31 mars 2013

Qu'est-ce que Pâques ?

Il y a des types, comme moi, qui sont profondément athées. En voyant le billet de Romain, sur Pâques, je me suis rendu compte que je ne savais plus ce que c'était à part une histoire de cloches venues de Rome. C'est pourtant la fête chrétienne la plus importante. Honte sur moi.

Pâque est la fête juive qui commémore la sortie d'Egypte (épisode que je connais surtout, comme beaucoup de monde, grâce au cinéma). C'est pendant cette fête juive que Jésus a fait sa résurrection. Du coup, les chrétiens ont gardé le nom de la fête juive et c'est bien plus simple mais ils ont ajouté un « s » au bout.

Pâques tombe toujours un dimanche, contrairement au lundi de Pâques qui tombe un lundi.

Pâques marque la fin du carême pendant lequel il est interdit de manger des œufs. Du coup, il faut les garder et les peindre pour les refiler à ses voisins.

Revenons sur l'histoire

Selon Wikipedia, Jésus de Nazareth est né cinq ou sept ans avant sa propre naissance. Je me demande si les chrétiens sont des gens bien sérieux mais je ne vais pas en faire une pendule. Peut-être que Wikipedia est infesté par des partisans du mariage pour tous qui veulent torpiller la religion. C'est mal.

Jésus est un juif Galiléen. C'est étrange que l'église ait condamné Galilée quelques siècles plus tard sauf si ça n'a rien à voir. Galiléen n'est pas un gros mot. La Galilée est une région au nord d'Israël.

Jésus est le fils de Joseph, un charpentier et de Marie, une étudiante en sainteté. A l'époque, la majorité légale, chez les juifs, était 30 ans (ce n'est que grâce à un ancêtre de Giscard que les jeunes juifs ont pu s'émanciper, quelques siècles après). Toujours est-il qu'à 30 balais, il a échappé à la vigilance de ses parents et a rejoint Jean le Baptiste, un prédicateur populaire des milieux baptistes, une espèce de prophète, aussi. Jésus est alors baptisé par Jean mais ils commencent à se foutre sur la gueule n'étant pas d'accord sur Dieu.

Du coup, Jésus a collé ses huit jours et s'est entouré de ses propres disciples ou apôtres. Jésus se fait connaître localement comme guérisseur thaumaturge (il soignait en faisant des miracles). Il commence à prôner des trucs et à faire des enseignements divers...

J'abrège.

Après il a été trahi. L'histoire ne dit pas si le Front de Gauche y est pour quelque chose et est arrêté pendant les fêtes de la Pâque juive. Il a un procès et est condamné par Ponce Pilate qui était bien emmerdé même s'il ne savait encore vraiment à qui il avait à faire. Il est crucifié un vendredi.

Quelques jours après, et paf ! La résurrection de Jésus ! C'est Pâques et tout ça et la vraie naissance du Christianisme. Selon Vatican II (oui, je raconte des conneries mais je me renseigne avant), Dieu a été révélé par la personne de Jésus Christ. La résurrection a révélé Dieu en en trois lascars de façon définitive et insurpassable.

Voilà ! Vous savez tout sur Pâques. Si je peux rendre service...

N.B. : je viens de chercher "Pâques" dans Google Images. C'est nul.

30 mars 2013

Les normes, simplification

L'ami Nicolas_Ldt revient sur le sujet que j'évoquais hier et avant-hier : la simplification des normes, voulu par François Hollande. Comme d'habitude, le billet est drôle mais quelque peu caricatural. En introduction : « En 1977, le Parti socialiste voulait “changer la vie”. En 2013, François Hollande, issu de ce même parti mais en ayant récusé l’étiquette (“je ne suis plus président socialiste”) propose de simplifier la vie de ses concitoyens. C’est le fameux « choc de simplification » dont le président de l’époque précise les contours sur son profil Facebook où il invoque une « diminution des normes ». » (voir l'illustration que je lui ai piquée).

Dans son billet, il évoque le futur, après la disparition des normes. On voit par exemple ceci : « Tous les domaines de la création contemporaine française furent traversés par la nouvelle vague simplificatrice jusqu’à l’architecture avec la construction sous la direction de Jean Nouvel, lauréat du Pritzker Prize, du premier bâtiment labellisé ZERO NORME. Cet édifice singulier dont la construction ne respecta aucune des normes en vigueur fit l’objet d’une inauguration par le président de la République en 2016 mais il s’écroula juste après la cérémonie. »

La caricature est forte (personne n'envisage de supprimer toutes les normes) mais c'est la conclusion qui me gène : « Certaines critiques reprochèrent alors au « choc de simplification » de cacher un « choc de démarcation » de la droite et de la gauche, notions complexes dont les définitions traditionnelles devaient absolument être simplifiées voire abandonnées. »

Dans un de mes billets, je citais un exemple : les vestiaires des arbitres de foot doit obligatoirement être aux normes pour les Personnes à Mobilité Réduite. C'est effectivement une idée très de gauche, de vouloir ça mais, au fond, je ne vois pas l'intérêt que toutes les communes de France disposent de tels vestiaires : on voit rarement un type en chaise roulante arbitrer un match de foot dans le fin fond de la campagne.

Où je bosse, ils ont supprimé une partie de notre local « cafet » et le local où le personnel de la société assurant l'entretien rangeait leur matériel pour mettre des toilettes aux normes PMR (il paraît que c'est obligatoire). Je ne me plains pas, c'est logique, il faut que des handicapés puissent travailler chez nous. Par contre, on m'expliquera où est le progrès social d'obliger le personnel assurant l'entretien de stocker leur matériel à un autre étage et de nous empêcher d'être à plusieurs dans le local avec la machine à café. C'est l'enfer. Vous venez chercher de l'eau, il faut faire la queue derrière les gens qui viennent faire un café. Je vais arrêter l'eau.

Mitterrand a changé ma vie : on est obligés de prendre le café dans le couloir si on veut discuter avec collègues. Un de ces jours, je vais amener des chaises et une table dans les toilettes pour handicapés. Ah ! Je ne peux pas ! Le personnel en charge de l'entretien y stocke son matériel.

Je disais que la conclusion de mon homonyme me gène... Quand on commence à voir une fracture entre la droite et la gauche dans les toilettes pour arbitres de foot dans les terrains des petites communes, ça me gène. Ca me gène parce que les communes ne peuvent plus construire d'équipements, ça leur coûte trop cher. Et, à la fin, les mômes ne peuvent plus avoir de terrains pour jouer au foot.

Dans les années 90, je faisais partie d'une association d'éducation populaire (un truc de gauche !). Nous organisions des centres de vacances pour les enfants. En quelques années, nous avons à moitié coulé parce que nous étions obligés d'augmenter les tarifs à cause des centres en question qui devaient se mettre aux normes. Du coup, on envoyait de moins en moins de gamins en vacances et on n'avait plus comme seuls clients des familles assez aisées (sans plus, les plus riches avaient d'autres vacances...) et des salariés pauvres aidés par la CAF et le CE de leur boite.

