En salle

18 mai 2013

Le compte Twitter de François Hollande

Lors de la conférence un jeune journaliste du Lab d'Europe 1 a demandé à François Hollande pourquoi il ne tweetait plus depuis l'élection. Le comportement des autres acteurs présents (le président, les membres du gouvernement et surtout les journalistes) a fait polémique. Ce n'est pas l'objet de mon billet mais je vais l'évoquer l'espace d'un paragraphe.

Pour résumer, pépère a répondu avec un trait d'humour laissant entendre qu'il ne prenait pas Twitter au sérieux, semblant soutenu par les vieux journalistes. Tout cela est raconté par Bruno Roger-Petit. Cette histoire ne m'intéresse pas mais je soutiens le jeune face aux vieux qui ont encore prouvé qu'ils étaient coupés du monde réel, même si, dans la suite de billet, je vais me montrer plutôt défavorable à l'utilisation de Twitter par les politiciens.

La question est : François Hollande devrait-il avoir un compte Twitter ?

Je vais tenter d'y répondre pour vous rendre service, en commençant par une première question. Dans le monde, pouvez-vous me citer deux personnalités politiques de plus de 40 ans à qui Twitter ait été bénéfique pour la carrière ? J'en demande deux perce que vous allez me citer Obama. Je dis moins de 40 ans parce qu'il y a des gens qui se sont rendus sympathiques dans les réseaux sociaux et bénéficient d'un peu de mansuétude... Mais ils n'ont pas "encore" fait carrière...

Obama. Aurait-il été élu puis réélu sans Twitter ? La réponse est oui. Twitter est un des éléments qui lui permettent de passer pour sympathique. François Hollande pourrait donc avoir un compte Twitter qui améliorerait sa sympathie.

Cela étant, quels sont les tweets de personnalités politiques dont on parle le plus ?

La réponse est claire : ceux où ils se rendent ridicules ou ceux où ils disent de grosses conneries. Les Twittos politiques les plus célèbres sont probablement Christine Boutin et Nadine Morano. Quelques élus ont des gros buzz négatifs, comme ce député UMP qui a fait un amalgame entre les casseurs du Trocadéro et les descendants d'esclaves.

On peut voir la chose par les deux bouts. Le premier est que c'est une excellente façon pour Christine Boutin et Nadine Morano. Sans leurs tweets, on ne parlerait pas d'elles. Ce député, par contre, a visiblement fait une plaisanterie qui a mal tourné. Il n'a pas analysé les conséquences de son geste. D'ailleurs, il a effacé son tweet dès qu'il a repéré le mauvais buzz.

Quelles seront les conséquences politiques pour lui ? S'il ne recommence pas, aucune. Tout le monde va l'oublier. Et s'il recommence ? Je ne sais pas. Je ne connais pas son électorat et son positionnement politique. Peut-être veut-il se faire un nom au niveau national ou a besoin d'assurer l'obtention de voix très à droite pour assurer ses premiers tours ?

J'aurais tendance à dire que les élus devraient ses cantonner à deux types de tweets : des communications institutionnelles ("Très belle ambiance à la Fête de Jeanne d'Arc, très beau discours de Marine Le Pen"), des communications personnelles ("Dîner en famille, ce soir, ça va me reposer d'une semaine à taper du pédé") et des tweets normaux ("Alors, @jegoun, tu payes une tournée pour l'anniversaire de la mort du général Massu ?"). Dans tous les cas, ces personnalités devraient éviter de commenter l'actualité politique, à mon avis.

Pour ma part, il y a trois personnalités politiques que je suis avec attention dans Twitter : Anne Hidalgo, Jean-Luc Roméro et Alain Lambert.

Je suis abonné à d'autres, mais ces trois là, quand je les croise dans Twitter, je les considère avant tout comme des "copains Twittos", pas comme des futures maires de Paris.

Je vais y revenir mais je dois faire un aveux : je ne suis que des comptes Twitter qui me suivent sauf @elysee et quelques exceptions toujours temporaires. Une personnalité me followe, je followe back. Ayant fait partie de l'équipe "réseaux sociaux" pendant la campagne de pépère en tant que gros blogueurs (et pas blogueur gros !), mon compte est suivi par @fhollande, mais aussi Najat, Marisol, Mosco, Hamon, Victorin Lurel,... et un ou deux autres. .

Toujours est-il que les trois dont je parlais me suivent (et réciproquement) depuis bien avant les primaires, voire avant l'explosion de Twitter. J'ai donc une attention particulière pour elles. Elles étaient les premières personnalités à suivre mon compte. Je vais les décrire (vu de Twitter), mais en trois mots seulement. Anne Hidalgo donne l'impression d'être une personne "très humaine". Jean-Luc Roméro donne envie qu'on l'aide dans son combat. Alain Lambert est comme un copain de comptoir : nous sommes tous les deux dans Twitter pour rigoler.

Revenons au compte de François Hollande.

Tout d'abord, notre président a 7 ans de plus que Barack Obama et se mettrait à tweeter plusieurs années après "l'autre", à une époque où Twitter est déjà connu et probablement proche de son pic d'utilisateurs, voire d'un certain déclin. Il n'y a pas d'Hollandemania comme il y a (ou a eu) une Obamania. Hollande ne peut plus acquérir une image de modernité avec Twitter. Au contraire, il pourrait apparaître à la traîne. Il faudrait qu'il organise parfaitement son lancement, puis se fasse un "personnage" (communication institutionnelle, personnelle, humour,...).

