En salle

28 mai 2013

L'homophobie ou le choc des mots

Les premiers textes sont sortis au Journal Officiel. Le premier mariage entre deux homosexuels aura lieu demain à Montpellier et sera célébré par la maire PS, Hélène Mandroux. « Toute la presse ne pourra pas être accueillie dans la salle des rencontres. Il y aura un système de retransmission dans une salle dévolue aux journalistes. » C’est grotesque. Vincent Autin, 40 ans, et Bruno Boileau, 30 ans, auront leur heure de gloire. J’imagine que des dispositifs de sécurité important sont prévus.

Je crois qu’on n’a pas fini de parler du mariage pour tous.

« primo, apprenez à vivre avec, on ne va pas interdire à des gens de se marier parce que cela vous pose un problème ; secundo : arrêtez de dire que vous n’êtes pas homophobe. » D’après Maitre Eolas (via Yasmilady, comme hier).

Je suis d’accord avec lui mais je n’aime pas ce mot, « homophobe ». Je crois d’ailleurs que je l’ai utilisé sur le blog pour la première fois, hier. C’est Suzanne qui me disait en commentaire qu’elle n’aimait pas ce mot qui me rend également mal à l’aise.

Elle parle d’hostilité à l’homosexualité. C’est peut-être un sentiment majoritaire dans l’opinion : les gens ne voudraient pas que leurs enfants soient homosexuels parce qu’ils veulent des « vrais petits-enfants », ils veulent que « la lignée » se poursuivre, comme depuis Adam et Eve, n’est-ce pas ?

Pour ma part, je m’en fous. Je n’ai pas d’enfant et je ne veux pas juger (mais rien qu’en le disant…). Je suppose que l’amour paternel ou maternel est généralement assez fort pour que les parents admettent la situation.

Cela en fait-il des homophobes ?

Une recherche Google « définition homophobe » fait pointer sur ce site. « Homophobe : qualifie une personne qui manifeste de l'hostilité à l'égard des homosexuels. » Wikipedia est évidemment beaucoup plus précis. Le site SOS Homophobie donne également sa définition mais quoi qu’il en soit nous sommes en plein dedans.

Wikipedia nous apprend plein de choses, sur ce mot. « Le 28 novembre 2012, l'agence de presse américaine Associated Press […] a déclaré qu'elle déconseillerait l'usage du terme « homophobie » (et de quelques autres comme « islamophobie »). Elle considère que le terme est actuellement utilisé de façon trop imprécise, voire dévoyée, puisqu'il renvoie à l'idée d'une peur irrationnelle, constituant une forme de trouble mental. »

Le terme « homophobe » est très fort, tout comme le terme « islamophobe » évoqué par Wikipedia. D’ailleurs si je lis la définition d’islamophobe dans Wikipedia, je pourrais presque m’y retrouver si le côté péjoratif n’était pas si fort : j’ai des préjugés contre l’islam comme j’en ai contre toutes les religions.

Ainsi, si on considère qu’une large majorité des parents hétérosexuels préfèreraient que leurs enfants ne soient pas homos pour des raisons relativement égoïstes (assurer une lignée,…), il est probable que la majorité des gens favorables au mariage pour tous aient une certaine dose d’homophobie.

En écrivant ces quelques lignes, j’avais l’impression de minimiser la gravité de l’homophobie. D’ailleurs, n’est-ce pas ce que fait Maitre Eolas ? Un opposant au mariage lisant son texte pourrait en conclure : « Ah ! Bon ! Je suis homophobe. Et bien tant pis. »

Pourtant, l’homophobie, quelle qu’en soit sa manifestation, est toujours grave. Cependant, si je traite Tonnégrande d’enculé parce qu’il refuse d’offrir une tournée, je n’ai pas le sentiment d’être homophobe. Je ne fais pas référence à ses orientations sexuelles, j’utilise un mot de la langue française.

Les mariages homosexuels vont se répandre, y compris à Mulhouse. L’homophobie, l’hostilité à l’égard des homosexuels, va progressivement baisser. C’est un travail de longue haleine.