Légiférer et normaliser un peu tout n'est pas nécessairement un truc de gauche... Ca peut nuire « au peuple ». Pas aux sociétés privées en charge de construire des cuisines aux normes dans les centres de vacances ou des vestiaires pour les arbitres de foot en chaise roulante.

L'agonie intellectuelle des observateurs politiques

« Il ne clive pas le pays autour de sa personne. La droite déteste l'homme plus que sa politique. La gauche déteste sa politique moins que l'homme. » C'est ainsi que Juan de Sarkofrance qualifie François Hollande dans sa chronique hebdomadaire. Il a probablement raison. Cette semaine politique est assez décevante et montrent assez bien l'état la réflexion...

Par exemple, en lisant le Télégramme, ce matin, je suis tombé sur l'interview d'un économiste qui disait, d'une part, qu'il fallait accélérer la réduction des déficits et, d'autre part, baisser les impôts de 80 milliards. On se demande s'il voit vraiment que c'est totalement incompatible. Autre exemple : Didier Goux (ça fait longtemps que je n'ai pas stigmatisé). Il a un fait un billet, hier, en « s'étonnant » que « les blogueurs de gouvernement » n'avaient pas fait de billet sur à l'interview de François Hollande. Certes ! Gabale n'a fait son excellent billet qu'aujourd'hui, mais Romain Blachier et Sarkofrance avaient déjà fait les leurs. Surtout, Didier oublie de se poser la question : quel intérêt de faire un billet ?

Les blogueurs perdent leurs repères. Prenez ce billet, par exemple, du blog qui s'appelle « Socialiste critique ». Un ventilateur à merde sur les leftblogs. Comme moi, il parle des événements récents. Je vais prendre quelques extraits. Vous avez le droit de remettre les phrases dans leur contexte en allant le lire en entier.

« Mais le fait est que la démission de Jérôme Cahuzac, mardi 19 janvier, a été à l’origine d’un véritable trauma parmi la gent socialiste, et, partant, dans l’ensemble du Web social-démocrate, pris au sens large. » Le type n'a strictement rien compris. Il est capable de faire un très long billet de blog sur la base de ce genre de raisonnement complètement con.

Je m'explique : la démission de Jérôme Cahuzac n'a pas été un traumatisme mais un soulagement. Nous n'aurons plus à défendre des conneries sans intérêts.

Tout le billet est sur la base de ce genre d'âneries...

« Un article modéré mais parfois incohérent de Sarkofrance a été l’origine d’une passe d’armes assez stupéfiante sur Twitter, avec enchaînement d’injures à l’encontre de la charmante (et incontournable) Melody_N, passage totalement grotesque, et qui révèle d’ailleurs l’épuisement nerveux de son auteur. » L'auteur, c'est moi ! J'ai vu Sarkofrance qui répondait à une petite dame qui l'accusait d'être payé par l'Elysée pour faire son article. J'ai voulu répondre à Sarkofrance : « C'est qui cette connasse ? », mais j'ai laissé le nom de la dame dans le tweet. Ca a déclenché une immense vague dans Twitter avec des tas de gens qui se sont excités comme des puces, notamment un lascar... Pourtant, une simple recherche Google montre qu'il était infiniment plus grossier que moi.

Et l'autre andouille parle de MON épuisement nerveux. En l'espace d'un mois, j'ai eu deux procès de ce genre dans Twitter par des espèces de raclures. Sarkofrance a fermé ses blogs il y a une semaine (puis les a réouvert) tellement il en avait marre de s'en prendre plein la gueule par des connards qui se prennent pour des intellectuels derrière leurs claviers. Si on a un épuisement nerveux, c'est uniquement à cause de subir ce genre d'attaques de la part de type complètement à côté de la vraie vie, pas à cause de la défense du gouvernement...

« Ces bastonnades virtuelles se sont terminées tard dans la nuit de mercredi à jeudi, et n’ont guère donné de résultats, à part une gêne teintée de honte de la part de quelques left-bloggers, et une incompréhension mêlée de mépris de la part du bolchevisme virtuel. » Quelle gêne ? A part que je suis confus d'avoir incendié une dame qui ne m'avait pas adressé la parole.

Tous ces twittos ont oublié un détail : le départ vient du fait que certains sont persuadés que nous sommes payés par l'Elysée pour faire nos billets. Ils oublient qu'on puisse être d'accord avec la ligne de François Hollande, ligne qu'il a défendu pour une primaire qu'il a gagné puis pour une présidentielle qu'il a gagné. En outre, elle nous traite de corrompus, de malhonnêtes, d'escrocs intellectuels, je trouve que j'ai utilisé des propos un peu légers pour y répondre...

Je parlais de ventilateur à merde, je me demande s'il n'a pas fait tourner la girouette. Pour ma part, je reste favorable aux mêmes orientations politiques qu'il y a deux ans, voire 20 ou 30...

Le type explique que nos bastonnades se sont terminées tard dans la nuit de mercredi à jeudi mais lui-même revient dessus.

« Tout d’abord, le Web social-démocrate, proche du parti curieusement socialiste, est entré en phase d’agonie intellectuelle. » Mouarf !

« Le fait est que les left-blogs ne comprennent que la politique politicienne, et que l’histoire des idées, mais aussi l’histoire politique, leurs sont totalement étrangères. » Heu... J'aimerais bien voir ses chevilles. Cela étant, la politique politicienne est ce qui permet d'être élu pour appliquer une politique.

Je suis allé voir deux mois de son blog. Il n'y a pas un seul billet pour défendre une position politique précise sauf à propos du mariage pour tous mais le billet n'est que de la politique politicienne. Il est d'ailleurs amusant que nous sommes parfaitement d'accord. Le blog est très bien mais le fait est que je parle du fond de l'actualité politique beaucoup plus souvent que lui (j'ai fait deux billets en deux jours sur la simplification des normes, par exemple). Ce n'est pas le tout d'écrire, il faut aussi mettre en avant des idées de transformation du pays...

« A qui la faute ? La faute au même. Toujours le même. Nicolas Sarkozy. Cinq ans de « sarkofrance » ont décervelé les blogueurs de centre-gauche. On aurait pu croire que la victoire de François Hollande leur avait donné l’occasion de construire une doctrine digne de ce nom, mais il n’en a rien été. » Il a parfaitement raison pour la première partie à un détail près : ce ne sont pas les blogueurs de centre gauche qui ont été décervelés : ce sont précisément TOUS les autres qui couinent parce que Hollande maintient sa ligne politique, celle qui a fait qu'on l'a choisi... Construire une doctrine ? Mais c'est grotesque ? Maintenant « qu'on » est au pouvoir, il faudrait avoir une autre vision ?

