. Mais c'est pas pour ça que j'essaierai d'en dégoûter les autres ! Et c'est pas une raison pour que la loi dise : "Toi oui, toi non !"
Sauf les interdictions à mariage entre trop proches parents ! On est pas des pharaons,hein !
Bz