11 juin 2013

Sauvons les retraites à l'heure de l'apéro

Pour répondre à un commentateur de mon dernier billet à propos des retraites, je me suis livré à un subtil calcul : le déficit du système est de l'ordre de 5% du budget global. Si vous comptez bien, vous augmentez les cotisations de 5% et vous rentrez dans les frais !

Hop ! Vous augmentez les cotisations d'en moyenne de 50€ par salarié (moitié pour lui, moitié pour l'entreprise, on va dire). En gros, ça fait 50€ pour un type qui gagne 2000€, la moitié pour celui qui touche le SMIC et le double pour un type à 4000€. 50€ en moyenne. 25 paye le salarié, 25 pour l'employeur. 

C'est simple. 

Vous allez me dire : mais ce n'est pas gentil. Certes ! Je préfère quand même prendre aux gens 50 euros maintenant, ne pas les faire travailler plus et leur permettre d'avoir une retraite plus tard et, pour l'instant, payer celles des petits vieux. 

On appelle ça la répartition. Les retraites nous coûtent 300 milliards (au pif) ! Hop ! On fait une règle de trois avec la masse salariale en France, on répartit entre les salariés et les employeurs, on récupère le pognon et on le distribue.

Ce n'est quand même pas compliqué ! Je dois reconnaître que j'ai oublié quelques détails, les complémentaires, les régimes spéciaux,... C'est néanmoins la base de notre système. 

Maintenant, prenez Google Images. C'est fait ? Tapez "évolutions déficit retraites". Vous allez tomber sur des courbes sur 20 ans. C'est très bien Google Images. Prenez une courbe au hasard et cliquez pour l'agrandir. 

Les déficits ont connu un dérapage en 1993 mais ont été très rapidement résorbés par ce bon Monsieur Balladur. Ensuite, ils sont restés à peu près à zéro jusqu'en 2002 avant de dériver lourdement. Pourtant, Balladur nous a fait une réforme pour protéger le système et les gouvernements de droite depuis 2002 n'ont pas arrêté. Rien que lire la page Wikipédia sur les retraites est tellement pénible que je mérite ma retraite de blogueur à 60 ans. 

Pendant presque 20 ans, ils nous ont fait du bourrage de mou : le système est en danger ! Il faut travailler plus ! Que dis-je ? TRAVAILLER PLUS ! Vous avez entendu ?

Personne n'a pensé à nous faire cotiser plus (nous : salariés et employeurs) ? Les retraites coutent plus cher : il faut payer plus. Logique. 

Non ! Cette droite nous a fait travailler plus longtemps et a augmenté le chômage de un million sans sauver les retraites. 

Ça va encore être à la gauche de faire le ménage. Résorber le déficit accumulé par des gérants ineptes sur le dis de la dette de l'État et équilibrer le système. 

Vous allez me dire : 50€, ce n'est pas rien. D'accord. On va les récupérer ailleurs, si vous voulez bien. Ça ne fait que 15 milliards à trouver pour édulcorer les charges sur nos fiches de paye. Une paille ! Tiens, la gauche a mis 20 milliards dans le CICE et la droite aurait augmenté la TVA de 15. 

Soyons sérieux ! L'assurance chômage coûte environ 30 milliards par an. La branche famille encore plus, je crois. Il doit bien être possible de supprimer 15 milliards de cotisations pour ces machins et les faire porter sur autre chose pour y coller les 15 milliards de déficit des retraites. 

"Autre chose" ? Un impôt progressif portant sur tous les revenus. Vous trouvez normal qu'un patron qui recrute paye plus de cotisions pour le chômage que celui qui remplace les retraités par des machines ?

La sauvegarde du système des retraites est simple. 

Petit 1 : vous privilégiez l'emploi salarié au reste, vous faites cotiser tous ceux qui bossent. 

Petit 2 : tous les ans, vous ajustez les taux de cotisation en fonction du montant à payer, sans demander l'accord des syndicats et des organisations patronales. 

Petit 3 : créer un fond de réserve pour faire face aux évolutions de la conjoncture. 

Deux questions :

La première : pourquoi la droite nous a-t-elle fait des réformes foireuses sans effet à court terme et à effet improbable à long terme ?

La deuxième : pourquoi mettre en place des commissions diverses pour proposer des machins alors que c'est si simple ?

Un seul mot d'ordre : la répartition. 

32 commentaires:

  1. Juste une petite chose sur les comptes des régimes de retraites.

    Vous ne pouvez pas faire ce calcul puisque les données ne sont pas toutes publiques. De nombreux régimes spéciaux ne communiquent aucune donnée et il n'y a aucune assurance que les données fournis par les différentes caisses soient juste.

    L'autre truc c'est aussi la manipulation comptable. On fait passer des chiffres d'une colonne à l'autre pour décharger les régimes déficitaires et charger les régimes bénéficiaires.