« Pris entre des convictions socialistes parfois sincères, et une détestation de la droite les poussant à soutenir l’ensemble de la politique gouvernementale, même lorsqu’elle se révèle indéfendable, les blogueurs sociaux-démocrates sont entrés en épisode schizophrénique permanent. » Qui a défendu un truc indéfendable ? Pour ma part, j'ai critiqué la hausse de la TVA, l'ANI, le CICE, … Je ne sais pas qui est schizophrène. Quand on voit une gauche de la gauche incapable de prendre du recul, ça me fait rigoler.

Tiens ! Je parlais de l'augmentation de la TVA. Quand cela avait été annoncé, j'avais vu dans Twitter une provocation d'un copain, du genre : « Alors @jegoun, tu vas défendre ça ? ». J'ai répondu « Chiche ! » et j'ai fait un billet avec que des conneries en commençant par une explication du genre : « on me demande dans Twitter de faire un billet pour défendre l'augmentation de la TVA, je vais tenter mais je crois que je vais en chier », montrant explicitement que je déconnais. J'avais quand même subi une rafale de critique dans Twitter.

Plus aucun recul, les gars ! Tellement prêts à taper sur le gouvernement qu'ils en font un amalgame entre les blogueurs. Au fait ! Je tiens à signaler que les leftblogs ne sont pas un groupe de sociaux démocrates mais de blogueurs de gauche, de toute la gauche.

« Ces gens sont en souffrance, et je les comprends. » Normalement, la psychologie de comptoir, dans les blogs, c'est moi...

« Mais nous autres avons l’avantage d’une réflexion solide. » Pour qui il se prend ? C'est délirant d'oser écrire ça... (il recommence un peu plus loin : « Je proclame sans exagération que j’avais bien plus de maturité politique lorsque je manifestais, à quatorze ans »).

Il faut souffler un peu, mon gars... La France est un pays où la droite domine largement. Le cumul des voix de gauche à une présidentielle atteint rarement plus de 45% au premier tour... Ce n'est pas parce que François Hollande est en chute libre dans l'opinion publique que je vais changer d'avis sur quoi que ce soit.

Tu as une belle plume, certes, mais fais gaffe à ne pas écrire n'importe. Tu me reproches d'avoir insulté une dame (dans les faits, je lui ai appliqué le même traitement que celui que j'applique à des hommes) sans te rendre compte qu'avec la première moitié du billet tu es largement plus insultant envers les leftblogs que moi envers la dame puisque tu voudrais démontrer que nous sommes devenus complètement cons.

Pour cette démonstration, tu utilises des arguments totalement faux : tu les inventes en croyant réfléchir mais tu te plantes. Tiens ! Je reprends la démission de Cahuzac. Il est évident que son départ nous soulage, comme il soulage tout le monde dans l'entourage de François Hollande mais tu prétends exactement le contraire. Ca ne facilite pas ta crédibilité, de même que les deux ou trois passages où tu te regardes enfler les chevilles d'un peu trop près.

Tu es l'agonie intellectuelle...

Dure semaine

Elle a commencé par des polémiques et des insultes. Elle se termine par une interview d'un président de la République et des « commentateurs » de la vie politique, blogueurs, éditorialistes, qui perdent leurs repères, probablement à cause de Nicolas Sarkozy comme l'explique le blog dont je parlais.

Je vais leur répondre : François Hollande ne s'adressait pas à vous, journalistes, blogueurs ou autres tenanciers de plume, mais aux Français, du moins à ceux qui étaient devant leur poste. Il leur a dit qu'il a fait des réformes et qu'il faut attendre qu'elles portent leurs fruits, que cela ne sera pas immédiat...

Vous pensez qu'il aurait été crédible en annonçant d'autres réformes ou en prétendant que la reprise serait immédiate et facile ?

29 mars 2013

Je n'ai pas regardé Hollande

Finalement, je vais donner mon avis sur la prestation de François Hollande, hier. C'est de la faute de Bembelly, qui, contrairement à moi a vu l'émission. Le Président a été particulièrement convaincant. Il a montré le cap, la route à suivre,... Nous serons avec lui pour le changement. Y

Je n'aurais pas du lire le communiqué de presse d'Harlem Désir en diagonale, j'ai oublié la suite.

J'en ai lus, des éditos, des billets de blogs, de droite, de gauche, de l'autre droite, de l'autre gauche,... J'ai même lu le communiqué de Jean-Louis Borloo, c'est vous dire !

Ils voulaient quoi, tous ? Que Pépère dise qu'il avait mené une mauvaise politique ? Qu'il annonce un revirement complet ? Qu'il lance une politique de grands travaux pour permettre à des ouvriers d'acheter des iPhone pour faire des billets de blog au comptoir ? Que l'on pourrait aller chercher de la croissance avec les dents, qu'il s'engage à faire passer le chômage au bout de cinq ans et que plus personne ne dormira dans la rue ?

Je vais vous faire des aveux.

Je n'ai pas regardé Hollande parce que j'étais au bistro.
Je n'ai pas regardé Hollande parce que je n'attendais aucune annonce particulière.
Je n'ai pas regardé Hollande parce que je ne pense pas qu'on sortira de la crise avant longtemps et que la courbe du chômage s'inversera parce quelques éditorialistes ou blogueurs avinés savent mieux que Pépère ce qu'il a à faire.
Je n'ai pas regardé Hollande parce que je ne regarde que rarement les émissions politiques à la télé parce qu'elles ne changent pas, elles ne changent rien.
Je n'ai pas regardé Hollande parce que même sans la regarder, j'aurais pu deviner ce que chacun allait dire.
Je n'ai pas regardé Hollande parce que je n'en ai pas besoin.

Il a montré un cap. Celui qu'il a montré en préparant la primaire et en prenant 60 engagements.

Encore des normes !

Mon copain Politeeks n'est pas content de l'intervention de François Hollande et en fait un long billet. Il revient sur le sujet que j'évoquais hier, les normes, et ce qu'a annoncé le président de la République : des travaux pour les simplifier. Politeeks ne dit pas que c'est libéral, mais presque : « Encore une fois le diable se cache dans les détails. Dites vous bien que simplifier, c’est de-réguler d’une façon ou d’une autre. » Et alors ?

Les fabuleuses machines sur lesquelles je travaille et qui vous permettent de retirer du pognon pour aller au bistro doivent avoir un clavier à moins de 1m30 pour permettre aux types en fauteuil roulant de tirer de l'argent. Une norme le dit. Une autre dit que le clavier doit être à plus de je ne sais plus quelle hauteur pour vous permettre de mieux vous protéger quand vous saisissez le code confidentiel.

La dérégulation est parfois nécessaire : quand il n'y a pas des contradictions, ça entraîne des coûts pharaoniques. Par exemple, il nous a fallu respecter cette norme  « PMR » (personnes à mobilité réduite) : je vous laisse imaginer le coût quand les bâtiments sont anciens ! Tiens ! Une autre norme : comment voulez vous faire une rampe d'accès devant un machin considéré comme un monument historique ?

