C’est aujourd’hui que le texte sur la réforme territoriale
arrive à l’Assemblée Nationale et ça fait bien deux ou trois jours que je n’en
avais parlé dans ce blog. Penchons nous sur le projet de loi
et essayons de le compléter par les importants amendements apportés notamment
par la commission des lois récemment, tel que tout cela peut être résumé par une
andouille comme moi.
C'est le projet de loi de modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles.
C'est le projet de loi de modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles.
Petit rappel
La Constitution précise que les collectivités
territoriales de la République sont notamment la commune, le département et
la région, en plus des collectivités d’outre-mer et de collectivités à statuts
particuliers. Les collectivités territoriales ne peuvent exercer de tutelle
entre elles.
La loi détermine les compétences de chacune et comment tout
ce bordel s’organise. Les régions et les départements sont également des
échelons administratifs de la République, la commune ayant des compétences, au
nom de la République, pour le cadastre et l’état civil.
La loi définit des EPCI, Etablissements publics de coopération
intercommunale, qui, comme leur nom l’indique, peuvent regrouper des communes,
regroupées en deux catégories : celles à fiscalité propre et celles sans. Parmi
les premières, on a les communautés de communes, les communautés d’agglomération
(au moins 50 000 habitants avec une ville de plus de 15 000), les
communautés urbaines (plus de 450 000 habitants) et les métropoles (plus
de 500 000 habitants, créées en 2010). Il y a également les syndicats d’agglomérations
nouvelles qui ont vocation à devenir des communautés d’agglomération. Les secondes, celles sans fiscalité
propre, notamment les syndicats intercommunaux, nous importent peu ici..
Une commune ne peut appartenir à plus d'un EPCI à fiscalité
propre.
Nul n’étant censé ignorer la loi, tu devrais le savoir.
Notamment, tu devrais savoir ce qu’est un EPCI, terme que j’emploie dans la
suite un peu abusivement pour définir les « Etablissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre ».
La nouvelle loi en résumé
Elle prévoit une transformation et un renforcement des métropoles
qui seront toujours des EPCI. Elle prévoit ou modifie également des Pôles métropolitains
et Pôles ruraux d’aménagement et de coopération.
C’est une marche forcée à l’intercommunalité à une plus
grande échelle, avec des obligations nouvelles de regroupement en
intercommunalité, voire de création automatique de métropoles.
Trois « métropoles » ont un traitement particulier :
-
Paris et les trois départements de petite
couronne seront regroupés dans la métropole du Grand Paris,
-
L’ensemble des communes du Rhône seront
regroupées au sein de la métropole de Lyon qui se verra attribuer les compétences
du Conseil régional (le département, en tant que collectivité territoriale disparaît
– ou presque ?),
-
La métropole d’Aix-Marseille-Provence
regroupe à peu près toutes les communes de la moitié est des Bouches-du-Rhône.
L’opération semble bien plaire aux élus du Rhône mais fait
grincer des dents aux autres, notamment parce que la création des métropoles
implique la suppression des EPCI de niveau « inférieur » ce qui
équivaut plus ou moins, si j’ai bien compris, à la suppression des structures
juridiques.
La métropole de Strasbourg sera appelée eurométropole de
Strasbourg. Celle de Lille sera dénommée métropole européenne de
Lille.
Il me semble que la loi prévoit également la création de territoires
mais est assez peu précise à ce sujet. Ils viseront, en particulier, à
remplacer les EPCI disparus et devraient agir par délégation des métropoles ou EPCI
de « rang supérieur ».
Enfin, la loi prévoit que l’Etat pourra, à leur demande,
transférer certaines de ses compétences aux EPCI ou aux collectivités
territoriales.
Dans le détail
Les nouvelles intercommunalités (EPCI, dont les métropoles)
sont gérées par les municipalités contrairement aux départements et aux
régions, gérés par des braves gens élus au suffrage universel. L’article 1 de
la loi rappelle le rôle fondamental joué par la commune dans notre République. « Elle est le pivot de l’organisation et du dialogue
territorial, située au plus près des besoins des populations, et un premier échelon
de la vie démocratique. » « Aussi l’intercommunalité
doit être un outil de coopération et de développement au service des communes,
dans le respect du principe de subsidiarité ». Le principe de
subsidiarité est un truc purement libéral mais intéressant : il veut dire
qu’on ne peut pas transmettre de compétence à un échelon supérieur si ce n’est
pas intéressant.