La page Wikipedia lié à l’homophobie est passionnante, notamment au sujet des causes de celle-ci. Je vais résumer dans des mots propres à mon blog : en gros, les homophobes le seraient par peur de devoir admettre une part d’homosexualité en eux. Des Américains ont fait des expériences avec des hétéros et leur ont fait regarder des films pornographiques homosexuels. 80% de ceux qui exprimaient des sentiments d’homophobie ont eu une érection contre 54% pour les autres. Une scientifique aussi norvégienne qu’une omelette (ce n’est pas un terme homophobe) a déclaré : « Le mépris pour l'homosexuel efféminé est précisément ce qui rend acceptable la bisexualité pour les hommes masculins, et c'est pourquoi l'homophobie, le machisme et une bisexualité masculine généralisée forment un ensemble parfaitement cohérent. »

Tiens ! Je vais faire plaisir à mes lecteurs réactionnaires. Un scientifique a déclaré que l'homophobie est deux fois plus répandue chez les citoyens musulmans de la seconde génération d'origine maghrébine, africaine et turque en comparaison des jeunes Français Européens…

« Daniel Borrillo estime dans son Que sais-je ? consacré à l'homophobie que le fait que des personnes homosexuelles grandissent dans un monde généralement hostile à l'homosexualité, et où il n'en existe pas de modèles valorisés, font qu'ils intériorisent la violence homophobe qui les entoure (injures, propos méprisants, condamnations morales, attitudes compassionnelles, ...). Cette intériorisation de l'homophobie peut entraîner un sentiment de culpabilité, de honte ; elle peut même être cause de dépression ou de suicide (l'homophobie est l'une des principales causes de suicide chez les adolescents). »

Je ne sais pas si vous avez eu à faire à ces propos méprisants et tout ça. Je me rappelle d’un couple d’amis d’une vingtaine d’années de plus que moi. Ils avaient un fils unique de cinq ans de moins que moi. Un jour, un copain m’a dit : « Tu sais, ils n’auront jamais de petits-enfants, je l’ai vu en boite de nuit avec des garçons... » Outre le fait qu’il n’avait pas besoin de me le dire (mais peut-être éprouvait-il un malaise qui faisait qu’il devait parler), je ne sais pas pourquoi il a utilisé ces termes. A la limite, il m’aurait dit « tu sais que machin est pédé ? » que j’aurais été moins choqué, d’autant que je le savais depuis un paquet de temps…

Ainsi, mon pote, bien propre sur lui, à gauche et tout ça, avait tenu des propos qui ne se voulaient pas homophobes mais qui le sont assurément. Et je me suis aussi rendu compte qu’un membre de notre bande (on militait tous dans la même association) était obligé de cacher son homosexualité aux copains alors que je savais moi-même qu’il était homosexuel.

Ne le dites pas à mon pote, ça lui ferait de la peine : il est probablement homophobe.

Peut-être que le mariage pour tous fera un jour diminuer cette homophobie…

13 commentaires:

  1. Deux choses, en passant :

    – Le fait que les parents normalement constitués préfèrent avoir des enfants hétérosexuels n'est pas a priori égoïste, ou pas seulement égoïste si vous préférez : cela doit plutôt procéder d'un désir de les voir affronter, plus tard, le moins de problèmes possible. Or, être homosexuel reste, jusqu'à plus ample informé, une source de problèmes supplémentaires pour celui qui l'est.

    – Je ne vois pas comment le mariage pourrait faire diminuer les réticences face à l'homosexualité. Pour beaucoup de gens, les amours homosexuelles sont une sorte de caricature, de singerie de l'amour réel. Avec le mariage, ils auront l'impression d'une singerie au carré, poussée à l'extrême de la caricature

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    1. Première chose : on est d'accord mais ça n'empêche pas les motifs égoïstes.

      Deuxième chose : disons que ça participe à la banalisation.