Politeeks dit : « Par ce que bien sûr on va nous citer des cas extrêmes et tragi-comique... » Tout le monde confronté à « des normes » pourra sortir des exemples et détailler le coût.

Des cas extrêmes ? Ma mère habite au milieu d'une impasse de 50 mètres. Des types ont décidé que les camions poubelles n'ont plus le droit, par sécurité, de rouler en marche arrière. Du coup, les camions poubelles ne peuvent plus rentrer dans l'impasse. Tu parles qu'ils risquent d'écraser du monde dans une impasse avec 5 maisons à 5 heures du matin...

La dérégulation un truc libéral ? Tu parles ! Les collectivités locales sont obligées de passer par des boites privées tellement certains domaines sont complexe... Tiens ! Dans mon domaine, la plupart des normes sont faites par les industriels ou les banques : le législateur n'intervient pas sauf pour obliger le respect des normes dans des domaines qu'ils ne connaissent pas. Nous, on s'en fout, la loi française n'est pas très contraignante puisque ce sont toutes directives européennes liées à l'euro qui s'appliquent. Vous savez ce que dit l'Europe aux banquiers : démerdez-vous, faites des normes, assurez-vous qu'elles correspondent à l'esprit de l'euro (c'est une monnaie commune, le droit s'applique de la même façon à tous les utilisateurs, en gros) et prouvez nous le ! Les banques et industriels fournisseurs pondent des normes, mettent en place des calendriers et disent à Bruxelles : vous voyez, on a bien travaillé... Aucun élu ni aucun fonctionnaire européen a regardé le détail.

N.B. : Ceci ne me choque pas spécialement, les fonctionnaires européens n'ont pas à être spécialistes de la carte à puce.

Avec l'Euro, ce n'est pas de la dérégulation mais de la régulation assurée par le privé. C'est purement libéral et ça ne me choque pas plus que ça. Mon côté soc-lib... Ce qui me choque le plus c'est que si ma mère est malade, elle pourrait être amenée faire appel à des boites privées pour sortir ses poubelles.

Dans mon billet d'hier, je citais l'exemple des cantines scolaires sujettes de plein de normes qu'il faudrait dépoussiérer. Je disais qu'il suffisait d'écrire dans la loi que : « la collectivité responsable du restaurant met en œuvre des menus équilibrés, diversifiés, adaptés à l’âge des consommateurs et faisant une place autant que faire se peut aux produits locaux rendus disponibles par les circuits courts. »

Les cantines scolaires étant sous la responsabilité des collectivités locales, leur supprimer des normes débiles sur le nombre d’œufs que doivent manger les mômes ne paraît pas idiot. On peut qualifier ça de tragi-comique si on veut.

Mais n'oublions pas qu'avec toutes les normes que nous avons, on s'est quand même retrouvés avec de la viande de cheval dans nos lasagnes...

N.B. (ou message de service) :
  • Politeeks a raison, par contre, quand il dit qu'il faut renforcer les moyens de contrôle par l'état,
  • Je ne fais pas de billet suite à l'intervention de François Hollande. Je suis assez d'accord avec Rosa.
  • Les commentaires de ce blog de personnes hostiles à François Hollande (sauf des copains, évidemment) et qui n'ont aucun fond seront dorénavant supprimés sans publication. Mon blog n'est pas un organe de communication de François Hollande et encore moins de ses opposants...
Et je m'en explique. Hier, Jacques Etienne a comment ceci : « Plus compétent que M. Hollande, y'a pas. C'est tout simplement inimaginable. Quelle chance nous avons ! » Je le considère comme un copain, je laisse le commentaire. Il n'empêche qu'il a soutenu un type qui n'a même pas été fichu de se faire réélire et qui a creusé la dette de 600 milliards, laisse le chômage croitre de un million. Le cynisme a bon dos mais il faudra peut-être, un jour, que les Sarkozystes assument.

28 mars 2013

Enorme ! Des normes...

En passant chez mon confrère Authueil, je suis tombé sur rapport (pdf) de la Mission de lutte contre l’inflation normative fait notamment par mon camarade Monseigneur Alain Lambert, seigneur de Twitter (mais vil libéral), et Jean-Claude Boulard, chef des rillettes (et socialo). Figurez-vous que je vous en recommande la lecture (je vais vous aider) ! Non seulement il est parfaitement lisible (contrairement à beaucoup de rapports de ce type), mais en plus, il est drôle, illustré par Plantu, avec des exemples comiques…

Et surtout, il est édifiant. Et je viens d’en lire un quart (sur 116 pages) en étant passionné.

Je vous livre un extrait du premier chapitre pour vous permettre de juger le ton : « Le stock est évalué à 400 000 normes. Il s’est constitué au fil du temps par addition, sédimentation, superposition, comme les couches d’une géologie juridique. La seule nuit d’abrogation s’est déroulée le 4 août 1789... »

La partie 1 porte sur l’allègement des stocks de normes. Sa première section porte sur l’interprétation des normes.

Ne lisez pas tout, ça va vous saouler. Foncez directement à la page 18 avec l’annexe qui décrit des exemples de ce que peuvent provoquer l’application « aveugle » de certaines normes. Je vous recopie le premier : « La découverte sur le tracé projeté pour l'autoroute A28 du scarabée Pique-Prune protégé par la Convention de Berne a conduit à retarder pendant dix ans un chantier jusqu'à ce que l'on découvre que, très répandu dans le département de la Sarthe, la réalisation de l'autoroute ne le menaçait nullement.

Dix ans qui ont conduit à prendre trois mesures décisives :
- quelques fûts d'arbres à cavités où il vivait ont été transférés sur des sites spécialement aménagés
- le concessionnaire a pris en charge un suivi scientifique du scarabée, confié à l'Office du génie écologique.
- plusieurs scarabées pique-prune ont été équipés de microémetteurs qui permettent d’étudier leurs déplacements. »

La deuxième section est consacrée aux normes que l’on pourrait abroger.

A partir de la page 22, on a quelques exemples. Le premier peut difficilement être résumé (lisez, je vous dis !). Il porte sur la loi qui impose aux cantines scolaires d’avoir des menus équilibrés… Elle se traduit par des groupes de travail, des études, des recommandations (du genre : un adolescent peut manger un œuf ou un œuf et demi)… Alors qu’il suffirait de dire dans la loi que : « la collectivité responsable du restaurant met en œuvre des menus équilibrés, diversifiés, adaptés à l’âge des consommateurs et faisant une place autant que faire se peut aux produits locaux rendus disponibles par les circuits courts. »

Le deuxième exemple porte sur l’aération des locaux recevant du public du public. Trois décrets s’enchaînent, tout est prévu, y compris la vérification que les fenêtres ont bien des boutons pour les ouvrir alors qu’il suffirait d’écrire que les responsable « veillent à ce que les agents affectés à la surveillance desdits établissements les aèrent régulièrement en ouvrant les fenêtres. »

Le troisième exemple porte sur des décrets qui imposent une mise aux normes « antisismiques » des bâtiments y compris dans des zones où il n’y a strictement aucun risque (cela coûte par exemple 160 000€ pour un nouveau collègue au Mans).