La loi prévoit l’organisation du travail entre les différentes
collectivités territoriales et les EPCI, notamment pour les domaines à
compétences partagées. La région, le département et les EPCI sont chefs de file
pour certaines compétences vis-à-vis des EPCI et collectivités territoriales de
son périmètre. La région est chef de file pour l’aménagement du territoire et
son développement durable, la biodiversité, le développement économique, l’innovation,
l’internationalisation des entreprises, l’aménagement numérique, l’enseignement
supérieur, la recherche et la complémentarité entre les moyens de transports. Le
département est chef de file pour l’action sociale, la cohésion sociale, l’autonomie
des personnes, et la solidarité des territoires. L’EPCI est chef de file pour l’accès aux
services publics de proximité, le développement local et l’aménagement de l’espace.
Une conférence territoriale sera mise en place dans chaque
région. Elle donne des avis sur tout ce qui nécessite une coordination entre
les collectivités territoriales ou les EPCI.
Le Haut conseil des territoires est un machin présidé par le
Premier ministre, regroupant chaque catégorie de collectivité territoriale, les
EPCI, … « Chargé de donner son avis sur les
projets de loi et les propositions d'acte législatif de l'Union européenne
ayant un impact sur les collectivités territoriales, ce Haut conseil a vocation
à devenir l'instance nationale de concertation entre l'État et les collectivités. »
Ile-de-France
Rappelons que le projet initial a été détricoté au Sénat. Il
ne lui reste que quelques bricoles autour de l’établissement public foncier d’Etat
unique, du fond de solidarité entre les départements, des structures qui
organisent les transports, de la gestion de La Défense et celle de « Paris
Saclay ». Il reste à voir les
différents amendements adoptés en commission.
En grande couronne (dans l’aire urbaine de Paris), des
regroupements de communes devront être faits avec des ensembles d’au moins 200 000
habitants.
Un EPCI regroupant l’ensemble des communes du Val de Marne, de
Seine Saint Denis et des Hauts-de-Seine et Paris sera créé et appelé « Métropole
du Grand Paris » avec la possibilité d’intégrer des intercos de grande
couronne. Il regroupera tous les EPCI du périmètre actuel qui seront remplacés
par des territoires.
Dont les compétences m’échappent un peu.
Métropole de Lyon
Je résume : l’ancien Communauté Urbaine de Lyon remplace
le département du Rhône.
La métropole de Lyon récupère une partie des compétences des
communes en matière d’aménagement économique, social et culturel, de
développement, d’aménagement de l’espace métropolitaine, de politique de l’habitat,
de la ville, de gestion des services d’intérêt collectif, d’environnement, de
cadre de vie, …
L’Etat peut lui déléguer plein de trucs.
Ca nous fait une tartine de textes de loi. Ils font chier
ces Lyonnais, on va laisser les blogueurs du cru, Trub, Jean, Romain, Bembelly, Marco et Byayaba, faire le job.
A noter qu’à partir de 2020, les Conseillers métropolitains
devraient être élus au suffrage universel.
Aix-Marseille-Provence
La « métropole d’Aix-Marseille-Provence
regroupe l’ensemble des communes membres de la communauté urbaine Marseille
Provence métropole, de la communauté d’agglomération du Pays d’Aix-en-Provence,
de la communauté d’agglomération Salon Étang de Berre Durance, de la communauté
d’agglomération du Pays d’Aubagne et de l’Étoile, du syndicat d’agglomération
nouvelle Ouest Provence et de la communauté d’agglomération du Pays de
Martigues. Le siège de la métropole d’Aix-Marseille-Provence est fixé à Marseille. »
Je résume : ça regroupe un tas de commune ou d’interco
(EPCI) et ça récupère les compétences de celles-ci. C’est tout ce que vous avez
à savoir si le sujet ne vous intéresse pas. On va dire à Annnie de s’occuper de sa commune.
A ma connaissance, il n’y a pas d’autre leftblog sur place.
La métropole en question est divisée en territoires. Le
conseil de territoire a essentiellement des compétences en matière de
développement économique, social et culturel, d’aménage de l’espace et la
politique de l’habitat.
Le conseil de la métropole peut déléguer aux conseils de
territoires un tas de trucs.
Comme à Lyon, il y une conférence métropolitaine des maires.
La métropole
« La métropole est un [EPCI]
regroupant plusieurs communes d’un seul tenant et sans enclave au sein d’un
espace de solidarité pour élaborer et conduire ensemble un projet d’aménagement
et de développement économique, écologique, éducatif, culturel et social de
leur territoire afin d’en améliorer la cohésion et la compétitivité. Elle
valorise les fonctions économiques métropolitaines, ses réseaux de transport et
ses ressources universitaires, de recherche et d’innovation. »
« Peuvent obtenir le statut
de métropole [EPCI] qui forment, à la date de sa création, un ensemble de plus
de 400 000 habitants dans une aire urbaine […] de plus de 650 000 habitants. »
« La conférence métropolitaine
est une instance de coordination entre la métropole et les communes membres, au
sein de laquelle il peut être débattu de tous sujets d’intérêts métropolitain
ou relatifs à l’harmonisation de l’action de ces collectivités. Cette instance
est présidée de droit par le président du conseil de la métropole et comprend
les maires des communes membres. »
Les EPCI qui comprennent le chef lieu de région seront
automatiquement convertis en métropole si plus de 400 000 habitants sont
concernés, de même que les EPCI éligibles à ce statut.