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  2. Je crois qu'il y a une véritable homophobie, dans le premier sens du terme. Celle des personnes qui, par éducation, ou pour des tas de raisons, ont effectivement une peur irrationnelle de l'homosexualité et des homosexuels, et que cette peur peut les mener jusqu'au meurtre-ou au suicide. Elle est souvent latente et inavouée chez ceux qui refoulent des pulsions homosexuelles, ceux qui tueraient quelqu'un qui les traite de pédé. Elle a été longtemps accolée à celle de la pédophilie, et c'est bien qu'on commence à faire la part des choses, mais on commence tout juste.
    Et je crois aussi qu'on peut parfaitement être contre le mariage homosexuel sans éprouver la moindre crainte, la moindre haine envers les homosexuels. On peut trouver que c'est de la connerie mais ne pas manifester contre (ce qui revient à être pour, en fait) comme c'est mon cas.
    Personnellement, je trouver ridicules les Gay Pride et autres trucs semblables et CEPENDANT jamais je n'aurais le désir de chercher à les faire interdire, pour peu que j'en eusse les moyens.
    Homophobie, ce type de réaction ? Mais pourquoi n'aurait-on pas le droit de se moquer des Gay-Pride, des grandes folles, des drag queen, de ceux qui se montrent, se donnent à voir ? Homophobie ? Ah oui ? On rentre dans le délit de blasphème, alors ? J'espère que ça ne tombe pas sous le coup de la loi de dire qu'on trouve les "interventions du groupe Poézizi" consistant à demander aux spectateurs de gonfler avec leur bouche des sexes géants en plastique rose brandis par des types habillés en Dalida complètement débiles, inutiles et ennuyeuses. Le seul moment où on rit est quand on découvre le montant de la subvention municipale allouée aux "artistes".
    Bref, ça devient n'importe quoi ces histoires d'homophobie. On dirait que si on ne récite pas par automatisme tous les arguments anti-homophobes en poussant des petits cris d'horreur à chaque fois que quelqu'un dit "oui, mais..." on devient l'homophobe du moment. Un peu comme quand on joue à chat, il faut toucher quelqu'un qui doit toucher un autre pour n'être plus le chat.

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    1. Suzanne,

      Quel commentaire !

      Oui, il y a une vraie homophobie (peur) mais il y aussi une forme d’affirmation de la virilité (d’ailleurs, la page Wikipedia dit bien que l’homophobie est surtout masculine). Je m’amuse depuis quelques temps à écouter les propos tenus par mes potes, c’est abominable (et je suppose que s’ils écoutaient les miens, ça serait affreux). J’adore par ailleurs jouer avec l’homophobie des gens (comme je suis un célibataire endurci, beaucoup de lascars se demandent si je ne suis pas, moi-même, homosexuel). Ainsi, quand le serveur de la Comète m’a annoncé son départ, il m’a demandé s’il allait me manquait, je lui ai répondu que son petit cul allait me manquer. Vous auriez vu sa tronche ! Alors que ma plaisanterie n’est qu’une espèce de second degré. Est-elle homophobe ?

      Pour le reste, on est d’accord. Je pense que des machins comme la gay pride desserve la cause des homosexuels (même si elle a eu son intérêt en son temps), en faisant assimiler les homos à des folles avec des plumes dans le cul.

      Oui. Ce mot est abominable.

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  3. "Pour beaucoup de gens, les amours homosexuelles sont une sorte de caricature, de singerie de l'amour réel."
    Didier: je ne crois pas. Il me semble que l'eau a coulé sous les ponts, et même l'Eglise catholique en a mis beaucoup dans son vin. Les moeurs ont beaucoup changé en un siècle, et l'homosexualité est de moins en moins considérée comme un péché. On a eu le même cheminement pour la masturbation. Tous les ouvrages à l'intention des familles chrétiennes insistaient sur la lutte contre la masturbation infantile,en préconisant des méthodes contraignantes et humiliantes... Il n'y a pas si longtemps que ça. Depuis cent ans à peine, on conçoit (même chez les pratiquants) que les petits enfants qui se touchent ne le font pas par malice ou par vice. Maintenant, l'Eglise parle de "désordre" à propos de l'homosexualité, rien de plus. Et petit à petit, devient de moins en moins sévère, en prônant l'accueil et le respect.
    On montre toujours la caricature du grand bourgeois coincé, militaire de préférence, qui ne supporte pas son fils efféminé, à la maison il n'y a pas de ça dans une famille où on va au bordel et à la messe. C'est en voie de disparition, ce genre de cas. Maintenant, c'est une autre religion qui prend le relais, une religion montante chez nous qui impose la peine de mort pour les homosexuels dans beaucoup des pays qu'elle a sous sa coupe et une pénalisation sévère pour d'autres, et là, ça va être une autre paire de manches, tout un boulot à refaire...

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    1. D'accord avec Suzanne. Les mentalités bougent. Ce n'est plus un tabou, de plus en plus de monde s'en foutent. Mais c'est un travail de très longue haleine.