 La troisième section porte sur les normes que l’on pourrait adapter ou alléger.

Rendez-vous page 29 où les exemples sont truculents. Les toilettes des arbitres de foot doivent être aux normes pour les « personnes à mobilité réduite ». On a souvent vu des arbitres en chaises roulantes ou aveugles… Il y a plein de trucs comme ça qui sont rendus obligatoires par la loi. Il suffirait de changer la loi en disant : « Un décret en Conseil d’État pourra prendre des mesures d’adaptation de la présente loi sous réserve que celles-ci soient compatibles avec les objectifs poursuivis par la loi. »

Beaucoup de domaines sont étudiés. Par exemple, le taux d’encadrement des enfants dans les crèches est beaucoup plus important en France que dans d’autres pays. Le coût des crèches est donc beaucoup plus cher en France qu’ailleurs alors que tous les gouvernements cherchent à développer les crèches. « Partant du constat que dans les autres pays d’Europe appliquant des taux d’encadrement moins contraignants, ces taux n’ont posé aucun problème de qualité et de sécurité, il est proposé de rouvrir la discussion sur l'allègement. Cette proposition se heurtera à l'hostilité des partenaires sociaux, elle n'aura donc pas de suite, mais elle mérite de poser le problème des coûts comme source de frein du développement des services publics. »

Il est impossible de faire une maison avec deux appartements, un au rez-de-chaussée et un au premier car elle serait considérée comme un immeuble collectif et un ascenseur serait obligatoire pour les Personnes à Mobilité Réduites…

La quatrième section « propose » de revisiter les lois.

Elle n’a pas d’exemple cocasse mais décrit un phénomène : on s’aperçoit que des lois sont mauvaises mais on ne prend pas le temps de les corriger ou on n’ose pas…

Je vais néanmoins citer une partie de cette section pour vous montrer qu’il faut tout lire, uniquement pour rigoler un peu, à propos de l’abrogation de lois obsolètes : « Nous suggérons au Parlement de se livrer régulièrement à cet exercice en séance de nuit par référence à celle du 4 août qui fut la nuit de toutes les abrogations. »

La cinquième section est consacrée aux normes qui s’appliquent aux clubs de sport, dont les équipements sont souvent financés par les collectivités locales.

Je cite un seul exemple, à propos des terrains de baskets : « les villes de Lille et Le Mans donnent des exemples de variation dont l’une des plus emblématiques est, en basket, la règle dite du panier à trois points qui tiré hier à 3.25 m devra être tiré 3.75m, ce qui entraîne des modifications coûteuses des parquets. » L’exemple m’est cher puisque mon père était responsable des terrains de basket de la région Bretagne (il était président de je ne sais plus quel truc), donc j’ai passé une partie de mon enfance à coller du ruban adhésif coloré sur des parquets avec lui…

La sixième section est sûrement intéressante et porte sur les schémas et les zonages. Jetez-y un œil pour voir le nombre de schémas directeurs, de schémas régionaux, de zones d’activité machin, de zones d’éducation bidule, … qui existent !

La septième section porte sur le déclassement.

Des textes de lois contiennent des mesures qui devraient être de l’ordre réglementaire. Il y a beaucoup de travail.

La huitième section est consacrée aux prescripteurs et aux payeurs.

En deux mots : l’Etat impose des conneries, les collectivités payent. Des coups de pied au cul se perdent.

La neuvième section est consacrée à l’empilement des textes Nationaux et Européens.

Je résume : il y a des trucs qui sont votés au niveau Européen mais la loi française en fait plus ce qui emmerde tout le monde et ne sert à rien.

Il fallait une dixième section. Ils l’ont faite. Elle est très bien aussi mais mon billet s’étend. Je vais donc sauter la suite, pourtant captivante avec des exemples et des propositions.

Ca nous amène page 72 à la deuxième partie qui, vu le titre, devrait nous montrer comment maîtriser le bordel.

Il est d’abord rappelé que le problème n’est pas nouveau et que les précédents rapports (Gallois, Attali, …) n’ont jamais été suivis d’effets. « Or, comme le soulignait la Commission pour la libération de la croissance française dans son rapport rendu en janvier 2008, « les « coûts » engendrés par la complexité normative ont ainsi été évalués par la Commission européenne à 3 % du PIB européen, tandis que l’OCDE les chiffres à 3-4 % du PIB selon les pays. Pour la France, ce coût est estimé à 60 milliards d’euros. »

Ah ! Moscovici qui cherche tout le temps des milliards va être content. Cahuzac aussi mais à titre posthume.

C’est bien, il y a des résumés, je n’ai pas besoin de tout lire : « 
-         la norme est un sujet sociétal, politique et économique avant d’être un sujet de droit ;
-         traiter de l’intempérance normative implique donc de considérer le sujet sous un angle qui ne se limite pas à l’approche juridique ;
-         le traitement de l’intempérance normative est la condition nécessaire au rétablissement de notre compétitivité économique autant que de nos finances publique. »

La page 77 est passionnante. C’est philosophique. Il est très démocratique de faire passer des normes par la loi, donc au Parlement mais ce dernier ce trouve surchargé de connerie et la démocratie prend un coup dans la gueule. Ceci ne concerne pas seulement les débats sur les votes des lois mais de leurs évolutions ultérieures.

Le résumé : « 
-         le sens de la structuration hiérarchique de notre droit a été perdu de vue ;
-         l’erreur majeure consiste à penser que seul le niveau de norme quasi maximal (loi) assorti de la dimension la plus contraignante possible (obligation) permettent de garantir l’atteinte des résultats souhaités ;
-         il en résulte une rigidité excessive du corpus juridique qui alimente la défiance du citoyen envers le droit et en empêche les évolutions nécessaires. »

Lisez la suite pour moi, je fatigue. Nous sommes environ page 80. Quand je pense aux parlementaires et assistants parlementaires qui vont devoir lire tout. Au fait, je cite Authueil, au début. Lisez son analyse.

Et alors ?

Quand François Hollande a parlé de légiférer par ordonnance, c’était pour enlever les conneries telles que je cite en exemple dans la loi.

Des joyeuses andouilles ont gueulé pour l’utilisation de procédés antidémocratiques mais tant que le Parlement sera occupé à faire des conneries, il ne fera pas autre chose et, pendant ce temps, ça nous coûte la peau des fesses.

Bravo à Alain Lambert et à Jean-Claude Boulard qui ont réussi à me faire sourire avec ce genre de rapport. Je vais pouvoir leur refiler les clés de mon blog !

