« Cela veut dire que la
pression médiatique des petits Robespierre de la justice que sont M. Plenel et
ce site d'informations d'extrême gauche Mediapart ont aujourd'hui plus
d'importance que la justice. » C’est bien la première fois que j’aurais
salué les propos de Guillaume
Peltier, dans ce blog. Tous les pontes de l’UMP n’ont pas eu une réaction
aussi saine. « La situation de Jérôme Cahuzac
n'était évidemment plus tenable au sein de ce gouvernement qui décidément n'a
plus ni direction ni boussole. » selon Jean-François Copé. La palme
(de ce que j’ai pu lire) revient à Valérie Rosso-Debord : « #Cahuzac a démissionné un nouveau coup dur pour le
gouvernement qui subit le désaveu des Français pour sa politique de matraquage
fiscal. » Je vois difficilement ce que la démission de Jérôme
Cahuzac a à voir avec le désaveu des Français…
Laurent Wauquiez fait fort aussi : « Des soupçons forts avaient émergé il y a plus de deux mois.
Dans un contexte où on demande toujours plus d'efforts aux Français, aucun
politique ne peut se maintenir à un poste comme celui-là lorsqu'il y a a de
tels soupçons de collusion et de conflits d'intérêt. » Jérôme
Cahuzac a démissionné le jour où la justice a mis le nez dans l’affaire. Une
enquête préliminaire « contre Eric Woerth » avait été ouverte le 10
juillet 2010. Ce dernier n’a pas démissionné mais n’a pas été reconduit dans
ses fonctions à l’occasion d’un remaniement le 14 novembre.
Dominique Dord : « Le
Président de la République tire la seule conséquence possible de la preuve du
mensonge public et réitéré de monsieur Cahuzac. Il n'avait aucun autre choix.
C'est un coup très dur pour un Gouvernement qui s'était autoproclamé
‘exemplaire'. » Depuis quand il y a une preuve ? Le
Gouvernement est exemplaire.
Hervé Morin : « Démission
de #Cahuzac : la descente aux Enfers de #Hollande continue. » L’homme
qui tire sur une ambulance…
Nadine Morano souligne
que l’UMP « n'avait jamais eu de comportement
tel que le PS a eu à l'égard d'Eric Woerth. Nous avons toujours respecté la
présomption d'innocence. » Ses collègues ne l’ont pas entendu,
visiblement. Néanmoins, elle a raison. L’UMP n’a pas souvent eu l’occasion de
ne pas respecter la présomption d’innocence. A gauche, M. Cahuzac est le second
ministre à être obligé de démissionner
après avoir été mêlé à une affaire, après Dominique Strauss-Kahn (relaxé). Voire
le troisième si on compte Bernard Tapie en 1992 (non lieu).
A droite, nous avons eu Alain Carignon (1994 – condamné à 5
ans de prison dont 1 avec sursis), Gérard Longuet (1994 – non lieu), Michel
Roussin (1994 – non lieu), Renaud Donnedieu de Vabre (2002 – coupable de
blanchiment), Pierre Bédier (2004 – condanné), Hervé Gaymard (2005), Alain
Joyandet (2010), Christian Blanc (2010), Michèle Alliot-Marie (2011) et Georges
Tron (2011). Excusez du peu…
Jean-Louis Borloo semble me rappeler à l’ordre et il a
raison : « Bien que ce soit un adversaire
politique, je souhaite qu'il puisse faire valoir sa vérité » « Il est inévitable que les hommes publics en responsabilité
subissent un pré-jugement médiatique bien plus fort que la décision de l'ordre
judiciaire. De nombreux précédents devraient appeler à la retenue. »
Les propos des personnalités de gauche sont bien sûr plus
élogieux. Jean Glavany a même dit qu’il ne pouvait pas ne pas penser à Pierre
Bérégovoy. Le porte-parole du PCF a simplement déclaré : « La démission de Jérôme Cahuzac s’imposait. En toute
indépendance, la justice doit faire son travail. »
Et les blogueurs ?
