Mes dernières vacances datent de Noël. Je suis fatigué.
Quand on bosse, c'est normal. C'est assez facile à comprendre. Les ministres
bossent. Ils sont fatigués. Ils devraient prendre des vacances. C'est la même
histoire depuis 2003. On ne parle que de ça à cette époque. Cette année, ça
semble pire, avec ce qu'on lit dans la presse et François Hollande qui ne part
pas et empêche les ministres de partir. Il leur donne même des devoirs de vacances.
Ce n'est pas que le travail qui est fatigant. C'est un peu la routine quotidienne, le train train, mais c'est aussi le stress, les responsabilités, les urgences à traiter, les conflits avec les clients, les fournisseurs, les collègues, les usagers, les parents d'élèves, les concurrents, les électeurs, les journalistes,... Rayez les mentions inutiles selon votre boulot.
Mon confrère Sarkofrance pense que "c'est comme ça", de nos jours les ministres ne peuvent plus prendre des vacances. Il cite des exemples :
Ce n'est pas que le travail qui est fatigant. C'est un peu la routine quotidienne, le train train, mais c'est aussi le stress, les responsabilités, les urgences à traiter, les conflits avec les clients, les fournisseurs, les collègues, les usagers, les parents d'élèves, les concurrents, les électeurs, les journalistes,... Rayez les mentions inutiles selon votre boulot.
Mon confrère Sarkofrance pense que "c'est comme ça", de nos jours les ministres ne peuvent plus prendre des vacances. Il cite des exemples :
« Imaginez une nouvelle émeute
publique tandis que Manuel Valls se repose dans le pays basque espagnol. Imaginez
une nouvelle catastrophe ferroviaire pendant que Frédéric Cuvillier, notre
ministre des transports, se repose quelque part en villégiature en Corse. Imaginez
qu'une panne paralyse l'ensemble du réseau Free ou SFR tandis que la ministre déléguée
à l'économie numérique serait en vacances lointaines. Imaginez qu'un musée brûle alors qu'Aurélie
Filippetti (Culture) se dore le dos quelque part dans le Sud. Imaginez qu'un
lycée vide soit vandalisé en plein été mais que Vincent Peillon (Education) ne
soit pas là pour commenter la triste affaire au micro de BFM-TV. Imaginez
quelques morts de trop à cause de la chaleur mais que Marisol Touraine (Santé) soit
trop éloignée pour réagir. »
J’abrège sa liste.
Notre confrère Authueil
est sur une ligne totalement opposée. « On
touche le fond. Un ministre, un gouvernement est là pour donner le cap, donner
des impulsions, trancher et arbitrer. »
Il a évidemment raison. Les ministres ne peuvent pas tout
faire. Ce n’est pas Manuel Valls qui va calmer les émeutes publiques ni même
organiser l’intervention de la police : ce n’est pas son job. Ce n’est pas
Frédéric Cuvillier qui va soigner les blessés d’une catastrophe ferroviaire. Ce
n’est pas Aurélie Filippetti qui va éteindre l’incendie. Ce n’est pas Vincent
Peillon qui va réparer les dégâts. Ce n’est pas Marisol Touraine qui va… qui va
quoi, d’abord ? Enterrer les morts ou dire qu’il faut laisser les vieux
entrer dans les supermarchés climatisés ?
Les élus ont donné les instructions, les services ont
travaillé. Mon confrère Romain Blachier, adjoint au maire dans le septième
arrondissement de Lyon, a
présenté dans son blog, par exemple, le travail fait en prévention d’une
éventuelle canicule.
Jean-François Mattéi a perdu son job de Ministre en 2003
après la canicule qui a fait 15000 morts. Selon Wikipedia :
« On lui reproche de n'avoir pas pris la mesure
du drame à temps, et de n'avoir pas pris les mesures d'urgence nécessaires. Sévèrement
critiqué par les médias, il ne fera pas partie du gouvernement suivant. »
Les médias ? Ils étaient l’objet de mes deux précédents billets. C’était
quoi les mesures d’urgence qu’ils recommandaient ? Qu’est-ce que pouvait
faire un ministre ? Les médias avaient comme job de dire aux gens de boire
de la bière pour s’hydrater. Ils sont largement plus responsables que le
ministre. Le gouvernement serait responsable s’il n’avait pas donné les moyens
aux hôpitaux et aux différents services de faire face à une crise. Si j’avais
eu un blog, à l’époque, c’est ce que j’aurais dit. Les blogueurs de droite
auraient pu me répondre que c’est de la faute aux 35 heures.