La compétence du président

Ah ! Un nouveau sondage vient de tomber : 29% des gens trouvent que François Hollande est compétent. 60% le trouvent incompétent. Je propose un nouveau sondage ou plutôt une interrogation des gens. Je parie que 95% des gens ne connaissent pas le rôle du président de la République ! Nous avons donc des gens qui répondent à un questionnaire sur la compétence mais ne savent pas à quoi cela se rapporte... De mieux en mieux.

Pour mieux juger du rôle du président, il faut se rappeler des trois périodes de cohabitation que nous avons subies. Je résume : la seule action notoire d'un président en période de cohabitation est celle de Mitterrand quand il avait interdit à Chirac de légiférer par ordonnance... Sans compter que ça nous avait fait rigoler.

Ainsi, le rôle du président porte surtout le fonctionnement des institutions (ordonnances, dissolution, référendum,...) avec aussi quelques prérogatives en matières de diplomatie et un rôle particulier vis-à-vis de l'armée.

Sinon, il a quelques pouvoirs de nomination, dont une notoire, celle du Premier Ministre, celui qui va diriger la politique du pays.

De part le calendrier électoral qui fait que depuis 2002, les législatives ont lieu quelques semaines après la présidentielle, c'est bien la campagne électorale du président qui détermine la politique à mener et donc le président qui décidé quel Premier Ministre aura pour rôle de mettre en œuvre les promesses de campagne.

Imaginons un "21 avril 2017". Premier tour : grosses divisions à gauche. Au deuxième tour, Marine Le Pen est opposée à Jean-François Copé. Personne ne peut le blairer. Les électeurs de gauche n'iront pas voter. Les électeurs de droite sont persuadés du contraire et s'autorisent à voter pour la candidate du FN pour rappeler à Copé qu'il est à droite alors qu'il mène une campagne plutôt à gauche pour convaincre les électeurs de gauche de venir voter. Bref ! Le bordel ! Marine Le Pen est élue. C'est une fiction, restez calmes !

Ensuite, il y a les législatives. L'UMP est anéantie. La gauche fait front commun et se mobilise à fond ! Le Front National se demande ce qu'il lui arrive et n'a pas de candidats potables à mettre partout. La gauche gagne. Le Parti Socialiste remporte la majorité absolue. La présidente nomme Harlem Désir, le premier secrétaire du PS, Premier ministre. Ne paniquez pas, ça reste une fiction.

10 mois après. Nouveau sondage : Mme Le Pen est-elle compétente ? Je réponds "oui". Elle a pris la meilleure décision qu'elle avait à prendre : nommer premier ministre le patron du parti majoritaire.

C'est quasiment tout ce qu'elle aura pu faire comme présidente. Elle pourra faire une dissolution (au bout d'un an je crois).

Revenons à nos moutons.

François a nommé Jean-Marc comme Premier Ministre en lui disant : "hop hop hop, tu fais ce que je dis, on essaie de mettre en œuvre ces putains de 60 engagements."  JM obtempère sinon il est lourdé.

2014 : le PS prend une baffe aux deux élections. 2015 : pareil. François Hollande a trois solutions. 1. Continuer ainsi. 2. Dissoudre l'Assemblée. 3. Changer de PM.

1. Il a été élu pour cinq ans et 60 engagements. Il est compétent et continue.
2. Sa politique ne marche pas. Il recommence tout. Il est compétent et laisse la droite se démerder. En 2017, il est réélu, comme le sortant en 1988 et 2002. Doublement compétent.
3. Il change de premier ministre et nomme Martine Aubry qui symbolise une autre ligne à gauche. Il lui dit : "tu te démerde". Il est compétent en tentant autre chose. Une espèce de cohabitation débute et il est réélu en 2017. Doublement compétent.

Le domaine de compétence du président porte donc sur le fonctionnement des institutions et sur le fait de se faire réélire, ce que l'on ne peut juger que lors du quinquennat suivant.

Jacques Chirac était très compétent. Il a fait une dissolution qui a permis la mise en place d'un bon gouvernement puis s'est fait réélire. Ensuite, il a permis l'élection de quelqu'un de sa majorité. On pourrait en dire autant de François Mitterrand. Il était encore plus compétent. Il a fait les dissolutions en début de mandat ce qui lui a permis de faire de qu'il voulait. Puis il a permis de faire élire Jacques Chirac qui était celui qui lui a permis d'être président en 1981, d'après la rumeur.

Nicolas Sarkozy a été totalement incompétent. Il a dirigé une politique, ce qui n'est pas son rôle, qui a été désastreuse pour la France, et n'a pas été réélu. Et en plus, il a la justice au cul.

Tout ça pour dire que ce sondage est complètement con, tout comme les gens qui y ont répondu. Si on m'avait posé la question, j'aurais répondu : "je n'en sais rien, bordel, je ne sais pas ce que fait Hollande quand il bosse. J'aurais plutôt tendance à dire qu'il semble plutôt incompétent parce que, vue sa popularité, je ne vois pas trop sa réélection en 2017 mais tout peut arriver. Est-ce bien la question que vous me posez ?"

Ainsi, les deux présidents les plus incompétents de cette République furent Valéry Giscard d’Estaing et Nicolas Sarkozy. Non seulement, ils n’ont pas été réélus mais ils ont eu les plus mauvais résultats en matière d’économie. N’oublions pas que « sous » Giscard, le chômage a été multiplié par quatre.

Je n’oublie pas que l’heure est à la pédagogie. Quelques extraits de la Constitution :

« ARTICLE 5.

Le Président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'État.

Il est le garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire et du respect des traités. »

La Constitution est respectée. Les pouvoirs publics fonctionnent… La nation est indépendante, le territoire est intègre et, si les traités ne sont pas respectés, c’est de la faute de la droite qui n’a pas été foutue de respecter ces putains de 3%.

« ARTICLE 8.

Le Président de la République nomme le Premier ministre. Il met fin à ses fonctions sur la présentation par celui-ci de la démission du Gouvernement.

Sur la proposition du Premier ministre, il nomme les autres membres du Gouvernement et met fin à leurs fonctions. »

François Hollande est très compétent, il a nommé un Premier ministre et des membres du Gouvernement.

« ARTICLE 9.

Le Président de la République préside le conseil des ministres. »

Je n’ai pas vérifié, mais je suppose qu’il le fait.

« ARTICLE 10.

Le Président de la République promulgue les lois dans les quinze jours qui suivent la transmission au Gouvernement de la loi définitivement adoptée.

Il peut, avant l'expiration de ce délai, demander au Parlement une nouvelle délibération de la loi ou de certains de ses articles. Cette nouvelle délibération ne peut être refusée. »

A ma connaissance, François Hollande promulgue très bien.

François Hollande est très compétent. Mais ce n’est pas superman.