Je citais hier Gauche de Combat, blogueur du
Front de Gauche. Dans les commentaires, Sarkofrance lui dit qu’il confond
une cause politique et un fait divers. GdC confirme : « il est le représentant de cette « gauche » hypocrite que
j’exècre, et qui a tant désillusionné les militants et sympathisants de gauche,
pas dupes de l’écart entre le discours et les actes. Ce n’est pas une anecdote
ni un fait divers, mais une divergence idéologique profonde. Comme celle qui
m’oppose à Nicolas. »
Les blogueurs Front de Gauche font donc de cette histoire
une affaire politique. Laissons-les jouer, avec Médiapart, leur chouchou…
Les autres blogueurs (auxquels je suis abonné) n’ont pas eu
le temps de faire beaucoup de billets. Sarkofrance, justement, dans ses
coulisses. A propos de Médiapart : « Quand
j’ai compris que le site n’avait pas choisi entre ses deux missions: défendre
une cause politique – ce qui est respectable – et promouvoir une investigation
journalistique indépendante. Mediapart n’est pas indépendant de ses idées. »
Dans son blog principal, il
souligne la rapidité de la démission et rappelle, comme moi, quelques affaires
de droite. Il rappelle ensuite l’indépendance de la justice puisque c’est l’ancien
directeur de cabinet de Michèle Alliot-Marie qui est le procureur « à l’origine »
de cette démission. Il revient également sur la confusion à la gauche de la
gauche où on confond le combat politique et une affaire privée. Il finit par
rappeler que les blogueurs ne comptent pour rien et il a bien raison.
Il cite aussi Elie Arié dans
son tout nouveau blog. « Je ne suis pas sûr que
la démocratie sorte grandie de la possibilité, ainsi illustrée, pour une
feuille de chou, de faire démissionner un ministre sur la seule base d'un
enregistrement qui est "probablement" -pas certainement- celui de sa
voix -et strictement rien d'autre: mais Plenel va exulter, et le chiffre
d'affaires de Mediapart va grimper:c'est l'essentiel, n'est-ce pas? La justice,
le droit, la démocratie, on s'en fout. » Cette démission est
inquiétante.
Authueil, blogueur de
droite, s’inquiète des conséquences de la démission sur les influences à
Bercy. « Médiapart, en sortant cette affaire, a
jeté une allumette dans une pinède du sud de la France en pleine canicule. Le
feu vient de partir et le pompier, c'est pépère Hollande... »
Bembelly
rappelle l’engagement du (futur) président de la République : « Moi Président de la République, il y aura un code de
déontologie pour les ministres qui ne pourraient pas rentrer dans un conflit
d’intérêts » et salue la rapidité de la décision.
CC s’étonne
avec humour du manque de sens de communication politique de Jérôme Cahuzac :
« Quand Cahuzac prétend qu'il n'a pas de compte
en banque, ni en Suisse, ni ailleurs, je me sens trompée parce qu'il semble que
ce ne soit pas très réaliste, à notre époque, de ne pas avoir de compte en
banque du tout. Mais le fait de démissionner est une saine réaction. »
Elmone
salue la décision de Jérôme Cahuzac et rappelle que Brice Hortefeux est resté
ministre alors qu’il était mis en examen.
FalconHill,
blogueur à droite, comme Authueil, signale que Médiapart a fait tomber un
ministre, qui, vu de lui, n’est pas le moins respectable.
Ce matin, je me suis réveillé vers 6 heures. J’ai voulu
aller voir ce qu’en disait la presse et j’ai foncé sur Google News. L’information
n’y figurait pas et, deux heures après, on a uniquement un lien discret vers un
article du Point,
fidèle à lui même : « Pourquoi Hollande
était pressé d'en finir avec Cahuzac. » (François Hollande aurait
voulu liquider l’affaire avant le débat pour la motion de censure, aujourd’hui,
et, surtout, montrer au journal de 20 heures que l’affaire était réglée).
Etrange, cette une de Google News. Aqmi affirme avoir
décapité un otage. Les allocations familiales pourraient baisser. Les cantines
scolaires ne sont pas égales. Yahoo rachèterait DailyMotion, Une loi pour
rapprocher les universités et les grandes écoles. L’augmentation des embauches
en France. La manif pour tous toujours sans parcours. La justice étudie la
biographie de @Valtrier. L’attaque du RER D. La PAC. Le PS et la fédération des
Bouches du Rhône. La commande pour Airbus. Les conseils de l’OCDE à Hollande. Les
robots qui vont changer notre vie. Auchan résiste. Socoval et les propositions
de Dior. Mars. Free Mobile. Google et le comparateur de billets d’avion. Samsung
prépare une montre. Le fondateur de Twitter qui veut devenir maire de New York.
Rien sur Cahuzac.
Un ministre a démissionné et Google News l’ignore.
Comme j'ai dit hier chez moi, j'ai trouvé la droite républicaine, dans son ensemble, digne et respectable. Malgré les exemples (assez consternants) que tu mets en avant.
RépondreSupprimerEn cherchant bien, sans doute qu'au Front de Gauche ou au Front National, on trouvera parmi les commentaires indignes et consternants, quelques commentaires censés...
