Mon ami FalconHill
rebondissait, hier, sur le sujet du jour du Parisien et je m’étais promis de
lui répondre car il illustre parfaitement ce qui me gonfle dans la presse. Là,
le Parisien évoquait les personnalités proches du PS nommées à des postes
importants depuis mai 2002. Malheureusement, ce n’est que dans la soirée que
j’ai pu lire le journal.
Après tout, j’ai mon rôle de blogueur de Gouvernement à
remplir. Je dois néanmoins reconnaître que les nominations de MM. Chérèque et
Lang m'ont prodigieusement gonflé. Il n'empêche qu'il y a plus à s'indigner de
la présentation du sujet par Le Parisien, notamment à partir de leur
infographie. C'est un véritable procès à charge. D’autres journaux
ont titré à ce sujet.
Mais il faudrait voir précisément ce qui est reproché. Je
l’ai fait pour vous. Ne remerciez pas.
Dans le Parisien, 20 noms sont donnés « en pâture »
sans aucun commentaire alors que chaque cas mériterait une étude précise. Tout
d’abord, les virés…
Bernard Squarcini. Il a été viré de la tête de la
DCRI (les "renseignements").
Arno Klarsfeld. Il a été viré de son porte de président
de l'Office français de l'immigration et de l'intégration. Ce machin était
rattaché aux affaires sociales jusqu'à ce que Nicolas Sarkozy le rattache
"à l'intérieur", repolitisant ce machin.
Ces deux personnes pouvaient-elles être maintenues à leur
poste.
Un presque viré :
Rémy Pfimlin. Le journal pense que la gauche va le
foutre à la porte. Ce n’est pas encore fait. M. Pfimlin vient Président du
Conseil d'Administration de TV5 Monde et c'est Nicolas Sarkozy qui avait décidé
que le Président des chaînes de télévision publiques seraient nommés par le
président de la République. Il faudrait plutôt s’en scandaliser.
Les promus
Anne Lauvergeon. Elle vient d'être nommée au conseil
d’administration d’EADS. Elle a toutes les compétences requises et beaucoup se
réjouissent de cette nomination. Elle avait été virée par Nicolas Sarkozy de
son boulot précédent à Areva contre le président du conseil de surveillance et
alors que tout le monde saluait sa compétence.
Olivier Schrameck. Le nouveau président du CSA, est
un proche de Lionel Jospin. Cette nomination est du ressort du Président
de la République. Il ne va pas nommer un ennemi.
Jean-Pierre Jouyet. Il a été nommé à la tête de la nouvelle Banque
Publique d’Investissement. N’a-t-il pas toutes les compétences pour faire le
boulot ? C’est un proche des socialistes ancien Ministre de Nicolas
Sarkozy. Quand Sarkozy le nommait c’était bien, quand c’est la gauche, c’est
mal ?
Ainsi, toute la liste du Parisien peut être remise en
cause. Même la critique de Jack Lang que j’ai faite en début de billet peut
être considérée comme douteuse : depuis 2004, ce machin (pas Jack Lang, l’IMA)
est dirigé par une personnalité connue de la majorité : Yves Guéna,
Dominique Baudis et Renaud Muselier ont précédé Jacques Lang. Même la
nomination de François Chérèque peut facilement être défendue.
Par contre, le Parisien ne fait le boulot qu’à moitié, il a
oublié de dire que le Préfet de Paris a été remplacé par quelqu’un qui a bossé
dans des cabinets ministériels socialistes. Ah ! Non ! Il n’y a qu’un
blogueur de droite pour penser que ça pourrait être gênant. Le Parisien a oublié de
dire que deux des personnes « virées » sont mises en cause des
affaires bizarres et ne pouvaient plus exercer leurs fonctions. C’est leur
maintien en poste qui aurait pu être considéré comme scandaleux !
Tiens ! Je me demande ce que disaient les blogueurs de
gauche lors de la nomination de proche de Nicolas Sarkozy. Le blogueur de
droite est embêté, maintenant, pour traiter le sujet « inverse »,
maintenant. C’est Pierre Parillo qui s’y colle. Il balance une autre série de noms, dont le préfet
de police dont je parlais à l’instant.
Nous avons donc un blogueur de droite qui a enfin une
liste de nominations par François Hollande ou le Gouvernement critiquables. Etudions
là.
Claude Sérillon. Ah ! Un type connu, ça facilitera mes
recherches. Il a intégré l’équipe en charge de la gestion de la communication
de François Hollande à l’Elysée. Je ne vois pas trop où est le mal.