Hollande : on ne va pas en faire un fromage

News Republic est une application que j'utilise pour suivre l'actualité sur mon smartphone. Il agrège le contenu de différentes sources d'information. Ce matin, dans la catégorie "politique", il n'y en a que pour Hollande. BFM : Grand oral sur France 2, comment Hollande s'est préparé. Le Parisien : sondages sévères avec Hollande, les Français ne regrettent pas Sarkozy. BFM : Hollande sur France 2, une intervention qui tombe à pic. France 24 : François Hollande à la télévision : 45 minutes pour reprendre la main. BFM : Hollande, mauvais président pour 51% des Français. RFI : Pour sa première interview télévisée depuis 2012, François Hollande doit rassurer les Français.

Rien que ça. Avant, j'avais regardé les applications du Monde, du Figaro et du Parisien : Hollande, son interview et sa popularité. Remarque ! Faut pas trop que je gueule, j'en ai fait deux billets hier. Je me mets à part : je suis blogueur, pas journaliste. Personne ne paie pour me lire. 

Les Français sont donc informés qu'ils n'aiment pas le Président et que ce dernier va essayer de leur redonner confiance et qu'il faut tenir jusqu'à ce que la courbe du chômage s'inverse et que les premières réformes produisent leurs effets. Demain ils seront informés que le Président a essayé de leur redonner confiance et qu'il faut tenir... Si avec ça ils ne comprennent pas que le Président a essayé de leur redonner confiance et qu'il faut tenir, on ne peut plus rien pour eux. A la limite, je ferai un billet samedi pour leur rappeler...

Ah ! Non ! Je ne tiens pas un média d'information mais un blog politique engagé soutien de François Hollande et du gouvernement. Même à jeun. Je me fous donc de la popularité de François Hollande mais ça me surprend. Le cerveau humain est bizarrement fait. Lors du quinquennat précédent, je me réjouissais des baisses de popularité de Nicolas Sarkozy, non pas par méchanceté, mais parce que ça me montrait que de plus en plus Français pensaient comme moi. Là, je devrais me désoler mais même pas... Étrange. 

Bon ! Il faut que je fasse le boulot de blogueur de gouvernement et répare certaines des erreurs des journaux. Par exemple, j'ai vu que François Hollande avait la pire popularité de l'histoire de la cinquième. C'est faux : c'est la pire popularité d'un Président dans son 10ème mois. Il conviendrait de préciser qu'il avait aussi la pire popularité dès son premier mois (pour un premier mandat).

Je suis désolé d'insister sur ce détail mais la presse nous gonfle depuis septembre avec la même information : pépère a la pire popularité. Comme je le disais hier, il a perdu le même "capital de popularité" en dix mois que Nicolas Sarkozy en 2007/2008 et Jacques Chirac en 1995/1996. Ainsi, il est probable qu'un statisticien aurait pu prévoir l'évolution de la popularité dès juin dernier. Tu parles d'une information !

Les Français votent, élisent un nouveau Président, ont de l'espoir et constatent progressivement qu'il n'a pu tout faire dès le premier jour, qu'il y a du chômage et tout ça. Ils font la gueule. Comme si on leur avait dit que le changement, c'est maintenant, et que ça ne vient pas. 

Pourtant, ils devraient être habitués. Nicolas Sarkozy leur avait promis en 2007 que le chômage passerait sous la barre des 5%. C’est vrai qu’il était plus efficace, il avait mis moins de 10 mois à inverser la courbe du chômage. Mais avant, elle allait dans le bon sens.

Je rappelle ça par pur méchanceté. Les blogueurs de droite veulent démontrer que François Hollande n'est pas légitime ce qui leur permettrait de rendre légitime la révolution qu'ils pensent faire pour éviter le mariage pour tous. Du coup, ils tentent de démontrer qu'il ne respecte pas son projet. J'ai même trouvé un crétin qui expliquait que le mariage en question n'ayant pas été un des axes forts de la campagne, il n'est pas légitime. 

Je n'ai plus en tête toutes les promesses de Nicolas Sarkozy. Il y avait ce chômage à 5% et plus de SDF. C'est raté. 

Dans les articles de presse que j'ai lus, j'en au vu qui expliquaient que François Hollande devait s'adresser aussi à l'électorat à sa gauche. Étant moi-même fatigué de certaines remarques qu'on peut me faire, je vais répondre à sa place : hé ho ! Qui a gagné les primaires, bordel ? Chaque électeur de gauche a sa solution pour sortir de la crise et voudrait qu'elle soit mise en place. 

Moi aussi, j'ai ma solution. Je ne vais pas écouter le Président qui va tenter de me redonner confiance et m'expliquer qu'il faut tenir. 

Je serai au Kremlin des Blogs avec des copains blogueurs. C'est quand même mieux, non ?

27 mars 2013

Le sondage de trop ?

Un nouveau sondage vient de sortir et fait la une de Google News. Titre de l’article : « En dix mois, François Hollande a déçu 2 Français sur 3 ». Cette interprétation du résultat est grotesque. La question posée était : « François Hollande a été élu président de la République en mail 2012. En ce qui vous concerne, si vous deviez donner votre sentiment actuel, êtes vous aujourd’hui satisfait ou déçu de son élection ? »

Attention ! Je vais faire des mathématiques… Accrochez-vous. A peu près 48% des gens ont voté pour Nicolas Sarkozy. Nous pouvons donc d’emblée en conclure que le 6 mai au soir, 48% de la population était déçue. Le nouveau sondage donne un chiffre de 68% de déçus. On peut donc en déduire qu’en dix mois François Hollande a déçu 20% des français, ce qui représente 40% de son électorat. C’est déjà beaucoup.

Le sondage que je citais ce matin, disait que la cote de confiance était passée de 55% à 30% ce qui fait une baisse de 15 points, donc environ, également de 40%.

On est bien loin des deux Français sur trois déçus depuis l’élection. On est à 20% soit un sur cinq.

Vous allez me dire que je chipote. Vous avez raison mais je n’aime pas lire des bêtises en une de Google News (sauf quand je manque de temps pour faire un billet et que ça me donne une idée toute trouvée).

Je chipote mais je peux même retourner totalement les chiffres. Par exemple, François Hollande a eu 27% au premier tour. S’il conserve 32% (100 – 68) de gens qui ne sont pas déçus, c’est qu’il surprend agréablement 5% de la population. Je plaisante.

Il n’empêche que c’est important. Dans mon précédent billet, je parlais de l’image du gouvernement mais des milliards de réactions dans Twitter ou dans les commentaires me laissent à penser que je me suis mal fait comprendre. En particulier, je n’ai pas nié le problème d’image.

J’ai seulement dit qu’un gouvernement de gauche n’aura jamais une bonne image auprès du peuple de droite et vice versa.

Le Gouvernement n’arrivera pas à résoudre son problème de popularité, donc son problème d’image, sauf à la marge en évitant les couacs.

Problème d'image

« Le gouvernement doit avant tout soigner son problème d'image » Tel est ce que me dit Pierre en commentaire du précédent billet. Je ne sais pas quelle est l’image du Gouvernement. Je sais uniquement que sa popularité est basse, ce qu’il faut relativiser : je n'ai pas voté pour ces braves gens pour qu'ils aient une bonne popularité mais pour qu'ils fassent les réformes nécessaires au pays. 