    Dernière chose, votre calcul me parait douteux mais je veux bien partir du principe que dans la réalité on en est pas loin : si c'est aussi simple (on parle de 50 euros là, c'est quand même pas grand chose) pourquoi cela n'a t'il pas encore été fait ??

    Pour le reste votre proposition mérite d'être étudiée (elles méritent toutes d'être étudiées).

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    1. Mon calcul est global. Déficit annoncé 15 milliards. 24 millions de salariés plus les travailleurs indépendants. Vous divisez et ajoutez l'âge du capitaine : vous tomberez sur un chiffre de cet ordre plus ou moins 20%.

      Pourquoi personne ne l'a fait ? Vaste sujet !

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    2. million 10^6 vs milliard 10^9 différence trois zéro soit un smic mensuel par an et par salarié sachant que le déficit va continuer à augmenter ...

      Eli

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    3. il est sans doute tard et un milliard n'est pas mille millions ...

      En comptant un rapport de 15/24 c'est à peu prés le chiffre de 600 que vous proposez en comptant vos 20% d'incertitude, sauf que comme le remarque Skandal les chiffres du déficit sont sous estimés et que vous ne prenez pas en compte les tendances.

      Exprimés en smic mensuel vos chiffres prennent une allure toute autre

      Eli

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    4. 600 sur 13 mois ça fait 50 par mois. Je te remercie de valider mes calculs.

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    5. je voulais juste vous faire remarquer que l'ordre de grandeur du déficit est un mois de salaire de smicard par an. Mais je ne sais pas compter alors ....

      La pente est un doublement du déficit à un horizon de 10 ans.

      Même en retenant vos chiffres, et en faisant reposer la moitié de la facture sur les entreprises et en supposant qu'aucun effet négatif sur ces mêmes entreprises en terme d'emploi n'en résulte il s'agit d'une amputation importante du revenu disponible, en particulier pour les bas salaires.

      Avec la perspective de se retrouver au même point dans pas longtemps ...

      Eli



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    6. Je parle de 50 euros par mois. Ce qui fait 600 par an. Le smic étant à 1000 nous sommes dans les mêmes ordres.

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    7. comptent de savoir compter moi, j'avais un doute !

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  2. Je vote pour toi !
    Bz

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  3. je n'aime pas me faire traiter de "petit vieux"..
    capable de picoler autant que vous je suis alors aussi capable de vous traiter de "jeune con"...
    Rendez vous au comptoir l'ami...

    Le p'tit vieux non mais.

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  4. Sans entrer dans les chiffres ni dans le débat technique: ça ne vous dérange pas un peu qu'AUCUN pays, sans exception, y inclus les pays à très longue tradition sociale-démocrate (bien plus longue que la nôtre, je pense aux pays scandinaves), n'ait JAMAIS compris que la solution était si simple?

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    1. Quand vous prenez les autres pour des demeurés, essayez devfaire en sorte que ça se voit moins. Pensez-vous réellement que je me crois plus intelligent que tout le monde ?

      Cela étant ça ne vous dérange pas un peu que tous les pays enchaînent ds réformes qui empirent le système de retraites ? Ça ne vous dérange pas un, à votre âge, de nous expliquer qu'il faut bosser plus ? Ça ne vous dérange pas que partout le débat passe de la politique à la technique ?

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    2. Je ne prends personne pour des demeurés, mais ça me dérange effectivement (et pas qu'un peu) que tous les pays enchaînent ds réformes qui empirent le système de retraites, et j'en tire des conclusions différentes des vôtres.

      "Ça ne vous dérange pas à votre âge, de nous expliquer qu'il faut bosser plus ? "

      J'ai pris ma retraite complète il y a 3 ans, à 72 ans, pour cause de maladie, après avoir changé de métier à 60 ans (enseignement de l'économie de la santé, abandon de l'exercice médical)et gagné beaucoup moins qu'avant; mais je sais bien que mon cas n'est pas transposable à tout le monde: évitons donc de personnaliser.

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    3. Désole pour la personnification mais j'ai pris votre commentaire au réveil.

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  5. Après il y en a encore pour se demander pourquoi les Français sont de plus en plus nombreux à devoir se contenter d'un SMIC...

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    1. Sur ! Une logique libérale fait que le système de retraite part en couilles et il y a de plus en plus de smicard.

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  6. Disons qu'en ce qui me concerne, plus les charges augmentent, plus ça me dissuade de proposer un salaire correct.
    En effet ce que je paye en charge supplémentaire je l'intègre dans mon "coût" en terme de personnel. Si je dispose, admettons, de 5000 roros destinés à régler les salaires d'occasionnels pour l'été, il va bien falloir que je répercute la charge supplémentaire, soit en supprimant une prime soit en faisant faire moins d'heures.
    Effectivement, c'est une logique libérale, ou comptable, comme vous voulez.

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    1. Non ! C'est une logique de crétin : si tu avais lu mon billet, tu aurais vu que je propose de supprimer des charges pour les mettre ailleurs.