David Azema. Il a été nommé directeur des agences de
participation de l’état. Le pauvre, il a le malheur d’avoir bossé en 1993 avec
Martine Aubry. Il remplace Jean-Dominique Comolli qui avait été nommé par
Nicolas Sarkozy mais notre blogueur de droite oubli que M. Comolli était plus
proche de la gauche que l’autre, vu qu’il a bossé avec Laurent Fabius et Michel
Charasse. David Azema n’a pas de fiche Wikipedia, c’est mal.
Claude Balland. Vous vous rendez-compte ? Le nouveau patron
de la police a été chargé de mission
auprès du directeur de l'administration territoriale et des affaires politiques
au ministère de l'Intérieur en 1988. Ca en fait un proche de la gauche.
Jean Daubigny. Il vient d’être nommé Préfet de Paris. Son crime.
En mai dernier, il avait été nommé Directeur de Cabinet de Manuel Valls.
Jean-Paul Bonnetain. Pas de fiche dans Wikipedia… Il faut
que je fasse tout. Il a été conseiller technique au cabinet de Daniel Vaillant
de 2000 à 2002. Beau crime. Il pourrait être nommé Préfet
de Police des Bouches Du Rhônes.
Dominique Barella. C’est un Inspecteur des Finances, membre
du Parti Socialiste. Je n’ai pas trop compris ce qu’on lui reproche.
Bruno Bézard. Il a été conseiller technique chez Jospin en
2001 et 2002. Il vient d’avoir une promotion. Notre blogueur de droite la
critique. Il ne critique pas ses promotions précédentes, tout au long de sa
brillante carrière sous la droite.
Nicolas Dufourcq. Il vient d’être nommé Directeur Général de
la Banque Publique d’Investissement. Son crime : avoir Directeur de
Cabinet adjoint du Ministre René Teulade sous
Bérégovoy.
Frédéric Lavenir. Il a été nommé Directeur
Général de la Caisse Nationale de Prévoyance en septembre dernier. Son
crime : avoir bossé dans le cabinet de DSK de 1997 à 2000.
Serge Portelli. C’est un magistrat de gauche qui s’est
opposé à Nicolas Sarkozy. Un crime, aussi. Dans le cadre de sa carrière, il a
été nommé Président de Chambre à la Cours
d'Appel de Versailles.
Isabelle Prévost-Desprez. Pareil ! Une magistrate qui a
eu une promotion. Elle était en conflit avec M. Courroye, un des débarqués du
Parisien, dans l’affaire Woerth-Bettencourt.
Marie Christine Saragosse. Elle vient d’être nommée
présidente d’un truc (sur proposition du CSA, dirigé par un type débarqué
depuis). Je n’ai pas compris son crime.
Elle a bossé dans des Ministères quand la droite était au pouvoir. Notre
blogueur politique a trop faire de procès se mélange les pinceaux.
Rémy Schwartz. Ah ! C’est lui qui remplace Arno K. Dont
je parlais plus haut. Mon dieu ! Il a été rapporteur d’un machin sous
Mitterrand. Tiens ! Sous Raffarin aussi… Raffarin est un traitre ? Il
nommait des gens qui auraient pu être suspectés d’être de gauche.
Vincent Berjot. Promis à un machin. Son crime : avoir
bossé à la mairie de Paris sous Delanoë.
Jean-François Collin. A peu près dans le même cas.
Guy Amsellem. Mon dieu ! Il vient d’être nommé patron
de la Cité de l'architecture et du patrimoine. En 1992, il a bossé pour
Marie-Noëlle Lieneman… C’est grave…
Mon blogueur de droite ne tire pas ses informations de
n’importe où mais du Figaro mais probablement du Figaro,
qui, comme le Parisien, mais plus dans son rôle !, fait un dossier sur les
nominations par les socialistes. Le Figaro Magazine publie une interview de Luc
Chattel. Il y dit : « Je défends l'idée
d'un spoils system à la française pour une centaine de postes de hauts
fonctionnaires. Une modernisation de notre démocratie qui devra s'accompagner
d'un système de passerelles pour les hauts fonctionnaires sortants qui ne
doivent pas être victimes de leur engagement pour la poursuite de leur
carrière. »
En l’occurrence, nous avons bien un blogueur de droite
qui se base sur un article de presse que je n’ai pas lu pour faire une
véritable chasse aux sorcières pour dénoncer les nominations par le
Gouvernement et un cadre de l’UMP qui prend la défense, comme moi, de ces
hauts-fonctionnaires après avoir critiqué leurs nominations.
Il dit aussi : « Je
propose ainsi d'ouvrir une seconde étape après celle ouverte par Nicolas
Sarkozy en 2008: il avait permis de soumettre les nominations à l'approbation
des commissions du Parlement, sauf veto des deux tiers de leurs membres. »
Un véto des deux tiers ? On croit rêver. N’oublions pas, non plus, que
Nicolas Sarkozy avait décidé de nommer lui-même les présidents de chaînes de
télévision…
« Inversons le système: les
personnalités nommées par le chef de l'État devraient être approuvées par les
deux tiers des membres des commissions parlementaires. » Pourquoi
pas… « C'était d'ailleurs une proposition de M.