Ça ne veut pas dire que je minore la difficulté : sans une confiance dans le gouvernement de la part des ménages et des entreprises, on aura du mal à faire redémarrer la croissance et à gagner les prochaines élections. Sans compter qu’on aimerait bien ne plus avoir le moral en berne.

Passant beaucoup de temps dans les blogs les réseaux sociaux, j’ai beaucoup de mal à savoir quelle est l’image du Gouvernement dans la population. J’ai toujours l’impression que les gens dont je ne partage pas les convictions ont tort mais j’ai l’objectivité de penser que je peux me planter aussi.

Je fréquente les blogs de droite. Ils sont peu nombreux à faire réellement de la politique au-delà de ce qui peut dépasser les billets d’humeur. Les commentateurs sont encore pire que les blogueurs, me semble-t-il. Je vais donner un exemple. Un blogueur de droite a fait un billet sur la législative partielle où l’on a vu les candidats de l’UMP et du FN au coude à coude. Je lis en commentaire : « Encore une constatation de la mauvaise foi des socialistes et des journalistes : Mancel victoire de justesse avec 51% des voix. 6 mai 2013 large victoire de Hollande avec 51% des voix. Cherchez l'erreur ou la mauvaise foi ! » Or, d’une part, personne n’a dit que la victoire d’Hollande était large et, d’autre part, la victoire de Mancel était effectivement de justesse : on aurait pu s’attendre à ce qu’il fasse plus de 60%. Ce type n’a strictement aucune objectivité et fait un raisonnement purement à charge (comme j’ai pu faire) dont se fout à peu près tout le monde.

Ainsi, les réseaux sociaux et les blogs ne permettent pas de juger l’image du gouvernement.

Pour juger de l’image, nous avons bien les sondages : ils nous disent, en gros, que la cote de confiance est très basse, à 30%, mais ils nous disent aussi qu’une majorité de Français ne pensent pas qu’une autre équipe ferait mieux.

Les Français désespèrent de la politique.

Sur le site de TNS-Sofres ont trouve l’historique de la popularité des présidents (pour la question : « Faites-vous tout à fait confiance, plutôt confiance, plutôt pas confiance ou pas du tout confiance [au président] pour résoudre les problèmes qui se posent en France actuellement ? »).


Juin
Mars
Diff.
François Hollande
55
30
-25
Nicolas Sarkozy
63
37
-26
Jacques Chirac
50
55
+5
Jacques Chirac
64
40
-24
François Mitterrand
57
58
+1
François Mitterrand
74
58
-16

Tous les présidents ont perdu environ 25 entre le mois de juin qui suit leur première élection et le mois de mars de l’année suivante. Je dis ça parce qu’il n’y a pas de mal à se faire du bien : la chute de François Hollande est normale, c’est un président normal.

Ce qui est intéressant, c’est la baisse de l’indice de confiance en début de mandat. En 1981, 74% des gens avaient confiance en François Mitterrand, contre 55% pour François Hollande. Le constat est à peu près le même pour les premiers ministres de début de premier mandat :


Juin
Mars
Diff.
Jean-Marc Ayrault
50
28
-22
François Fillon
55
45
-10
Jean-Pierre Raffarin
60
53
-7
Alain Jupé
65
33
-32
Michel Rocard
66
55
-11
Pierre Mauroy
71
57
-14

Les Français désespèrent de la politique.

Nous sommes dans une crise qui dure depuis 40 ans et les Français savent que la sortie de crise ne viendra pas des actions des gouvernements. Je crois donc, malheureusement, que la cote de popularité est destinée à rester basse (je viens de faire un tour sur le site de la Sofres que je citais : quasiment tous les Premiers Ministres ont vu leur popularité baisser).

Je parle de popularité parce que c’est le seul indicateur que nous avons. Mais la vraie question posée par mon commentateur est l’image du Gouvernement. Je suis persuadé que celle-ci est déformée par les habitudes que nous a données Nicolas Sarkozy, qualifié « d’omniprésident ». On a l’impression que les premières mesures économiques et sociales ont été faites par lui dès le début de mandat.

Je suis par ailleurs persuadé que le gouvernement qui était en place en mars 2008 avait une plus mauvaise image que le gouvernement en place actuellement. Peut-être qu’à l’époque il y avait encore un vague espoir alors qu’aujourd’hui, la place est à la résignation.

On va faire un sondage. La question : « dans leurs postes ministériels réciproques, qui semble le plus à sa place ? »

Affaires étrangères : Kouchner ou Fabius ?
Agriculture : Barnier ou Le Foll ?
Culture : Albanel ou Filippetti ?
Economie : Lagarde ou Moscovici ?
Education Nationale : Darcos ou Peillon ?
Environnement : Borloo ou Batho ?
Industrie : Idrac ou Montebourg ?
Intérieur : Alliot-Marie ou Valls ?
Justice : Dati ou Taubira ?
Logement : Amara ou Duflot ?
Ministre de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Codéveloppement : Hortefeux ou heu… ?
Santé et affaires sociales : Bachelot ou Touraine ?
Travail : Bertrand ou Sapin ?

Je ne cite pas les ministres du budget (Woerth ou Cazeneuve…). J’ai l’exercice de comparaison avec le gouvernement de mars 2003…

Surtout je ne cite pas les Premiers Ministres. François Fillon avait très probablement une meilleure image que Jean-Marc Ayrault alors que personne ne peut dire à quoi il servait à l’époque… Au moins, il me semble que Jean-Marc Ayrault à l’image de faire l’interface entre le président et les ministres et de rendre des arbitrages, parfois douloureux, voire notamment lors de l’histoire de Mittal. D’ailleurs, cette histoire ressort aujourd’hui avec la sortie d’un livre décrivant les engueulades entre Jean-Marc Ayrault et Arnaud Montebourg.

L’image du gouvernement ?

Mon billet d’hier portait sur l’intervention de François Hollande, demain. Pierre me disait « Il est nécessaire de reprendre en mains ce gouvernement et son image. »

Je crois que François Hollande doit rappeler que s’il fixe les grandes lignes en fonction du calendrier, c’est bien le gouvernement et le Parlement qui mettent tout ça en musique. Les arbitrages sont faits par Matignon et pas par lui. Il faut qu’il nous montre ce qu’est un président normal. François Hollande a fait une grosse erreur en ayant promis de ne pas recevoir les médias à l’Elysée. Il est obligé de trainer, maintenant, sur les plateaux télé à faire le service après-vente d’un gouvernement. Il doit se mettre au dessus du gouvernement.

C’est ainsi que le gouvernement récupérera une bonne image, image qui n’est pas plus mauvaise que celle du précédent gouvernement.

François Hollande ne peut pas faire plus, à part prendre quelques mesures disciplinaires quand il y a des couacs.