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  7. L'évolution du taux de cotisation est permanent depuis 30 ans. Pour rigoler j'ai jeté un oeil sur mon premier bulletin de salaire. Il date de 1979, ouvrier l'été en entreprise: le taux de retraite de base était de 4,7% sur le revenu brut, aujourd'hui il est de... 14,95% (+ 7,5% pour la retraite complémentaire ARRCO d'un non cadre).

    En ce qui concerne les travailleurs non salariés, dont je fais partie depuis quelques années, le taux de retraite de base sur le revenu net est passé de 16,65 à 16,85% en Novembre 2012, puis il passera à 16,95 en 2014, 17,05 en 2015 et 17,15 en 2016. En absolu c'est vrai que ça fait pas des montants énormes, mais à force d'additionner des montants "pas énormes" la contribution devient lourde.

    Donc l'augmentation des cotisations non seulement l'administration y pense mais elle l'applique. Malgré ça le déficit se creuse, les pensions sont de plus en plus réduites et il faut travailler de plus en plus longtemps. Y'a quand même un sacré malaise, non ?

    Si on veut continuer à défendre le système par répartition, ce qui est mon cas, il faut y ajouter un peu d'épargne collective. Un système encadré, contrôlé au sein des différentes conventions professionnelles par les partenaires sociaux et qui garantisse un juste niveau de prestation. Au lieu de ça on continue à en demander toujours plus aux salariés et à leurs employeurs, comme s'il s'agissait de sources inépuisables...

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    1. François,

      C’est de 16,65 à 17,48 qu’il devrait passer en novembre si on veut l’augmenter de 5%. Sur un SMIC, ça fait passer le prélèvement de 13 euros par mois (il faudrait voir pour la partie employeur, aussi).

      Pour le reste, la « capitalisation », qu’est-ce que tu proposes ? Par exemple de prélever ces 13 euros sur un compte spécial. Ca ne va pas résoudre notre problème immédiat de financement et cela fait courir un risque à cet argent. En cas de crise économique, ça ne vaudrait plus rien. La répartition est le système le plus fiable : en cas de crise économique, les rentrées d’argent continuent mais sont moindre et on s’endette.

      Tu dis : « Au lieu de ça on continue à en demander toujours plus aux salariés et à leurs employeurs, comme s'il s'agissait de sources inépuisables... » Si tu fais de l’épargne collective, tu te bases sur quoi si ce n’est pas des sous du salarié (ou de l’employeur mais ça revient en gros au même).

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    2. "Si tu fais de l’épargne collective, tu te bases sur quoi si ce n’est pas des sous du salarié (ou de l’employeur mais ça revient en gros au même)."

      Je me base aussi sur le résultat économique des entreprises. Pas au travers des cotisations mais par le biais de leurs bénéfices. Comme tu le soulignes très justement le système marche moins bien en cas de crise (il existe toujours des solutions pour limiter les risques, il ne s'agit pas non plus de jouer aux Madoff !) mais le système par répartition ne fonctionne pas non plus (ou en tout cas nettement moins bien que durant les 30 glorieuses...).

      Finalement je propose la même chose que toi, sauf qu'on emploie pas les mêmes mots: toi tu appelles ça du transfert de charges, moi j'appelle ça de l'épargne vers les travailleurs à partir du bénéfice des entreprises (de toutes les entreprises).

      Maintenant, je n'ai pas dit que c'était simple non plus...

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    3. Dans ce cas ce n'est pas de capitalisation !

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    4. Et le PERCO c'est quoi à ton avis ?

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    5. Ben ce n'est pas ce que tu décris en disant qu'on dit la même chose.

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    6. Non, on ne dit pas la même chose. J'aurais dû mettre un smiley ;-)

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  8. Dans la composition des revenus des plus de 65 ans, les « transferts publics » (selon la terminologie de l’OCDE : régimes obligatoires liés à la rémunération, prestations soumises à conditions de ressources…) occupent :
    - 86,7 % pour la France,
    - 48,3 % pour le Japon,
    - 35,4 % pour les États-Unis,
    le reste provenant quasiment à parts égales des retraites privées en capitalisation et de DE REVENUS DU TRAVAIL.

    Et il est intéressant de noter que l’âge de départ la retraite au Japon est déjà à 69 ans…

    Grosso modo, la grande avancée de la retraite par capitalisation est de nous faire travailler plus et plus longtemps.
    Youpi !

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    1. Personne ne dit que l'objectif est de se calquer sur le Japon ou les Etats-Unis...

      Par ailleurs, même si on nous bassine avec le départ à 60 ans en France (62 pour tous à partir de 2017) rares sont les personnes qui partent avec une pension complète à cet âge là. Notre merveilleux régime par répartition nous garantit - au mieux - de pouvoir partir dès 2017 à 67 ans à taux plein (retraite de base + complémentaire).

      Youpi aussi ?

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