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    2. En fait, je réponds à côté de la plaque à Didier. "Pour beaucoup de gens, les amours homosexuelles sont une sorte de caricature, de singerie de l'amour réel" Le mariage homo, une copie du "vrai" mariage, oui beaucoup de gens pensent cela sans doute. Mais pour les amours ? Qui nie que deux hommes ou deux femmes puissent former un couple amoureux, durable, semblable au couple hétérosexuel (si l'on excepte la procréation ?) C'est un lecteur du Journal de Renaud Camus qui dit cela, hmmm ?
      Je suis certaine qu'une bonne partie des homosexuels considère ce mariage avec indifférence ou dédain, et ne se pliera pas à ce type de cérémonie. Cela n'affectera nullement leurs amours, leurs amours aussi vraies, tangibles, qui celles des couples hétérosexuels qui ne se marient pas non plus, ou se marient.

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    3. J'allais répondre à votre précédent commentaire que vous répondiez à côté : j'ai bien fait de lire d'abord celui-ci ! Pour le reste, c'est Camus lui-même qui, quelque part (mais ne me demandez surtout pas où !) dit quelque chose comme ceci : « Si l'on admet que l'accouplement des homosexuels mâle est en quelque sorte une parodie de la véritable union hétérosexuelle, alors celui de deux homosexuelles est une parodie de parodie. » Ce ne sont évidemment pas ses mots, mais en gros c'est l'idée.

      En outre, il me semble que l'on peut reconnaître aux homosexuels une aptitude à la vie de couple, à la fidélité, à la pérennité, etc., et ressentir par ailleurs, en même temps, cet amour comme une caricature du "vrai", du légitime amour. Je ne sais pas si je suis très clair, là…

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    4. Didier, ce n'est pas une citation de Proust, par RC qui a écrit bien des fois que c'était l'état "matrimonial" qui lui convenait le plus...
      Apolline: je n'ai jamais entendu parle de caillassage d'homosexuels dans mon pays. (comprendre "pays" dans le sens "coin, petite région"), et il y en a dans les villages... Delà à dire qu'on ne les remarque pas, et qu'il n'y a pas, parfois, des regards ou des plaisanteries fines... non pour certains. ça reste un sujet de discussion, d'intérêt pas forcément mauvais dans les bistros ruraux, mais même dans le fin fond du far ouest, je vous assure qu'on ne caillasse ni n'empale les lecteurs de Têtu, journal vendu sans vergogne à l'épicerie locale, sur la demande de trois ou quatre personnes qui sont... un peu "comme ça", dit-on encore, très homophobiquement.

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  4. Pour ma part, je garde le mot "homophobie". Certes, il est violent, mais pas plus violent que ce que les homos se prennent dans la tête, dans leur famille,au travail, dans la ville, dans les villages où là, c'est les cailloux ! ...
    Je trouve ignoble de rapprocher le mot "homophobie" du mot "islamophobie" !
    On pourrait le rapprocher "d'agoraphobie" ?
    Le mot "islamophobie" a été inventé par la mouvance intégriste [Frères Musulmans) dans le cadre de sa stratégie de victimisation. Or, les gens ne sont pas contre les musulmans, ils sont contre les intégristes musulmans, c'est pas pareil !
    Donc que l'on mette sur le même pied, des musulmans non acceptés parce qu'ils sont dans l'excès, les crimes les plus horribles contre les musulmans eux-mêmes et ceux qu'ils considèrent comme "les mécréants", pourquoi donc les mettre sur le même plan que les homosexuels qui sont rejetés non pour ce qu'ils font, mais pour ce qu'ils sont !
    J'M pas ces manipulations de l'opinion !
    Donc gardons "homophobie" et expliquons sans relâche que ceux qui rejettent les homosexuels sont des intégristes ordinaires capables de commettre des crimes et que les intégristes islamistes sont des criminels.
    Plein de bises

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    1. C'est un peu toi qui fais un amalgame ! Un type qui apprend que son fils est homosexuel aura tendance à avoir une première réaction de rejet. Ça n'en fait pas un criminel.

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    2. Mais vous vivez à quelle époque, au juste ? On jette des pierres aux homosexuels dans les villages ? C'est du délire pur !

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    3. On ne doit pas parler des même villages de France.

      Par chez nous ils sont Maire, premier adjoint, médecin de village, chef de travaux, commerçant. Ils/elles sont gay, et on les aimes comme ça... et je pense qu' ils/elles n'ont jamais pris de cailloux!

      Malgré le matraquage médiatique, le débat sur le mariage pour tous n'est pas un sujet de discussion.. Je pense que la grosse majorité silencieuse est pour et qu'il y a une importante minorité silencieuse qui est contre.

      Mais je tenais à dire que la légèreté avec laquelle certains accusent, ceux qui sont contre le mariage pour tous, d'homophobie .... ..... me navre.

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