En salle

06 mai 2013

Un an de "blogage de gouvernement"

Beaucoup de blogs ont fait le bilan de la première année du quinquennat mais, par delà les données réelles (du boulot a été fait, certains pensent que ce n’est pas si mal, d’autres que l’on n’a pas été assez vite), j’étais en train de me dire que l’on pourrait aussi faire des bilans beaucoup plus personnels sur la manière avec laquelle on a vécu cette année de blogage. Tout n’a pas été rose mais il faut relativiser. Par exemple, les aveux de Jérôme Cahuzac ont permis de souffler et de couper une certaine tension.

Une fois n’est pas coutume, je vais recopier des morceaux du billet de RosaElle pour me baser pour ce billet. RosaElle a ouvert son blog entre les deux tours de l’élection. Elle dit aujourd’hui : « C'est sans doute aussi un des enseignements de l'année écoulée: les tensions entre les courants politiques n'ont jamais été autant vives, passé la focalisation contre le sarkozysme gouvernemental. » Il est vrai que nous avons perdu notre antisarkozysme. Néanmoins, les tensions avaient été beaucoup plus fortes au cours de l’année précédente.

En mai 2011, nous avons eu l’affaire DSK qui a créé des tensions énormes entre deux groupes de personnes, à gauche : ceux qui l’enfonçaient et les autres. Je ne vais pas rouvrir le débat mais cela été très dur. Ensuite, il y a eu les primaires. Les tensions ont été très forte, très dures, à un moment, entre ceux qui, comme moi, défendaient François Hollande et ceux qui défendaient Martine Aubry ou Arnaud Montebourg. Ca a été très dur parce que nous nous engueulions entre copains.

Le phénomène s’arrêté après les primaires mais les tensions sont restées très fortes entre ce que nous appelons bêtement « la vraie gauche » et « les blogueurs de gouvernement ».

Dans le billet de RosaElle, cette phrase est importante : « Mélenchon a quand même un programme et des idées, même si je crois que sa communication pourrait être plus intelligente, plus moderne et plus explicite dans les projets qu'il développe. » Je suppose que oui. Ce qui est exténuant dans les relations avec le Front de Gauche, c’est qu’ils semblent sur une ligne d’attaque directe de la gauche solférienne comme dit Méluche. Il fait ce qu’il veut. Mais selon l’humeur, le blogueur solférien aura plus ou moins de mal à encaisser…

Néanmoins, c’est une autre phrase de Rosa qui m’a décidé à pomper des extraits de son billet : « je crois que si les blogs politiques ont une utilité, c'est de pouvoir montrer qu'en tant que simples citoyens, on a le droit de nous exprimer, et que ce sont nous, et non pas les politiciens qui décidons en fin de compte. » Le pendant est que les blogueurs se prennent parfois un peu trop au sérieux parce qu’ils tournent en rond, entre gens d’accord entre eux. De fait, ça m’amuse beaucoup de lire les commentaires dans certains blogs politiques de droite ou du Front de Gauche de voir les braves gens être persuadés qu’ils ont raison et qu’ils représentent effectivement le peuple même si le résultat des urnes dit le contraire. C’est très vrai quand vous lisez les commentaires des billets à propos du mariage pour tous…

Ainsi, RosaElle nous rappelle qu’il est très important d’aller lire ceux avec qui on n’est pas d’accord et j’ajouterai qu’il faut y aller sans a priori. Par exemple, quand je vais chez mon copain FalconHill, je sais que nous ne sommes pas d’accord. Son dernier billet aurait pu générer une grosse colère, chez moi, mais, outre le fait que c’est mon pote, ça ne sert à rien : je connais son opposition. Et c’est en discutant avec lui (et d’autres blogueurs de droite) que j’arrive à comprendre comment tourne ce monde.

Je vais vous donner une astuce : allez sur les sites de presse (pas ceux d’orientation politique proche de la vôtre) et lisez les commentaires. N’y allez pas pour rigoler mais pour voir ce que pensent réellement les gens. C’est le bon jour, tous les sites d’information populaires font des articles consacrés à la première année.

Après les vacances d’été, il s’est passé un phénomène un peu étrange. La presse a commencé à faire du « Hollande » bashing et les blogueurs et twittos ont commencé à dire que les mesures n’étaient pas prises assez rapidement. Le phénomène a un peu disparu depuis mais il s’est trouvé des blogueurs de gauche nous reprochant notre proximité avec François Hollande et la politique menée. Pire ! Ils y avaient des gens qui s’imaginaient que l’on jouait un jeu. Il y en a probablement une part, mais je suis quand même d’accord avec la majeure partie de la politique menée même si j’ai exprimé des réticences hier.

Et ce qu’il y a d’incroyable est que des gens avec qui nous avons mené combat, contre la droite, nous reprochent maintenant de ne plus être d’accord avec eux sur tout. C’est presque surréaliste : nous n’avons plus le droit de penser.

