Beaucoup de mes confrères, plus jeunes que moi de cinq ou
dix ans (je ne connais pas leurs âges...) rendent des hommages à Pierre Mauroy.
Je pense que j'ai le "mauvais âge" pour me souvenir du bonhomme. Il a
quitté le gouvernement trois mois après mes dix-huit ans, en plein été.
J'ai fait mon billet du matin parce que je sais ce qu'il représente pour la
gauche, mais du haut de mes 15 ans en 1981, c'est beaucoup plus à Mitterrand
que j'attribue tout ce qu'elle a fait à cette époque, d'autant que jusqu'en
1988, j'étais beaucoup plus proche des communistes, à cette époque. A cette
époque, j'ai assimilé le tournant de la rigueur (17 ans...) à Laurent Fabius (18
ans) et j'avais vu le départ de Mauroy comme une trahison de Mitterrand.
C'est probablement entre les deux tours, en 1988, que je suis trouvé plus proche
des socialistes. Au premier tour, j'avais voté pour Pierre Juquin, déçu par les
communistes qui n'avaient pas su tourner des pages. D'ailleurs, ils ont sombré,
ensuite, ne trouvant qu'une manière de revivre, bien longtemps plus tard, en
étant obligés de s'allier avec un pitre qui, même s'il a de bonnes idées
politiques, arrive à se faire haïr par 85% de la population. Mais c'est une
autre histoire.
J'ai ainsi opéré un virage politique important en 1988, soutenant le
gouvernement Rocard alors qu'il était avec des centristes. Le plus surprenant
est que je n'ai pas apprécié son élection à la tête du PS alors Mitterrand
soutenait Fabius.
Rassurez-vous, je ne suis pas devenu un historien du PS et il ne me passionnait
pas plus que maintenant. Même beaucoup moins : en tant que blogueur
politique, je suis plus proches des militants qu'à cette époque. Je me fais
aider par Wikipédia pour me remettre en mémoire les événements de l'époque.
Toujours est-il que je n'avais aucune raison de m'intéresser au PS après 1988.
La carrière de Pierre Mauroy ne me concernait plus. Ensuite, il y a eu le
congrès de Rennes, l'épisode Cresson, la déroute de 1993... Pas de quoi vous
donner envie de supporter tout ça.
Ainsi, pour moi, avant 1984, c'était Mitterrand le chef et, après 1988, Mauroy
ne m'intéressait plus. Donc, ce qui m'intéresse le plus, chez Mauroy, est ce
qu'il a fait à une époque où j'étais trop jeune pour faire de la politique et
que j'ai appris bien plus tard par des lectures.
Je l'ai vu une fois, assez récemment, peut-être à l'Université d'été du PS de
2011. Il est passé à quelques mètres de moi, soutenu par des proches. Je me
souviens du charisme qui en dégageait ou, plus précisément, du profond respect
qui émanait des militants qui m'encadraient.
Pourquoi je vous raconte ça, moi, alors que je devrais rendre un profond
hommage ?
Ce matin je racontais l'histoire d'une jeune collègue à moi (25 ans) qui ne le
connaissait pas. Un collègue (10 à 15 ans de moins que moi) lui a expliqué en
exprimant une admiration surprenante et j'avais lu le billet de Romain
(probablement du même âge que mon collègue). En allant manger, j'ai lu les
billets de Seb, Juan et Christophe,
également plus jeunes et montrant aussi une sorte d'admiration. Ensuite, un
jeune socialiste a commenté mon billet et dit qu'il était surpris que ma
collègue ne connaissait pas Pierre Mauroy. Si je compte bien, elle est née à
l'époque où Rocard était premier ministre.
Alors tout ça a tourné dans ma tête. Comment une personne comme Pierre Mauroy
avait pu ne pas marquer l'histoire ?
Pierre Mauroy est devenu premier ministre 7 ans avant la naissance de ma
collègue. 7 ans avant la mienne, c'était Michel Debré. Je ne sais pas si elle
connait Michel Debré. Je connais tous les premiers ministres de la cinquième
(bien que si j’avais à en établir la chronologie, j’en serais bien incapable et
j’oublierais probablement deux ou trois, comme Couve de Mourville ou Mesmer,
mais je les connais).
Toujours est-il que la différence de perception que l’on
peut avoir de certaines personnes au moment de l’âge des faits est surprenante.
En guise d'hommage, lisez les trois billets que je cite plus haute (celui de Christophe, surtout, vu que je le cite moins souvent et que l'hommage est plus "personnel"). Lisez aussi celui de Melclalex qui reprend les principales actions des gouvernements Mauroy, celui de El Camino (et celui de Romain que je citais ce matin).
En guise d'hommage, lisez les trois billets que je cite plus haute (celui de Christophe, surtout, vu que je le cite moins souvent et que l'hommage est plus "personnel"). Lisez aussi celui de Melclalex qui reprend les principales actions des gouvernements Mauroy, celui de El Camino (et celui de Romain que je citais ce matin).
Un homme de gauche, pour de vrai, qui était à la tête d'un vrai gouvernement de gauche qui faisait des réformes de gauche.
RépondreSupprimerIl y a 30 ans, le monde a évolué, en bien ou pas.
SupprimerDorham, on est d'accord mais j'ai une perception différente du fait de mon âge en 1981.
SupprimerComme peu de gens le savent, Pierre Mauroy avait été un ardent défenseur du grand virage libéral de 1983 (la "pause", la "parenthèse", etc.), virage qu'il ne pouvait pas assumer personnellement compte tenu de la politique qu'il avait menée jusque là et avec laquelle il s'agissait (pour lui plus que pour beaucoup d'autres) de rompre.
RépondreSupprimerMouais. Peut-être. Mais son nom est accolé à ces réformes qui ont fait l'honneur de la gauche. Et puis, en 1983, de toute façon, d'accord ou pas, je pense qu'on n'avait pas vraiment le choix. Un peu comme aujourd'hui, je suppose... Enfin, je dis ça...
SupprimerMais non, pas "peut-être"! Voyez:
Supprimerhttp://tinyurl.com/lw2u5gm
L'image que l'on laisse est rarement conforme à celle de ce qu'on a réellement été.
Mais, avec le temps,ce qui est le plus important et qui reste, c'est l'image.
Mauroy c'était autre chose que les guignols de maintenant, au gouvernement , qui n'ont plus rien de socialiste !
RépondreSupprimeret je sais de quoi je parle !