Hollande pendant la campagne. Curieusement, il ne l'a plus évoquée depuis qu'il
est entré à l'Élysée. » J’aime bien qu’on rappelle les propositions
de François Hollande sans plus de précision… Notre blogueur le fait mais il a
eu du mal à se mettre du sérieux sous la dent.
Les parlementaires et élus UMP qui passent leur temps à
sortir des critiques à propos de ces nominations sont invités à chercher « valse
des préfets » dans Google.
bravo
RépondreSupprimerMerci. Bloguer nécessité du boulot, des fois...
SupprimerTout blogueur de gouvernement que vous vous revendiquiez (et avec un certain panache, je dois dire), il y a tout de même des pantalonnades que vous pourriez vous dispenser de justifier…
RépondreSupprimerCombien ? 2 ou 3. Avec tous les propos dénonçant...
SupprimerExcellent billet !
RépondreSupprimerMerci !
SupprimerAprès chaque présidentielle c'est la même chanson. Tout le monde le sait sait que c'est la valse des nommés par celui qui a précède.
RépondreSupprimerIl faudrait faire comme aux états unis, une liste existe et chaque administration change des hauts fonctionnaires car il est logique de mettre en place des gens qui feront sans rechigner ce que décide le président élu ainsi que de son gouvernement ...
David75
Je ne sais pas s'il y a une bonne solution. Taguer les fonctionnaires en fonction de leur couleur politique ne me parait pas souhaitable.
SupprimerIrréprochable.
RépondreSupprimerSi on a viré Sarko, ce n'est pas pour garder tous ses potes!
12 ans de nomination de droite, fallait faire un peu de ménage.
J'approuve ces nominations (Blogueur de gouvernement heureux)
Gloire à François de Tombouctou.
Je vois que ces messieurs sont contents.
RépondreSupprimerest-ce que je peux dire que, dans la liste qui commence par
Claude Sérillon etc ..
il y a 16 noms, DONT DEUX FEMMES !
C'est autrement important que les (je ne sais pas comment appeler ça) éradications de mots pour de mauvaises raisons.
Sinon il n'y a aucune raison que Hollande garde les sarkozystes, en quel honneur ? Peut-être qu'on aurait du garder Carla alors ? pour le quota .....
C'est vrai qu'il n'y a pas beaucoup de femmes. Pour le reste je te réponds en même temps qu'à Falconhill, ci dessous, mais pas tout de suite. J'ai un truc sur le feu.
SupprimerOk sauf Lauvergeon: Areva n'est pas une réussite (Ura-Min)
RépondreSupprimerBah, quand la droite reviendra (j'espère assez vite), ils feront la valse à l'envers.
RépondreSupprimerMais comme j'ai dit dans mon billet, on ne peut pas le reprocher à Hollande : il avait promis qu'il placerait ses amis et qu'il virerait ceux proches de l'ancien pouvoir. Le changement...
FalconHill (et Geneviève, donc),
RépondreSupprimerIl n’y a pas réellement de valse, Hollande ne fait pas comme Sarkozy qui virait un préfet pour un pet de travers. Ces fonctions sont politiques, il ne s’agit pas de placer des potes (sauf à l’IMP) mais d’appliquer une politique, or un type de droite ne peut pas appliquer une politique de gauche.
Par ailleurs, la gauche ne pouvait pas tolérer à certains postes liés à la sécurité, notamment à la direction de la DCRI et à la Préfecture de Police des proches de Nicolas Sarkozy pour des raisons évidentes.
Par contre, tu n’as pas lu le billet, désireux comme tu es, tout comme le Parisien mais pour une autre raison, de faire un procès à charge. Les remplaçants ne sont pas nécessairement des types proches du pouvoir socialiste et tous les gugusses que dénonce Pierre Parillo ont des promotions normales et n’ont rien à voir avec la gauche, ils ont aussi eu des promotions sous la droite ou ont travaillé dans des cabinets ministériels de droite. Un « procès » est fait à des mecs qui ont passé quelques mois dans les ministères de Mitterrand II comme conseiller technique.
Oui que Schwartz soit de gauche serait bien nouveau. Merci pour ce travail de désintox
RépondreSupprimerJe suis sur que François Khalfon lit ton blog régulièrement. Vous êtes souvent sur la même ligne.
RépondreSupprimerLa gauche n'est pas mon bord politique, mais mon commentaire est plus un compliment qu'un sarcasme.
Merci alors !
SupprimerJe l'ai lu ce matin mais mon fucking iPhone voulait pas que je commente.
RépondreSupprimerSacré boulot pour un sacré billet hein!