Enfin (oui, je vais vous laisser pour être sûr de ne pas louper le reportage de Jérémy à la télé), depuis un an, je suis surpris par le nombre de gens qui donnent des raisons pour expliquer les raisons de la montée du Front National et ce qu’il faudrait faire pour la stopper. Il y a des choses très vraies mais certains avis péremptoire qui sont complètement délirant. Par exemple, on trouvera des andouilles pour expliquer que la stratégie du Front de Gauche est très bonne contre le Front National. On a pourtant vu ce que ça donnait.

Pour le blogueur proche du gouvernement, le plus dur à supporter est le procès en légitimité qui est fait à François Hollande par des gens de « la gauche de la gauche ».

Mais elle permet aussi de rigoler. François Hollande a gagné la primaire puis la présidentielle.

15 commentaires:

  1. J'aime bien Rosaelle, elle voit juste et ce que tu reportes de ce qu'elle a écrit correspond aussi à ce que je pense.

    Il faut bien reconnaître que même au delà des blogs, l'année qui vient de s'écouler a vu naître des divisions également au sein de la société, des syndicats, des salariés... Du coup le monde des blogs ne pouvait être épargné...

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    1. Si. Il pouvait. Ce ne sont pas tellement les blogs qui sont en cause mais le comportement de certains.

      Toi et moi, par exemple, on est visiblement sur des positions différentes (alors qu'on a été très proches à une époque) mais on ne se fait pas chier mutuellement. Le respect, quoi !

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  2. Et il reste 4 ans pour démontrer que nous avons eu raison et autant pour François Hollande pour réussir le changement

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  3. Les Français sont pressés, ils imaginaient quoi? On est pas chez les Bisounours. Laissons faire le gouvernement et ses réformes qui sont menées, même si elles ne le sont pas tambour battant.
    Ceci dit, certaines promesses ambiguës se doivent d'être tenues: entre autres, j'entends parler autour de moi d'une hausse des trimestres à cotiser avant de partir en retraite...

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    1. Sur cette histoire des retraites, le gvt merde.

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    2. je confirme. Entre ça et les TVA qui n'arrêtent pas de bouger. Pour parler de ça, les économistes sont unanimes: une fiscalité stable est indispensable !

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  4. Juste une remarque, qui est d'ailleurs dans mon billet de ce matin. Pour les autres c'est plus nuancé, mais pour ma part ce que je peux reprocher au pouvoir actuel n'est pas ce qu'il n'a pas encore fait (çà, c'est une question de priorité entre différents dossiers, et ils sont nombreux), que ce qu'il a déjà fait. Autant je lui reconnais que la Justice est moins malmenée, autant ses options économiques concrétisées déjà par des lois sont résolument ancrées sur le libéralisme dans le sens où on entend ce terme en Europe (aux States, il exprime pratiquement une vision opposée). Personne ne l'obligeait, même Merkel qui n'a aucune raison d'avoir barre sur nos affaires intérieures. Quant à l'affaire Florange, c'est un échec personnel de Hollande (ou une réussite dans le sens libéral).

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  5. Tu as bien saisi effectivement le sens de mon billet: je l'ai écrit aussi en ayant lu chez Juan un peu la même critique que je faisais au discours Mélenchon, bien que Juan soit plus féroce que moi. Je n'ai pas compris alors pourquoi GdC s'est mis à être si virulent contre Juan. J'aime bien les deux blogueurs.
    Et c'est stérile.
    merci et toussa...

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    1. S'il fallait comprendre GdC ?

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    2. Il a de très bons billets sur certains sujets.
      Je comprend tout à fait qu'il pète les plombs sur certains de tes billets qui ne sont pas tendres avec lui, vos positions se comprennent, c'est clair.
      Mais Juan...J'arrive pas du tout à comprendre. Juan est la gentillesse incarnée, il a simplement un humour plus caustique en ce qui concerne la gauche de la gauche.
      Et puis, sur le référendum révocatoire, je pense que ce n'est pas crétin, c'est dangereux, la porte ouverte aux lobbies de toute sorte. Je vais d'ailleurs en faire un billet.
      Et puis ça m'énerve. Si on fait un procès en "hollandollâtrie" à Juan, on pourrait faire le même à Gérard pour "Mélenchonisme aïgu" si on est de mauvaise foi. Et comme on le dit, cela amène quoi à la réflexion? Rien.
      Sauf que Mélenchon comme Hollande sont des politiques et nous des citoyens. S'il y a combat, en quoi cela nous regarde? Nous ne sommes les soldats de personne, en tant que blogueurs, je crois.
      Et comme je te le disais, j'aime bien Gérard et Juan. Je n'ai aucune envie de prendre parti.

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    3. Le problème porte sur le niveau des commentateurs chez Juan, d'une violence infinie.

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    4. Il y a ça aussi. Je ne les lis même plus, ces commentaires ou rarement. Mais cela participe du même processus.
      Sur mon billet à propos de Mélenchon, lis donc les commentaires, ils sont restés softs mais ce que dit coup de grisou est très juste.
      J'ai fait mon billet, je pourrais rajouter aussi que ce que j'ai dit se rapporte aussi aux commentateurs.

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    5. Paradoxalement, il laisse trop parler les commentateurs, toujours les mêmes.

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