Nous approchons du 6 mai, célèbre
date anniversaire. Les blogueurs, les journaux, les soutiens,... se
préparent à commémorer ça. Moi aussi. J'ai remarqué que mes
camarades de droite manquaient un peu de repères. Par exemple,
certains m'ont reproché mon billet d'hier où je comparais les
propos contre l'Allemagne des socialos à ceux de Nicolas Sarkozy.
C'est mal parait-il. Par contre, d'autres n'ont pas hésité à
comparer le journaliste à l'origine de l'affaire du mur des cons
avec celui à l'origine de l'affaire Woerth. On nous critique
l'utilisation de la locution de « blague de potache ».
Comment pourrait-on qualifier ce dont était soupçonné Monsieur
Woerth ?
En gros, à gauche, on aurait tort de
critiquer le type qui a filmé le mur alors que le type qui est à
l'origine de l'autre affaire aurait utilisé des enregistrements
louches. Dans certains cas, on peut comparer dans d'autre pas.
Je vais donc profiter du fait d'avoir
acheté des chaussures neuves, ce matin, pour revêtir mes gros
sabots. Et comparer l'incomparable : les 12 premiers mois des
deux quinquennats. Remontez vos bretelles, j'arrive.
En mai 2013, nous attendons avec
impatience les premiers signes d'une hypothétique sortie de crise...
Le Président nous dit qu'il a mis en place une boîte à outil qui
permettra progressivement de faire redémarrer la machine. On a fait
quelques mesures phares. Je suppose que l'on reviendra largement
dessus dans les prochains jours.
En mai 2008, la droite avait pris ses
premières mesures phares, notamment la loi TEPA. Le Président nous
avait dit qu'il allait chercher la croissance avec les dents, que le
chômage reviendrait à 5%, que plus personnes ne dormirait dans la
rue...
Nous autres, à gauche, étions
sceptiques. On disait que les mesures prises étaient mauvaises et
allaient empêcher la baisse du chômage tout en accroissant les
inégalités puisque les mesures s'adressaient aux plus riches :
bouclier fiscal, ISF, successions... On nous jurait qu'on se
trompait.
En 2013, on nous dit que la première
année a été entachée de couac. En 2008, pourtant, on constatait
qu'un des ministres emblématiques, Alain Juppé avait été viré au
bout d'un mois parce qu'il n'avait pas été élu député. Ça fut
une chance pour le Président de l'époque puisqu'il a pu recaser
facilement son ministre de l'économie qui au bout d'un mois avait
accumulé les bourdes.
Une loi sur l'immigration clandestine
était passée. On a vu les résultats. Une partie avait été
censurée par le Conseil Constitutionnel. Deux autres lois étaient
votées : une sur les peines plancher et une sur la rétention de
sûreté, également partiellement censurée par le CC.
Le service minimum en cas de grève fut
institué (c'est sûr qu'on ne voit plus quand il y a grève...) et
une énième réforme des retraites (les régimes spéciaux) fut
faite. Une franchise médicale fut mise en place.
La droite pris une première claque à
des élections municipales (la gauche n'a pas eu "la chance"
d'avoir des élections au cours de la première année). Et un
premier gros remaniement a été effectué. Le Président mit en
place un "comité de liaison pour renforcer les liens à
l'intérieur de la majorité et préparer les futures échéances
politiques". Le "Comité de liaison de la majorité
présidentielle" naquit donc.
On nous parle maintenant des
difficultés entre le PS, le Gouvernement et l'Elysée.
Il faut dire que le gouvernement avait
été particulièrement aidé. Des ministres d'ouverture dont on se
demande encore à quoi ils servaient. Nadine Morano et Frédéric
Lefebvre à la communication du parti. Une espèce de monde idéal !
En avril 2008, un premier gros tournant
fut institué, avec la RGPP qui consistait à diminuer les moyens de
toutes les administrations y compris la police, la justice, l'école,
… sans s'occuper de ce qu'elles avaient à faire.
Ainsi, en avril 2013, on constate que
la reprise ne sera pas là dans les délais escomptés. En avril
2008, on ne savait pas qu'une crise économique majeure allait nous
laminer et que la politique fiscale menée jusqu'alors allait nous
priver de tous les moyens pour y faire face. Pourtant, cette crise
financière mondiale avait commencé en 2007.
En 2012 et 2013, on a entendu des
personnalités de l'opposition dire que le gouvernement n'avait pas
assez évalué la force de la crise. En 2007, ils n'avaient
strictement rien vu.
Pour cause, ma comparaison des deux
premières années s'arrêtera là. Un volet du quinquennat précédent
est amusant à observer pourtant, puisque les principales mesures
fiscales des premiers mois fut rapidement abandonnée.
Et certains, ceux-là même qui étaient
au pouvoir auparavant, accusent les socialistes au pouvoir de ne pas
en avoir fait assez, de ne pas avoir pris les mesures de la crise.
En 2013, on attend la sortie de crise,
désespérément, avec beaucoup de doutes,... En 2008, on ne
s'attendait qu'à peine à plonger dedans.
C'est pratique d'avoir des œillères.