Si une métropole couvre plusieurs EPCI, si j’ai bien
compris, ils seront automatiquement absorbés.
Rappel – le fonctionnement des communautés de communes
A ce stade, il me parait intéressant de savoir comment fonctionnent
ces machins. Selon Wikipedia (je me suis paluché les textes de lois mais chacun
son métier…).
« Leur organisation interne
est proche de celle des collectivités territoriales : un organe
délibérant, un exécutif, un bureau. L'organe délibérant est composé de délégués
élus par les conseils municipaux des communes membres. Ces délégués doivent être
membres des conseils municipaux. Ils seront élus au scrutin secret majoritaire
à trois tours, la majorité absolue étant requise aux premier et deuxième tours,
la majorité relative étant suffisante au 3e tour. » « Les statuts de la communauté précisent également la répartition
des sièges au sein de son assemblée délibérante (le « Conseil communautaire ») ».
« Le président et les vice-présidents – ainsi
que les autres membres composant le bureau – sont élus, par le conseil
communautaire, au scrutin secret et à la majorité absolue. Si après deux tours
de scrutin, aucun candidat n’a obtenu la majorité absolue, il est procédé à un
troisième tour de scrutin et l’élection a lieu à la majorité relative. En cas d’égalité,
le plus âgé est déclaré élu. Le rang des vice-présidents résulte de leur
nomination. »
Fin…
Tout ceci sera profondément amendé par l’Assemblée Nationale
puis, à nouveau, par le Sénat. On n’y comprendra donc plus rien. Deux textes
sont encore attendus pour la fin de l’année ou l’année prochaine : le
transfert de compétences (la décentralisation réelle) et les coins autres que
Paris, Marseille et Lille.
Je crois…
Il y a par ailleurs plein d'autres volets : les transferts des agents, la fiscalité,... Gros boulot...
Ok, je note (pour Lyon)
RépondreSupprimerParfait.
SupprimerQuel bon boulot, malgré la chaleur écrasante ! Tu dois avoir la clim chez toi !
RépondreSupprimerLe but de tout ça, c'est de parvenir à mettre en oeuvre des politiques publiques efficientes : gérer les voies publiques, leur éclairage, gérer la distribution de l'eau, capter les eaux de ruissellement,évacuer les eaux usées ... tout ce qui semble aller de soi, sauf quand on va à l'étranger et qu'on constate ce que c'est la vie, quand il n'y a pas d'administration pour organiser tout ce bazar ...
Gérer sans gaspiller,ç'est le but aussi : gérer avec des règles d'efficience et de performance.
Gérer sans tourner à vide : Ex. : toute personne a droit à un toit sur sa tête, même si elle n'a plus les moyens de payer un loyer.
Or, la gestion de ces situations de réponse administrative à l'exclusion par l'habitat, montre comment sont gaspillés les deniers publics, sans que soient offertes aux familles ou pire encore, aux personnes seules touchées, une solution de logement pérenne : les services sociaux locaux payent des nuitées d'hôtel qui coûtent les yeux de la tête à des gens en détresse car ne pouvant se poser nulle part. Or, l'Etat (DUFLOT) n'a pas répondu à la demande sociale d'un moratoire des expulsions locatives : les tribunaux les prononcent à tour de bras. Les Préfets autorisent les expulsions, après avoir mobilisé en vain les services départementaux et communaux, pour trouver un relogement ou un hébergement au gens. Les communes n'ayant pas de contingent suffisant de logements de secours, elles vont payer des nuitées d'hôtel à prix d'or. La raison en est que l'Etat, malgré la loi DALO, ne veut pas assumer le coût de l'indemnisation du bailleur qui se verrait refuser le concours de la force publique pour faire exécuter son jugement d'expusion, ce dans l'attente du relogement de l'expulsé : on voit que la dépense est ainsi reportée sur le budget des communes et des départements, sans que cela aboutisse à la résolution du problème initial : loger une personne, souvent travailleur mais au SMIC, ne présentant pas les garanties exigées par le marché privé du logement qui loue à des prix indécents sans que personne ait le courage d'arrêter ça. C'est ce que j'appelle faire tourner les services de l'Etat et les collectivités territoriales à vide.
Merci. Tu devrais faire des billets de blog.
SupprimerJ'ai la flemme car j'ai trop chaud ! :DD
SupprimerMais t'as raison, promis, j'vais l'faire !
Bz
Ouf.
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