Dans mon dernier billet, j’évoquais le projet qu’ont
certains de mettre en place un « conseil
de la presse ». Je me moquais d’un confrère blogueur qui était heureux
de cette nouvelle mais il convient de se pencher plus précisément sur le sujet.
« L’Association de préfiguration d’un conseil de la presse en France »
existe… Elle a même un blog.
Je ne vais pas refaire mon billet d’hier même si je continue
à trouver surréaliste de voir un blog politique lutter pour l’objectivité ou
la déontologie de la presse alors que c’est l’essence même des blogs politiques
de donner de l’information orientée.
Je vais néanmoins reprendre un commentaire qui m’a été
laissé par le sympathique ZapPow qui défend le blogueur dont je me moquais. Il
commence par citer un extrait de mon billet : « L'article qu'il cite est intéressant mais ce brave de
Combat donne l'impression de vouloir régir ce que doit diffuser la presse,
parlant même de journalisme de propagande qu'il faudrait pouvoir interdire. »
pour y répondre : « Ce n'est pas du tout
l'impression que m'a fait l'article de GDC, qui, outre qu'il n'a jamais dit
qu'il fallait interdire le journalisme de propagande (c'est du journalisme ?)
parle en fait de déontologie de la profession, de lutte contre les
intimidations judiciaires, contre l'envahissement de l'information par les
faits divers, contre l'autocensure du politiquement correct, ouvre un débat, et
demande ce qu'en pensent les professionnels. Il me semble par ailleurs que si
des imbéciles pensent à créer un conseil de la presse alors que la presse est
en train de crever, c'est justement pour tenter de la sauver, en lui ramenant
la faveur du public. C'est ce que j'ai compris de l'article, mais j'ai dû mal
comprendre ? »
Nous ne sommes pas d’accord mais peu importe. C’est la fin
du commentaire, le fait de sauver la presse en lui ramenant la faveur du public,
qui m’intéresse. Je l’invite néanmoins à relire le billet de Gauche de Combat :
il ne parle pas du tout de lutte contre les intimidations, l’autocensure du
politiquement correct ne veut rien dire,… Par contre, il critique l’organisation
capitalistique de la presse (ce que je fais aussi) comme s’il s’intéressait à
la gestion des journaux.
Tenter de sauver la presse ?
Ce n’est pas mon problème. Je participe moi-même à l’enterrement
de la presse, comme nous tous, dans les blogs et dans Twitter. Nous sommes les
premiers consommateurs d’information en continu et nous en faisons notre propre
analyse que ce soit en deux mots dans Twitter ou en 3000 signes dans un billet
de blog.
Mieux : nous ne lisons plus les analyses que fait la
presse, nous lisons celle de blogueurs en qui nous faisons confiance ou dont
nous savons décrypter les propos.
Quant au travail de journalisme et d’investigation, nous
sommes les premiers à le piller. Par exemple, quand Médiapart ou le Canard
Enchaîné sortent des informations nous les relayons avidement sur nos blogs,
sans même payer l’information d’origine ! Par exemple, mon confrère
Bembelly citait
récemment le Canard et j’ai repris son billet à mon compte… Je ne me prends pas
pour journaliste pour autant, contrairement à certains confères… : je fais
des billets d’humeur sur des sujets qui me tiennent à cœur.
La presse se sauvera comme elle veut. J’évoquais récemment
les difficultés de Libération et de la Presse Quotidienne Nationale : il
est clair qu’avec l’information en continu et internet, elle a des difficultés
à envisager pour les prochaines années, ce qui n’est probablement pas le cas de
la presse régionale ou de la presse spécialisée.
L’envahissement de l’information par les faits divers
Si la presse ou les médias en général mettent en avant les
faits divers, c’est qu’ils y trouvent leur compte. En d’autres termes, c’est ce
qu’attendent les lecteurs.
En tant que blogueur, je peux analyser assez facilement les
chiffres de visites de mon blog. Avant-hier, j’ai fait un billet à propos des
vacances de Valérie Trierweiler. Hier, j’ai fait un billet à propos de la
politique sécuritaire par la gauche. Le billet sur les vacances de la compagne
de Pépère a eu à peu près deux fois plus de visites que l’autre alors qu’il n’a
à peu près aucun intérêt : il relève du fait divers.
Je suppose que les patrons de presse (et de médias) savent
ce qui marche.
Néanmoins, si on poursuit l’analyse, la plupart de mes
lecteurs habituels étant des observateurs avisés de la vie politique, ce sont
eux qui assurent, par Twitter et autre, la promotion de mes billets. Si mes
billets « faits divers » marchent mieux que les autres, c’est donc « de
leur faute ». Rassurez-vous, je me mets moi-même dans le lot : je « RT »
les billets qui sont susceptibles d’intéresser mes abonnés, pas nécessairement
ceux qui m’intéressent, moi.
Je vais continuer car j’aime bien engueuler mes lecteurs !
Depuis six mois, j’ai fait plus de dix billets à propos de la réforme du
territoire et du Grand Paris. Je note d’ailleurs que je suis à peu près le seul
blogueur politique à avoir traité du sujet. C’est pourtant un sujet essentiel pour
un tas de raisons. Ces billets ne sont presque pas lus. C’est déprimant.
La presse est foutue ?
Je n’en sais rien. Mais c’est à elle de se sauver…Toujours est-il que si elle met à faire uniquement les articles que certains souhaitent, elle est tout bonnement foutue.
N.B. : Tiens ! J’avais oublié de finir mon billet
du matin et de le diffuser. Le voilà…
La presse est foutu ? Non.
RépondreSupprimerSauvez la Presse? Non
Voila!
Voilà !
SupprimerLe problème vient de la dichotomie entre "la presse", soit ce qui sort effectivement dans les kiosques, et "les journalistes", qui sont publiés en l'état, avec modification, ou pas du tout. Le point douloureux ne serait-il pas au niveau de la direction de publication ? De temps en temps je me repasse le DVD de "Les hommes du président", sachant que le contenu des journaux est devenu depuis nettement plus favorable au pouvoir en place.
RépondreSupprimerDes journalistes, j'en connais. Ils travaillent dans des journaux de province, ou ils sont pigistes : ce ne sont pas "les signatures". Rien à voir avec les vedettes, ou se prenant pour telles, qui toisent de haut les "fourmis" indispensables des grandes chaînes de télévision.
Quelqu'un que je connais très bien les a côtoyés : pour les définir les mots sont souvent durs.
Mais laissons les ! Ce sont des entreprises commerciales, filiales de groupes cotés en bourses. S'ils veulent couler.
SupprimerLa presse papier est condamnée... Nous changeons de monde et l'opinion ne va plus être pilotée par quelques quotidiens dominants. Leurs infos datent quand elles sortent le lendemain matin, leurs analyses ne valent pas mieux que celles de blogueurs de qualité, et par conséquent, à part les nouvelles locales, je les vois perdre le combat contre internet....
RépondreSupprimerBah ! Ils seront le net ! Les blogs ne sont pas lus... Mais fait qu'ils gèrent ça différemment.
SupprimerIl faut avouer que les billets sur le grand Paris ne sont pas les plus digestes, surtout pour le provincial que je suis!
RépondreSupprimerBah ! La réforme concerne tout le monde
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