En salle

31 juillet 2013

Sauver la presse ?

Dans mon dernier billet, j’évoquais le projet qu’ont certains de mettre en place un « conseil de la presse ». Je me moquais d’un confrère blogueur qui était heureux de cette nouvelle mais il convient de se pencher plus précisément sur le sujet. « L’Association de préfiguration d’un conseil de la presse en France » existe… Elle a même un blog.

Je ne vais pas refaire mon billet d’hier même si je continue à trouver surréaliste de voir un blog politique lutter pour l’objectivité ou la déontologie de la presse alors que c’est l’essence même des blogs politiques de donner de l’information orientée.

Je vais néanmoins reprendre un commentaire qui m’a été laissé par le sympathique ZapPow qui défend le blogueur dont je me moquais. Il commence par citer un extrait de mon billet : « L'article qu'il cite est intéressant mais ce brave de Combat donne l'impression de vouloir régir ce que doit diffuser la presse, parlant même de journalisme de propagande qu'il faudrait pouvoir interdire. » pour y répondre : « Ce n'est pas du tout l'impression que m'a fait l'article de GDC, qui, outre qu'il n'a jamais dit qu'il fallait interdire le journalisme de propagande (c'est du journalisme ?) parle en fait de déontologie de la profession, de lutte contre les intimidations judiciaires, contre l'envahissement de l'information par les faits divers, contre l'autocensure du politiquement correct, ouvre un débat, et demande ce qu'en pensent les professionnels. Il me semble par ailleurs que si des imbéciles pensent à créer un conseil de la presse alors que la presse est en train de crever, c'est justement pour tenter de la sauver, en lui ramenant la faveur du public. C'est ce que j'ai compris de l'article, mais j'ai dû mal comprendre ? »

Nous ne sommes pas d’accord mais peu importe. C’est la fin du commentaire, le fait de sauver la presse en lui ramenant la faveur du public, qui m’intéresse. Je l’invite néanmoins à relire le billet de Gauche de Combat : il ne parle pas du tout de lutte contre les intimidations, l’autocensure du politiquement correct ne veut rien dire,… Par contre, il critique l’organisation capitalistique de la presse (ce que je fais aussi) comme s’il s’intéressait à la gestion des journaux.

Tenter de sauver la presse ?

Ce n’est pas mon problème. Je participe moi-même à l’enterrement de la presse, comme nous tous, dans les blogs et dans Twitter. Nous sommes les premiers consommateurs d’information en continu et nous en faisons notre propre analyse que ce soit en deux mots dans Twitter ou en 3000 signes dans un billet de blog.

Mieux : nous ne lisons plus les analyses que fait la presse, nous lisons celle de blogueurs en qui nous faisons confiance ou dont nous savons décrypter les propos.

Quant au travail de journalisme et d’investigation, nous sommes les premiers à le piller. Par exemple, quand Médiapart ou le Canard Enchaîné sortent des informations nous les relayons avidement sur nos blogs, sans même payer l’information d’origine ! Par exemple, mon confrère Bembelly citait récemment le Canard et j’ai repris son billet à mon compte… Je ne me prends pas pour journaliste pour autant, contrairement à certains confères… : je fais des billets d’humeur sur des sujets qui me tiennent à cœur.

La presse se sauvera comme elle veut. J’évoquais récemment les difficultés de Libération et de la Presse Quotidienne Nationale : il est clair qu’avec l’information en continu et internet, elle a des difficultés à envisager pour les prochaines années, ce qui n’est probablement pas le cas de la presse régionale ou de la presse spécialisée.

L’envahissement de l’information par les faits divers

Si la presse ou les médias en général mettent en avant les faits divers, c’est qu’ils y trouvent leur compte. En d’autres termes, c’est ce qu’attendent les lecteurs.

En tant que blogueur, je peux analyser assez facilement les chiffres de visites de mon blog. Avant-hier, j’ai fait un billet à propos des vacances de Valérie Trierweiler. Hier, j’ai fait un billet à propos de la politique sécuritaire par la gauche. Le billet sur les vacances de la compagne de Pépère a eu à peu près deux fois plus de visites que l’autre alors qu’il n’a à peu près aucun intérêt : il relève du fait divers.

Je suppose que les patrons de presse (et de médias) savent ce qui marche.

Néanmoins, si on poursuit l’analyse, la plupart de mes lecteurs habituels étant des observateurs avisés de la vie politique, ce sont eux qui assurent, par Twitter et autre, la promotion de mes billets. Si mes billets « faits divers » marchent mieux que les autres, c’est donc « de leur faute ». Rassurez-vous, je me mets moi-même dans le lot : je « RT » les billets qui sont susceptibles d’intéresser mes abonnés, pas nécessairement ceux qui m’intéressent, moi.

Je vais continuer car j’aime bien engueuler mes lecteurs ! Depuis six mois, j’ai fait plus de dix billets à propos de la réforme du territoire et du Grand Paris. Je note d’ailleurs que je suis à peu près le seul blogueur politique à avoir traité du sujet. C’est pourtant un sujet essentiel pour un tas de raisons. Ces billets ne sont presque pas lus. C’est déprimant.

La presse est foutue ?

Je n’en sais rien. Mais c’est à elle de se sauver…Toujours est-il que si elle met à faire uniquement les articles que certains souhaitent, elle est tout bonnement foutue.

N.B. : Tiens ! J’avais oublié de finir mon billet du matin et de le diffuser. Le voilà…

8 commentaires:

  1. La presse est foutu ? Non.
    Sauvez la Presse? Non

    Voila!

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  2. Le problème vient de la dichotomie entre "la presse", soit ce qui sort effectivement dans les kiosques, et "les journalistes", qui sont publiés en l'état, avec modification, ou pas du tout. Le point douloureux ne serait-il pas au niveau de la direction de publication ? De temps en temps je me repasse le DVD de "Les hommes du président", sachant que le contenu des journaux est devenu depuis nettement plus favorable au pouvoir en place.

    Des journalistes, j'en connais. Ils travaillent dans des journaux de province, ou ils sont pigistes : ce ne sont pas "les signatures". Rien à voir avec les vedettes, ou se prenant pour telles, qui toisent de haut les "fourmis" indispensables des grandes chaînes de télévision.

    Quelqu'un que je connais très bien les a côtoyés : pour les définir les mots sont souvent durs.

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    1. Mais laissons les ! Ce sont des entreprises commerciales, filiales de groupes cotés en bourses. S'ils veulent couler.

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  3. La presse papier est condamnée... Nous changeons de monde et l'opinion ne va plus être pilotée par quelques quotidiens dominants. Leurs infos datent quand elles sortent le lendemain matin, leurs analyses ne valent pas mieux que celles de blogueurs de qualité, et par conséquent, à part les nouvelles locales, je les vois perdre le combat contre internet....

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    1. Bah ! Ils seront le net ! Les blogs ne sont pas lus... Mais fait qu'ils gèrent ça différemment.

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  4. Il faut avouer que les billets sur le grand Paris ne sont pas les plus digestes, surtout pour le provincial que je suis!

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