Enfin, excellent billet
Merci. Les exemples sont habituels.
SupprimerNe trouvez-vous pas que le texte du parquet semble avoir été rédigé, sur la forme tant que sur le fond, par Plenel lui-même ? Pourquoi évacuer d'une pichenette les informations à décharge provenant de Suisse ? Pourquoi insister sur ces quelques témoins qui vraiment n'ont pas l'air "blanc-blanc", alors que nous sommes des 10aines de milliers de "témoins" à avoir pu écouter, grâce aux medias, cet enregistrement, et à avoir, soit des doutes, soit des certitudes . Car la voix de JC depuis des mois, nous la connaissons par coeur, nous aussi.
RépondreSupprimerTout à fait de votre avis, ce communiqué m'a laissé perplexe:
Supprimer1 - il parle de la nécessité de poursuivre l'enquête jusqu'à Singapour: pourquoi?
-soit la Suisse répond que Cahuzac n'a jamais eu de compte à l' UBS, et il n'y aura pas lieu de chercher où est parti un argent qui n'a jamais existé, et l'affaire sera close;
-soit l' UBS indique le montant de la somme qui a figuré sur un compte en Suisse non déclaré au nom de Cahuzac: ceci est suffisant pour le poursuivre pour fraude fiscale, et, outre les condamnations qu'il va encourir, il devra payer les impôts, les retards et les amendes sur cette somme non déclarée; il est inutile de savoir où cette somme aura été transférée, puisqu' après ces paiements, elle sera régularisée (on a le droit de détenir de l'argent à l'étranger; ce qui est interdit, c'est de le faire échapper à la fiscalité)..
2- Le procureur de la République fait état de la nécessité d'ouvrir une enquête pour (entre autres) "perception par un membre d'une profession médicale d'avantages procurés par une entreprise dont les services ou les produits sont pris en charge par la sécurité sociale" : qu'est-ce à dire?
Cette entreprise en question serait un laboratoire pharmaceutique; ce n'est pas parce que les médicaments (pas tous, d'ailleurs) sont partiellement ou totalement remboursés par la Sécurité Sociale qu'un laboratoire pharmaceutique est un organisme hors la loi, et qu'il n'a pas le droit, avec ses profits (légaux), de rémunérer un cabinet de conseil comme celui que dirigeait Cahuzac; ce qu'il n'a pas le droit de faire, c'est, comme toute entreprise, de se rendre complice d'une opération de fraude fiscale; je ne comprends pas ce que ce "les services ou les produits sont pris en charge par la sécurité sociale" vient faire ici, sinon suggérer faussement que Cahuzac aurait détourné de l'argent de la Sécurité Sociale - ce dont personne ne l'accuse.
Il me semble que ce communiqué en rajoute beaucoup.
Globalement, à part quelques excités comme Wauquiez ou Mariani et sans compter la gauche de la gauche de la gauche, les réactions sont plutôt "mesurées", c'est rare.
RépondreSupprimerUn ministre, une affaire privée ?
RépondreSupprimerUn homme de pouvoir, chargé des sousous de la France, qui pourrait être coupable de blanchiment d'argent ne relève pas du simple fait divers je trouve.
RépondreSupprimerOn a sacrifié le soldat Cahu à la foule afin de sauver la popularité des autres membres du gouvernement.
Je pense que la chasse à Cahu est indirectement liée à la crise de confiance que les Français éprouvent pour les dirigeants.
Le journalisme de Médiapart n’a rien à voir avec le journalisme d’investigation, type Woodward et Bernstein dans le Watergate.
RépondreSupprimerIl a fallu le suicide de Me Olivier Metzner, avocat de la fille de Liliane Bettencourt, pour qu’on apprenne que c’est lui qui a dirigé la répugnante opération à laquelle s’est prêtée Médiapart, consistant à enregistrer les propos de son majordome, au lieu de le faire témoigner ouvertement.
Pour Cahuzac, Médiapart a prêté son concours à une opération murie de longue date par les adversaires politiques de droite de Cahuzac à Villeneuve-sur-Lot, toujours à partir d’un enregistrement.
Dans les deux cas, il n’y a eu aucune « investigation »: Mediapart construit sa « gloire » en se prêtant à des opérations que des gens qui ne veulent pas se salir publiquement les mains lui ont apportées toutes préparées.
Jm Jundt,
RépondreSupprimerLe procureur serait proche de l’UMP…
El Camino,
Ils n’ont pas trop le choix.
JPM,
Il « pourrait ». Laissons la justice faire le boulot.
Elie Arié,
Oui, il n’y a aucune investigation et Médiapart a des complices louches…