Après la catastrophe de Brétigny, on a vu des blogueurs de
droite, justement, gueuler parce que Jean-Paul Huchon s’est invité très vite
mais que Frédéric Cuvillier a mis quatre heures à se pointer. D’une part, à
partir du moment que le président de la République s’est déplacé, l’intervention
des autres étaient inutiles mais Jean-Paul Huchon est responsable des
transports en Ile de France.
Ce que j’attends de Cuvillier, maintenant, en tant que
ministre des transports, c’est qu’il s’assure que la SNCF prenne bien les
mesures nécessaires : une enquête complète pour déterminer la cause de l’incident,
des travaux pour contrôler les voix voire les réparer,… Je n’attends pas d’un
ministre qu’il gesticule devant les caméras.
François Hollande fait une erreur de communication.
L’an dernier, il est parti en vacances à Brégançon. Au
retour, on a eu l’impression que le gouvernement ne faisait rien, ne prenait
pas la mesure de la crise. La presse s’est mise à faire du « Hollande
bashing »… Le gouvernement et Pépère n’ont pas été critiqués parce qu’ils
partaient en vacances mais parce qu’ils ne foutaient rien à la rentrée ou, plus
précisément, qu’on avait l’impression qu’ils ne foutaient rien. Le problème est
toujours le même : ils ne communiquent pas assez sur ce qu’ils font dans
le cadre de leur job qui est essentiellement de prendre des mesures, de
préparer des lois,…
L’erreur de communication est à plusieurs niveaux.
Petit 1 : il accrédite l’idée qu’un ministre – donc « le
politique » – peut tout faire et
est responsable de tout. C’est à la limite du Sarkozysme, on bouge dans tous
les sens mais rien n’avance. On est partis pour cinq ans, pour dix ans, de cet activisme stupide.
Petit 2 : François Hollande avait parlé de boîte à
outil et de retour de la croissance. On a bien compris qu’il nous disait d’être
patients, que la croissance allait revenir et que les outils mis en œuvre allaient
permettre de l’accompagner. En empêchant les ministres de partir, il dit donc
que le travail doit être permanent, que la crise ne sera derrière nous que si
on s’agite. Il donne le sentiment qu’il faut travailler dans l’urgence alors
que lors de ces dernières interventions, il parlait d’une vision à 10 ans, d’un
cap à suivre,…
Petit 3 : les vacances vont se terminer et les Français
vont se mettre à attendre bêtement qu’il se passe quelque chose. Et tout ça n’aura
été qu’un coup d’épée dans l’eau. Le bashing continuera sur le thème :
mais qu’ont-ils fait pendant leurs vacances studieuses ?
Petit 4 : il donne l’impression de n’agir qu’en
fonction des médias.
Ce qu’il fallait faire ?
Rien. Ou presque.
Petit 1 : Organiser une vague permanence entre le premier
ministre et le ministre de l’intérieur du 27 juillet au 25 août et faire en
sorte que les personnages clés (ministres de la santé, de la justice, de la
défense,…) soient à moins de trois ou quatre heures de Paris, que tous les autres
ministres puissent être contactés par leurs cabinets en cas d’urgence.
Petit 2 : Faire un communiqué de presse. « Les ministres ont bien travaillé, le Gouvernement est en
vacances, ses membres les ont bien méritées ».
Et rappeler, toujours rappeler, ce à quoi sert un
gouvernement.
« Le Gouvernement détermine
et conduit la politique de la nation. »
Ce n’est pas compliqué. C’est indiqué dans la Constitution.
Ce n’est pas indiqué : « Le
Gouvernement envoie un de ses membres faire un discours quand il y a une
catastrophe. » ou « Le
Gouvernement envoie un de ses membres vérifier que les médecins urgentistes font bien leur boulot. » ou « Le
Gouvernement envoie un de ses membres donner les ordres pour que les grues puissent dégager les voies ferrées encombrées. »