Le risque d'échec est important. Ses tweets seraient repris par la presse et pourraient générer des buzz négatifs, surtout s'ils sont repris et tournés en dérision par des élus de droite. Imaginons qu'il ait tweeté, lundi en milieu de soirée : "je serai de tout cœur avec les supporters du PSG ce soir, mais je veux rester bien avec ceux de Tulle pour 2022". Je dis ça au hasard mais ça semble sympathique : un mot de félicitations et un trait d'humour. Trois heures après, les émeutes que l'on connait. Tweet de @gounje, twittos et blogueur d'opposition et de comptoir : "pendant que pépère fait le con dans Twitter, la sécurité des Français n'est plus assurée !" Hop ! Repris par toute la presse.

D'un point de vue personnel, depuis l'affaire du soutien de sa campagne à Falorni pendant les législatives, François Hollande doit avoir une sacré peur de Twitter. Je suppose que ses conseillers en communication insistent pour qu'il reprenne le sien mais qu'il doit freiner... En outre, ça fait du boulot. Une personne sera obligé de gérer ça. Il faut préparer les tweets, les faire valider par les conseillers en communication puis par Hollande, gérer les abonnements et les susceptibilités, …

Évidemment, il y aurait des avantages, notamment celui de personnifier sa politique et de fidéliser un paquet de potentiels militants. Qui sont déjà militants et qui apprécient déjà le personnage...

Mais le jeu en vaut-il le risque ?

@fhollande a 500 000 abonnés, @barackobama 30 millions. 60 fois plus (la population des USA est 5 fois supérieurs à la France, comparativement, leur président a donc, en gros, 10 fois plus d'abonnés). En cette période de basse popularité, ne risque-t-il pas de passer pour un looser ?

Je pose les questions. Je n'affirme rien.

Quel est l'avenir de Twitter ?

Personne ne peut y répondre. Twitter a-t-il une bonne image, auprès du public ? On nous parle des 5 ou 7 millions d'utilisateurs en France, mais les 40 millions d'électeurs qui n'ont pas de compte ?

Qui sait si le must ne sera pas dans quelques mois d'avoir un Tumblr ou je ne sais quel réseau social à la mode ? Qui a fait le plus pour l'autre ? Barack Obama ou Twitter ? Quel pourcentage de son succès Twitter doit-il à Obama ?

François Hollande doit-il encourager une startup américaine, déjà grosse entreprise mondiale ou doit-il tenter le coup avec une startup française ou européenne ?

Il pourrait faire des pearltrees, par exemple, où l'on pourrait suivre ses déplacements, le cheminement de ses engagements, sa vie personnelle !

Tiens ! Militons pour l'ouverture d'un compte chez Pearltrees par @pépère !

15 commentaires:

  1. Pitié, Nicolas, lorsque vous reverrez Hollande au prochain goûter des blogueurs de gouvernement, dites-lui de NE PAS ouvrir de compte Tweeter ! Je suis sûr que ce serait épouvantable.

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    1. Pas de goûter. Je préfère les déjeuners.

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    2. Et la fois où vous êtes allés, à l'Elysée, qu'est-ce qu'il y avait à grignoter ? Et question pinard, c'était comment ? Parce que faut pas se leurrer, c'est ça qu'on aimerait savoir, pas ce que vous vous êtes raconté.

      Comme disait Molière, le véritable François Hollande est le François Hollande où l'on dîne.

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    3. Ta gueule. Viré du blog, le Mat...

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  2. C'est vraiment un excellent billet.

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  3. C'est vraiment un excellent billet.

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  4. Salut. J'ai d'abord lu ton billet, puis celui de BRP puis j'ai écouté la réponse du PR (je préfère PR à pépère, sans soute parce que je suis moi-même atteint de pépéritude vu que pépére est synonyme de papy et que je suis déjà trois fois grand-père.) Après le billet de BRP je m'attendais à une réponse égarée d'un président qui n'aurait pas du tout connu le sujet, une réponse du genre du mulot de Chirac. Hé bien pas du tout. Le PR connaît parfaitement le sujet et la fin de sa réponse est excellente : "je préférais avoir une conversation plus directe avec vous", et ton billet est parfait dans les questions que tu poses. Il faut quand même souligner que c'est la première fois qu'un # se trouve mis en avant sur le pupitre d'un PR avec #ConfPR ce qui prouve qu'il ne manque pas "d'esprit de décision". Enfin, il annonce au Lab qu'il va "réfléchir à votre proposition" et que "vous verrez bien au premier tweet si j'ai changé d'attitude". Joili teasing. Il ne ferme donc pas cette porte et BRP raconte n'importe quoi. Maintenant, en effet, cela en vaut-il la peine ? Oui sûrement si ça reste institutionnel et non pas personnel, comme une façon de faire passer des messages ou de livrer des annonces. Qu'on ne lui tweete pas un jour "Tiens, voilà du Boutin". Bonne soirée.

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    1. Je trouve "pépère" très affectif ! Pour le reste on est d'accord. Je n'ai pas compris la réaction de BRP. Mais lui était sur place et a probablement ressenti la la réaction des journalistes et cette connivence.

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    2. Pépère ou pas je suis pour le compte Pearltrees moi aussi, c'est une excellente idée.

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  5. Je sors d'un bouquin d'un psychanalyste lacanien où j'ai dû beaucoup m'accrocher pour pouvoir suivre; mais, là, au denier paragraphe de votre billet, je n'ai strictement rien compris!

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